Full text |
1845.
MU0 390.
IJSVERS, Vendredi 17 Octobre
(Dixiéme Année.)
LE PRECL
On a’nbonnm i
A Anvers au bureau du Précur-
seur, Bourse Anglaise, N»1040;
en Belgique et à ('étranger chez
tous les Directeurs des Postes.
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTERAIRE.
PAIX. — LIBERTÉ. — PROGRES.
iSonnemenl par ërimeêtra*
Pour Anvers, T5TJ-uiour la pro-
vince ljnr.'Vjipurl'élraimer 20 fr.
Insertions.25 eeu.fiiâesüa ligne.
Riklames 50,
T,
M
Elections Communales.
19 Octobre.
Assemblée préparatoire «les Electeurs*
L'appel fait aux électeurs n’a pas été vain, et nos espérances
n’ont pas été déçues. Nous avons eu hier une preuve nouvelle
dès progrès que fait chaque année l’esprit politique et du plus
d’empressémenl que mettent les citoyens à s’occuper de tout
ce qui concerne soit la commune, soit le pays. Les élections
deviennent enfin une chose sérieuse, et l’on comprend combien
il importe, à l’intérêt particulier tout aussi bien qu’à l’intérêt
public, de ne confier un mandat qu’à des hommes dignes, ca-
pables et zélés.
Hier, cent cinquante électeurs environ, apparlenant à l’élite
de la société, se sont trouvés réunis dans la salle des Variétés.
Le but de cette assemblée, on le connait. Il s’agissait de s’en-
tendre, à l’égard des divers candidats, qui se présentent ou sont
présentés, pour le Conseil communal.
A quatre heures, la séance a été ouverte. Au bureau se trou-
vaient: MM. Van Bellingen, président;
Van tien Berghe-de Ileyder;
Van den Nest;
Van Pelt;
J. Schuil.
Après avoir exposé les motifs de cette réunion préparatoire,
M. le président invite toutes les personnes qui croiraient de-
voir faire quelques observations, à prendre la parole avant que
Bon ne passe au scrutin.
Un électeur se rend à cette invitation et énumère les services
rendus à la ville par plusieurs des conseillers dont le mandat
expire et auxquels il s’agit d’en conférer un autre. Ils ont en
général tous bien rempli leur mission, dit-il, en terminant;
si cependant les électeurs croyaient devoir faire quelques mu-
tations, nul ne serait plus digne de faire partie du Conseil com-
munal que MM. le baron Osy et Aug. Ceulemans. Ce sont des
hommes sur le dévouement desquels on pourrait compter,
et que l’on ne saurait trop recommander au choix des électeurs.
M. Jacobs dit que la plupart des conseillers sortants sont
firésents et prêts à donner des explications sur tous les actes de
eùr carrière administrative ; il est possible que certains de ces
actes aient été mal appréciés par l’intérêt privé qu’ils ont pu
contrarier ou froisser, mais tous ont certainement eu l’intérêt
général pour but. Il pourrait donc être utile, pour que chacun
puisse avoir ses apaisements , de provoquer des explications
que ses collègues et lui sont prêts à donner, sur tels de leurs
actes qui pourraient chez quelques-uns fairel’objet d’un doute
ou d’une critique consciencieuse. Le résultat de semblable dis-
cussion et explications prouverait que ceux-là même qui vou-
draient critiquer les actes, devraient rendre justice aux inten-
tions des conseillers qui les ont posés, à leur civisme, à leur
dévoûment à la chose publique, à leur sollicitude pour le bien-
être de la généralité.
M. Smets appuie ce qu’a dit M. Jacobs; cependant il invite
les personnes qui penseraient devoir présenter d’autres candi-
dats à le faire, en disant sur quelles considérations et sur quels
motifs elles appuient leurs propositions. Il y a, par exemple,
dit-il, des gens qui croient que la présence d’un peintre au sein
du Conseil pourrait être utile, pour certaines questions d’art,
que celle d’un pharmacien choisi parmi les plus distingués de
la ville serait désirable pour les questions d’hygiène.
