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bien des causes qui peuvent amener des accidents tels que
l'épauffirement, sous le ciseau, d’une arête vive. Si les pierres
blanches sont sujettes à être moulinées, quelques pierres bel-
ges, les calcaires compactes surtout,sont exposées à s’épauffrer.
Il arrive qu’ils contiennent des intercalations d’une matière
étrangère, ou de la même matière modifiée formant un clou,
ou un rognon très-dur, sur lequel glisse le ciseau ou qui se
détache tout à coup s’il se trouve près d’une arête. Quelque-
fois cela se présente sous la forme de fibres noirâtres, souvent
ces fibres se réunissent.On appelle fiontaine, une cavité formée
par une cristallisation intérieure. Tous ces défauts nuisent
considérablement à la solidité ou à l’aspect de la pierre ; il en
est de même des pyrites.
Le sol belge contient en grande quantité d’excellentes pier-
res à bâtir ; nous les diviserons en 3 classes : le petit granit,
le calcaire compacte, les pierres silicées.
Le gisement de petit granit occupe, sur une largeur de
près de 2 lieues (en moyenne) la partie comprise entre Tour-
nay et Huy; quelquefois trop profondément pour être exploi-
té, parfois à fleur de sol.
Les lieux d’extraction les plus importants sont : Soignies,
Ecaussinnes, Arquenncs et Feluy, dans le Hainaut; Wa-
vreille près Forrières et Samson, près Na mèche, province
de Namur ; Forrières, Luxembourg; Esneux, Comblain au
Pont etc.
La pierre de Soignies et des Ecaussinnes est connue ; on
l’emploie jusqu’en France, en Allemagne et en Hollande ; le
petit granit à Feluy-Arquennes devient plus accidenté, tandis
cpie plus on se rapproche de Mailles plus la teinte devient
noire et les défauts sont assez fréquents.
Sur un parcours de plus de 15 lieues, la Meuse baigne le
pied de masses colossales de rochers dont les plus connus
sont les escarpements de Marche-les-Dames. On a donné à
ces roches le nom générique de Dolomies. C’est dans ce gise-
ment, en face du beau pont métallique de Namèehe, que se
dresse, à pic, le rocher élevé au pied duquel se trouve le vil-
lage de Samson. — Au sommet du roc, dont la crête dentelée
pend au-dessus de la route et y dessine le fameux profil de la
Tête à Samson que vous montrent les naturels du pays,
au sommet se trouvent quelques vestiges d’un ancien château
féodal : là se trouve la carrière de petit granit dont la pierre a
été employée au château de Faulx que nous avons publié.
La carrière est au haut de la montagne, et la pierre, toute
travaillée, est glissée jusqu’au bas. — Cette pierre est d’assez
petit appareil et ce ne sera, probablement, que dans les cou-
ches inférieures que l’on trouvera les bancs pouvant rivaliser
avec ceux de Soignies qui ont donné des monolithes de 20
mètres de long sur 3 mètres environ de base.
(Suite au prochain numéro.)
Correspondance.
A Monsieur L. de F. h Clermont, près d’Aubel. — L’Académie
de Belgique laisse à l’imagination des concurrents le soin dè
déterminer et la hauteur des bords du fleuve et l'inclinaison des
talus et berges. ■ La Rédaction.
Réponse à la lettre d'un modeste
Zoïle.
11 m’est arrivé, chers lecteurs,une chose agréable, d’autant plus
agréable qu’elle était inattendue; — c’est de voir l’un de nos
abonnés prendre la plume pour nous contredire. Mon rêve, et je
devrais plutôt dire, notre rêve, est de voir la jeunesse se pas-
sionner pour les questions que nous soulevons, car alors seule-
ment nous croirons avoir touché juste. De plus chacun sait que
notre défaut à nous, c’est notre torpeur ; secouons-la donc, et
le plus que nous pourrons sera le mieux. Je remercie donc le
modeste Zoïle, et cela dit, je pare ses attaques.
