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L.e S*récur»cur
Le général Cavaignac avait laissé trois bataillons pour couvrir la
banlieue de Tlemcen, où se sont réfugiées beaucoup de populations
restées fidèles; et avec trois autres bataillons il s’était porté sur Aïn-
Takbalet, d’où il m’écrit à la date d’hier, se dirigeant sur pisser, pour
se réunir au colonel Mac-Mahon.
Je vais partir avec mes cinq bataillons ; j’ai donné rendez-vous au
Sénéral Korte (quia 700 hommes d’infanterie et 400 chevaux) à la pointe
u lac d’Oran, au lieu dit Bou-Bechareb. Je l’y rejoindrai, je l’espère,
après-demain matin. Je réunirai ma colonne à celle du général Cavai-
gnac, pour aller chercherl’ennemi dans les montagnes, où on dit qu'il
a formé un nombreux rassemblement de plusieurs tribus révoltées.
Veuillez agréer, etc.
Le lieulenant-général, gouverneur général par intérim,
Signé De Lamoriciûre.
P. S 2 octobre (deux heures du malin).
Au moment de terminer celte lettre, je reçois de Mostaganem un
rapport du général Bourjolly (ce rapport n’est pas encore parvenu). Il
y a eu une rencontre fort heureuse avec les cavaliers des tribus ré-
cemment passées sous les drapeaux de Bou-Maza ; il leur a pris 100 che-
vaux et tué ISO hommes. Le colonel Tartas a conduit cette charge
brillante.
Le colonel Céry d M. te général de B ourjolly. commandant la province d’Oran-
Au bivouac d’Ormanza, le 29 septembre
Mon général.
Ainsi que j’ai eu l'honneur de vous l’écrire, je suis parti de Mascara
le 25, à deux heures de l’après-midi, et le 16 j’arrivais à l’Oued-Abady,
chez les Ouled-Riah, où j’ai établi mon bivouac.
Mon intention était de me porter sur Si-Mohammed-ben-Oourda, où
j’avais donné rendez-vous à la colonne du lieutenant-colonel O-Keeffe,
mais apprenant que l’insurrection avait gagné la rive gauche de la
Mina, et d’après les nouvelles que je recevais sur les dispositions des
Abouchas, Douairs, Assassenas, Beni-Raddon, etc., je préférai me por-
ter sur Tilouanet, où, sans être plus éloigné de votre position de Bli-
zane, je pouvais tenter au moins d’arrêter les progrès vers l’ouest, mal-
gré la faiblesse numérique de ma petite colonne, composée, ainsi que
yai eu l’honneur de vous le faire connaître, de 500 fantassins, de 250
cavaliers et de 2 obusiers.
Mon premier soin, en arrivant à Tilouanet, a été de chercher à me
mettre en rapport avec vous pour recevoir vos instructions ; mais il
paraît qu’aucune de mes lettres ne vous est parvenue ou que vos ré-
ponses ont été interceptées ; car je,n’ai revu aucun de mes émissaires
et je n’ai rien reçu.
J’avais pris position sur un point culminant, de manière à pouvoir
être aperçu de votre camp autant que possible, et j’avais en même
temps, choisi le point le plus favorable à la défense en cas d’une atta-
que qu’il était facile de prévoir par les nombreux mouvements de ca-
valerie et de fantassins qu’on apercevait de tous côtés.
A quatre heures et demie, le feu commença sur le camp ; les cava-
liers ennemis se tenaient en réserve, et les fantassins en assez grand
nombre cherchaient à gagner la position à la faveur de l’obscurité et
des ravins qui nous entouraient ; mais les compagnies d’élite déployées
abordèrent avec une telle vigueur les Kabyles, que ceux-ci abandon-
nèrent aussi le terrain, laissant douze cadavres qu’ils n’eurent pas le
temps d’emporter. Nous avons eu un voltigeur tué; personne n’a été
blessfc
En prenant mes dispositions pour la nuit,.j’avais disposé des embus-
cades du côté delà hauteur à laquelle est adossé le village, bien que je
crusse avoir lieu de ne pas être inquiété de ce côté ; bien m’en prit, car
à neuf heures du soir commença sur le camp un feu de tirailleurs qui
dura une grande partie de la nuit, mais à une grande distance, caries
Kabyles étaient tenus en respect par trois postes.
