Full text |
LA PIERRE DE
es de Heers. Vous auriez longé. votre épée
nue à la main, le bois de Blaimont, et vous seriez
parvenu peut-être sans encombre au village de ce
nom. Là, vous vous seriez arrêté
vous reposer et pour voir Saiguiser, de l'autre
ki fèche de l'église d'Hermeton
au-dessus de son ruisseau qui, après s'être tortillé
comme un ruban autour des rochers de Sart-en-
Fagne, de Romedenne, de Vodelée et de Sou-
linne, vient sc dans la Meuse vishevis de
l'endroit où vous vous seriez assis. Puis. vous
auriez repris votre route et, après quelque temps
de m en approchant de la Thilère, vous
auriez aperçu de loin le clocher de l'église de
Hastière par-delà. Un peu plus bas, le fleuve se
replie brusquement sur lui-même, repoussé par
le cap à la pointe duquel est bâti le village de
Waulsort et où l'on voit encore les ruines de son
abbaye qui fut fond
comte Eilbert
Avant d'avoir atteint le fond de l'espèce de
baie que ce repli forme sur la rive droite, vous
auriez, ce soir. vu brille d'une
grande lampe et entendu, à la lueur de cette
lampe, bruire des voix joyeuses dans une maison
sit bord du fleuve, presque vis-ä-vis, mais
en amont du monastère. Cette maison , dont
l'enscigne, ornée d'un magnifique hanap d'or,
ait connue à six lieues à la ronde, servait à la
fois de taverne et d'auberge. Les voyageurs qui
wntaient où qui descendaient là Meuse ét
toujours sûrs d'y trouver, le jour. un verre d'e
cellente cervoise qu'ils pussent vider en paix,
t, un bon lit où ils pussent dor
Sinquiéter d'être réveillés avant le matin pa
poignard d'un routier. €
la double protection que lui
nage. assez peu respecté, il est vrai, du moustier
ct le voisinage fort redoutable, en revanche, du
manoir de Châtea
Ce castel, dont oi
jourd'hui que
quelques pans de m t de s'écrouler
et que vous confo de loin avec les blocs de
rocher dont les lourdes masses percent çà et à
LA JUSTIC
le gazon et la mousse, était bâti sur la erète
du coteau et régnait sur la Meuse avec ses re
parts formidables. Fondé au neuvième siècle, par
Thierry. marquis de Namur, il passa, au treizième,
dans la maison de Rochefort, puis dans celle
d'Agimont. Au quatorzème, il porta le blason
des Boulan, puis les armoiries des Brande-
bourg. Aujourd'hui ses ruines appartiennent à la
le de Beaufort-Spontin. IL élevait sur le
sommet d'un rocher ses tours puissantes et solides,
contre lesquelles vint se heurter, en 1188, l'ar
du comte de qui, apr
prises par le roi de France Henri IL en 1554,
ntelées par Louis XIV en 1667
, qui se dressait en l'air, dominait
l flèche de l'abbaye de Waukort et semblait
l'image du pouvoir que le seigneur du château
exerçait sur les hommes du: monastère, dont il
possédait l'avouerie suprè
Le manoir de Château-Thierry était une des
rares forteresses du pays qui avaient pu résiste
aux efforts des robeurs. Les bandits avaient
échoué dans dix attaques dirigées contre ces
puissantes muraîlles. De sorte qu'ils avaient re-
noncé en apparence à en rendre maitres, et
es intervalles seulement ils aventuraïe
une chevauchée dans les bois des Ou
Biert, sur la rive gauche, où dans les fourrés
de Baromille et de Focan, sur la rive droite
Depuis leur dernière tentative, ils n'osaient plus
même pousser jusque-là, ét ceux qui occupaient
Beauraing me erfaient plus, en franchissant le
sis de leur repaire: Au Nord! au Nord!
es de Château-Thierry les avaient
gnés dans cette rencontre, où ils
avaient laissé leur chef, sans que nul d'entre
eux sût ce qu'il était deve
Or done, si vous ét
la taverne de Wauksort pou mander un
gite, vous auriez vu Juire dans la grandalle
une é lampe suspendue au plafond , et se
ou de deux immenses tables 4
cercle de joyeux buveurs qui faisaient couler
ds flots ln cervoise dont l'écume généreuse
LA PIERRE
comme une nappe blanche sur les ais
de chène à demi-noïreis. Les joyeux propos
coulaïent avec la cervoise et contribuaient,
tant que les F ibations dont les hanaps
inondaient les gosiers et les tables, à mettre la
folie dans tous les eœurs. Les soudards, — car
nq où six piques posées debout contre le
mur ous eussent trahi la présence d'autant de
soudards en ce — se préparaient
la veillée de la nuit, et les
ul et de Waulsort se refusent a
il de la journée. Un seul avait refusé
de prendre part à la joie commune
et se tenait tristement retiré dans un angle
de la vaste cheminée, où vous l'eussiez pris
immobile et enveloppé dans les plis de son large
manteau, pour quelque statue de bois qui eût
fit partie de l'âtre de la taverne. Au m
dont ät couvert, vous eusiez vu to
ord qu'il n'exerçait pas l'état de bâcheron.
choc que serait convulsivement sa main,
n'appartenait pas au métier d'homme d'ar-
1? Pou
ä de prendre part à ln guicté
tandis que les joyeux propos et les
flots de cerise Sépanchaient autour de lui?
Personne ne le quoique tous cependant
'eussent remarqué depuis longtemps,
— Hé! l'homme au rebec, dormez-vous?
demanda lun des soudards en aiguisant les
pointes de ses moustaches rousses.
L'homme au rcbec ne bou
— Maitre vielleur, vous avez, ce me semble,
la cervoise triste aujourd'hui, lui dit un gros
bücheron en étendant vers lui sa main calleuse.
Il ne répondit mot.
— Jehan le trouveur, 1,
routier tombé ce matin du Rocher de la Justice
n'est pas ton père ou (on aïeul, tu nous chanter
la ballade des Trois Fées de Heers
— Oui, l'histoire des Trois Fées de Heers!
rent les deux tables comme par une seule
el, la statue de bois se mit en mouve-
DE
LA JUSTICE.
ment, laissa couler son mante ee, accorda
son rebec et se anter la myst allade.
Didi les x en ont atsods
Mènent La danse sous Les branches.
Bcilez, iles, danses cieux.
Et il se fit un grand silence dans Ia salle,
Le m0 bull je fe
(Ga paisr de vous voir danser.
Et sur la mouse en eur true
La Meuse a poli son miroir
EL toutes les voix se turent
Vous êes bles, comme on rêve
Mas, parmi vous, de
Jeunes ls, il en st ro
Et toutes les oreilles écoutèrent.
ia don ni vemnes
ne ans cavaliers,
verte et des colis
aus demi?
nentls, dites.
nent cs fils de ri?
tion profonde régna dans l'audi-
Leur bourir et Gimp le cl
Ettous les regards étaient cloué
Mis, dans l'ombre, entendez-sous pat |