Full text |
1860. — N. 259.
ANVERS, Samedi 15 Septembre.
Vingt-Cinquième Année
AGENTS:
BR vxem.es, \'Office de Publicité,
Montagne de la Cour, pour le.
annonces de cette ville.
rottendam, M. H. Nrcn, pour
toutes annonces des Pays-Bas.
LONDRES, M. Gouache, RodLioB
Pourt, Pleet Street, city EG,
AIX-LA-CHAPELLE, BemuTB, et
Vo.elsanc, libraires.
BERLIN, Emile Bock, »
BREME, J. G. IlEYSE, »
COLOGNE, LescfeLD, «
HAMBOURG, Hoffman
et Campe >
vienne, Gerold et fils, .
Inscrlptlsna t
Annonces.........0.25 la ligne
Réclames fin du journ. 0.50 »
» faits divers
corps du journal. . fr. 1,00 >
LE PRECURSEUR
ABONNEMENTS:
Dans nos bureaux et chez tons
les directeurs de poste {fr. de fort.
Pour Anvers . . fr. 12.60 p. trim
» la Belgique. » 15.00 »
» » » 28.00 p. sem.
Chemins de per. — Départs d’Anvers : Ponr Malines et Bruxelles 5 6.15, 9 E. 1= cl.,
10.15, 1, 2.60 E. Ie cl., 4.30, 7.30, 9. — Lierre, 7, 11 60, 5. — Term. et Gand, 6.15,
10.15, (1 Termonde) 2.50 E. 1»cl., 4.30.— Alost, 6.15, 10.15, 1, 2.50 E. 1* cl., 4 30. —
Lokeren, 6.15, 10.15, 4.30. — Ninovo, Gramm., Lessines, Ath, par Bruxelles. 6.15, 1,
2.50 E. 1e cl., — Bruges et Ostende, 6.15, 10.15, 2.50 E. 1« cl., 4.30. — Court!, Mouse.,
Lille, 6 15,10 16, 2.50 E. 1‘ cl., 4.30. — Tournai, 6.15 10.15, 2.50 E. 1« cl., 4.30. —
Calais, 6.15, 10.15, 4.30, 1eet 2* cl. — Louvain, Tirlem., Liège, Verv., 6.15, 9 E. 1 « cl.
1, 4.30, (7.30 Tirlem.,) 9 E. 1 et 2 cl. — Landen, 6.15, 9 E. 1 cl., 1, 4.30. — Aix-la-Chap.’
Cologne, 9 £. 1 cl., ( I Aix-la-Ch.), 9 E. 1 cl. — Gladbach. DusseU, Crefeld, Ruhr, 9 E. 1 cj’
UNION COMMERCIALE.
Toutes les communications concernant l’administration du
journal, doivent être adressées à M. Jacques De Winter ,
directeur-gérant, et celles concernant la rédaction à M.
Eugène Dumoulin , rédacteur en chef.
Bureaux : rue de F Amman, n° 1.
chemin de fer HOlland -belge. — Départs d'Anvers pour Rotterdam et Bréda,
7.40,12.20, 3.50,5.35 (pour Bréda).— De Rotterdam pr. Anvers et Bréda 5.30, 10.15,3.—
DeBrédapour Anvers et Rotterdam 7.50,12.35, 4.15 h.'
1 •
chemin de fer du pays de WAES. — Départs d’Anvers pour Bevoran, St-Nicolas,
Lokeren et Gand, 5.30, 8.30, 10.30, 2.30, 4.30, 7 h.— De Gand pour Lokeren, St-Nicolas,
Bevercn, Anvers, 6.10, 9, 10.20, 2.30, 4!20, 7 h.
» la Hollande, i
' » l’Angleterre. *
» la France. . »
» l’Allemagne. »
Paysd’Outre-Mer »
PAIEMENT PAR ANTICIPATION
52.00 p. an.
17.0Óp. trim
22.00 »
22.00 »
18.00 »
27.50 »
POUR LA VILLE ET LA BANLIEUE.
L’ÉTOILE BELGE, journal du
matin et le PRECURSEUR, journa
du soir, fr. 62.00 par an.
Anvers, 15 septembre.
Les
personnes qui s'abonneront pour le tri-
mestre prochain, commençant le lr Octobre,
recevront le journal gratuitement à partir d'au-
jourd’hui.
Les nouveaux abonnés recevront en prime tout
ce qui a paru jusqu'iei de la nouvelle série de
Tablettes en vole de publication.
RÉSUMÉ POLITIQUE.
Le rappel de l’ambassadeur de France à Turin a
causé une assez vive émotion dans le public et a
donné lieu à une foule de commentaires.
( Le Pays dans un article signé par M. Granier de
Cassag-nac, en indique comme suit la signification :
» On comprendra que cette mesure a surtout pour but de
dégager la solidarité de la France des attaques dirigées par
le Piémont contre les Etats pontificaux et l'autorité du
Saint-Pere.
» Le rappel de notre ministre à Turin, sans impliquer
une rupture de relations, est à la fois un nouveau témoi-
gnage de la loyauté de l'Empereur, ainsi qu'un avertisse-
ment de plus donné à une politique que la France n’a jamais
approuvée.
» Il n’est pas douteux que. dans une éventualité facile à
prévoir, cet acte de loyauté et de fermeté ne soit de nature
u fortifier encore l’autorité do la France dans les conseils de
1 Europe. »
Malgré cette déclaration , le bruit court que le
gouvernement français est resté d'accord jusqu'à la
dernière heure avec le cabinet de Turin et que la rup-
ture diplomatique entre les deux puissances est toute
momentanée. A l’appui de cette dernière assertion
on parle môme de la concentration en Savoie d’un
corps d’armée de 30,000 hommes pour contrebalancer
la présence des troupes autrichiennes massées à
Borgoforte.
