Full text |
A une liste d’exclusion jetée devant nous comme un défi,
notre tffiïtiôfi, h moins d’âbdiqüër, ne pouvait qu opposer
une liste d’exclusion. . t
Les libéraux n’ont pas provoqué le combat; ils l’ont
accepté; mais ils s’y sont engagés avec l’ardeuf que donne
la défense d’une bonne cause.
Ils en attendent le résultat avec confiance, car ils comp-
tent sur le bon sens, sur l’intelligence du corps électoral.
Il est impossible que les électeurs suivent M.le baron Osy
dans ses transformations successives. _
Le corps électoral est un; il est guidé par des principes;
il en pcfursuit le triomphe à travers le temps ; le corps élec-
toral n’est pas un instrument au service dés animosités et
des rancunes d’-un homme. ...
M. Osy n’a jamais eu de fixité dans sa politique ; il a tou-
jours eu lé' flair des vicissitudes qui atteignent périodique-
ment toutes lek causes, et son habileté Consisté à les aban-
donner, quand il les croit à la veille de traverser une crise.
Il ë’est tfouvé ainsi constamment du côté de ceux qui
triomphent et on l’a vu, suivant sans variation ce système,
se déclarer tour à tour, en peu d'années, orangiste, patriote,
clérical, libéral, mixte et de nouveau catholique. _
Nul électeur qüi respecte sa prérogative ne saurait suivre
M. le baron Osy dans ces volte-face continuelles.
Oh ne va huilé part quand on s’arrête constamment sur
sa route et qU’oh revient h chaque instant sur ses pas. Les
individus peuvent ainsi compromettre l’avenir; un grand
corps, une nàtiOfl né lé ferait pas impunément.
Electeurs, vous donnerez demain à tout le pays une
preuve de votre intelligence, de votre saine appréciation de
la viè pôlitique ; .
Vous ne servirez jias la cause d’un homme, vous servirez
la cause nationale, la seule grande, la seule digne de vous.
Vous remplirez avec loyauté, avec conscience votre devoir
de citoyen et vous n’inscriiez pas le nom de M. le baron
Osy sur votfë liste.
Une manœuvre.
Dans l’avalanche de pamphlets sortis delà presse de MM.
Van Dieren et Cc, du Handelsbladj il en est dans lesquels
les candidats de la liste des nobles sont portés aux nues.
Au bas d’une de ces pancartes, se trouve un avis rectificatif
de l’indication de la composition des bureaux, sous lequel
figure la signature de M. Norbert Hermans^ l’honorable
président du tribunal. Cette signature est posée là comme
si elle appuyait l’écrit. C’est là une manœuvre d’autant plus
réprouvable, que chacun sait combien M. Norbert Hermans
reste toujours en dehors de toutes les luttes de parti.
Aujourd’hui que le mouvement électoral est régularisé et qu’on
sait sur quels points la lutte est engagée, nous pouvons dresser
une liste exacte des candidats de.toute nuauces qui se présentent
aux suffrages de leurs concitoyens. •
Le renouvellement par moitié de la Chambre des Représentants,
comprend cinq provinces : Anvers : Brabant, Flandre occidentale,
Namur et Luxembourg. Voici les noms des candidats qui aspirent
h la succession des cinquante-quatre députés sortants.
Pour la province d’Anvers, il n’y aura de lutte véritable qu’à
Anvers, mais en revanche elle promet d’y être très sérieuse. Les
libéraux ont inscrit sur leur liste MM. Rogier, Veydt, Loos, Ver-
voort et Catéaux-Waltel, ces deux derniers en remplacement de
M. H. De BaiIIci, qui a déclaré ne pouvoir accepter de nouveau
mandat et de M. Osy ; le parti clérical de son côté s’est rallié aux
noms de MM. Alp. Dellafaille, Th De Cock, Vervoort, Osy et Emile
Geelhand. Il est difficile de s’expliquer comment il se fait que le
nom de M. Vervoort figure à la fois sur deux listes opposées, sur-
tout après la déclaration si nette de principes libéraux récemment
faite par ce candidat.
MM. de Brouwer de Hogendorp, de Perceval et Van den Branden
de Reelh, députés sortants,seront réélus à Malmes sans opposition
de part ni d’autre. Il en sera de même à Turnhout, le bourg-pourri
du parti clérical, pour ce qui concerne MM. Coomans et de Mérode
Les élections du Brabant offrent, dans la capitale surtout, un
caractère tout aulre. Pour ia première fois peut-être Bruxelles se
trouve avoir à choisir entre quatre ou cinq listes différentes.
Tandis que l’Association libérale porie ses votes sur MM. Orts,
Thiéfry, Prévinaire, Charles de Brouckere, Verhaegen, de Steen-
hault, Anspach, général Goblet et Alb. Dubus, la réunion dite dé
la Louve repousse MM. Anspach et Goblet qu’elle remplace nar
,,*, h . r.omiimi nt Lo comité ^cuirai iffes faubourgs se
prononce en faveur de MM. d’Oullremont, de Gronckel, Bartels,
Alb. Dubus, Verhaegen, deSteenhaull et Goblet, en abandonnant
aux électeurs le choix des deux derniers candidats. Enfin, une
liste cléricale se compose de MM. Domis de Semerpont, Dindal. de
Gronckel, Roussel, Alb. Dubus, Oct d’Oultremont, Ch. de Brouc-
kere, Bartels et deSteenhaull ; sur d’autres listes du même parti,
le nom de M. Bartels est biffé et remplacé par M. Delaet; et
certains meneurs de la réunion dite de la Louve veulent éliminer
M. de Brouckere.
A Louvain, les cléricaux maintiennent MM. de Man d’Attenrode,
de Lacoste, Landeloos et de Wouters, députés sortants. Aux
deux derniers l’opinion libérale oppose MM. de Lucsemans,
bourgmestre de Louvain et Chrisliaens, propriétaire à Diest.