M. Van de Velde est de ce dernier avis. Il propose en consé-
quence comme candidat M. Domus qui, par la variété et l’éten-
due de ses connaissances, pourrait rendre de grands services
et mérite les suffrages de ses concitoyens.
Personne ne demandant plus la parole, M. le président dé-
clare la discussion close.
Avant de procéder au scrutin, M. De Harven a fait une pro-
position à laquelle ont adhéré tous les électeurs qui ont pris
part au vote. 11 a demandé qu’à l’exemple de ce qui s’était pra-
tiqué lors des élections du 10 juin, tous ceux qui déposeraient
leur bulletin prissent l'engagement d’honneur, non seulement de
regarder comme leurs les candidats choisis par la majorité de
l’assemblée, non seulement de leur réserver leur suffrage per-
sonnel, mais de les appuyer de tout leur crédit et de toute leur
influence.
Quelques personnes seulement, ne voulant ni se lier elles-
mêmes, ni lier les autres par cette espèce de serment, ont re-
fusé cet engagement sacré qui a été pris par cent trente élec-
teurs; ces cent trente électeurs seront fidèles à leur parole, le
28 octobre, comme ils l’ont été le 10 juin.
On passe ensuite au scrutin. Il y avait, comme on sait, qua-
torze membres à réélire. Voici quels sont leurs noms et le
nombre de suffrages qu’ils ont obtenus :
MM. Jean-François Loos, 150
G. Piéron, 129
Gérard Oostendorp, 128
Cateaux-Wattel, 130
Van Pruyssen, A
Norbert Hermans, 119
Gh. Grisar, 130
Pour le 1er collége, composé
des lreet 2e sections delà ville :
MM. le baron Osy,
Heèmans,
Oostendorp,
Jean Eisen,
Ch. Grisar,
Van Cuyck.
MM. Jacq. Van Cuyck, 126
Louis Jacobs, 130
Ch. Pecher, -128
Werbrouck-Pieters, 130
Joseph Smets, 130
Jean Eisen, 123
Juste Van Stratum, 7
Deux des candidats n’ayant obtenu qu’un petit nombre de
voix ont été remplacés par MM. le baron Osy qui a eu 123 suf-
frages et Aug. Ceulemans qui en a eu 119.
Ce résultat a été accueilli avec une très vive satisfaction par
l’assemblée. Mais on ne s’est pas arrêté là. Afin qu’il n’y eut
pas double emploi et que des votes ne fussent pas perdus,
comme cela arrive toujours, lorsqu’on éparpille ses forces, que
l’on fut ainsi plus sûr d’assurer le succès des élections, on est
convenu de désigner à l’avance quels seraient les candidats
que l’on présenterait et que l’on recommanderait aux deux
collèges électoraux.
Cela a été l’objet d’un second scrutin qui a donné les résul-
tats suivants :
Pour le 2° collége, composé
des 3e et 4e sections de la ville :
MM. François Loos,
Piéron,
Cateaux-Wattel,
L. Jacobs,
Ch. Pecher,
Smets,
Werbrouck-Pieters,
Aug. Ceulemans.
Pour rendre cette mesure plus efficace encore, il a été dé-
cidé, d’après une proposition faite par M. Foulon, que les di-
vers candidats seraient invités à déclarer s’ils acceptaient ou
non les conditions ainsi posées. Dans le cas contraire, il y au-
rait lieu à convoquer une seconde réunion ; mais il n’est
pas douteux qu’ils adhéreront tous à cette résolution.
ri*/ - ' . .
Nous lisons dans la Tribune de Liège :
Hier, à trois heures de relevée, VAssocialion libérale s’est réunie au
foyer du théâtre pour délibérer sur les propositions du comité de
VUnion libérale tendant à amenerune réconciliation entre les deux frac-
tions dissidentes qui se sont formées dans notre ville.
M. Délfosse, président du comité, a ouvert la séance par une allocu-
tion empreinte d’un remarquable esprit de conciliation, et a rendu
compte à l’assemblée du résultat des premières tentatives de rappro-
chement qui ont eu lieu.