Le modeste Zoïle semble s’être proposé pour but de me mettre
en contradiction avec moi-même, lorsque je dis d’une part, que
« les concours en Belgique n’y amènent que des concurrents peu
sérieux et que je propose d’autre part de refuser aux étrangers le
droit d’y participer, ce qui ne peut que les rendre moins sérieux
encore. »
Celte contradiction n’est qu’apparente. D abord je n’ai pas dit
que les concours ne produisent pas de projets sérieux, j’ai dit
qu’au concours de Charleroy, il n’y avait que peu de projets natio-
naux sérieux. Et je dis que la mauvaise organisation de la plupart
des concours, et le peu de garantie qu’ils offrent et non l’incapa-
cité des architectes belges, est la cause du peu de concurrents
sérieux, et la preuve en est que certains concours, celui de Saint-
Nicolas entr’autres, ont reçu des projets très-remarquables d’ar-
chitectes belges. Mais à Saint-Nicolas, le devis devait être dressé
suivant un bordereau de prix, ce qui est une sérieuse garantie, et
le programme était olair et précis, ce qui en est une autre. Il n’y
avait pas lieu de décerner, à Saint-Nicolas, comme cela s’est passé
h Charleroy, les primes aux auteurs de projets contenant trois et
parfois quatre étages, quand le programme disait deux étages. Les
locaux demandés, le terrain affecté, le montant de la somme
allouée, à Saint-Nicolas, permettaient de réaliser les indications
du progiamme, ce qui était impossible à Charleroy.
Or, ce sont ces garanties que je réclame qui seront de nature à
attirer des concurrents sérieux parmi nos nationaux, et je maintiens
que si le cas de Charleroy où les Français ont obtenu toutes les
distinctions se reproduisait, cc serait une cause de plus de décou-
ragement pour nos jeunes artistes, et je crains de nouveau de les
voir s’abstenir à l’avenir, ce que je considère comme regrettable.
Si je propose, quoique je nen sois pas partisan en principe, de
n’admettre que les nationaux à concourir, en même temps que je
propose une série d’autres mesures, c’cst pour rendre à nos jeunes
gens la confiance et l'espoir de ne pas toujours travailler pour le
roi de Prusse ; alors, j’en ai la conviction, vous verrez les jeunes
architectes capables concourir et produire des créations méri-
tantes ; car je suppose quele modeste Zoïle et moi sommes d’accord
sur ce point, que c’est l'art et les artistes belges que nous voulons
encourager et voir progresser. Nous serions par trop naïfs de
passer notre temps à encourager et faire progresser les artistes
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étrangers avec notre argent, alors que les autres pays ne nous
offrent que très-rarement des occasions analogues.
Je suis d’avis que« charité bien ordonnée commence par soi-
même, » pour tout dire en un mot.
Voyons maintenant ce que vaut l’argument, « que les adminis-
trations n’ont qu’un intérêt, c’est d’avoir la plus belle construc-
tion possible pour la somme dont elles disposent sans s’inquiéter
si c’est un artiste belge ou étranger qui la construit. »
Vous allez un peu vite en besogne, mon « cher Zoïle, » j’estime,
moi, que les administrations ont d’abord pour devoir : 1° De ne
pas faire de favoritisme, comme nous le voyons tous les jours ;
aussi j’affirme que les concours, même entre nationaux, donne-
ront toujours de meilleurs résultats que le système en vigueur
dans beaucoup de communes aujourd’hui. Voyez les constructions
communales et autres élevées à la suite des concours, et j’ose
affirmer qu’elles sont supérieures en mérite aux constructions
similaires faites par voie d’option.
Je dis donc que c’est non-seulement le devoir mais encore l’in-
térêt bien entendu des administrations qui le veut.
2° J’estime que les administrations, qui manipulent les intérêts
de tous, ont aussi pour devoir d’encourager notre art national et
elles ont d’autant plus ce devoir que c’est à ces mêmes adminis-
trations qu’incombait le devoir d’instituer un enseignement sérieux
des beaux arts, ce qu’elles n’ont pas fait; d’où je conclus qu’elles
auraient aujourd’hui mauvaise grâce ù reprocher aux artistes de
n’être pas précisément tous des Vitruve, ou même des Philibert de
Lorme ou des Perruzi. Je regrette donc de ne pouvoir me ranger
à votre sentiment.
Et puis êtes-vous bien sûr, ô modeste Zoïle, que les construc-
tions des artistes belges ne vaillent pas celles des Français malgré
l’habileté de leur dessin et le chic, qu’on me passe l’expression,
avec lequel ils enlèvent un projet. Chacun sait que, malgré leur
talent de dessinateurs, les architectes français ne réussissent pas
toujours leurs constructions.
Qu’arrivera-t-il, lorsqu’ils travailleront pour notre pays, dont
ils ne connaissent ni les coutumes, ni les goûts, ni les matériaux, ni
les procédés de construction qui nous sont propres?