Rien ne paraît devoir être changé dans la députation de l’ar-
rondissement de Nivelles, où la réélection de MM. Mascart,
Tremouroux, de Mérode et Mercier, est assurée.
La Flandre occidentale nous promet aussi des élections ani-
mées. A Bruges, taudis que les libéraux votent pour MM. Devaux,
Sinave et Coppieters, tous trois députés sortants, le parti rétro-
grade cherchait à faire réussir une liste entièrement renouvelée,
composée de MM. Fl. Roels, Beihune-Ydevalle et Eug Decock ;
mais il paraît obligé de se contenter d’uu seul candidat,M.Fl.Roels.
A Courlrai, nos adversaires éliminent M E. Vandenpeerèboom
qu’ils remplacent par M. P. Tack,tandis que les libéraux reportent
leurs suffrages sur MM. E. Vandenpeereboom, de liaerne, et Bou-
lez, dont le mandai vient d’expirer.
L’élection de MM. de Breyne à Dixmude, Calmein à Fumes, Van
Iseghem à Ostende, Rodenbach et Dumoriier à Roulers, Le Bailly
de Tilleghem et de Muelenaere à Thiell, Van Renynghe, Alp. Van
denpeereboom et Malou à Ypres, n’est pas contestée.
Tout l’intérêt électoral de la province de Namur se concentre à
Namur même, où le parti clérical repousse M. Moxhon pour le
remplacer par M. Wasseige. Les libéraux ont adopté.au contraire,
la candidature des trois députés sortants, MM. Lelièvre, Moxhon
et Moncheur.
MM. Thibaut et de Liédekerke seront réélus sans oppostion à
Dinant, ainsi que M. de BaiUel-Latour à Philippeville.
Reste le Luxembourg. Arlon renouvellera sans difficulté le man-
dat de M. Tesch qui n’a point de compétiteurs.Les cléricaux oppo-
sent à Bastogne, M. Lambin à M. d’Hoffschmidt ; à Virton, M.
Zèmes de Bellefontaine à M. Pierre. D’autre part, M. Orban-Fran-
cotte, candidat de l’opinion libérale, se présente, à Marche, contre
M. Jacques, et M. Deanoor, à Neufchâteau, en remplacement de
M. Orban.
Encore deux jours, et nous connaîtrons le jugement du pays
sur ces diverses candidatures. (Indépendance.)
Le parti intelligent a parfois recours à de singulières comparai-
sons, c’est ainsi que pour prouver le droit des couvents à la per-
sonnification civile, un de ses organes invoquait dernièremeni
l’exemple des jardins Zoologiques, autorisés par le gouvernement.
(J. de Bruges.)
Nouvelles de la guerre.
Les feuilleà du Havre nous apprennent ce matin une nouvelle
qu’il ne faut accueillir, ainsi qu’elles le font elles-mêmes, que sous
toute réserve. Voici les deux versions du Courrier et du Journal du
Havre. On lit dans le premier de ces deux journaux :
« On a appris par le capitaine et les passagers du steamer Atalanta,
arrivé ce matin de Soulhamplon, qu’une dépêche télégraphique très
importante avait été affichée dans cette ville, au moment du départ
dujbateau. Celte dépêche, que nous enregistrons sous toutes réserves'
annonce que l’amiral Napier avait pris trois vaisseaux de guerre
russes (Three-men-of-u>ur), sortis d'Helsingfors, pour se rendre à
Cronsladl. »
On lit dans le second : « Par 1’ Atalanta, arrivé ce matin, de Sout-
liampton, nous apprenons qu’au départ de ce steamer, hier, à dix
heures du soir, on lisait, placardée à la porte d’un des journaux de
la localité, et écrite à la main, une dépêche télégraphique annonçant
la capture de trois vaisseaux de ligne russes, par l’escadre de l’amiral
Napier. »
Le Lloyd publie la dépêche suivante de Widdin, du 7 :
« Les nouvelles du Bas-Dauube sont très contradictoires. Il est
certain que les Russes n’ont pas encore remporté le moindre avan-
tage près de Silislrie, Les Turcs évacuent presque complètement la
Petite-Vulaehie pour se concentrer vers Choumla avec toutes leurs
forces disponibles. On avait reçu hier à Turnu-Sévérin la nouvelle
q ie les Russes menacent de nouveau Krajowa. Cette ville devait être
vacuée hier par les Turcs. »
On lit dans le même journal, sous la date du 8 :
« Suivant les dernières nouvelles du théâtre de la guerre, en date
du 4, les Russes continuent activement leurs travaux de siège; les
Turcs font régulièrement de petites sorties pour les troubler autant
que possible. Lefort Ahdul Medschîd, qu’il s’agit d’abord de prendre
arani que le centre du corps d’opérations commence les opératioi a
. uitre la forteresse proprement dite, a 60 canons et est défendu par
nu triple mur construit en pierres de roches; la construction de
« Te seconde forteresse à duré huit mois, sans que les travaux fus-
sent interrompus ni huit, fii jour.