Ce rapport se terminait par une proposition par laquelle M. Delfosse
demandait au nom du comité, qu’il fut choisi une commission, qui se-
rait investie de tous les pouvoirs nécessaires pour arrêter les bases dé-
finitives de la fusion, en prenant pour point de départ les propositions
faites par le comité de l’Union libérale. Après quelques légères discus-
sions sur le nombre des commissaires à choisir, M. l’avocat Forgeur a
proposé de charger de cette mission le comité lui-méme, qui pourrait,
s’il le jugeait à propos, s’adjoindre un ou plusieurs membres de l’asso-
ciation, pour partager la responsabilité de sa tâche et donner plus de
poids à ses négociations.
Cette proposition a été adoptée à l’unanimité.
Immédiatement après,l’assemblée a député, vers lecomité de l’union
libérale qui était assemblée à l’Hôtel de Suède, trois membres, MM.
Behr-Lion, L’hoest-Uonhienne. et M. deChestret-deSélys, pour lui faire
connaître cette résolution, et l’engager à suspendre les présentations
de candidats auxquelles il allait procéder en ce moment.
Ces messieurs s’y sont rendus et ont eu une entrevue avec les mem-
bres de ce comité, qui leur ont répondu :
Que les opérations préparatoires avaient commencé ; que déjà le
scrutin avait été ouvert ; que plusieurs membres de la réunion avaient
voté, et qu’il était impossible d’annuler le résultat déjà obtenu.
MM. Behr, Lhoest et de Chestret ont fait observer que l’assemblée
avait le droit de défaire ce qu’elle avait fait, et que, si elle le voulait,
elle pouvait déclarer non avenues les opérations déjà accomplies.
Il leur a été répondu que cela était impossible. -
MM. Behr, Lhoest et Dechestret ont demandé alors qu’on suspendît
du moins les opérations ultérieures , et qu’on en remit la continuation
à une autre séance.
Il leur a été répondu que cela ne se pouvait pas non plus.
MM. Behr, Lhoest et Dechestret ont transmis immédiatement ces ré-
ponses à l’association libérale qui, après les dispositions conciliatrices
manifestées par elle , ne s’attendait nullement aux refus qu’on venait
de lui faire connaître.
Alors l’association libérale a procédé , à son tour, à la présentation
des candidats pour les prochaines élections communales.
Tous les choix ont été faits dans des vues de conciliation sincère.
L’Association Libérale n’a cherché à repousser aucun homme ayant
donné des gages à la cause libérale, elle s’est abstenue de recourir à un
systèmed’exclusion contre des membres appartenant à l'Union Libérale;
elle n’a pas voulu, en un mot, donner un nouvel aliment à nos dissen-
sions intestines.
Nous appelons l’attention de l’autorité supérieure sur les réflexions
que nous empruntons à l'Impartial de Bruges et qui intéressent tout
spécialement lés officiers de notre armée. Il est possible que les criti-
ques de notre confrère de Bruges n’aient pas en réalité la portée qu’il
leur donne; mais elles n’eu méritent pas moins un examen attentif, et
1 c’est ce que nous pourrions faire, quand nous aurons nous-mêmes
' sous les yeux la circulaire qui fait l’objet de cet article.
Le droit de pétition résulte péremptoirement de l’article 21 de la Con-
stitution qui porte : « Chacun a le droit d’adresser aux autorités publi-
ques des pétitions signées par une ou plusieurs personnes.
II nesaurait être créé d’exception à ce droit que par une loi spéciale;
et il n’en existe aucune de ce genre.
Comment donc M. Dupont, le ministre de la guerre, a-t-il osé se placer
au-dessus de la Constitution de son pays, en supprimant de son auto-
rité privée, un des droits consacrés par cette Constitution ?
Ht c’est bien positivement ce qu’il a fait par sa circulaire du 51 juillet
1844, 2<- division, n. 23, dans laquelle il remplace le droit imprescripti-
ble de réclamer à l’autorité supérieure, par le droit qu’il donne aux gé-
néraux, aux commandants de provinces et de places, ainsi qu’aux chefs
de corps, d'arrêter ou slaluer par eux-mêmes sur les réclamations qui sont
adressées par la voie hiérarchique, à l’autorité supérieure ou au gouver-
nement.