Cette précaution, en supposant qu’elle soit prise,
sera-t-elle nécessaire? L'Opinion nationale pense que
non. Suivant cette feuille, le cabinet de Vienne aurait
averti le gouvernement français que l’Autriche con-
centrera pour sa sécurité un corps d’observation de
50,000 hommes dans le Mantouan et sur le Pô, mais
qu’elle n’a pas l’intention d’intervenir dans les événe-
ments qui pourraient résulter de l’entrée des troupes
piem°Dtaises dans les Etats romains.
Quoi.' qu’il en soit, l’Autriche prend des précautions
extraordinaires. Outre les 50,000 hommes concentrés
dans le quadrilatère et les forces réunies dans la Vé-
nétie, un corps' d’armée de 15,000 hommes occupe le
Tyrol et l’ordre a dfé donné à tous les bâtiments de la
marine impériale de se réunir dans l’Adriatique, où
l’archiduc Ferdinand-Max en prendra le commande-
ment. La flotte autrichienne se compose de 74 bâti-
ments de toute grandeur, portant un total de 900 ca-
nons. C’est donc une force assez respectable, bien
qu’elle ne puisse se mesurer sérieusement avec la
notte sardo-napolltaine,
"Le Piémont vient aux puissances un
mémorandum pour leur expliquer 1 fftytude qu il
vient de prendre à l’égard du St.-Siége. Le caoifiS?
de Turin déclare dans ce document qu’it respectera
la ville de Rome et la territoire circonvoisin.
Le temps nous montrera si quelque coup de main
populaire n’est pas sous-entendu dans cette déclara-
tion. En attendant l'armée piémontaise continue à
avancer.Cialdini a battu un corps d’Autrichiens sur la
route d’Ancône et a fait 200 prisonniers, tandis que
legénéral Fanti est sur le point d’entrer à Pérouse.
Cette ville est menacée de trois côtés à la fois, par
Fanti, par un corps de volontaires partis d’Arezzo et
enfin par une colonne d’insurgés sortie d’Orviéto. Il
est probable que la garnison de Pérouse ne tiendra
pas devant ce déploiement de forces, quoiqu’un reu-,
fortdélOOOSuisses avec de l’artillerie lui ait étéenvoyé.
C’est le général Schmidt qui commande la place,
L’armée pontificale est d’ailleurs composée d’élé-
ffleiits si hétérogènes que le général Lamorieière ne
peut pas compter sqr sa solidité. Il est presque cer-
tain que les Italiens au service du Pape ne se battront
pas et que tout le poids de la lutte portera sur les
étrangers et notamment sur les Autrichiens qui com-
posent en majeure partie les régiments pontificaux.
Notre correspondant de Paris nous mande que le
bruit de l’arrivée d’un corps autrichien à Afnçône était
généralement répandu hier à la Bourse, Ce fait u’au-
rait rien d’étonnant; il est, en effet, de notoriété pu-
blique que le bureau d’enrôlement pour l’armée papale
établi à Vienne a envoyé à Ancône dans le seul mois
d’août environ mille hommes, qui venaient do sortir
des rangs de l'armée impériale. Depuis le commence-
ment de l'année, cinq bataillons de carabiniers ont
quitté Vienne pour les Etats-Romains. Les débarque-
ments d’Autrichiens sont donc Chose très-commune
à Ancône ; mais il est probable que la flotte italienne
y mettra bientôt un terme. On annonce que la flotte
ex-napolitalue placée sous le commandement du vice-
amiral Persano est allée renforcer la flotte sarde qui
croise devant Ancône.
La Nazione de Florence parle de nouveaux mouve-
ments insurrectionnels à la Celta-di-Castello, Sauta-
Giustina et à Citerna. Suivant elle, le général Fanti
aurait, par 1 intermédiaire d’un officier d'état-major,
signifié à M. de Lamorieière de laisser les populations
des villes insurgées libres de manifester leurs vœux; à
quoi le général du Pape aurait répondu qu’il n’avait
pas pouvoirs pour donner une solution à cet égard,
mais qu’il en référerait à Rome.
La division de grenadiers qui se trouvait en Toscane
vient d’en partir pour aller se joindre à l’armée d’ex-
pédition et d’observation piémontaise.
M. délit Minerva n'ayant pas été reçu à Rome,
comme ou s’y attendait, s’est retiré à Florence.
Notre correspondant parisien nous signale l’état
d’agitation dans lequel se trouvent les provinces illy-
rienues et grecques. Il croit qu’un mouvement com-
biné avec Garibaldi et les émigrés Hongrois se prépare
de ce côté. Cette opinion n’a rien que de probable.
Chambre île commerce île Bruges. -Rapport.
La situation commerciale du port de Bruges tend
è s'améliorer; ce que nous voyons, pour notre
part, avec plaisir. En 1859, il est entré dans ce
port 232 navires, jaugeant 28,6(57 tonnes. Ces
chiffres comparés à la moyenne des six dernières
Bnnéesdonnent une augmentation de94 bâtiments
et do 11,528 tonneaux. Si la comparaison se borne
aux deux années 1858 et 1859, il y a une diminu-
tion dont la Chambre de Commerce ne s’effraie pas.
“ Cette diminution dans les arrivages, diuelle, s'explique
suffisamment par cette circonstance que beaucoup de navi-
res sont restés désarmés, à la suite du ralentissement des
affaires et par l'interruption que la navigation a subie. Si,
dans l'appréciation du mouvement du port de Bruges, on
fient compte de la durée du chômage de la navigation, oû
6st oblige de reconnaître que la diminution du nombre des
arrivages ne tond pifs à prouver une diminution dans les
affaires commerciales ; on poqt dire que les 232 navires
entrés pendant dix mois en 1859, constituent iiqo amélio-
ÏStion légère sur les 258 navires arrivés pendant les douze
Wois en 1858 ; d'une part la moyenne par mois est repré-
sentée par 81 J/g, d’autre part elle a été de 23. »
La Chambre 4e Bimges a raison 4e se montrer
rassurée et desa voir faire la part des clî’.qqiistaqce^
exceptionnelles, en comptant sur l’avenir.