Le 28, à cinq heures du matin, l’attaque recommença comme la veil-
le; mais l’ennemi était plus nombreux et plus acharné; quelques Ka-
byles sont venus se faire tuer en luttant corps à corps avec nos hom-
mes Trois obus tirés dans le ravin de Tilouanet ont porté avectanT de
bonheur.que la lutte a cessé immédiatement de ce côié ; mais cavaliers
et fantassins se portèrent immédiatement du côté opposé, où deux es-
cadrons du 9<- chasseurs les chargèrent avec une telle vigueur, qu’ils les
poussèrent à trois quarts de lieue, leur tuant 25 Kabyles et 3 cavaliers.
Pendant ce temps, une section que j’avais formée du train et des hom-
mes de confiance débusquait d’un mamelon escarpé un gioupe assez
nombreux de Kabyles. La poudre venant à manquer des deux côtés,
la lutte se termina à coups de pierres.
Enfin, à dix heures , l’ennemi s’était retiré et avait pris position à
deux mille mètres environ du camp.
Inquiet sur la marche du convoi que j’attendais, je me décidai à me
porter à Ormanza , point culminant entre Tilouanet et Oued Abady ;
mon départ fut le signal d’un nouveau «ombat qui dura jusqu’à notre
arrivée au nouveau bivouac, et dans lequel l’ennemi fut aussi maltrai-
té que dans ceux qui avaient précédé. Je ne puis apprécier au juste
les pertes des Arabes, mais je puis vous donner comme certain le chif-
fre de 99 cadavres laissés autour de notre camp.
Nous avons eu dans la journée sept blessés et un mort. M. Martin de
Belle-Rive, sous-lieutenant de grenadiers au 56®, a eu le bras gauche
fracturé par une balle.
A mon arrivée au camp d’Ormanza, j’appris la nouvelle de l'arrivée
-du colonel O'Keeffe, que je reçus une demi-heure après avec sa colonne
et mon convoi. Je profitai immédiatement du temps qu’il employait à
son installation pour me porter, avec deux escadrons de chasseurs et
deux compagnies de voltigeurs, sur des populations qui s’élaient pla-
cées dans les ravins en arrière de Calàa, après avoir rasé un douar des
Ouled-Riah, qui avaient fait soumission au chérif. Je ne pus, à cause de
la nuit, me porter chez d’auires douars plus éloignés, et je rentrai au
camp avec 140 moutons, 55 bœufs, et les femmes et les enfants du
douar.
Mon intention, maintenant que je suis en force, est de me porter sur
les populations, d'agir sur elles par des coups vigoureux; ce moyen, en
appelant les hommes et les cavaliers au milieu des leurs, diminuera
d’autant plus les forces du chérif, et pourra aussi contribuera arrêter
les progrès de l’insurrection. Je remonterai ensuite avec ma colonne
vers le sud où la présence de troupes devient de plus en plus indis-
pensable.
Daignez agréer, etc. Le colonel commandant la subdivision de Mascara,
Signé Gérv.
P. S. Depuis hier tout paraît tranquille autour de nous.
Le général Cavaignac à .11. le lieulenant-général, gouverneur-général par
intérim.
Mechera-Guettara, sur la Tafna, 25 septembre 1845.
Mon général,
Averti que Muley-Cheikh, lieutenant du khalifa Si-Moliamrned-ben-
Abdallah, s’était enfui dans le pays des Traras, où il prêcha immédiate-
ment la révolte; que sa fuite avait été suivie de celle des Emgamia et
des Ouled-Chia. etqn’uneassez grande agitation s’était manifestée chez
les Ghossels et dans le pays des Traras, je vins àSidi-Bou-el-Nour, le 19
de ce mois, me placer, avec les troupes que j’avais sous la main, entre
les Ghossels et le pays des Traras.