» Du côté du sud il y a deux tours nui se rattachent au fort, et qui
peuvent également êtrë défendues. La retraite sur Silistrié est ou-
verte à la garnison en cas de prise du fort, la ligne de retraite étant
couverte par une rangée de batteries, d’où une allée souterraine part
pour aboutir à la forteresse.
il On a souvent parlé dans ces derniefs temps de la petite ville de
Basardschifck. Les dépêches télégraphiques annonçaient son Occupa-
tion tantôt par les Turcs lanlôl par les RUsses. Des nouvelles dtenes
tlë foi nous apprennent que Basardschick n’existe plus. Les habi-
tants ont depuis longtemps abandonné celte petite ville, et.un petit
corps d’irréguliers turcs en à incendié les maisons, qui ne sont plus
qu'un moticeau do cendres. »
On lit dans le Lloyd de Vienne, du 7 :
« Des lettres du 2 juin contiennent quelques détails sur les enga-
gements près de Silistrié. Comme on sait, les attaques de l’aile
droite des Russes, les 28 et 30 mai, n'ont pas eu fie résultat; cepen-
dant les ouvrages avancés construits devant les forts détachés avaient
considérablement souffert de la cannonnade, et il ne fallait pas son-
ger à les réparer, en présence des Busses qui serraient toujours de
plus près les fortifications. Ils avaient d’ailleurs atteint leur but par
une défense de plusieurs semaines contre les Russes. Une plus lon-
gue défense auraient coulé des sacrifices trop disproportionnés.
» Mussa-Pacha lit donc le 31 mai une sortie avec toutes ses forces,
et pendant que ces troupes étaient engagées dans un combat avéc
les assiégeants, il fit transporter dans les forts détachés et dans la
forteresse les canons et les provisions de poudre des ouvragés avan-
cées, et détruire ces ouvrages. Les troupes qui combattaient se re-
tirèrent ensuite dans la forteresse. Les Rtisses occupèrent les posi-
tions abandonnées par les Turcs, entre autres les düvrâges détachés
maintenant détruits, et ils se préparèrent à battre en brèche éner-
giquement la forteresse.
» Suivant des nouvelles de Kalarasch, le prince Paskiewilsch y a
fait publier le 1€r juin un bulletin officiel sur ce qui s’êst passé devant
Silistrié. Les russes conviennent dans cfe bulletin que leurs attaques
ont été infructueuses jusau’au 30 mai. Mais le 31 mai, ajoute ce
bulletin, l’aile droite des troupes de siège, sous le commandement
du général Schilder, après avoir reçu des renforts, a attaqué les ou-
vrages avancés, les a pris, et les Turcs se sont retirés en hâte dans
l’intérieur de Silistrié.
» Il résulte de ce bulletin officiel que pas un des forts détachés
n’a été pris jusqu’à présent, et. en outre, que l’aile gauche et le cen-
tre du corps de siège, dans le rayon desquels se trouvent ces forts
détachés, n’ont pas même ouvert leurs opérations. La nouvelle, don-
née par un jodrnal d’ici, d’un mouvement rétrograde des Russes
près de Silistrié, est inexacte. •
» Des nouvelles directes d’un camp des troupes de siège, en date
du 2 juin, portent que le siège du fort d’Abdui-Medschid, situé der-
rière Silistrié, a commencé, que les travaux se poursuivent active-
ment, et qu’il sera battu en brèche dans quelques jours.
» Les nouvelles télégraphiques de Widdin, du 3, portent qti’Omer-
Pacha était encore à Scboumlâ lo 1er et n’avait pas fait de mouvement
offensif; les troupes russes, dont les forces principales sont concen-
trées près de Silistrié, n’avaient fait non plus aucun mouvement en
avant. Les troupes auxiliaires sont dans leurs stations de débar-
quement.
» Suivant des nouvelles d’Orsowa du 2, un second engagement a
feu lieu le 2 entre Baraka! et Brankoweni. Une partie de l’arrière-
garde du corps russe du général Liprandi a tenté de passer l’Aluta
près d’Hipotest, et elle a été forcée par les avant-gardes du corps
de Skenderbey à une retraite qui lui a coûté beaucoup de monde,
à cause de l’élévation des eaux de l’Alula.
» Bucharest est en ce moment dégarni de canons, et ceux-ci se
trouvent sur la route de Kalarasch et de Giurgewo. Les Russes ne
font pas encore de préparatifs de siège à Rutschuck ; niais Saïd-
Pacha s’est approvisionné, etil a mis la forteresse en si bUn état de
défense, qu’elle pourra opposer une résistance égale à celle de
Siiistrîa.
Une lettre écrite à bord dé V Austerlitz,le 29 mat, rade de Hango,
nous donne, sur l’affaire qui vient d’avoir lieu, des détails nou-
veaux qui méritent d’étre connus.
Le mardi 23, l’amiral Napier fit approcher l’un de ses bateaux
à vapeur à mille mètres de la forteresse d’Hango. Le temps étgil
calme. Sur le fort, pas de pavillon.
Les Russes laissèrent le Drugon s’embosser tout à son aise, ne
supposant pas probablement qu’il s’agissait d’échanger des coups
de canon, car depuis l’avant-veille différents vapeurs faisaient des
sondes de ce côté.
A deux heures et demie sir Charles Nàpier fit le signal : Essayez
un boulet. Aussitôt l’on vil pleuvoir sur le port une décharge
complète d’obus et de boulets. Le Dragon est armé de quatre
pièces de 80 et dé i de 30 Le fort riposta, mais des seules pièces,
au nombre de trois, qui du bastion attaqué pouvaient tirer sur le
bâtiment anglais.
Le feu continua sans interruption, pendant une demi-heure, et
nous jiûmes compter le nombre des obus éclatant dans le fort:
deux pièces russes furent démontées, et pendant un quart d’heure
le feu de l’ennëtni fut presque éteint. Mais à l’aidé de deux nou-
velles pièces ramenées en batterie, il reprit avec plus d’ardeur.
