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1885.
N° 10.
10e ANNEE.
L'ÉMULATION
PUBLICATION MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE
D'ARCHITECTURE
DE BELGIQUE
BUREAUX : BOULEVARD DU HAINAUT, 139, BRUXELLES
ABONNEMENTS
Belgique .... 25 francs.
Etranger (port en sus). 28 francs.
L’année parue mise en
carton . . . . 50 francs.
ADMINISTRATION
Boulevard du Halnaut, 139
Bruxelles
— DÉPOSÉ —
ANNONCES & RÉCLAMES
A FORFAIT
S’adresser à M. Ch. CLAESEN, éditeur
Rue du Jardin Botanique, 26
LIÈGE
DIRECTION
Rue Royale Sainte-Marie, 128
Schaerbeek
— DÉPOSÉ —
— 109 —
SOMMAIRE
Exposition et Concours organisés par la Société Cen-
trale d'Architecture en mai 1886. — Expositions
triennales et Concours périodiques d'architecture :
Règlement général. — Programme : Un Café-Restau-
rant à l'angle de deux rues. — Société Centrale
d'Architecture : Assemblée mensuelle du 2 octobre 1885;
Assemblée mensuelle du 6 novembre 1885. — Concours
Conscience. A. E. T. — Concours nouveaux : Écoles à
Saint-Josse-ten-Noode; Autel à Léon XIII. — Œuvres
publiées : Maisons boulevard Frère-Orban, à Liège.
PL 25; Grand Concours triennal d'architecture de
1884. PI. 26 et 27. C. N. — Bibliographie. — Faits
divers.
EXPOSITION ET CONCOURS
ORGANISÉS
PAR LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’ARCHITECTURE EN MAI 1886.
Notre Société organise, avec le bienveillant appui du Gouver-
nement, pour le mois de mai 1886, une Exposition nationale
d’Architecture. A cette occasion, elle ouvre entre tous les archi-
tectes belges un Concours dont on trouvera plus loin les condi-
tions et le programme.
A propos de la publication de ce programme nous donnons
ci-dessous un extrait du rapport de la Commission organisa-
trice de ces expositions et concours.
Des Concours publics et de leur jugement.
Nous avons déjà, à diverses reprises, indiqué les raisons qui
nous ont engagé à organiser périodiquement, tous les 3 ans, des
concours d’architecture, ayant une importance au moins égale
à celle des grands concours actuellement accessibles aux jeunes
architectes belges.
Cette nouvelle organisation, à cause du peu d’étendue de nos
ressources, entraîne malheureusement la suppression des con-
cours d’ordre secondaire créés par la Société depuis 1877 ;
mais nous avons la conviction que cette suppression ne sera
que momentanée.
Ce principe des concours périodiques à annexer aux exposi-
tions trierfnales d’architecture étant admis, il y avait lieu d’en
régler les conditions en tenant compte de l’expérience acquise
par l’organisation des concours antérieurs, du caractère des
luttes artistiques actuellement ouvertes aux jeunes architectes,
de l’esprit de liberté, d’individualité qui se manifeste chaque
jour davantage dans toutes les émanations de l’esprit moderne.
Il fallait organiser ces concours de façon à leur faire rendre
de véritables services pour ceux qui y prendraient part, aider
aux progrès de l’architecture et sortir de cette énervante rou-
tine qui paralyse les plus belles intentions.
C’est dans cet esprit qu’a été rédigé l’article 30 de notre
règlement général des Expositions et des Concours traçant, à
grands traits, les conditions du programme à poser aux con-
currents pour les luttes futures.
Ce sont des sentiments d’impartialité, de justice, qui ont
dicté les articles 31, 32, 33 et 34, réglant successivement: la
composition du jury formé de trois membres de la Société Cen-
trale d’Architecture élus en assemblée générale et de quatre
architectes élus par les concurrents; le mode de nomination
des jurés et enfin les devoirs d'honneur et les droits qui
lient le jury aux concurrents.
L’article 36 constitue une innovation dans l’institution des
concours, et malgré le désir que nous avons, Messieurs, de ne
pas abuser de votre patience, nous sommes bien forcés de nous
y arrêter un instant.