Certes, les Français font des rendus superbes, et cependant
qui ne sait que les chefs-d’œuvre d’architecture contemporaine
sont aussi rares.en France que partout ailleurs.
Vous voyez, monsieur et modeste Zoïle, que ma contradiction
n’est qu’apparente. Au surplus, plus tard nous verrons. Armons-
nous d’abord, quand nous serons armés, nous lutterons si vous
voulez, mais je ne suis pas assez naïf, pour ma part, pour aller
avec un vieux fusil à pierre provoquer des gaillards armés d’armes
perfectionnées.
Enfin, modeste Zoïle, vous eussiez peut-être dû, puisque vous
préférez ces principes, et pour éviter cet affront à l’art belge,
faire violence à votre tempérament de violette et prendre part à
la lutte ouverte lors du concours de Charlcroi. Il est très-joli de
crier aux autres, en se tenant à l’abri et les pieds chauds : Cou-
rage ! hardi ! sus aux Français ! et de dire après la bataille : vous
avez été battus,; c’est que vous n’étiez pas de taille, fallait pas y
aller.
Quant à nos architectes réputés, je ne connais pas la cause qui
les éloigne des concours, j’ai constaté le fait, en passant, et n’y
vois, au surplus aucun inconvénient. C’est leur affaire et non la
mienne. Je suppose qu’ils préfèrent pour la plupart, et avec raison,
faire les travaux qui leur sont confiés et qui ne manquent pas
d’ordinaire à ceux qui ont quelque réputation, plutôt que s’amuser
à des travaux dont les résultats sont toujours plus ou moins aléa-
toires, quel que soit le talent des auteurs.
Module.
A Monsieur Zoïle : — Nous croyons, aimable correspondant,
ne pas pouvoir clore le débat sur cette première passe, la parole
vous est donc donnée. (La Rédaction)
Faits divers.
Exposition. — Une exposition rétrospective des Arts In-
dustriels est organisée pour l’année 1876, sous la haute pro-
tection du lioi, la présidence d’honneur de S. A. R. le Comte
de Flandre et le patronage de la ville de Bruxelles.
Par son programme et son organisation, elle formera la
contre-partie et le complément de l’Exposition contemporaine
de 1874.
Quoi de plus logique, en effet, dit la circulaire que nous
recevons à ce propos, pour guider le présent et mieux prépa-
rer l’avenir, que d’étudier les arts industriels dans leurs
chefs-d’œuvre des époques les plus florissantes du passé ?
En Belgique, plus que partout ailleurs peut-être, de tels
chefs-d’œuvre abondent, mais ils sont peu connus et souvent
même complètement inconnus du public.
Le succès de notre exposition est donc bien assuré, d’autant
plus qu’un courant sérieux se manifeste en faveur d’un retour
vers nos traditions nationales, tout particulièrement au point
de vue des arts industriels.
Journal de Bruxelles.
LES NOUVEAUX BOULEVARDS DE BRUXELLES.
Concours ouvert par l’Administration communale. — Dis-
tribution des primes aux constructions les plus belles au point
de vue architectural.
Le jury chargé de distribuer les primes aux plus belles
constructions des nouveaux boulevards vient de prononcer ;
voici la liste des lauréats :
1. M. Beyaert, architecte. — Maison Hier is het in de
Ilatcr en de Kat, à la Banque de Belgique.
2. M. Janlet. -- Maison angle de la place de la Bourse et
du boulevard Central, à M. Verhoeven de Grégoire.
3. M. Janlet. — Maison place de Brouckère 19, à M. Ver-
boeckhaven.
4. M. Vanderiieggen.—Maison boulevard du Nord, coin de
la rue de la Fiancée ; Statuaire Bouré; à M. de Haverkerke.
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5. M. De Keyser. — Café Sésino, boulevard Central 3, à
M. Sésino.
6. M. Flaneau. — Maison boulevard Central 101-103, à
M. Bourlard.
7. M. Laureys. — Maison du Saint-Michel, boulevard du
Nord...., à M. Félix Laureys.
8. M. Almain de-Hase. — Sacristie de l’église du Finis-
tère, boulevard du Nord 41. (Publiée par nous.)
9. M. Macquet. — Maison place de Brouckère 5, à M. An-
ciaux-Philippart.