Une autre vapeur (la frégate la magicienne), fut s’embosser au mi-
lieu des roches qui mettaient sa coque à i’abri, et, joignant son
feu à celui du Dragon, attaqua un bastion voisin. Pendant cette
tuile inégale, l’amiral fil au Dragon lo signal : « Souffrez-vous des
boulets? » Il répondit :« Je vois les pavillons et ne comprends
pas le signal, » réminiscence du mot de Nelson.
Jusqu’à quatre heures, le fen ne cessa pas un moment.L’amiral
ayant jugé l’effet produit par les boulets et les obus, fit le signal :
se 'elirer du feu. Le Dragon cessa son feu et resta pendant une
demi-heure sans broncher, répondant seulement coup pour coup
à ceux qui de distance en distance étaient encore dirigés sur lut.
Eufin le fort se tut. Le Dragon a eu 13 boulets dans sa coque, un
homme tué et un blessé. La Magicienne a pu tirer pendant deux
lieur-. s sans avoir un seul boulet dans sa coque, quoiqu’elle eût
fan considérablement de mal au port.
Un épisode assez singulier est venu distraire l’attention entière-
ment portée sur le Dragon. Le vapeur Basilic a mis sous voiles et
a voulu s’approcher de la position occupée par le Dragon. L’ami-
ral lui fit le signal : Eloignez vous ! Le Basilic continua sa route
malgré le signal répété, appuyé d’un coup de canon, et engagea le
feu. Sir Charles lui envoya alors un bâtiment pour lut intimer de
nouveau l’ordre d’obéir. Ce ne fut qu’après ce nouvel avertisse-
ment que le Basilic consentit à s’éloigner, après avoir tiré quel-
ques coups de canon.
Il y avait le 29 (levant Hango neuf vaisseaux à hélice, et à Hel-
singfors les Russes ont quatre trots-ponls et huit deux-ponts, et
nous sommes à vingt-cinq lieues d’eux; mais ils ne sortent pas,et
cependant, depuis trois jours, ils ont vent arrière pour venir nous
joindre. Pendant ce petit combat, tout le monde à bord éprouvait
un sentiment d’admiration pour ce faible champion qui, seul,
tenait tête à cet énorme fort.
Dimanche dernier a mouillé sur rade la frégate Arrogant, qui,
elle aussi a eu son petit épisode militaire. Elle est allée prendre
près de terre un navire échoué, et pendant qu’elle l’amarinail, un
bataillon d’infanterie a paru sur la plage et a fait sur elle un feu
nourri de carabines à tir. En même temps, Une batterie d’artillerie,
est arrivéepour soutenir les fantassins. Ces malheureux ne se
doutaient pas de la puissance de nos pièces, et deux ou trois cents
d’entre eux ont payé cher leur ignorance.
La frégate a tiré à mitraille sur ces pauvres gens età boulet sur
la batterie. En cinq minutes tout a été dispersé, les pièces démon-
tées La frégate a perdu deux hommes et a eu son premier lieute-
nant blessé à l’œil. Deux transfuges arrivés hier ont accusé une
perle de trots cents tués et blessés.
Tels sont les faits principaux que rènferme cette lettre ; écrite
par un témoin occulaire, elle offre un intérêt tout particulier.
JESIfAGKE.
Madrid, 6 juin.
On parle de désaccord entre le ministre de la guerre et ses col-
lègues, à l’occasion de la nomination d’un chef militaire, recom-
mandé par un personnage haut placé. On dit que ce ministre au-
rait fait de celte affaire une question de cabinet et aurait offert sa
démission.
Hier et avant hier, jours de fête, il n’y a pas eu de conseil de
cabinet.
On a fait, hier, l’essai du télégraphe électrique entre Madrid et
Guadalajara. Il a complètement réussi. On a reçu aujourd’hui à
Madrid une dépêche de Guadalajara, dans laquelle les autorités fé-
licitent le gouvernement de l’établissement de cette ligne. Ele
comprend déjà 18 lieues et les travaux sont poussés avec une
gtande activité.
BOURSE DE MADRID DU 6 JUIN
Au comptant, 3 0,0 37 50 P.; différé 19.60 P.; dette amort de
te cl. 9.30 A.; id. de 2e cl. 3.05 A ; banque de St-Ferdinand 99 P.
Changes: Londres 51.20 ; Paris5.28 A.
. FSïAjVCE.
(Correspondance particulière du précurseur).
Paris, H juin.
On attendait ce matin avec impatience l’arrivée du Moniteur,
afin de savoir, d’abord, s’il était vrai que la Suède eût rappelé son
ambassadeur de Sl-Pétersbourg ; ensuite afin de connaître les in-
tentions du gouvernement en ce qui concernait l’arrestation de
M. Dillon, notre consul à San-Francisco Le Moniteur a paru et
l’attenté générale a été déçue, car la feuille officielle ne disait mot
des deux grandes questions à l’ordre du jour.
Faute de cela il a bien fallu se rabattre sqr d’autres nouvelles;
aussi la dépêche télégraphique affichée à Soulhamplon, dépêche
annonçant que l’amiral Napier s’était emparé de trois navires de
guerre rtisses, qui essayaient de se rendre de Helsingfors à Cron-
stadt, fournit-elle l’occasion de nombreux commentaires.— Le
fait paraît probable, mais on est surpris de ne le voir mentionner
ni dans les feuilles de Londres, ni dans les journaux allemands.
U semble aussi que le Moniteur aurait été renseigné et qu’il aurait
dit quelques mots de cette capture à ses lecteurs.
