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LA PIERRE DE LA JUS1
tous furent frappés d'épouvante en se tour-
t vers le manoir et en écoutant les bruits étran-
ges qui venaient de ce côté. Un sourd eliquetis
d'armes, des clameurs de combattants, des cris,
des jurements, se mélaïent en un concert formi.
dable à travers lequel le glas de la cloche précipi
tait ses notes haletantes. La nuit ajoutait encore à
l'horreur de ce tableau invisible, la nuit éclairée
des lueurs sinistres d'un incendie. Un vaste emb
nt enveloppait Ja tour la plus élevée du chà
flamme bâtissait à l'entour un mur de
toujours et allèr nant en une
spirale ardente dont la pointe jaillisait au-dessus
du castel, haute comn he de cathédrale.
Cette torche gigantesque répandait sur toutes
choses une lumière vacillante, dont les reflets
semblaient rendre les arbres et les rochers mo-
I — LA LOI
and Jehan le veilleur fut sorti de la taverne,
il S'arrêta un moment d'abord pour shabituer les
yeux à l'obscurité de In nuit. Après quelques se-
condes. il Sengagea dans l'étroit sentier qui, de
maison du Hanap d'Or conduisait v
le bois
de Fie
+ en gravisant les auteurs boisées qui
ent la Meuse de la route de Falmagne à
biles. La Meuse paraissait brûler. À cette clarté
nte vous eussiez vu étinceler les armes
dont Le cliquetis se mélait au tintement incessant
du tocsin de l'abbaye. Vous eussiez vu se rouler
des flots d'hommes sur les rochers. flots vivants
qui montaient, qui descendaient tour à tour.
Puis, tout à coup, vous eussiez vu ler
l'édifice flamboyant, au milieu d'une explosion
ble que suivit un c rible encore
— Victoire! veto
De quelle b
bouche des assaillants ou de celle des assiég
voil ce que vous n'auriez pu dire. Car les té
nèbres, devenues d'autant plus épaisses que ln
été plus éclatant, ne vous eussent
pas permis de distinguer de quelle couleur était
re qui venait de se hisser sur les murs
DU TALION.
ait dans sa poitrine an
violence extrême, et le sang, palpi ec
force dans les veines gonflées de ses tempes. Ses
dents serrées convulsi ne se dessoudaient
par intervalles que pour livrer passage à quelque
ion où à quelque éclat de rire que vous
eussiez pris pour l'éclat de rire d'un démon. Il
LA PIERRE
marchait d'un pas pressé comme si une pens
le fouettait en avant. Aussi, il atteignit
bientôt la erète de la colline. Là, il s'arrêta
nouveau et se retourna vers la taverne dont il vi
étinceler la lampe par les étroits carreaux des
fenêtres, et qui même lui envoyait par moments
quelque joyeuse clameur partie de la salle qu
venait de quitt isa les bras en regar-
dant briller cette lampe et en prêtant l'oreille
4 S'appuya contre le tronc
orme noueux qui dominait le coteau. Pe
lant deux ou trois minutes il resta ainsi comme
perdu en lui-même,
ces deux ou trois minutes 6
; mes compères. tout votre saoul!
il. Cette nuit vos rires deviendront
des grincements de dents.
Puis, il tourna ses regards vers le manoir de
Château-1 et vit, à travers les branch
des , scintiller une lumière comme. une
étoil une de ses gives.
ltez-vous de briller, mes étoiles! s'écr
tal. Tantôt le vent d'une épée viendra vous
souffler,
Ces paroles allèrent dans a brise noc-
eau fond des halliers endorm
aient pas étentes tout entières, qu'il avait dk
où il avait
eF
le bois de F
touffus couxraîent alors tout l'espace qui s'étend
entre Hukon Mahoux et la ligne
porta ment de cheval et
quelque chuchotement de voix humaine qui n'eût
blé à tout autre que le fx
au souffle de L
it. Mais ces rumeurs,
tout indistinetes qu'elles étaient, avaient pour lui
un sens compréhensible: ces bruits, tout indécis
quils étaient, Jui. parlaient un langage bien
connu. Aussi, la première fois qu'ils arrivèrent
jusqu'à lui, il Sécria, le cœur plein de joie
DE LA JUSTICE. mn
— Ah! mes lévriers sont prèts, la chasse si
bonne.
1 venait d'arriver à la lisière du bois. quand
tout à coup un homme armé sortit de derrière
un buisson, et Jui mit sur la poitri
d'une pique en lui cri
— Arrète!
Le viclleur fit halte.
— Voici le mot d'ordre : Espérance! reprit
Thomme d'arme
Et voici le mot de ralliement : Coura
— Passez, fit le solde
Le chanteur passa, et S'engagea dans les dé-
tours ténébreux de la forêt.
lez pas, sans doute, osé le suivre à
taills inhospitaliers. Les étranges et
Is murmures qui sortaient de tous les four-
rés, les coups de sifflet qui s'appelaient et se ré
de minute en minute dans tous les
vous eussent fait reculer sans doute.
mon âme, vous auriez bien fait de vous
car les lances des routiers sont pointues
et leurs épées sont tranchantes. D'ailleurs, vous
eussiez peut-être vaine 6 à votre se
: ry. Le
noir comptait trop sur la terreur que la r
du chef des robeurs, exée tin. même.
devait avoir inspirée aux bandits, pour qu'il eût
pu songer sérieusement, cette nuit, à une visite
de ces lances et de ces épées. Il Sétait done
livré à un bon sommeil, et ne se fût pas dé
rangé le moins du monde en e retentir.
un cri de détresse dans le lointain. Il se serait
dit
— Bah! cest quelque voyageur acosté par
un loup.
Puis, en se retournant sur son oreil
serait rendormi_ profondémen
Une demi-heure pouvait s'être écoulée depuis
que maître Jehan était entré dans
une compagnie de cavalie
coup de ses halliers obse
çait un homme masqué,
labouraient_ avec ience les flancs de son |