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LES TROIS DAMES
nneriez pas, Si vous ne voyiez là, tout au
sommet de ces roc
s, cette citadelle puissante |
ever se murailles grises, dont le pied se trouve |
de niveau avec la eroix du clocher de l'église |
Située un peu en aval du pont. Cette croix, |
plantée sur le toit de la tour, arrondi comme
un ballon à demi gonflé, essaie vainement d'at-
teindre les embrasures de la forteresse. Les ca-
nons la dominent en allongeant sur leurs affüts
leurs cous de bronze et se tournent vers tous les
de l'horizon pour S'assurer qu'aucun en-
e menace de surprendre la ville, comme
nt pas cassé
les bâtons noueux de la eroix de Bourgogne. Car
Dinant oublie que son nom vient de Diane, qui
avait un temple à l'endroit même où l'église
chrétienne est bâtie aujourd'hui: il oublie que,
dès le xue siècle, il possédait une enceinte de
lles, des tours erénelées, des bastions et un
1 oublie que ce furent ses poings
puissants qui démolirent les murailles formi-
dables de Montaïgle, et qu'il succomba deux
fois sous les armes françaises au seizième siècle
d'abord en 1554, puis en 1575. Mais ce qu'il
ne peut oublier, c'est l'anci
dès 1 1317, l'ai
et les fureurs que les épées de Philippe le Bon
y exercèrent en 1466,
Cette dernière date surtout, il I garde pro-
ment gravée dans sa mémoire. Les siècles
pourront un jour dissoudre ses rochers et mettre
à see le Hit de ln Meuse: les nuages, en pas
sant au ciel, pourront un jour vainement cher-
cher les toits et Les murs de Dinant. Mais jamais
cette date fatale ne Seflnecra de l'histoire. Ce
fut le 25 août 1466 que le comte de Charo-
lais entra dans la ville avec ses hor
et la ft incendier après l'avoir abandonnée au
pillage d'abord. Les flammes la d
fond en comble, et €
isirent de
que le feu laissa de-
bout fut ruiné par la bècl
portes et les murailles furent démolies et le
pont fut détruit après que huit cents Di
eu eurent été précipités dans les eaux du fleuve,
DE CRÈVECOEUR
deux à deux. Vous eussiez dit qu'une trombe
passé par là car tout fut ravagé de telle
façon que, selon le témoignage d'Olivier de la
Marche, «il sembloit qu'il y eust cent ans que
la ville estoit en ruine.
C'est du haut des remparts de Bouvignes que
le fils de Philippe le Bon contempla cette ef-
froyable scène de destruction. Et, quand tout
eut péri, il se dit avec un sourire de
— Voilà un mort qui ne remuera plus.
Bouvignes battait des mesure que
l'embrasement faisait des progrès, que le car-
nage dévastait la malheureuse cité. et que les
voix des mourants Séteignaient dans l'incendie
dans les flots de la Meuse ou sous l'épée des
vainqueurs.
Mais le ciel fut juste. Bouvignes à son tour
fut démolie un siècle plus tard par le duc de
Nevers; et aujourd'hui on retrouve encore sur
ses remparts écroulés, sur ses bastions abattus.
sur ses débris épars, les traces du terrible di
sastre qu'elle subit en 1554. Le bourg tout entier
ne présente plus que des haillons de murs noirs.
dont l'herbe sauvage et le lierre couvrent pieuse-
ment les blessures et la nudité. Ses maisons tri
et délabrées descenden à une des hauteurs
où elles se dressaîient si fièrement autrefois. Des
seize tours qui lui servaient de défense, il ne
reste plus que quelques tronçons informes, qui
se défont pierre à pierre et achèvent de se d
raciner du sol. De ses trois portes, vous ne trou
vez plus que quelques vestiges qui auront biei
tôt disparu eux-mêmes. De ses douze rues, il
n'y en a plus qu'une seule, et quelle rue encore!
A peine si le clapotement d'un pauvre moulin
à farine, le bruissement d'un haut-fourneau et
d'une fonderie de fer, la fumée d'une brasserie
et le bruit d'un petit chantier où se construises
et se radoubent de maigres batelets, donner
encore quelqu cette solitude Si la
ville est morte ainsi, ses annales resteront, magni-
fiques, radieuses, pleines de drame et de grands
faits d'armes. Elle commence au vue siècle:
Au ne, voici les Normands qui la saccagent
LES TROIS DAMES
Au xne siècle, Godefroï, comte de Namur, cou
ronne Bouvignes d'un châtéau-fort. En 1176.
Henri l'Aveugle l'entoure de murailles et de
remparts. Si ces remparts et ces murailles ne
purentrésister en 1188 aux armes de Baudouin V,
comte de Hainaut, ils résistèrent victorieusement
à la puissance de Waleram, comte de Limbourg.
en 1245. Au xme ville reçoit ses lettres
d'affranchissement et agrandit de plus en plus.
Bientôt elle se trouve en mesure de tirer l'
contre les Dinantais et de commencer cette longu
lutte qui ne finit que par leur ruine ec
A côté du château de Godefroï, elle const
la forteresse de Crèveeæur et bat à la fois les
|
IL. — LA MAISON
Vers la fin du mois de décembre 1548, la
veille du jour de No
la peine chemin à travers la
ncige épaisse dont tous les sentiers et toutes
es qui se tortillent et se croi
res et Bouvignes. €
distance vous eussiez
e de quelque toit, «
l'aiguille de quelque clocher, se dresser sur
cette vaste nappe blanche qui couvrait au loin
les collines et les ravins. Les arbres nus se
urs branc illées et
ent d'aigres siMements au
vent qui Sengouffrait et bruyait avec violence
dans les bois de Weille
l'Abbaye. A ce bruit sin
mugissement sourd et_prolong
toute couverte d'énormes glaçons qui se heur-
tient et se cabraïent les uns sur les autres
comme une armée en pleine dér
DE CRÈVECOEUR.
hommes d'armes de Liége et ceux de Di
m 1324 et en 1429. E
nt Lambert qui pour-
de Bouillon, en
ouent contre el
reculer le drapeau de
tant s'était planté sur les toi
1141, et qui avait si glorieusement conduit les
Liégcois à la victoire dans les plaines de Steppes,
en 1213. Mais, après les assauts Les plus meur-
tiers, détournés avec le plus grand courage,
elle devait tomber sous les efforts des armes
Elle fut ruinée par le due de Nevers
histoire de cette chute terrible et dont
s ne se relèvera jamais, que nous allons
DU FORESTIER,
présenté l'aspeet d'une solitude, et vous n'eus-
siez p àt un être humai
un instant pour dis
paraître aussitôt sur la pointe des cheminées
couronnaient les. des rares maisons
parses sur les hauteurs, comme less
elles avancées des villages voisins. Car per-
sonne n'eût osé, par le temps froid et rude
qu'il faisait, Saventurer au dehors, et les vil-
lageois se tenaient soigneusement enfermés dans
leurs. eh ou se réchauffa
tant sur l'aire des granges les grains récoltés
à là dernière moisso
Malheur à vous si, au tomber du jour, vous
aviez eu à vous rendre de Senenne
Sans un guide expérim
liblement péri, avant d'a
de l'Abbay
car la faible lumière qui brillait dans une mai-
ans les fossés qui bordaient
son située su e la forêt eù
suffisante pour vous diriger dans votre marche. |