Le temps, depuis 24 heures, semble se remettre un peu ; mais les
nouvelles des départements sont mauvaises et aujourd’hui elles
nous apprennent que dans beaucoup d’endroits l’abondance des
eaux a occasionné des dommages considérables et compromis
Favenir de ia récoîte.— Beaucoup de rivières ont débordé, notam-
ment l’Oise, la Meuse, le Rhône et ia Saône, les eaux se sont ré-
pandues dans le» champ! voisins où elles séjournent encore. Ces
circonstances connues bief à la halle de Paris h’onl pas peu contri-
bué à l’êlévaliotl des conTS sur les cérëaies, élévation que vous
aurez sahs doute itma, qitee;
Les passages de trdbpeS dans la direction iltf Nord et dé l’Ôliest
au Midij sont redevenues aussi fréqiiënts qu’il y a 2 mois. Mats
c’est surtout l’artillerie qui est considérable. Les soldats et les
officiers disent que leur destination a été subitement changée. 11 y
a quelques jours ils croyaient être certains d’aller au camp d’Hel-
faut, lorsqu’un contre-ordre est survenu qui a prescrit de prendre
le chemin de Toulon ou de Marseille. Ceci confirme ce que je vous
mandais il y a 3 ou 4 jours,de la résolution prise par le gouverne-
ment, après la réception des dernières dépêches du maréchal
St-AMîàüil, d'augmenter et d’activer l'importance des convois de
troupes pour l’Orient.
Il y a un mois la police procéda à l’arrestation d’un réfugié alle-
mand connu sous le nom de docteur Rodé, pour avoir distribué à
l’ambassade cfe Danemark un écrit satyrique contre la personne
de l'empereur Napoléon. L’instruction, poursuivie jusqu’aujour-
d’hui parait avoir établi à la charge da-docteur Rodé qu’il était au
service de la Russie, à laquelle il servait d’agent à Paris pour
quelques intrighès assez bàSses. Rodé ést à Mazas et le sort le
plus doux qui doive l’alteindre.c’esl d'être expulsé.
(Âülrè correspondance.)
Paris, U juin.
En fait de nouvelles politiques, je n'ai rien à voüs dire cette fois,
qui ne soit dans lés journaux. Lés Russes ont reculé de Bucharest
à Jassÿ ; lord Russell est nommé, à Londres, président du conseil
des ministres ; voilà leurs deux principales nouvelles. St l'on
ajoute à cela quelques citatiôns des journaux allemands, consis-
tant en réflexions et commentaires sur les conférences de Bam-
berg, et sur celle qui réunit maintenant à Tesche l’empereur
d'Autriche et le rot de Prusse, on aura tout lé contenu des feuilles
quotidiennes. Le Siècle même, en publiant aujourd’hui sur lord
Raglan un de ces articles biographiques qu’il a déjà publiés sur le
prince Paskewitsch, sur le roi Othon,etc., n’apprend rien de bien
inédit. Tout ce qu’il nous confie, c'est que lord Raglan est âgé de
68 ans; qu’il a été secrétaire du duc de Wellington pendant les
guerres de l’empire; qu’il s’est distingué en Espagne et qu’îl a
perdu un bras à la bataille de Waterloo; qu’il est devenu en 1828
membre de la chambre des communes, qu’enfin en ce moment,
malgré son âge avancé, ses campagnes, ses blessures, il est d’une
robuste constitution et jouit d’une santé de fer. Mais en parlant du
général d’une puissance amie, le Siècle s’estvu, sans doute, obligé
à plus de réserve que lorsqu’il narrait l’hisloire du général Pas-
kewitch ; le fait est que sa biographie de lord Raglan ne renferme
aucune de ces anecdotes dont l’autre élan embellie. L’auteur, M.
Texier, saura se rattrapper sur quelque russe, dtr silence qu’il
garde aujourd’hui.
Celle disette de nouvelles politiques me fait, en tout cas, l’occa-
sion belle de vous parier un peu en détail du monde artistique,
littéraire et théâtral.
La nouvelle que je vous avez donnée à propos des statues com-
mandées pour les cours du Louvre, est publiée pour la première
fois dans un journal parisien, l'Assemblce Nationale. Elle y ajoute
quelques détails. On a commandé 40 statues ; les figures seront en
pied. Elles représentèrent quçlques-uns des grands hommes de
la France, entr’autres Larochefoiicauld, Bossuet, La Bruyère,
Jean Goujon, Le Poussin , Puget, Lesueur, Lesage, Corneille;
Molière, Turenne, MasSiüon, etc. M. Visconti avait fait un projet
d’après lequel ces statues auraient été placées dans les cours exté-
rieures du Louvre. Le nouvel architecte, M. Lefluel, a changé le
projet de M. Visconti ; elles seront placées dans les niches prati-
quées dans la façade du palais. De plus, au lieu d’ëlre en marbre,
elles seront sculptées simplement en pierre. Je puis ajouter à ceci
que le gouvernement a commandé quelques statues colossales
pour être placées au sommet du principal pavillon du Louvre ;
elles seront aussi en pierre blanche , elles se détacheront sur le
fciel ; cela serait d’un effet très-grandiose.
On prépare au théâtre français une pièce dont on dit d’avance
le plus grand bien; eliè auia pour litre Comédie à Ferney, ce qui
signifie que le héros en sera Voltaire. La pièce a deux auteurs,qui
ont fait leurs preuves d’espril;ainsi on n’aura pas à redouter qu’ils
fassent parler le célèbre écrivain d’une façon indigne de lui : Ce
Soin MM. Louis Luribe et Albéric Second. Le dernier a laissé dans
le joufnâlismé une foule d’articies piquants; pour M. Louis Lutine,
sa dernière production était le mannequin russe, un des plus jolis
pamphlets qui aient été publiés à propos de la question d’Orient.