Le 21, j’avais réuni sur ce point 1,530 hommes d’infanterie, 250 che-
vaux et deux sections de montagne. J’avais employé les trois journées
précédentes à me mettre en relationsav< clesquatre fractions des Tra-
ras. Une réponse collective m'assura de la tranquillité des Béni-Cha-
Jeb, Beni-Menir et Heni-Missel ; quant aux Beni-Ouersons, leurs répon-
ses, faites par Muley-Cheik lui-même, n’étaient qu’insultante. Ils n’y
avait pas de temps à perdre ; tout m’indiquait que cette révolte
coïncidait avec un mouvement prochain d’Abd-el-Kader, qui vanait de
passer la Malouïa et fanatisait les Kabyles par la promesse de sou arri-
vée prochaine.
Le 22, au matin, je quittai la position de Sidi-Bou-el-Nouar pour en
trer chez les Beni-Ouersons. Nous étions de bonne heureàl'Oued-
ei-Hamman, au centre de leur territoire. Le camp fut établi au fond
d’une vallée, dans une position assez convenable, mais dominée à
l’ouest parune succession de collines dont la plus éloignée, couronnée
par le village des Ouled-Zekri, était occupée par 5 ou 400 Kabyles, qui,
abrités derrière leurs murs, dirigeaient sur nos postes avancés un feu
très incommode. Cette position devait être enlevée. Une colonne d'at-
taque, composée des voltigeurs et carabiniers du 15% des grenadiers
du 41% sous les ordres de M. le colonel Chadeysson, de 120 chevaux du
2® chasseurs et du 2' hussards, commandés par M. le lieutenant-colonel
Tremblay, fut chargé de cette opération.
te L’infanterie, si elle eût été seule, aurait eu beaucoup à souffrir en
gravisssant péniblement une pente assez élevée. Lancée au galop sous
une vive fusillade, la cavalerie, par la décision de son mouvement,
força l’ennemi à se jeter sur le revers opposé, où il fut poursuivi avec
vigueur. Profitant de la forme accidentée du terrain, il cherchait à se
réunir sur chaque point favorable et recommençait son feu. Rien n’ar-
rêta nos cavaliers qui, sabrant ceux qu’ils purent atteindre, rejetèrent
ces montagnards au fond de ravins profonds ou sur des crêtes inabor-
dables. Dans cette charge, le lieutenant Colona, des chasseurs, et le
maréchal-des-logis Avice, des hussards, se sont fait remarquer. ’
La position prise fut occupée par trois compagnies de zouaves, sous
les ordres de M. lieutenant-colonel Bouat. Elle fut assez vivement in-
quiétée pendant une partie de la journée.
Une charge vigoureuse de la 2® compagnie, commandée par le capi-
taine Saint-Pol, rendit l’ennemi plus circonspect pour le reste.de la
journée.
Nous avon3 eu dans cette journée 15 blessés et quelques chevaux tués
ou blessés.
Les maisons ou enceintes furent crénelées, sous le feu de l’ennemi ,
parles sapeurs du génie du capitaine Touvenin Des retranchements
en pierres, élevés par les soldats, les couvrirent dans leurs postes.
Etabli lui-même en face de nous dans des positions formidables et
garnies de retranchements en pierres séchés , l’ennemi semblait nous
réserver une résistance sérieuse et manifestait un enthousiasme que
ce jour-là je ne pouvais encore m’expliquer.