Le nombre des navires sortis du port de Bruges
a été de 235, jaugeant 29,119 tonnes. 159 jau-
i géant 18,061 tonneaux étaient chargés. « Ces
! chiffres, dit la Chambre de commerce, présentent
> sur 1858 une augmentation de 23 navires et de
2656 tonnes. Comparés à la moyenne des six années
antérieures, l’augmentation est de 86 navires et de
! 10,017 tonneaux. »
Cette progression est assurément remarquable ;
elle l’est d’autant plus qu’elle n’est point le résul-
tat de moyens factices, qu’elle provient de causes
naturelles. L’exportation des grains, du bouvet de
la chicorée s’est considérablement accrue àBrugès.
Le rapport de la Chambre contient, sur cette
dernière denrée, des données intéressantes que nous
allons reproduire.
« Le commerce de la chicorée a pris dans le courant de
l’année une extension réellement colossale. Il a plus que
doublé. Les progrès ont d’ailleurs été surprenants. En 1854,
ce commerce n’existait pas ; en 1855, il commence par
quatre envois, soit 497 T, et successivement il atteint 845,
955 et 3656 T pour en arriver en 1859 à 7924. En deux ou
trois ans, la chicorée des environs de Bruges avait acquis
une véritable renommée commerciale, sa qualité excellente
la faisait rechercher. L’agriculture tirait de cette racine des
bénéfices considérables, surpassant de beaucoup ceux que
procurent d’autres récoltes. Malheureusement, depuis le
mois de mars dernier, la chicorée a été frappée à son entrée
en Angleterre de droits considérables, surélevant son prix
de vente à un tel point que nous croyons, dès à présent,
pouvoir prédire la décadence de ce commerce et une réduc-
tion très-importante de la eulture. Le gouvernement pour-
rait néanmoins tenter de soutenir cette branche do l'industrie
; agricole en accordant des faveurs au transport des chicorées
. par chemin de fer ; nous en avons réclamé de légères à
/diverses reprises, mais sans succès. Nous les réclamons
cette année, mais aussi larges que possible, afin que la
diminution des frais compense, quelque peu que ce soit, les
i droits perçus en Angleterre. »
Le Journal de Bruges, dont nous partageons
| l’opinion, n éprouvé point la même crainte que la
Chambre de commerce. Il ne croit nullement à la
; décadence imminente d’une industrie qui a pris
tant d’extension en si peu d’années, dans notre
pays, et en tous cas, ce ne serait point aux condi-
tions du tarif anglais qu’il faudrait l’attribuer. La
raison qu’il en donne est des plus justes.
<t Frappé, dit-il, de la grapde diminution sur-
venue, depuis quelques années, dans la consorn-
mation du café, et du déficit qui en résultait dans
la perception des droits sur cette denrée, le gou-
vernement anglais a imputé naturellement cette
diminution à l’usage de plus en plus répandu de
la chicorée, et pour rétablir l’équilibre dans le
budget, il a frappé ce produit de droits assez éle-
vés ; mais cet impôt ne tombe pas seulement sur les
chicorées étrangères ; un droit d’accises égal au
droit d'entrée frappe la production indigène. Rien
ri est donc changé dans les conditions de la concur-
rence, puisque Belges et Anglais sont soumis aux
mêmes droits. »
Ces conditions sont tout ce que l’on peut désirer.
Maintenant, il appartient au producteur belge
de füire aussi bien, si ce n'est inioux, ©t ù meil-
leur marché que le producteur anglais. C’est ce
régime que nous voudrions voir adopter dans tous
les pays. Un progrès industriel en serait la consé-
quence certaine.
Pour ce qui est des transports par chemin de
fer, nous croyonsque les réclamations de la Cham-
bre de Bruges sont très-fondées, en ce sens que la
chicorée, comme le grain et d’autres denrées, de-
vrait ne payer que les droits du tarif n° 3. Cette
rectification serait utile ; ce né serait point une
faveur, mais un acte de justice.
Ou lit dans une correspondance de Berlin ;
« Le rapprochement entre la Belgiqne et la Hollande
commence à fixer l’attention du monde politique. On s'en-
tretient de lettres que le roi de Hollande, après l'entrevue de
‘Wiesbaden, a adressées à Saint-Pétersbourg et à d’autres
cours. Le roi, dans ces lettres, exprime l’admiration que la
sagesse politique, la profonde connaissance des affaires et
le caractère loyal du Roi des Belges lui avaient inspirée ; ■
S. M. a ajouté qu’il ressentait pour le Roi des Belges de vives
sympathies et qu’il avait en lui la plus grande confiance
Ces lettres, je le répète, ont produit beaucoup d’impression.
» On a remarqué aussi l’accueil presque fraternel et tout
à fait cordial que le comte de Flandre a reçu il Saint-Péters-
bourg. Le grand-duc Constantin, qui avait rencontié le
comte de Flandre sur la côte dè la Finlande, a mis à sa
disposition un bâtiment qui a conduit S. A. R. à Cronstadt.
A .Saint-Pétersbourg et à Moscou, le prince belge a dû loger
dans les palais impériaux, et l’on a mis tous les soins ima-
ginables pour lui rendre agréable le séjour de la Russie.
Voici d’autre part eu quels termes Y Indépendance
annonce le retour du comte de Flandre :
„Nous avons annoncé,il y adeuxjours,le retour à Bruxelles
de S. A. R Mgr le comte de Flandre, qui vient de parcourir
en touriste les principales contrées du nord de l’Europe. Ce
yoyage. dont nous avons successivement fait connaître les
divers épisodes, ae:i pour résultat de mettre une fois de plus
en relief l’immense considération dont jouit, près des souve-
rains étrangers, la famille royale de Belgique et de faire
apprécier les qualités sérieuses et élevées que possède le
second fils de notre Roi.