Jusqu’à ce jour, dans les concours d’études institués tant en
Belgique qu’à l’étranger, l’importance des primes était fixée au
préalable, c’est-à-dire que l’on fixait d’avance la valeur de tra-
vaux que l’on ne pouvait connaître! Que résultait-il de cette
façon de procéder? C’est que neuf fois sur dix l’importance des
récompenses n’était nullement en rapport avec les projets
envoyés au concours.
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N’avons-nous pas vu, dans certains de ces concours sécu-
laires connus sous le nom de Prix de Rome, des élèves obtenir
la palme si ardemment désirée avec des projets sans valeur,
tandis que, dans d’autres circonstances, des artistes d’un incon-
testable talent n’arrivent que deuxième ou troisième, grâce à
un enchaînement tout naturel de circonstances ! A l’heureux élu
de tantôt, talent médiocre, l’honneur d’être Prix de Rome, pour
avoir vaincu sans lutte; au véritable artiste dont nous venons
de parler, d’amères déceptions, parce qu’il a osé engager bra-
vement la lutte dans un tournoi réunissant un nombre parfois
considérable de talents supérieurs.
N’avons-nous pas vu, dans maints concours, décerner à des
projets ayant à peu près la même valeur, si pas une valeur égale,
au premier une prime importante, au second une prime très
inférieure ou même rien !
Il y a évidemment dans cette façon de procéder un côté
injuste qui fut mis en relief par un des membres de la Commis-
sion et qui fixa l’attention de celle-ci.
Nous n’avons pas la prétention de rendre un jugement à la
Salomon, et nous ne nous déclarons pas infaillibles, mais nous
avons pensé qu'il était juste de déclarer, en principe, que les
différentes valeurs des primes d’un concours devaient être pro-
portionnées à l’importance des projets envoyés.
Mais comment déterminer cette valeur aussi exactement que
possible en tenant compte du goût, du tempérament des mem-
bres du jury, et des influences qui peuvent agir sur l’esprit de
ceux-ci? Le système des points nous a paru devoir répondre le
mieux aux conditions de ce problème.
Il est possible, en effet, d’indiquer dans le programme
adressé aux concurrents, en regard des dessins demandés, le
nombre de points attribué à chacune des parties du travail géné-
ral ; ce qui d’ailleurs permet de mieux fixer les concurrents sur
l’importance relative que les rédacteurs du programme atta-
chent aux différents éléments de l’œuvre à créer. Il est égale-
ment facile de classer les dessins soumis au jury en différentes
catégories, par exemple : en très mauvais, mauvais, passables,
assez bons, bons et très bons, que l’on représenterait respec-
tivement par les chiffres 1, 2, 3, 4, 5 et 6, le zéro indiquant
l’absence de dessin. En attribuant à chacun des dessins une
valeur chiffrée d’après les bases ci-dessus, on arrivera infail-
liblement à donner à tous les travaux des valeurs absolument
proportionnées aux mérites de ces œuvres.
Le nombre de primes étant déterminé, trois par exemple,
ainsi que le montant de la somme à distribuer, une simple
règle de proportion indiquera en francs et centimes le montant
des primes allouées aux concurrents.
Seulement, comme il peut se faire que le concours ne donne
lieu, ainsi que cela s’est présenté en 1883, qu’à des projets
incomplets ou insuffisants, l’on peut décider que pour obtenir
une première, une seconde ou une troisième prime, le concur-
rent devra réunir un tantième déterminé du nombre total de
points.
Il est nécessaire, croyons-nous, pour fixer les idées, de poser
quelques exemples.
Supposons qu’un projet exige la présentation de six dessins
et d’un mémoire auquel seraient affectés les points suivants :
Pour chacun des deux plans, 12 points, soit . . . 24 points.
Pour la façade principale...............................18 »
Pour la façade latérale ................................12 »
Pour la coupe..........................................12 »
Pour le détail..........................................12 »
Pour le mémoire..........................................6 »
Soit en tout. ... 84 points.
Remarquons que ces chiffres indiquent que, dans la pensée
du jury, les études de chacun des plans, de la façade latérale,
de la coupe et du détail ont la même valeur, que pour la façade
principale cetle valeur est une 1/2 fois plus grande, et que le
mémoire ne présente qu’un intérêt secondaire. Ce qui semble-
rait caractériser un monument plus décoratif qu’utilitaire.