J’employai la matinée du 23 à reconnaître, avec un fort détachement,
le pays au centre duquel nous étions, et surtout les positions occupées
par l’ennemi. Cette matinée fut assez calme ; mais, vers deux heures
de l’après-midi, les Kabyles , au nombre de 400 environ, s’élancèrent
avec une vigueur inouïe sur la position occupée par les zouaves, cora-
mandés alors par M. le chef de bataillon Peyraguey; franchissant d’une
part l’un des postes avancés, ils s’y mêlèrent à la garde qui s’y trou-
vait et qui s’y défendit à la baïonnette. Le capitaine Lecouteux, s’élan-
çant à la tête de sa compagnie, dégagea ses soldats entourés.
* D’un autre côté.les Kabyles avaient abordé une enceinte crénelée et
faisaient mine d’y pénétrer. Le commandant Peyraguey, à la tète de
la compagnie du lieutenant Sthéneil, s’élance de l’enceinte qu’il occu-
pait avec elle. Mille voix s’élèvent du camp pour applaudir à cette ac-
tion vigoureuse. Nous ignorions qu’en ce moment le brave Peyraguey,
vieux soldat de l’de d’Elbe, notre reste de nos anciens bataillons, tom-
bait mortellement frappé de trois balles , trouvant après sa chute le
temps et la force d’animer ses soldats. Qu’il reçoive ici, par la voix du
chef avec qui il a servi depuis quatorze ans, un dernier honneur, un
dernier hommage !
Les zouaves avaient repoussé une attaque bien audacieuse, mais ils
ne l’avaient pas fait seuls. La section d’obusiers du lieutenant David,
combattant à découvert, jetait la mitraille au milieu de ces forcenés.
Le brigadier Martin tuait d’un coup de mousqueton l’un d’eux qui se
jetait sur sa pièce. Dans cette lu lie, la batterie Gelin. arrivant en Afrique,
a débuté avec honneur. Dans cette action, nous avons eu 3 tués et 9
blessés. _
L’ennemi se retira derrière ses positions. Versla chute du jour, une
décharge générale de leurs armes nous prouva queles Kabyles venaient
de recevoir une nouvelle importante. On venait de leur annoncer
qu’Abd-el Kader, pénétrant sur notre territoire, marchait à leur se-
cours. C’était là le secret de leur acharnement.
La reconnaissance faite dans la journée du 23 m’avait permis^ d’ar-
rêter un projet d’attaque pour le lendemain. En conséquence, à une
heure du matin, le 15® léger, sous les ordres de son colonel, se mit en
mouvement pour gagner par des pentes abruptes les positions qui
devaient assurer la marche du lendemain; tout le bagage le suivait.
Une heure avant le jour, le reste de la colonne se mettait en marche
pour sortir de la vallée de l’Hamman ; à six heures du malin, elle était
complètement évacuée. Dans la nuit l’avant-garde du 15® léger avait
surpris et passé parles armes un poste ennemi.
Aussitôt que les Kabyles comprirent notre mouvement, tous ceux
qui occupaient la position de droite (celle de Tab-Meterba( disparurent
pour aller sans doute refouler en arrière leurs familles et leurs trou-
peaux ; ceux qui occupaient la position de gauche (celle de Bab-Mas-
senar)se disposèrent à la défendre ; ils étaient au nombre de 4 à 500.
Les mesures prises dans la nuit assurèrent notre marche jusqu’au
Souk Ouled-Alouï. Là, nous fûmes accueillis par la fusillade des Kaby-
les. Je chai geai le colonel Chadeysson d’enlever la position Une colonne
d’attaque, formée de voltigeurs du 41% de deux compagnies d’élite du
15® léger et de deux compagnies de zouaves, s’élança sur les hauteurs
de gauche. Les voltigeurs du 41®, en tête de la colonne, étaient conduits
par le lieutenant Aveline.
Ce mouvement, appuyé par un feu très vif d’artillerie et d’infante.rie,
fut couronné d’un plein succès- Le retranchement était tourné; l'en-
nemi l’abandonna en désordre, se retirant sur les hauteurs de droite,
soit par un chemin étroit qu’enfilait notre feu. Il perdit beaucoup de
monde Toute la ligne ennemie était tombée en notre pouvoir ; c’était
le succès militaire aussi complet que possible; ce n'était point de suc-
cès politique.