Partout en effut, l’accueil le plus empressé, le plus amical
attendait le jeune prince : partout les souverains amis delà
Belgique ont tenu à honneur de montrer, par la cordialité et
Héelat de la réception faite à 3. A. R., qu’ils entendaient
honorer, en même temps que lui-même, l’auguste monarque
dont il est le digne fils. De tous côtés, les prévenances, les
attentions les plus délicates ont été prodiguées à l’envi, et
Moues avec autant de tact que de distinction, par l’hôte il-
lustre à qui elles s'adressaient.Nous avons déjà dit, dans nos
correspondances de Saint-Pétei sbourg, à quel point la cour
impériale de Russie a fait preuve de cette courtoisie exquise
et grandiose, qui lui est propre- les nouveaux renseignements
qui nous parviennent nous prouventque nous sommes restés
encore bien au-dessous de la vérité.
Do tels procédés ont profondément touché S. A. R., qui
en gardera précieusement le souvenir. Ils oréent aussi une
dette de reconnaissance à la Belgique, qui ne sépare pas son
honneur de celui des princes de sa dynastie nationale.
Association libérale et constitutionnelle.
SOUS-COMITÉ DK LA lr* SECTION.
MM. les membres habitant la première section sont
instamment priés de se réunir lundi 17 courant, à 8
heures précises du soir, au local le Renard, Grand’
Place.
La séance commencera à heure fixe.
Ordre du jour : Elections communales. Formation
de la liste des candidats, discussion et vote.
Actes oiticiels.
traité DE commerce. — Un arrêté royal du 13 sep-
tembre sanctionne le traité d'amitié de commerce et de na-
vigation conclu, le 8 février 1858, entre la Belgique et la
république de Venezuela.
—ARMÉE.— PENSION.— Par arrêté royal du 3 septembre
le sieur P. Maertens, capitaine au 3* de ligne estadmis sur
sa (JemuiifJe à pensjqq qe retraite, liquidée à 1700 francs.
— armée. — nominations! — Par arrêté royal du 28
août, le capitaine commaudant A. Groutars, du 2« régiment
de lanciers, appelé au commandement de l’escadron d'in-
struction à l’école d’équitation, est déchargé de l'emploi d'ad-
judant-major.
Par arrêté rayai Je lq iptjiqe çliffsjepapjtaineen secoud
J. Vogley, du2e régiment,de lanciers, est nommé adjudant-
mhjor.
— Par arrêté royal du 3 septembre, le capitaine de 2rae
classe C. Le Roy, du 5e régiment de ligne, est déchargé des
fonctions d'inspecteur des études à l’école militaire.
— Par arrêté royal de la même date, le lieutenant L. The-
lie, du D de ligne, est nommé inspecteur des études à l'école
militaire.
— Par arrêté royal de la même date, sont nommés mem-
bres du jury chargé d’examiner,sous la présidence du direc-
teur des études, les jeunes gens qui, se destinant au service
des armes spéciales et au service des armes do l'infanterie et
de la cavalerie, se présenteront au concours du mois d’.octo-
bre prochain, pour être admis à l’école militaire : ‘ ->J
Le major comte Vander Straeten-Ponthoz, de l’état-major
de l’artillerie, officier d’ordonnance du Roi ;
Les sieurs Schaar, professeur à l’universitcV de Liège, et
Falisse, professeur de mathématiques supérieures à l’athé-
née royal de la même ville.
Membres suppléants : Le capitaine en premier Montignie,
de l’état-major du génie, officier ordonnance du Roi. le capi-
taine commandant Jacmart, du 4e régiment d’artillerie, les
sieurs Lecomte et Wyvekens, respectivement professeurs de
mathématiques supérieures aux athénées royaux de Namur
et de Mons.
— COUR DE CASSATION. — NOMINATION. — Par arrêté
royal du 13 septembre, le sieur J. Lejeune, avocat près la
cour d’appel de Bruxelles, est nommé avocat à la cour de
cassation, en remplacement du sieur Maubach, démission-
naire.
— JUSTICES DE PAIX. — NOMINATIONS. — Par arrêtés
royaux du 13 septembre, sont nommés juge suppléant à la
justice de paix du canton de Brecht, en remplacement du
sieur VanOostayen, décédé, le sieur E. Masen, domicilié à
Brecht ;
Greffier de la justice de paix du deuxième canton de
Bruges, en remplacement du sieur de Roux, décédé, le sieur
C. Boury, commis-greffier au tribunal de première instanee
séant en cette ville.
— NOTARIAT. — NOMINATION. — Par arrêté royal du
13 septembre, le sieur L. de Muelenaere, candidat notaire à
Thielt, est nommé notaire à la résidence de cette ville, en
remplacement de son père, démissionnaire.
NOUVELLES ETRANGERES
FRANCE.
(iCorrespondance particulière du Peécueseue.)
Paeis, 14 septembre.
Le bruit a couru à la Bourse que les Autrichiens
avaient débarqué hier à Ancône. Un second convoi de
troupes devait, ajoutait-on, partir immédiatement de
Trieste et se porter immédiatement au secours du gé-
néral Lamorieière. C’est en effet sous les murs d’An-
cône que le général Lamorieière concentre en toute
hâte son armée et se dispose à recevoir le choc des
piémontais. Je ne puis pas vous garantir la nouvelle
de ce débarquement. Rien d’officiel n’est encore arrivé
sur ce sujet; seulement une dépêche particulière adres-
sée à uue grande maison de Paris et arrivée ce matin
nous apporte cette nouvelle. J’ajoute que cette nou-
velle est partie de Turin, ce qui peut rendre suspecte
son authenticité.