II suffira de quelques mots pour faire comprendre l’absurdité d’une
pareille disposition.
Qu’un officier subalterne ait à formuler contre son colonel la plainte
la mieux fondée (et certes cela s’est vu et se voit encore tous les jours,
malgré le régime, sous lequel on voudrait courber notre armée) , il
écrit et signe une réclamation qu’il adresse au général de division ou
au ministre lui-même, et qu’il fait passer par la filière hiérarchique. Eh
bien ! ce sera précisément parce que sa plainte sera fondée , parce
qu’elle sera parfaitement juste, qu’elle ne parviendra jamais à sa desti-
nation.
En effet, la requête va d’abord au chef de bataillon, qui l’envoie di-
rectement au colonel ; et celui-ci, usant du droit exorbitant que lui
donne la circulaire Dupont, le met dans sa poche; et ni général, ni
ministre n’en savent jamais rien. Le général en fait autant ; les com-
mandants de province ou de place trouvent la chose très commode,
et ils en usent, non-seulement pour eux, mais pour leurs amis et créa-
tures, contre lesquels ils ne laissent jamais arriver la plus petite plainte
On lit dans le Courrier de l’Escaut :
L'Emancipation a fait erreur au sujet de la visite rendue à MM. les
ministres par les industriels qui s’occupent du travail de la laine.
Sur des bruits qui avait fait croire qu’il serait question de sacrifier
cette industrie importante dans les négociations qui ont lieu en ce mo-
ment à Paris pour la continuation du traité relatif à l’industre linière,
MM. les industriels, justement alarmés, se sont rendus à Bruxelles de
divers points de la Belgique, de Tournay, des Flandres, du Brabant,
de la province de Liège. Ils ont été présentés à MM. les ministres des
affaires étrangères, de la justice, des finances, des travaux publics et
à M. le directeur de l’industrie par M. Dumortier, représentant, qu’ils
avaient choisi à cet effet et quia porté en leur nom la parole. M. Du-
mon-Dumortier en a fait de même près de M. le ministre de l’intérieur.
Accueillis favorablement dans leur démarche, ils ont acquis la certi-
tude que l’industrie des laines, l’une des plus importantes du pays, ne
serait pas sacrifiée. Ce serait au reste, une injustice, nous dirons une
iniquité, que de sacrifier une industrie qui prospère et qui donne
du pain à un si grand nombre d’ouvriers.
Nos fabricants sont revenus très-satisfaits de leur démarche.
Des lettres de Berlin du 12 octobre que nous trouvons dans VObser-
valeur lthénan et dans la Gazette d'Aix-la-Chapelle, contiennent des
plaintes amères sur la perturbation commerciale, qu’a produite la
mesure de la banque royale, qui du jour au lendemain et sans aucun
avertissement préalable, a haussé le taux de l’escompte, mesure qui
frappe surtout le petit commerce et les petits fabricants, dont le papier
ne s’escompte que par intermédiaires et qui par conséquent perdent,
en négociant, le double de ce. qu’ils perdaient autrefois. Ces correspon-
dances concluent d’un pareil état de choses, qu’il est urgent d’autori-
ser l’établissement de banques particulières, qui pourraient émettre
des billets au porteur et faciliteraient ainsi la circulation, en augmen-
tant les moyens de négociation et dont la concurrence empêcherait la
banque royale de prendre à l’improviste des mesures du genre de celle
dont on se plaint aujourd’hui.
Nous publions plus loin trois rapports officiels venus de l’Algérie ;
l’un est du général Lamoricière : il annonce un avantage remporté
par le général Bourjolly ; mais, en même temps, ïVcohörrjieAa nouvelle
que nous avions accueillie d’abord avec inè^éilutil^ijpèmn détache-
ment de 200 Français a mis bas les armes devaltl uiVgoum arabe. Le
second rapport adressé par le colonel Géry fait connaître les eombats
qu’il a soutenus après avoir quitté Mascara pour venir joindre le gé-
néral Bourjolly. Le général Cavaignac est l’auteur du troisième rap-
port ; il raconte plusieurs engagements qu’il a livrés du 21 au 25 sep-
tembre. Tous annoncent chez les tribus qui viennent de se rallier à
Abd-el-Kadder, une résolution et un acharnement qu’on ne leur con-
naissait pas encore. Toute la province d’Oran est en insurrection.