On vient de faire un pendant à ce pamphlet de M. Louis Lurine;
le pendant a pour litie Messieurs les Cosaques-, il a été écrit en
eolloboration par toute la rédaction du Charivari, MM. Louis
Huart, Clément Caraguel et Camille Delord. De plus,pour que rien
n’y manquât, Cham a complété avec son crayon la besogne que
ces messieurs ont fait à la plume, et a illustré l’ouvrage d’une
énorme quantité de caricatures.
On a reçu cette semaine à la Porle-Sainl-Martin, un drame à
grand spectacle dû à une plume exotique : il est intitulé les Gueux
de mer et a pour sujet un des épisodes les plus dramatiques de
l’histoire des Pays-Bas au 16' siècle. Il paraît que l’auteur, M.
Monrosè, remplit à la cour de La Haye les fonctions de lecteur du
roi de Hollande.
Un roman qui a eu une vogue énorme dans cês derniers temps,
vient d’être enlevé, par ordre officiel, des rayons des libraires et
des tables des cabinets de lecture. Ce roman n’était rien moins
que les Mémoires de Céleste Mogador. L’auteür et l’héroïne du
roman avait été pendant quelques années une des célébrités des
bals parisiens. Elle avait régné à Mabille, au Château des Fleurs,
à Asnières, au Ranelagh, à Valentino, à S'e-Cécile, et en une foule
d’autres lieux consacrés au plaisir. Dans ces dernières années,
elle ÿ fut remarquée par un jeune comte, vicomte ou marquis du
faubourg Saint-Germain, qui s’éprit d’elle et l’épousa; c’est un
des triomphes dont s’enorgueillit encore en ce moment la légion
nombreuse des dames aux Camélias. Il paraît, du reste, que, sous
certains rapports, la nouvelle marquise, vicomtesse ou comtesse,
était digne de la position qui lui était offerte ; oo dit qu’elle a une
beauté brune assez remarquable et que son esprit ne manque pas
de distinction. Quoiqu’il en soit, à peine habituée aux grandeurs,
l’ex-reine du bal Mabille a aspiré à d’autres plaisirs ; elle s’est
faite genl de lettres; ses mémoires ont paru.Ils ont été dévorés. Je
ne vous dirai pas ce qu’ils contenaient; la pudeur de ia correspon-
dance la moins prude en serait offensée; l’auteur racontait sa vie
et ses aventures, et,par ce que j’ai déjà dit, il est âisé de deviner
ce qui s’était passé dans cette vie et en quoi consistaient ces aven-
tures. Le lait est qu’elle en a dit tant et tant, que la policé
a fini par juger qu’il était d’ordre public de lui fermer la bouche,
et de mettre sa plume en quarantaine. C’est dommage ! s’écrient
ses anciennes amies ; son livre était bien instructif ! Et les mau-
vais plaisants ajoutent ; il paraît que la Céleste était assez leste !
calembour des plus médiocres, mais qui est l’expression de la
vérité.
On a beaucoup parlé, la semaine passée et eeile-ci, d’un séjour
de deux ou trois jours, que le directeur actuel du vaudeville,
M. ThibaudeaU, avait fait à la prison de Ciichy La durée de sa
détention, comme vous voyez, n’a pas été bien longue; mais elle
a suffi pour faire éclore quantité de commentaires et d’anecdoies ;
on ne garde dans tous ces récits qu’une réserve, à propos du nom
du héros : On le prononce à voix haute, mais on ne l’imprime pas.
Voici en tous cas un des plus jolis on-dit qui ait couru sur cette
affaire. Un vaudevilliste rencontrant le directeur qui venait
d’étre mis en liberté, lui dit en riant : — Mon cher, je viens de
courir à Chchy, pour vous porter mes consolations ; le concierge
de la maison m’a dit : il vient de sortir; mais donnez-vous la
peine de vous asseoir ; je ne pense pas qu’il tarde beaucoup à ren-
trer. — La plaisanterie n’est pas de fort bon augure; mais cè
n’est heureusement qu’une plaisanterie.
Une autre anecdote est racontée à propos d’une des plus spiri-
tuelles comédiennes de Paris On lui envoie, il y a quelques jours,
un poulet assez fade avec ce post scriptum : « Si vous voulez me
connaître, mettez vous demain à votre fenêtre, à onze heures.
Je passerai à la tête de ma division. » S’attendant à trouver dans
ce soupirant inconnu une illustration militaire, la comédienne, le
lendemain, à onze heures, ne manque pas de se mettre à sa fenê-
tre. Et sur quel général ses yeux tombent-ils? Sur un jeune et
imberbe lycéen,qui marchait, comme il l’avait dit, le front radieux,
l’air triomphant, en lêté d’une division en habit bleu de l’un des
colléges de Pans. La déconvenue était complète; mais elle ne
causa qu’un fou-rire.
A propos de la baisse inexplicable qui a eu lieu à la bourse, un
feuilletoniste essaie de donner celte explication de comédie. Elle
a été causée d’après lui, par le petit événement suivant. A l’heure
du coup de feu financier, une calèche serait arrivée à tome vitesse
sur la place de la bourse ; les agioteurs en auraient vu descendre
un monsieur, la tête couverte du fez ottoman. D’un air effaré, il
se serait mêlé à la foule des agioteurs; à quelques uns d’entre
eux il aurait parlé à l’oreille ; ceux-ci seraient empressés de ven-
dre, et tout de suite, panique universelle ; on disait de tous côtés
que l’arrivant appartenait à l’ambassade turque et apportait de
mauvaises nouvelles. I! va sans dire que tout cela n’est qu’une
comédie, jouée par des spéculateurs peu scrupuleux qui avaient
besoin de la baisse. La scène est plus une comédie que ne le dit
le feuilletoniste. En effet, il en a emprunté, sans façon, le sujet la
pièce de feu Balzac, Mercadet, Où la chose se joue sous d’autres
costumes et sans qu’il soit question de la guen« d’Orient.