Du reste les conjectures varient aujourd hui comme
hier sur l’attitude que va prendre l’Autriche.
Vous aurez remarqué apparemment les trois ou
quatre ligues par lesquelles le Moniteur de ce matin
annonce le rappel ne notre ambassadeur à Turin,
M. de Talleyrand. L’ambassade demèure momenta-
nément confiée à un chargé d’affaires. Au premier
moment on a été vivement ému, et profondément
surpris de cette mesure, on a cru y voir uue désap-
probation catégorique de la politique sarde, et l’on a
cru, par voie de conséquence, que la France abandon-
nait bien décidément son ancien allié.
Mais peu à peu l’opinion publique s’est remise de
cette surprise et de cette émotiou; on a voulu voir une
arrière-pensée dans les quatre lignes du Moniteur.
Par là le gouvernement français aurait cherché à
décliner devant l’Europe toute solidarité ostensible
avec le roi Victor-Emmanuel dans la crise présente,
réservant par devers lui de ue pas l’abandonner à
l’heure du dénouement.
Il est certain que la position du gouvernement
français eu cette circonstance est très-difficile. Evi-
demment ses vœux sont pour Taffrauchissement de
l’Italie, et d'un autre côté, il est obligé de garder de
grands ménagements à cause de la politique conser-
vatrice des autres puissances, et aussi à cause des
dispositions qu’il peut rencontrer à l’intérieur dans un
grand nombre d’esprits attardés.
Pour ce qui me concerne je suis tenté de ne donner
qu’une portée très-restreinte à la note officielle de ce
matin, et de persister à croire à la continuation de
l’entente entre Paris et Turin. J’ai même de bonnes
raisons pour vous parler ainsi et je sais entre autres
ehoses qu’à Turin dans les régions gouvernemen-
tales on est plein de confiance sur ce sujet.
Les troupes Piémontaises continuent leur mouve-
ment en avant, elles s’échelonnent dans la direction
d’Ancône; toutefois leur marche se trouve en ce moment
un peu retardée par la nécessité de s’entendre avec
Garibaldi^t d’établir une actionoommune.
A propos de Garibaldi, il me revient un rensei-
gnement bon à noter. Vous avez pu constater par-
les récits des journaux un mouvement assez marqué
qui s’est produit sur les frontières de l’IUyrie, et en
Grèce ; ce n’est pas croyez-le bien un mouvement
isolé, il se rattache à l'expédition de Garibaldi dans
l’Italie méridionale et plu3 étroitement à des projets
d’insurrection en Hongrie, Les divers comités consti-
tués parmi les races Slaves, travailleut à s’organiser
de façon à régulariser l’explosion contre l’Autriche et
à la rendre générale.
Il était fortement question cette après-midi decom-
munications diplomatiques échangées entre Paris et
' Londres. L’objet de ces communications, ce sont les
affaires de Rome. Le gouvernement français qui en a
pris l’initiative voudrait s’enttndre avec l’Angleterre,
à l’effet de prévenir les graves complications auxquel-
les les événements actuels paraissent devoir donner
lieu. Toutefois.je crois être en mesure de vous dire que
l’Angleterre n’a répondu v\ri évasivement, elle se
montre, dit-on, assez mécontente des mesures que
prend le gouvernement français. Les renforts envoyés
à Rome paraissent au cabinet de St-James, une véri-
table intervention.
Il ne faut pas oublier à ce propos que vers le mois
d’avril, la Frauce d’accord avec l’Angleterre était
décidée pour reconnaître plus solennellement le prin-
cipe de nonrinterveption, à rappeler ses troupes de
Rome , il ne serait douo pas étonnant qu’elle vit avec
un certain dépit l’envoi de troupes à destination de
Rome que vient de prescrire le gouvernement français.
On disait aussi d’autre part que des efforts éner-
giques étaient faits, en ce moment, par la France
auprès du Pape pour en obtenir des çoncessiqiis et des
réformes. A cette condition, la France prendrait sur
elle de garantir au Pape 1 e statu quo. Quoi qu’il eu soit
de cette démarche ou de ces efforts, à Rorqe on est
moins que jamais disposé à faire deu concessions; d'ail-
leurs ici dans les sphères gouvernementales tout le
monde est convaincu qu’il est trop tard. Il est donc
difficile d'expliquer l’existence des démarches que je
vous donne plus haut à l’état de bruits.
Le Constitutionnel do ce matiq démyitles bruits de
coalition que le Nord a mis en circulation. Je veux
croire que le journal semi-officiel est autorisé à publier
ce démenti. Toutefois nous sommes impatients ici de
voir comment il y sera répondu par le Nord, qui tient,
je puis vous l’affirmer, ces renseignements des niejtleu-
res spurpes,
On s’occupe beaucoup d’un revirement qui, dit-on,
s’est . produit?dans l’esprit du prince Gortschakoff.
Vous savez que le ministre des affaires étrangères en
Russie, était l’ami dévoué delà politique française, et
l’ennemi juré de l’Autriche. Il ne manquait même au-
cune occasion de manifester sa haine contre la cour
de Vienne. Aujourd'hui il s’est produit un change-
ment à vue : le prince Gortschakoff semble se détour-
ner de la France et avec le regard le plus sympathique^
f il tend la main au comte de Rechberg et à l’empereur
François-Joseph- Est-ce là un symptôme des tendan-
ces nouvelles delà cour de Russie.
Il paraît qu’on s’occupe beaucoup en Allemagne
d’uu diner impérial, qui a dû avoir lieu le 11, au pa-
lais de Schœnbrunn. Ce dîner était la réponse amicaie
au fameux toast porté le 18 août, par l’empereur de
Russie. A ce diner ont été invités de hauts fonction-
naires russes, à qui Ton a recommandé de paraître
avec toutes leurs décorations nationales. Ce petit fait
a été regardé comme uue manifestation.