Fanatisés dans leur résistance, les révoltés s'étaient rejetés sur le ter-
ritoire des Beni-Menir et des Beni-Khaled.
Chez ceux-ci, beaucoup d’individus sans doute avaient pris part aux
divers combats, mais le caïd des premiers avait étéà Djemàa-Ghazaouat
pour constater son bon vouloir ; celui des derniers était dans mon
camp, et je savais qu’il avait empêché plusieurs fractions de se décla-
rer contre nous. ,
Entrer sur le territoire de ces tribus, c’était déciderleursoulèvement;
je voulais attendre le résultat qu’aurait pu produire sur l’esprit des
Beni-Ouersons l’opération accomplie. La nouvelle de l’entrée d’Abd-el-
Kader sur le territoire des Souhalias et d’un combat livré par le lieute-
nant-colonel Montagnac me décida à prendre la direction de Maghrnia.
Notre marche fut inquiétée d’abord par 150 hommes s’acharnant sur
l’arrière-garde. Us s’arrêtèrent enfin devant la fermeté des compagnies
du 15® léger commandées par le capitaine Boxador, les lieutenants
Falcon et Démorde, sous les ordres du commandant Roussillon.
Dans cette journée, nous avons eu 5 tués et 24 blessés. Parmi ces
derniers, M. le commandant Vejus d’un coup de feu à travers le pied,
M. le commandant Lambert d’un coup de feu à la jambe. Tous deux
sont restés à la tête de leur troupe.
M. le colonel Chadeysson, chargé de la conduite des mouvements de
cette journée, s’en est acquitté avec la vigueur dont il a déjà donné
des preuves. Son cheval a été blessé de deux coups de feu.
L’ennemi a perdu beaucoup de monde : on a vu jusqu'à sept hom-
mes venir se faire tuer sur le corps d’un de nos soldats. J’estime leur
perte à plus de cent hommes tués; le nombre des blessés doit être con-
sidérable.
Nous avons en tout 6 tués et 48 blessés à l’ambulance C’est ici le lieu
de rendre justice à MM. Valet, chirurgien-major de hussards, qui
compte déjà dix années en Afrique, et les aides-majors Feraton, des
chasseurs, et Compagnon, du 15® léger. Leurs soins ont assuré le ser-
vice de l'ambulance.
Vous apprécierez, mon général , la valeur militaire de l’opération
que viennent d'accomplir les troupes de cette subdivision, etles ré-
compenses que je sollicite obtiendront, je n’eu doute pas , tout votre
appui.
Le croquis ci-joint servira à l’intelligence des faits. M. le capitaine
d’état-major Beaudoin a fait cette reconnaissance sous le feu de l’enne-
mi, accompagnant les colonnes d’attaque partout où etles allaient.
La révolte des Traras est l’expression la plus nette des effets du voi-
sinage d’Abd el-Kader ; leur acharnement, redoublant avec leurs per-
tes, ne peut avoir d’autre explication , et par la résistance qu’ils ont
opposée j’aurais dû deviner l’invasion de notre territoire par cet enne-
mi infatigable.
Je vous écris avant d’être exactement informé de ce qui s’est passé
dans l’ouest. Il est évident que le colonel Montagnac, appelé par les
Souhalias, a marché sur Abd-el-Kader et l’a combattu. Quels que soient
les événements, ils ont eu un contre-coup immédiat dans le pays.
Il ne s’agit plus maintenant d’une révolte des Beni-Ouersons, c’est
la guerre recommençant sur la frontière. Les négociations de Muley
Cheikh avec Ben-Tanii tendaient au résultat que sa fuite vient de pro-
duire.
Veuillez agréer, etc.
Le maréchal-de-camp commandant la subdivision de Tlemcen,
Signé Cavaignac.
II«LL41«»E.
La Have, 16 octobre. - La reine est arrivée hier en parfaite santé, de
retour de son voyage à Weimar.