FRAIVCE.
Paris, 15 octobre. — Tous les ministres, dont quelques-uns sont en-
core en voyage, se trouveront réunis à Paris lundi prochain au plus
tard.
L’administration du timbre vient, dit-on, de faire saisir chez un
commissaire-priseur de Paris des affiches marquées d’un timbre faux.
— Le roi vient d’envoyer le grand cordon de la Légion d’honneur à
Méhémet-Ali. pacha d’Egypte ; au bey de Tunis, et au général Coletti,
premier ministre en Grèce.
— Il est question d’introduire le dromadaire dans le service régulier
de l’armée d’Afrique. Cet animal qui, quoique se rapprochant du cha-
meau, a cependant des qualités distinctes, pourrait être d’une grande
utilité pour le transport des hommes et des bagages, particulièrement
lors des marches forcées. On sait que le dromadaire a un pas fort al-
longé et qu’il fait sans prendre de repos des marches longues et péni-
bles.
— Le château de Ferney, illustré par Voltaire, était en vente sur le
prix de6üO,UOO fr. L’adjudication devait se faire devant le tribunal de
Gex ; mais la vente n’a point eu lieu... faute d’amateur.
— On lit dans le Courrier de Marseille du 2 octobre :
« Le capitaine Rossi, du navire le Vigilant, a donné les nouvelles sui-
vantesd’Oran.à la date du 7 :
» M. le général de Lamoricière, arrivé dans cette ville, comme on
sait, avec des renforts venus d’Alger, s’était mis en marche le D octo-
bre. Le 4. des dépêches publiées dans la ville, ont appris que M. de
Lamoricière a opéré sa jonction avec les corps des généraux Cavaignac
et Corte. On disait aussi que M. Walsin d’Esterhazy, chef des affaires
arabes, sorti le 3 à la tête de 1,000 chevaux, ayant éprouvé un refus de
la part de deux chefs arabes à qui il ordonnait de se porter en avant,
les avait à l’instant tués de sa main. M. le général Thierry a passé en
revue la milice d’Oran, le dimanche 5, et a dit que dans le eas où les
nécessités du service l’appelleraient au dehors, il confierait la garde de
la ville au zèle et à la fermeté des miliciens. »
— On connaît par les derniers bulletins d’Afrique le brillant fait
d’armes du soldat Gefline.qui a sauvé son sous-officier,pris un drapeau,
reçu six blessures, dont deux coups de feu et quatre coups de yatagan,
et que M. de Bourjolly a recommandé dans son rapport au ministre de
la guerre.
Voici ce que dit le Haro sur le compte de ce brave soldat :
«Geffine est un enfant de Caen-,il est né dans le laubou rg de Varicelles,
et sa mère demeure au Gros-Orme. Ilya deux ans que Geffine a quitté
notre ville, il était compositeurde l'imprimerie du Haro,et ses camara-
des se souviennent qu’il leur disait : « Ce sera bien le diable si quelque
» jour vous n’imprimez pas mon nom en grosses lettres ! Je vais là-bâs :
» il faut que je me fasse casser la tête ou que j’aie la croix ! »
» Geffine a placé, avant de partir, une somme de 600 fr. à la caisse
d’épargnes de Caen, et csla pour sa mère, pauvre veuve sans fortune.
» Geffine est aussi brave soldat qu’il est bon fils. Aussi nous espé-
rons que le ministre de la guerre fera droit à la recommandation de M.
le général de Bourjolly. Plusieurs ont eu le prix Monthyon qui ne l’a-
vaient pas gagné comme ce brave chasseur. »
— Bulletin de la bourse. — Les fonds français sont un peu plus
fermes. Le 5 p.c. ouvert à 83-35; a fait 85-45 et reste 85-40 demandé, en
hausse de 5 c. sur hier. Le 5 p. c. ferme également avec 5 c. dè hausse,
à 108 fr. Au comptant, il y a hausse de 5 c. sur le 5 p. c.; le 5 p.c. reste
comme hier. — Vieille-Montagne 7,750, en hausse de 50 fr.