A l'occasion de l’entrevue qui doit avoir lieu à Var-
sovie, on raconte que de nombreuses communications
ont lieu entre les diverses cours allemandes, grandes
et petites. Il serait question, en effet, d’étendre le cer-
cle de cette entrevue, d’en faire le pendant à l’entre-
vue de Baden en y invitant tous les souverains de la
confédération germanique.
On lit dans la Patrie :
« M. le général comte de Goyon est parti de Paris hier soir
pour se rendre à Rome;
» if. le baron de Talleyrand, qui s’était rendu à Nice pour
prendre les ordres de l’Empereur, est arrivé à Turin ce
matin. Il doit quitter cette ville dans la journée du 15 pour
rentrer eu France.
» Au départ de M. le baron de Talleyrand, M. le comte de
Rayneval, premier secrétaire, prendra la direction des
affaires delà légation.
» M. le baron Brenier, ministre de France, vient de s’em-
barquer à Naples avec le personnel de la légation, pour
revenir à Paris.
» Les représentants des autres puissances ont reçu l’ordre
de quitter immédiatement le royaume des Deux-’Siciles. »
Les expériences d’éclairage électrique , exécutées par
des procédés divers, se renouvellent fréquemment, depuis
quelque temps, sur plusieurs points de la capitale. Hier
encore, un essai de ce genre a été fait, vers huit heures du
soir, sur lés boulevards, près du Château-d’Eau, mais avec
plus de durée et sur une plus grandeéclielle queces derniers
jours. Tel était l’éclat de la lumière lancée par i’appareil et
telle était la distance à laquelle cette lumière s’étendait,
qu’en quelques instants sa clarté magique a attiré la foule
immense des promeneurs et des passants circulant sur les
boulevards etdans les rues adjacentes.C'était un merveilleux
spectacle à contempler que cette multitude innombrable et
animée, éclairée au milieu de la nuit comme en plein soleil,
tandis que, hors du rayon jusqu’auquel atteignaient les jets
éblouissants de la lumière électrique, tout paraissait plongé
dans une obscurité profonde.
— On écrit de Toulon au Constitutionnel.
» Au moment de fermer ma lettre, i’apprends un épisode
bien intéressant et qui émeut au plus’haut degré la popula-
tion des ouvriers des ports. Parmi le petit nombre des con-
damnés qui subissent encore leur peine au bagne de Toulon,
se trouvait un nommé X..., condamné aux travaux forcés
à raison de sa participation aux troubles de Bédarrieux.
» Certains imliçoq, certaines confidences répétées à voix
basse dans lintérieur du Lagne avaient fait naître quelques
doutes sur la culpabilité réelle ue ubIi iucu»i*iu i «-»** tvllaiÉ
jusqu’à dire qu'il était la victime J uu« erreur judiciaire a la-
quelle il s'était volontairement prêté, et que le véritable cou-
pable n'était autre que son propre frère employé comme
mécanicien à l’arsenal de Toulon.
» Tout cela étaitdemeuré jusqu’à ces derniers temps à l’état
vague d’une sorte de légende du bagne ; mais, il y a quel-
ques semaines le mécanicien X..., est mort des suites d'un
accident ; et dès lors le frère condamné n’hésita plus à dé-
clarer qu’il était innocent, et qu’il n’avait accepté sa triste
situation que pour sauver son frère, qui, grâce à son emploi
de mécanicien, gagnait un salaire assez élevé pour soutenir
sa famille.
» Ces faits étaient arrivés à la connaissance de M. de
Fleury, préfet du Yar ; ce magistrat a cru devoir en informer
l’empereur, etsurl’avisconforme de M. le commissaire du
bagne, qui a la conviction de l'innocence ducondamné X...,
l'empereur a daigné, sur le champ, accorder grâce pleine et
entière au nommé X.... et, de plus, Sa Majesté impériale lui
a fait remettre une somme de200 fr. »
.—------------------------------------
GRANDE-BRETAGNE.
Londees, 14 septembre.
La situation n’a pas changé depuis hier. Le mouvement
résolu de Victor-Emmanuel reçoit l'adhésion générale. On
ne doute pas, il est vrai, qu’il ne doive se produire des
éventualités dangereuses, que, notamment il y ait une
g'rande difficulté d'empêcher Garibaldi de proclamer, comme
il s'y engage , le royaume d’Italie, sur le mont Quirinal,
à Rome. La Vénétie, vient aussi troubler les espérances
d’une tranquillité immédiate. Cependant, on n’hésite pas le
moins du monde à prévoir que lTtalie sera incessamment
un royaume un et compact.
Malgré la note comminatoire en apparenee, publiée par le
Moniteur ce matin, et qui improuve officiellement le mouve-
ment du roi de Sardaigne, personne ne suppose qu’il n’y ait
entente complèteentre les cabinets desTuileries et de Turin.
D'ailleurs, voici l’opinion du Globe sur le retrait deM. de
Talleyrand :
» Nous avons de bonnes raisons de croire, dit-il, que le
» retrait de M. de Talleyrand n’est rien de plus qu’une pro-
» testation diplomatique, une indication que l'empereur se
» lave les mains de cette affaire, et applique à l’acte d'inter-
vention une marque publique de désapprobation. En réflé-
» chissant à sa position comme protecteur du Pape, il n’est
» pas facile de voir quelle autre conduite il aurait pu tenir.»
Il n’y a donc pas à s’étonner si, malgré cet acte public de
désapprobation de la France, l’opinion publique ici est restée
indifférente, et si notre bourse elle-même à prouvé qu’elle
n’avait aucune préoccupation de ses conséquences.