— Bulletin «le lu houi'MC «l’Amsterdani, «lu IB <»cto!»rc. — Los fonds
hollandais sans affaires et offerts en baisse. Les actions de la Société
de Commerce également plus faibles.
La faveur qui s’était déclarée hier pour les vieilles actions du chemin
de fer rhénan, a continué aujourd’hui et le prix s’est de nouveau amé-
lioré de 2 1/2 p. c. depuis hier.
Des fonds Espagnols les Ardoins se maintenaient bien. Les 3 0/0 de
l’intérieur avec beaucoup d’affaires un peu en avance.
BELGIQUE.
Bruxelles, 16 octobre. — Mercredi. M. le baron d’Arnim, ministre
plénipotentiaire et envoyé extraordinaire de S. M. le roi de Prusse, a
donné un grand dîner pour fêter le 50e anniversaire de la naissance de
son souverain.
— M. Van Bollé, qui était disparu de cette ville le 25 septembre, sans
que l’on sut ce qu’il était devenu, a été, paraît-il. d’après des nouvelles
reçues à Bruxelles de la part de l’autorité communale de Liège, retiré
de la Meuse entre cette ville et Maestricht, le cadavre avait déjà séjour-
né depuis quelque temps dans l’eau. 11 a été enterré le 4 ce ce mois dans
les environs de l’endroit où il à été retiré. Les parents sont partis pour
cette destination afin de constater le fait.
, | ? OCTOBRE.
2 heures î/2. — Au moment de mettre sous presse, le courrier francais
est en retard.
L’équipage de la chaloupe de pèche Courrier avait été arrêté hier ma-
tin par la gendarmerie, sous la prévention d’avoir commis quelques
désordres au Doel, lors du dernier départ du bateau. Ce matin tous ces
JSgJ'ZBSH'W!!!’S'El»
hommes ont été mis en liberté. Il parait qu’ils auront à répondre de
leur conduite devant le tribunal correctionnel.
— Le fond du bateau à chaux, coulé dernièrement dans le grand
bassin, a été relevé hier.
Le bateau à vapeur anglais Solio est arrivé ce matin de Londres
avec un plein chargement de marchandises et 50 passagers.
— Une comète est en ce moment visible à l’œil nu, dans la constel-
lation Cancer. L’heure la plus favorable pour l’observer est de 2 à 4
heures du matin. A 2 heures on l’aperçoit à l’est à environ 50 degrés
au-dessus de l’horizon età environ 11 degrés à gauche un peu au-des-
sous de la brillante étoile de Pollux, dans la constellation deGemeaux.
— Par arrêté royal en date du 15 octobre, le sieur Van Caillie (Louis-
Joseph), directeur de l’enregistrement et des domaines dans la pro-
vince du Luxembourg, remplira, par intérim, les fonctions de secré-
taire général du département des finances.
— Par arrêté royal de la même date, le sieur de Pauw (Napoléon),
avocat à Gand, est nommé professeur extraordinaire à la faculté de
droit de l’université de celte ville.
Il donnera le cours d'histoire du droit et de la philosophie du droit po-
sitif.
— Le ministre des travaux publics faitsavoir que, le mardi 25 novem-
bre prochain, à midi, il sera procédé, sous réserve d’approbation, à
l’adjudication publique de l’entreprise des travaux de construction de
la partie du canal latéral à la Meuse, comprise entre la prise d’eau, à
Liège, et la frontière néerlandaise au hameau de la Petite-Naye.
— Le ministre des travaux publics fait savoir que prochainement il
sera procédé à l’adjudication publique des travaux de construction de
la 2® section de la route de Hasselt à Beeringen.
— On écrit de Namur : On n’a jamais vu une pareille abondance de
grives sur notre marché, et jamais non plus ce gibier ne s’est vendu à
si bas prix. Il s’est fait à un franc la douzaine et même au-dessous.