Le briiil confirmait à Touiôn qu’une 5° division àÜait être formée
et qu’elle s’embarquerait tant dans ce port que dans celui de
Marseille pour se rendre en Orient.
C’est le 29 juin. Suivant lés apparences, qu’Üura lieu, à Amiens,
l’inauguration de la statué dé Pierre l’Ermite.
Des masses de provlfitidnx de Bordeaux, dé Nantes, de Tours,
du Mans, de Lille, de Lyon; èic., sont arrivés bief soir et ce matin
à Paris en trains de plaisir.
Des souscription! sont ouvertes, défis lè département de la
Haute-Marne, pour l’érection d’un monument à la mémoire du
Sire de Joinville.
La gôëteltë PaHs et Londres, qui ëtàil à l’ancré aü port du
Louvre depuis quelques jours à peine, est repartie hier pour Lon-
dres, avec un chargement complet de produits français; nolam-
iiffcnt unê îffiiifénsé quantité de voldffiès brothés des couvres de
Ralzac.qui esll’âuteür moderne le plus en vogue dans les trois
Boy au mes.
Cette nuit, vers une heure du malin, des cris au feu! au se-
cours ! se firent entendre dans la rue de Parme (chaussée d’Antin).
En un instant tout le monde fui sur pied. Un incendie venait de se
déclarer dans les bâtiments et ateliers d’un meiiuisier de celte
rue et les nombreux dépôts de charpentés et de bois que conte-
naient ces vastes ateliers furent en peu de temps la proie des
flammes. Les pompiers accourus en tonie hâte,organisèrent aussi-
tôt leur service de sauvetage. Plusieurs locataires des bâtiments,
surpris dans leur sommeil, h’cureiit fjde le temps d’échapper aux
flammes, à peine vêtus; au même moment, les pompes fonction-
naient dans toutes les directions.; mais, malgré tons les efforts
tentés, on dût renoncer à Sè fëndré maître de l’irfeendie ; trop de
matières combustibles l’alimentaient ; on chercha dès lors à cir-
conscrire le foyer et à prëScfvèr les m'àisorfà vOiiihës. On ÿ'ëst
heureusement parvenu. A quatre heures du matin, tout danger
avait disparu.
Le poète fteboul, actuellement à Rorpe, a été . conduit par M.
l’abbé Bourbon dans là jolie égliSë dé Sàint-Omphrë pour visiter
le tombeau de l’immpriel Jorquato Tasso, ainsi que la chambre
occupée par l’auteur de la Jérusalem délivrée et où il mourut. A,ussi
le digne boulanger de Ni mes a été invité à s’asseoir sur un fauteuil
aiuiquè, èn présence dû buste, de la plùtne.dd crncîfiic,dè là cèifl-
lure et d’une foule d’autres objets qui ont appartenu à l’iffimortêl
chantre des Croisés. Grande a été la surprise de M. J. Reboul quand
son introducteur lui a montré là piécé authentique qui désigne ce
fauteuil comme ceiui-môme où T.Tasso se reposa si souvent avant
de rendre le dernier soupir, dans cette modeste habitation qui
domine la ville éternelle.
Le ministre de la marine vienl de rappeler lés prescriptions éf
réglements qui auraient pour objet d’assurer la police dés ports ét
rades en temps de guerre. Bien que la présence de nos escadres
tienne en respect la presque totalité des forces de l’ennemi, le
ministre juge nécessaire . de tenir compte d’un petit nombre
d’ëvenUialilés.Ainsi tout bâtiment du commerce arrivant pendant
la nuit devra mouiller aux environs du bâtiment stationnaire, et
aucune embarcation né dcëra plus circuler sans que son chef soit
muni du mot d’ordre si elle appartint à un bâtinriènt de guerre oii
sans avoir été visitée et reconnue pàr un Canot du statiôraàifë, sf
elle appartient au commerce.
L’empereur a adressé la lettre suivante à M.Ch. Baudin :
« Palais de Sl-Cloud, 8 juiù.
Monsieur, le malheur qui frappe votre famille sera vivement
ressenti par la marine et par la Francfe. Elles perdent, l’une un
amiral distingué et un officier intrépide,l’autre un citoyen dévoué.
C’est vous dire combien j’en ai apprécié le mérite, combien sin-
cèrement je m’associe à voue douleur et aux regrets de tous.
Croyez à tous mes sentiments. Napoléon.
On écrit de Vienne le 10 juin, par le télégraphe, dit le
Moniteur :
« Il résulte d’informations transmises par le télégraphe dê
Kzemowiiz en Btikowine qu’un mouvement inexpliqué s’opérait
dans l’armée russe ; les corps, qui étaient en marche au-delà de
Jassy dans la dirèciion du sud, auraient reçu l’ordre de rétrograder
au nord jusqu’à TorgipFormos, dans la direction delà Bukowine
et de la Gallicie. Le quartier générai du prihee Paskiewitch serait
attendu du 11 au 13 dans la capitale de la Moldavie avec tout soi!
état-major. Ces nouvelles ont été publiées dans la Cûrrespokdahcè
autrichienne d’hier soir.
» Le 6 juin, à Bucharest, on n’annonçait aucun nouveau fait
important relativement au siège de Silislrie •
Lé Moniteur publie un rapport sur l’administration des lignes
télégraphiques, adressé g l’empereür pàr g, D. Pérsigny, mi-
nistre clé l’intérieur. Ce rapport, après avoir rapldémént esquissé
l’histoire de la télégraphie en France depuis l'établissement dii
premier télégraphe en 1794, expose les dernières modifications
apportées dans l’exploitation par l’Etat de la télégraphie. Il résulte
du travail inséré au Moniteur-, que le personnel d’exploitation est
loin encore d'être complet ; que le service de nuit ouvert dans les
villes les plus importantes sera étendu ; que pour assurer le secret
des correspondances administratives il sera fait usage d’un chiffre
dont les agents du télégraphe n’àuront pas la clef.