On mande de Naples, le 11, à l'Agence Reuter ;
« Les fol ts se sont rendus. L’amiral anglais a fait visite au
dictateur. Les troupes sardes ont débarqué hier soir sur
l'ordre de Garibaldi. Avant de quitter la ville le roi Fran-
çois II a ordonné de la bombarder, d’ineendier le château et
d’ouvrir les bagues. On a trouvé l’original de cet ordre.
L'armée de Garibaldi sera ici dans quatre jours avec des
bandes d’insurgés, en tout 8000 hommes. Le dictateur se
propose, dit-on, de partir pour l’Ombrie. Les brigades Bixio
et Medici entrent à l’instant même dans le port. M. Brenier
n’a pas protesté contre le débarquement des Piémontais.
Garibaldi dit dans une proclamation que l’annexion au
Piémont aura lieu quand il la proclamera du haut du
quirinal. »
On mande de Rome à la même agence ;
« Le cardinal Antonelli adressera aux puissances un mé-
moire exposant que l'entrée de volontaires dans l’armée
p.apqle, dont le Piémont se plaint, est due aux conseils de la
France et de l’Autriche, ces puissances ayant insisté après le
congrès de 1856 sur la formation d’une armée papale. »
ITALIE,
Le journal, Içs Nationalités, de Milan, donne l’ordre
du jour publié par le général Cialdini, au moment
d’entrer en campagne ; »
Soldats du 4S corps,
Je vous conduis contre une bande d'aventuriers étrangers
que la soif de l'or et le désir du pillage ont conduits dans
nos pays. _
Combattez,dispersez inexorablement ces misérables sioai-
res ; que, par votre main, fis aenieut ia ooîàre d’un peuple
qui veut sa nationalité et son indépendance.
Soldats i Pérouse demande vengeance, et bien qu u soit
tard, elle l'aura. ,
Legénéral commandant du 4ecorps,
CIALDINI,
Il résulte de duc urnen U authentiques que le mouvement
des Marches et de l'Ombrie, dont la direction est à Bologne,
ne prend pas d’çxtensjon parmi les populations du pays.
(Patrie).
L'Espero du 12 annonce que M. Valeilo, gouverneur de
CÔme, et le marquis Gioachimo Pepoli,député au Parlement,
ont été nommés commissaires royaux, le premier pour
l’Ombrie, le second pour les Marches, et sont partis pour
leur destination.
Le comte Persano a été promu au grade de vice-amiral.
L’ancienne flotte napolitaine, que commande le comte Per-
sano, a, dit-on, quitté Naples pourse rendreà Ancône.
Pendant l’absence du général Fanti,ministre delà guerre,
M. de Cavour est chargé de l'intérim de ce département.
M. Emilio Alliaud, lieutenant-général inspecteur, est appelé
à la direction supérieure du ministère de ia guerre.
Ou écrit de Naples, le 6 septembre, au Journal des
Débats :
« Aujourd’hui, à quatre heures et demie, le roi François
II de Bourbon a quitté Naples, peut-être pour toujours.
Charles III de Bourbon y était entré le 8 septembre 1734.
La dynastie des Bourbons a donc duré cent vingt-six ans.
Comme les dynasties précédentes, celle des Bourbons n’a pu
outrepasser la cinquième génération, et a péri violemment.
François Ii est parti, accompagné du ministre d'Espagne et
de celui d’Autriche. Pas un de ses ministres n’était présent ;
pas une larme n’a mouillé-cet adieu. S. M. était calme ; la
reine avait les yeux rouges, la figure abattue. Les courti-
sans, les laquais, chamarrés et enrubannés, avaient tous
déserté lâchementla cour; ses généraux l’avaient quittéàmidi
et demi, fortement ébranlés par la rapidité des événements.
S. M. est descendue par un escalier secret dans la darse et
s’est embarquée sur une frégate de guerre espagnole, que
la reine Isabelle avait mise à sa disposition en même temps
qu’elle lui faisait offrir l’hospitalité dans le palais de Séville.
» Avant de partir, François Ilavait envoyé au corps diplo-
matique une déclaration‘publiée ensuite dans le Journal
officiel, où il disait qu'une puissance amie, tout en ayant ses
diplomates auprès de lui, avait lancé dans son royaume un
condottiere qui avait fait insurger les provinces et qui mar-
chait sur la capitale. S. M., ne voulant pas ordonner qu’on
répandît encore du sang italien,quittait la ville et protestait.
» Tandis que François II partait par mer pour Ga'ête, sa
troupe partait par terre. C’était un spectacle triste que de
voir ces beaux régiments s'éloigner de leurs compatriotes,
de leurs familles, pour aller tenter une aventure inconnue.
Quelques-uns parmi les soldats disaient : Nous nous en
allons chez nous. La majorité avait l’air fier, fortement con-
trarié, le maintien provocateur. Ils narguaient les Napoli-
tains qui sur leur passage s’occupaient puérilement à déca-
piter les réverbères de la fleur de lys dorée qui les surmonte
et de passer l’éponge sur les écussons et sur le mot royal
écrit un peu partout.On peut dire que la troupe est partie en
ennemie. 8,000 hommes ont quitté Naples dans la journée.
Les garnisons des provinces ont été toutes rappelées et re-
tirées. •
Les corps étrangers sont passés en grande partie à Gari-
baldi. Le roi s’est fait précéder aussi par la caisse militaire.
II a demandé au Trésor 220,000 ducats pour ia caisse de
Gaiite, 40,000 pour celle de Capoue, 880,000 pour lui. Et
comme le Trésor n'avait pas d’argent, on a pris ce million
400,000 ducats à la Banque, en lui donnant des certificats de
rente. Toute l’armée se retire entre le Volturno et le Gari-,
gliàno. Après les nouvelles défections, le roi peut encore
placer 50,000 hommes entre la place forte de Gaëte et celle
de Capoue.