Aussi la consommation en est-elle extraordinaire. Lundi dernier, les
promeneurs qui parcouraient le rempart Ad Aquam marchaient pour
ainsi dire sur un lit de plumes de grives contenu, d’une extrémité à
l’autre; ce qui a fait dire que cette promenade n’avait jamais été aussi
douce.
— Une légère secousse de tremblement de terre, qui n’a duréque
trois secondes, a été ressentie dans la matinée du 8 à Barcelone et dans
quelques autres villes du littoral.
— On lit dans la Borsenhalle de Hambourg :
Les journaux anglais ont raconté que dans une tempête du nord-
ouest, pendant la nuit du 2 septembre, la plus grande des îles Orkney
fut couverte de cendres fines ressemblant à de la poussière de pierres
ponces et qu’on croyait que cette cendre venait du mont Hécla en Is-
lande. Nous apprenons aujourd’hui que dans cette même nuit, l’équi-
page d’un navire allant de Reikiavick à Copenhague, et se trouvant à
environ 18 milles de terre, a aperçu des flammes Volcaniques sur la côte
méridionale de l’Islande.
Suivant des lettres reçues à Copenhague, la veille une secoussede
tremblement de terre avait été ressentie dans l’ouest, le nord et l’est
de l’Islande ; on a reçu depuis des nouvelles plus récentes du Sud et il
paraît que l’éruption” a été tellement violente, qu’on n’en avait pas vu
de semblable depuis soixante ans. Il n’y avait eu d’éruption remarqua-
ble depuis 19 ans. Les districts populeux qui avoisinent l’Hecla ont
heureusement peu souffert ; seulement les prairies qui sont au pied de
la montagne ont été détruites.
— On lit dans une lettre de Hambourg, adressée à VObservateur rhé-
nan, que cette place est en ce moment en proie aux usuriers dont le
manque d’argent, qui se manifeste sur presque tous les grands mar-
chés, favorise les spéculations sordides.
— On écrit de Lucerne, le 11 octobre :
Le Narrateur de notre ville contient la nouvelle suivante, qui, toute
ridicule qu’elle est, jette un jour fort triste sur l’esprit réactionnaire
qui anime le gouvernement. La police a déclaré que les maîtres-ramo-
neurs sont des employés politiques, soumis comme tels à l’élection. Elle
a immédiatement appliqué celte idé bizarre en ne nommant que pour
quatre ans les maîtres nouvellement choisis. Le désir de se défaire
d’un maître ramoneur qui professait des idées libérales a amené celte
mesure, en vertu de laquelle le pauvre homme a été destitué.
A partir du I®r avril 1846 , Berlin sera parcouru dans tous les sens
par des omnibus, à l’instar de ceux qui font le service de transports en
commune à Londres et à Paris. Cette entreprise sera exploitée par une
société en actions, formée par des capitalistes de Hambourg; les entre-
preneurs de voitures de place pour conjurer cette concurence, ont
résolu de diminuer de moitié leurs prix, à partir du jour où ce nouveau
service commencera.
— On s’occupe à Copenhague, de fonder une société de conseils et
de secours, pour les domestiques du sexe féminin , dans le but de les
préserver de la séduction et de la misère.
— Le 18 septembre dernier (15 de la lune du ramazan) a été célébrée
à Constantinople une des grandes solennités de l’islamisme , celle du
hirkaï-scherif ou baisement du manteau du prophète. Ce manteau est
de camelot noir ; il est enveloppé dans quarante couvertures d’étoffe
i d’une grande magnificence, et on ne le découvre qu’une fois l’an, leid
du ramazan. Le sultan, accompagné de ses ministres et des principaux
dignitaires de l’empire , se rend ce jour-là à Vhirkaïscherif-odasst, ou
salle dans laquelle on conserve la précieuse relique, que Ton développe
en présence de sa hautesse en faisant de ferventes prières.Le sullau la
baisse le premier avec un profond respect et assiste ensuite debout au
même acte de dévotion que fait toute l’assemblée , chacun selon son
rang et son grade.