Vers ia fin de celte année, toutes les préfectures seront reliées
avec Paris ; il y a aujourd’hui en France 105 bureaux télégraphi-
ques. Enfin, le rapport constate que le nombre des dépêches pri-
vées augmente chaque jour dans une proportion considérable, êt
que le matériel a besoin (l'importantes améliorations.
Quant aux appareils, des recherches sont laites en ce moment
pour combiner celui rie Morse avec I’app3reil Bain, pour arriver à
transmettre, par l’appareil à créer, la dépêche écrite sans aulre
intermédiaire que la force électrique mise en mouvement
Ce rapport est suivi d’un décret qiii, sanctionnant ces proposi-
tions, compose l’administration du télégraphe de : uri directeur
général,quatre inspecteurs généraux,douze directeurs principaux,
cent inspecteurs; eide directeurs de slationtemployés de bureau,
stationnaires, surveillants et piétons en nombre suffisant pour le
besoin du service.
Un autrè décret nothmé M. le Vicomte dé Vougy, qui était direc-
teur dès lignes télégraphiques, directeur général de Cette admi-
nistration.
Le directeur général dans l’organisation nouvelle relève direc-
tement du ministre.
On lit dans le bulletin commercial de là Presse :
Le commerce de délai! ést toujours en souffrance, ét l’iiidustrié
«es étoffes se ressent de l’état de l’atmosphère. Depuis la tin du
mois d’avril, le temps a été continuellement froid et pluvieux.
Tous ceux qui avaient retardé leurs achats d’étoffe du printemps
pendant les chaleurs prématurées d’avril, ont continué à porter
leurs véteméns d’hiver.
Il en est résulté un déficit considérable dârisla vente des vêté-
mens et des confections, et dans l’écoulement des étoffes légères.
On a ajourné les départs pour la campagne et pour les eaux, et
les achats de tome nature qui sont les préliminaires obligés do
ces déplacements. Cependant, on voit en ce moment à Paris un
grand riOtnbre d’étrangers et surtout d'Anglais.Il est arrivé quelques
riches Anglais, membres du Parlement, et qui sont Vénus passer
en France les quelques jours de vacances du Parlement, Cl qui
ont fait des achats assez împorlans dans les grands quartiers de
Pans.
Quelques symptômes d’activité se manifestent dans nos graitdes
manufactures. On signale une amélioration notable à Mulhouse et
en Alsace. La fabrique de Rouen a plus de peine à sortir de sa
longue morte saison. Cependant la baisse est arrêtée sur les tis-
sus de colon et sur lès fils. Quelques demandes ont eu lieu à
Tourcoing et à Roubaix. Les manufactures d’Elheuf, de Sédan et
de Louviers ont obtenu des commandes importantes pour l'habil-
lement de la garde impériale. Les fabriques de cuir travaillent
aussi pour le compte du gouvernement.
La fabrique d’articles de Paris a obtenu quelques commissions
pour l’Espagne et pour l’Amérique du Sud. Mais le bronze, la
bijouterie et en général toutes les fabriques d’objet d’art sont
toujours sans travail. La crise monétaire qui s’est déclarée depuis
quelque temps à Londres, a empêché un grand nombre de com-
missionnaires anglais de faire leurs achats ordinaires pour l'An-
gleterre.
De toutes les industries, celle des bâtiments est toujours celle
qui jouit de la plus grande activité, ét il y a lieu d'espérer que ce
mouvement continuera jusqu’à l’année prochaine. Plusieurs quar-
tiers de Paris sont livrés presque en entier aux entrepreneurs. Ôn
sait qu’une graude et riche compagnie a pris à sa charge tous le#
terrains de la rue de Rivoli, depuis la rue des Poulies jusqu’au
passage Delorme, et qu’elle s'est engagée à y elever des construc-
tions avant l’ouverture de l’exposition universelle, c’est-à-dire
avant le te mai prochain. C’est une affaire excellente pour tout lô
monde i pour la ville de Paris, qui a placé on bloc une partie de
ses terrains à un prix avantageux, et qui a assuré de celle manière
de l’ouvrage aux ouvriers pendant plus de 9 mois, et pour la com-
pagnie qui acquieit au prix de 7 millions, à raison de 460 fr. par
mètre de terrain, un des plus beaux emplacements de Paris, avec
une exemption d’impôts de 30 années pour ses nouvelles con-
structions,qu’elle trouvera facilement à placera des prix très élevés.
iioiiLA.vm:.
SOCIÉTÉ D’EFFETS PUBLICS U-AMSTERDAM DU H JUIN.
Aux cours ci-après, les affaires n’ont pas offert d’animation.
Intég. 58 1/4 ; Esp. 10/oI9 1/16 ; d° 3 0 o int. 35 3/4, 11/16.5/4 ;
Portugais 35 9/16, 5/8, 1/2 ; Méiail. 5 0/0 61 1/2 ; Mexic. 22 1/16.
BELGIQUE.
Bruxelles, H juin.
Le Roi est venu aujourd’hui au palais de Bruxelles à midi.
S. M. après les réceptions ordinaires, est retournée au château
de Laeken à 5 heures et demie.
Le duc de Brabant était également venu au palais.
S. A. R. le duc de Brabant a reçu aujourd’hui à deux heures,
eh audience pailiculière, au palais de Bruxelles, une députation |