» Les essais que le roi avait faits,même personnellement,
pour entraîner avec lui la marine,ont échoué.Les cinq frég-a-
tes qui partirent l’autre jour, étant arrivées près de Proclds,
éteignirent les machines et demandèrent, à retourner .à Na ■
pies. Rien ne put fléchir les équipages ; il fallut les ramener
a Baja. Hier, dans la journée, avant dé partir, François II
envoya dans la darse le général del Re, afin de gagner leu
matelots. Tl y réussit. Les équipages du Ternerede et del 'Er-
cole s’ameutèrent hier soir ; ils voulaient partir à la voile, car
les machinistes étaient descendus au milieu de quelques
coups de feu et 400 soldats de marine embarqués rendaient
ivsmouto jjiuo Tï\onaoruite. Le ministre de la marine s'y est
rendu,avec la srarde nationale et le calme a été rétabli".
» En partant, le roi avait nonne i orure m. B
carella de briser les machines pour la fonte de l'artillerie ;
cet ordre n’a pas été exécuté.
" » Quatre heures. — Garibaldi est arrivé à une heure, en
voiture, avec son état-major, et sans un seul soldat! De
Salerne à Naples, c'était une ovation continue, un triomphe.
Je vous fais grâce de la description de l'enthousiasme de la
ville, des cris. des drapeaux, des voitures pavoisées,
des bouquets, des rameaux d’arbres verts, des cocardes,'
etc. Les Napolitains n’ont pas même su faire cela convena-
blement, et cependant iis n'ont fait que cela. J’ai vu l’entrée
de l'armée française à Milan, après Magenta, et je suis de-,
venu difficile en fait de fêtes italiennes.Mais il est vrai aussi
que rien n’avait été préparé, et que Garibaldi est arrivé à
l’imprévu.
Dans sa voiture siégeait le peintre M. Sallazaro avec un
drapeau où le cheval de Naples faisait face au lion de Saint
Marc. Garibaldi a embrasse le drapeau et l'homme,-et ser-,
yeux se sont mouillés. Il est ailé ensuite au palais de là
Foresteria, ce bel Hôtel à droite du palais royal. 6,000 per-
sonnes remplissaient la place du Château et criaient : Vive
Garibaldi ! U a paru au balcon et a attendu qu’on eûteessé
d’applaudir. Le silence s'étant rétabli, il a prononcé un dis-
cours d’une voix haute et profondément émue, lentement
distillé, la fête nue, les yeux ardents, en face du Vésuve et
des escadres étrangères, les cheveux fauves au vent, a sou-
levé des tempêtes d'applaudissements. Garibaldi est rentré.
Il avait son chapeau et sa chemise roug-e ordinaires, un petit
poignard au côté et pas d’épée, son foulard pa-r derrière le
cou et une cravate de gros noir. La poussière le couvrait, fl
a échangé alors quelques mots et serré quelques mains
amies. M. Riceiardi s’est avancé alors pour présenter le gou-
vernement provisoire.
ORIENT.
■ Camp des Pins, 31 août.
Nous sommes toujours campés au bois des Pins près de
Beyrouth.
- La dêrnière portion du bataillon de zouaves est arrivée ce
matin. Il manque toujours le bataillon du 5“ de ligne, l'état-
m.tjof et le colonel de ce régiment, qui ont dû s’embarquer
de Marseille sur le navire leGanç/e.
Il est plus que probable qu’une fois au complet le corps
ev-.éditionnaire commencera ses opérations. Elles ue seront
pas bien meurtrières, et cela ne fait rire personne,, j’entends
par ià les soldats, qui tous désirent sé battre un peu. Mais
il paraît que la pacification se fera sans bruit.
Les autorités turques à Damas contiuueut à faire de nom-
breuses arrestations. Les Drusôs, malgré leurs fanfaron-
nades, ont éloigné leurs femmes, leurs enfants et mis en
sûreté le produit de leurs pillages. Eux-mêmes se sont,
retirés à six ou huit journées de Beyrouth.
Les chrétiens Maronites ont peu de confiance dans le
revirement qui s'est opéré chez les Turcs, fet prétendent
qu’ils ieur feront payer cher la nécessité où ils se trouvent
d'user de sévérité envers les Druses.
I.e bruit circule au camp, et cela parmi les officiers, que
le départ pour les montagnes est fixé au 7 du mois de’sep-
tembre.
Alexandrie, 5 septembre.
Je vous envoie la traduction fidèle d'une proclamation
arabe affichée sur les portes des églises da'Saint-Jean-
d'Acre, et répandue dans toute la Syrie.
Vous jug-erez, par ce document, de l’impudence des mu-
sulmans, et quand on les voit se permettre de pareilles
injures publiques contre les chrétiens, alors que les soldats
de France sont en Syrie, il est facile de comprendre eé qui
résulterait de la retraite de nos troupes à i’époquo fixée par
les protocoles. ■ \
H n’est plus possible désormais de mettre fia à l'occupa-
tion européenne sans livrer tous leschréticnsà )a vengeance
du fanatisme musulman, plus violent que jamais.
Voici cette proclamation, ornée de deux dessins :
« Imans (religieux musulmans) tenant une épée, G(; cons-
puant la croix ;
» Croix surmontée d’une interjection qui figure le crache-
ment ;
» Groupes de musulmans tenant line épée levée sur les
chrétiens ;
» Gouttes de sang en spore rouge jaillissant jusque vers
la croix. »
La nation musulmane à la nation de l’impiété de la mau-
vaise fqi et de la perfidie, qui a trompé et s’est exaltée sur la
terre injustement.
A vous autres nous disons : vous vous êtes enorgueillis
comme des affranchis ingrats et superbes, et vous avez
répandu la perfidie sur la terre que nous avons ensemencée
de biens. Et parce que vous avez trouvé appui de la part du
gouvernement, vous avez commis des actes qu’aucune nation,
avant vous n’a commis. |