— Une lettre de la Havane, datée du 8 août, publiée parla Gaiell*
générale allemande, contient les plus tristes détails sur la colonie belge
de Saint-Thomas. Suivant l’auteur de cette lettre, le climat, le sol, la
situation du pays sont des obstacles permanents qui s’opposent à toute
espèce décolonisation ; les Européens ne peuvent y trouver que la mi-
sère et la mort. Sur 1,200 personnes qui se sont rendues à Saint-Thomas
pour s’y établir sur la foi des promesses de la compagnie de colonisa-
tion il n’en reste plus que 230, le reste est mort ou a quitté ce lieu de
j désolation.
— Rbouleinent. — On lit dans la Gazelle des Grisons, qu’un éboule-
ment a eu lieu à Buschlaws, le 7 septembre, à onze heures du soir : de
la gorge des montagnes Sanzala, s’est détachée, au milieu du temps le
; plus sec, avec un effroyable fracas, toute une jeune fôrêt située sur
j une pente escarpée ; elle se précipita sur une autre montagne; des
! masses énormes de terre, des pierres et des fragments de rochers rou-
lèrent avec impétuosité dans la vallée. Le 14, à la même heure, la même
catastrophe se répéta et Féboulement continua jusqu’au lendemain
dans la nuit. La vallée offrait un affreux spectacle de destruction ; tout
était écrasé par ces masses qui avaient roulé jusqu’aux maisons. Les
habitants s’étaientsauvés avec effroi, craignant d’être atteints par les
masses roulantes.
On sonna le tocsin ; une pluie battante tombait au même moment :
ou eût dit que tous les éléments conspiraient pour rendre cette scène
plus terrible. Le 19, nouvel éboulement : une maison fut atteinte; la
route et la place du village furent couvertes de boue. Cette boue s’est
raffermie, et la couche couvre le terrain de 1 à 5 mètres de haut. Plu-
sieurs habitants sont ruinés. Tous les terrains étaient bien cultivés
depuis quelques années. On évalue la perte à plus de quatre cent mille
francs. Un ingénieur italien a été appelé pour réparer le mal autant
que possible; mais on craint que la pluie continuelle ne détermine en-
core d’autres éboulements.
Bulletin «les subsistances.
Tous les marchés étaient bien pourvus aujourd’hui en légumes et
pommes de terre. Elles se vendaient de 20 à 22 sous le meuken.
— On lit dans le Journal de Liège
Depuis deux jours, le marché de cette ville est mal approvisionné en
pommes de terre, et cependant le prix de vente est tel qu’il donne-
rait de beaux profils aux cultivateurs ou aux marchands qui y expose-
raient journellement une certaine quantité de ces tubercules..
Nous n’avons sans doute pas besoin d’ajouter qu’il n’y a lieu de con-
cevoir la moindre appréheusion quant au libre écoulement de la
marchandise : sécurité elproteclion, voilà sur quoi peuvent pleinement
compter tous ceux qui viennent approvisionner notre ville.
Bulletin «le» chemin» «le fer.
Nous avons annoncé, il y a quelques jours, que Ton venait de
faire la demande de concession d’un chemin de fer des charbonnages
du Centre à Gand; nous apprenons que dans la première quinzaine de
juin, il avait déjà été déposé par une compagnie belge deux demandes
en concessions, savoir :
I» Une ligne partant de Gosselies et aboutissant à Grammont passant
par tout le centre. Roeutx, Soignies et Enghein avec embranchement
de cette ville sur Hal,
2° D’une ligne partant de Grammont à Courtray par Renaix et
Avelgem.
— La Société A. Delfossés et C®, qui a fait, le 4 juin, la demande en
concession du chemin de fer d’Anvers par Neer-Utre vers Dusseldorff,
à travers la Campine, a déposé le 7 octobre, par les soins de MM. G.
Cassel et C®, banquiers de cette ville, dans la caisse de la Société Gé-
nérale . la somme de un million de francs pour cautionnement de sa
demande. |