10. M. Abeels. — Maison boulevard du Hainaut 13-15, à
M. Vandermeulen.
11. M. De Keyser. — Bâtiment boulevard de la Senne 37,
à la Compagnie d’Assurances.
12. M. Samyn. — Maison boulevard Central 12 et 14, coin
de la rue de l’Evêque, à M. Haeck. — Publiée par nous
(2e année).
13. M. Bordieau. — Maison place de Brouckère 17, à
M. Schultz. Statuaires De Haen et Melot.
14. M. Verdussen. — Maison boulevard Central 105a, à
M. Van Wambeke. «
15. M. Pauwels. — Maison boulevard du Nord 107-109-
111, à M. De Meester-Debecht.
16. M. Van Outgaerden. — Maison boulevard du Nord
108, à M. Gauthier.
17. M. Olive.— Maison boulevard Central, 93, M. Canler.
18. M. Samyn. — Maison boulevard de la Senne 43, à
M. Desmedt.
19. M. E. Hendrickx. — L’école modèle, boulevard du
Hainaut 80.
20. M. Hanicq. — Maison place de Brouckère 11, à
M. Wendelen.
Notions générales de la construction des
voûtes en berceau.
La recherche de l’équation de stabilité des voûtes
est entourée de difficultés qui n’ont pas permis, jus-
qu’à présent, aux différents auteurs qui s’en sont oc-
cupés, d’aboutir à un résultat aussi précis, aussi
mathématique, que dans les autres questions de sta-
bilité.
L’absence complète d’élasticité que possèdent les
matériaux qui entrent dans ce genre d’ouvrage, l’in-
certitude dans laquelle on se trouve, sur la position
exacte des joints de rupture et la difficulté, sinon l’im-
possibilité, de faire des expériences, sont des causes
qui ne permettent pas d’arriver à une relation d’équi-
libre absolue entre les différentes forces intérieures et
extérieures qui agissent sur une voûte.
Toutes les théories produites jusqu’aujourd’hui ont
donc dû être basées sur des hypothèses et dans ces
conditions même elles n’aboutissent qu’à des résul-
tats généraux, à des formules empiriques. Ce sont ces
formules, auxquelles on peut d’ailleurs accorder une
grande confiance, que nous allons faire connaître.
Il existe plusieurs espèces de voûtes caractérisées
soit par la position de leur axe par rapport à la direc-
tion des plans de tête, soit par le mode de génération
de la surface intérieure.
Nous croyons inutile de reproduire la nomenclature,
d’ailleurs connue du lecteur, de ces différents genres
de voûtes.
Si nous coupons une voûte quelconque par un plan
normal à son axe, nous obtenons l’épaisseur de la
voûte en ses différents points, de la clef mn aux nais-
sances ab, a b', épaisseur qui est limitée par deux cour-
bes dont l’une, intérieure, porte le nom de courbe
d'intrados ou simplement d'intrados et l’autre, exté-
rieure, celui de courbe d'extrados ou simplement d'ex-
trados. (Voir les fig.)
Parmi les différents genres, le plus employé est
celui des voûtes dites en berceau. Dans ces voûtes
l’axe est horizontal et l’intrados est un demi-cercle
(plein cintre), un arc de cercle (voûte en arc), ou une
ellipse (anse de panier). Toutefois, pour la facilité de
l’exécution de l’ouvrage, on remplace, dans ce dernier
cas, l’ellipse par une courbe qui, composée de trois,
cinq, sept ou neuf arcs de cercle, s’approche d’autant
plus de l’ellipse qu’elle a un plus grand nombre de
centres.
Dans les voûtes en berceau, l’extrados peut être
parallèle à l’intrados, quelle que soit celle-ci (Fig. 1
et 3) ; ou être un arc de cercle (fig. 2) ; ou un arc de
cercle à la clef se terminant vers les naissances par
des tangentes, ou enfin être horizontale.
En général la courbe d’extrados n’est parallèle à
l’intrados, que dans les voûtes en arc de faible portée.
Dans les voûtes en arc à grande portée et surtout
dans les pleins-cintres et les anses de panier l’extrados
est ordinairement un arc de cercle. On obtient par
cette disposition une surépaisseur et par conséquent
un surcroît de stabilité vers le joint de rupture. Ce
joint pour ces deux dernières espèces de voûtes est
celui dont le prolongement gd (Fig. 2) fait avec l’ho-
rizon un angle d’environ 30 °. Cette surépaisseur n’est |