Supposons que les sept éléments du projet A soient succes-
sivement déclarés par un des membres du jury : très bon, pas-
sable, assez bon, bon, très bon, assez bon et bon. Le premier
plan déclaré très bon obtiendra donc le maximum des points,
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c’est-à-dire 12; le deuxième plan : passable, obtiendra 6 points,
c’est-à-dire les 3/6 des 12 points affectés à ce dessin ; la façade
étant assez bonne obtiendra les 4/6 des 18 points qui lui sont
assignés, soit 12 points; la façade latérale, classée comme
étant bonne, en aura 10; la coupe très bonne aura également
le maximum des points, 12; enfin, le détail obtiendra 8 points
et le mémoire 8. La somme des points accordés au concur-
rent A par le premier membre du jury sera donc de 62. Chaque
membre du jury procédant de la même façon, en ajoutant toutes
les sommes obtenues et en divisant par le nombre de membres
du jury, l’on obtiendra un chiffre qui représentera exactement
la valeur moyenne du projet A. Supposons cette moyenne repré-
sentée par 68.
Supposons qu’un travail analogue assigne aux projets B, C, D,
respectivement 74, 51 et 55 points, ce qui donnera pour les trois
projets A, B, D, ayant obtenu le plus grand nombre de points,
une somme totale de 68+74+55, soit 197 points. Le montant
total des primes étant, par exemple de 1,600 fr., comme pour
le concours qui eut lieu en 1883, la valeur du point serait
donc de fr. 8-12. Le premier (projet B) recevrait donc 74 fois
fr. 8-12 ou 600 francs (en chiffres ronds) ; le deuxième prix
(projet A), 68 fois fr. 8-12 ou 550 francs ; le troisième prix
(projet D), 55 fois fr. 8-12 ou 450 francs, ce qui donne un total égal
de 1,600 francs. De plus le premier ayant obtenu plus des 8/10
des 84 points affectés au projet a droit à son prix : il en est de
même des 2e et 3e qui ont obtenu respectivement plus des 7
et des 6 dixièmes de ce même nombre de points ; enfin une men-
tion honorable doit être accordée au projet C, celui-ci ayant
obtenu plus des 5/10 du nombre depoints affectés au concours.
L’exemple que nous venons de prendre est celui d'un con-
cours abordé par des architectes d’une force à peu près égale,
ainsi que l’indique le nombre des points obtenus ; il serait évi-
demment injuste de donner, par exemple, 1,000 francs au
premier, 400 francs au second et 100 francs au troisième
comme cela se pratiquait avec l’ancien système.
Supposons, au contraire, le même projet étudié par des archi-
tectes, en général moins capables et admettons que cinq pro-
jets A, B, C, D, E, réunissent respectivement 32, 41, 49, 78,
et 45 points. Les trois meilleurs projets D, C etE, obtiennent
ensemble 78+49+45 ou 172 points; la valeur du point en
opérant comme dans l’exemple précédent sera defr. 9-30, ce qui
donnera pour valeur des primes des projets D, G et E, respec-
tivement 725, 455 et 420 francs. Le premier ayant réuni
plus des 8/10 des points aura droit à sa prime, mais les 2e et
3e ayant oblenu moins des 6 et 7 dixièmes ne peuvent
prétendre à aucune indemnité et les sommes de 455 et
420 francs rentreront dans la caisse de la Société.
Si à un concours prenaient part: un architecte capable obte-
nant 80 points, un autre de force moyenne obtenant 52 pointset
des élèves inexpérimentés, le meilleur de ces derniers n’obtenant
que24 points, la valeurdu point serait dans ce cas de fr. 102-56;
ce qui donnerait le résultat suivant: 820 francs pour la première
prime; 250 francs, montant de la troisième prime pour le
projet classé second; pas de troisième prime; le reliquat, 530
francs, montant de la deuxième prime, rentrant dans la caisse
de la Société.
Nous croyons avoir suffisamment prouvé par les exemples
qui précèdent que, quel que soit le cas qui puisse se présenter,
la répartition équitable des primes est toujours possible et
qu’elle sera toujours proportionnée à la valeur des projets sou-
mis au jury.
Expositions triennales et concours périodiques d’architecture
RÈGLEMENT GÉNÉRAL
Chapitre Ier.
DE LA NATURE DES EXPOSITIONS.
Art. 1er. En présence du succès de la première exposition
en septembre 1883, la Société Centrale d’Arctitecture a décidé
d’organiser à partir de 1886, avec l’appui du gouvernement, |