Chemins'de fer. — Le Nord ferme à 823-75, c’est une hausse de 6-25 sur
hier. Il y a hausse de 2-50 sur l’Orléans; de 1-25 sur le Strasbourg et sur
la rive gauche. Il y a baisse de5fr. sur le Rouen; de 1-25 sur l’Avignon;
de 3-75 sur le Montereau.
Promesses. — Trois en hausse, huit en baisse et treize sans varia-
tion.
En hausse : de 50 c. Paris-Lyon (Calon) 507-50; de 1 fr. le même (Sud)
503; de 1 fr. Bordeaux-Cette (Espelata) 514.
En baisse : de 50 c. Paris-Lyon (Lapinsonnière) 505; de 1-50 le même
(Messageries) 515; de 1-50 Avignon-Lyon (Talabot) 552 50; de 1 fr. le
même (méridionale) 505; de 2-50 Bordeaux-Toulouse (Lehideux) 502-50;
de 25 c. Paris-Strasbourg (Gentil etFol) 511; de 1-50 Creil-Saint-Quen-
tin (Carette) 507-50; de 25 c. le même (Colbert) 501-25. _
Fonds étrangers. — Il y a hausse de 15 c. sur les récépissés (Naples) à
101-50. — Emprunt romain sans variation à 103 7/0. — Il y a baisse de
1/8 sur le 5 p. c. belge (1840); les autres fonds belges comme hier.—
Les fonds espagnols ne sont pas cotés; le 5 p. c. intérieur a été fait à
31 1/4 au compt. et fin courant.
Rapport» ofliclcls île l’Algéi-lc.
Les rapports suivants ont été adressés d’Afrique à M. le maréchal
président du conseil, ministre de la guerre :
Le lieutenant-général de Lamoricière. gouverneur-général par intérim de
l'Algérie, à M. le duc de Dalmalie, ministre de la guerre, président
du conseil.
Oran, le H octobre (dix heures du soir).
Ainsi que vous aurez pu le voir par la lettre que j’ai eu l’honneur de
vous écrire de la rade de Tenes, je me suis dirigé en toute hâte sur
Mostaganem En roule, je fus informé que le colonel Géry s’était mis en
marche de Mascara pour venir joindre le général de Bourjolly avec une
réserve d’un bataillon, deux obusiers de montagne et deux cents
chevaux. .... * , ,
Il avait à traverser un pays qui jusque-la n avait pas bouge, et U
pensait rejoindre le général sans difficultés. Il ne devait pas en être
ainsi, comme vous le verrez dans son rapport sur les combats vraiment
remarquables qu’il a livrés.
J’arrivai à Mostaganem le 30 au matin ; je sus que le colonel baint-
Arnault. voyant son territoire menacé par l’insurrection, avait du se
rapprocher d’Orléansville, et que la plupart des tribus du kalifat de Si-
di-Aribi avaient pris part à l’insurrection. .
En arrivant à Oran, j’ai trouvé la situation del’ouest fort grave ; mais
j’ai été soulagé d’une grave inquiétude en apprenant que le colonel
Gery, après un second combat qui lui fait le plus grand honneur, et
dans lequel l’ennemi a laissé 90 morts sur le terrain, avait pu faire sa
jonction avec le gros détachement qui venait pour le rejoindre, et qu il
était hors de danger. .
Voici quelle est la situation dans la subdivision de nemeen. lin rap-
port du général Cavaignac. du 25 septembre, ci-joint, vous fera con-
naître les détails des rudes combats que cet officier-général a eu a sou-
tenir chez les Traras. Uue lettre de cet officier-général sous la date
du 30, m’apprend une nouvelle catastrophe.
Voici les faits :
A la date du 27, le général Cavaignac, inquiet pour le poste d Ain-
Timmouschen, qui dépend desa subdivision, et qu’il ne croyait pas
suffisamment gardé, dirigea sur ce point un détachement de 200 hom-
mes, choisis dans le 15e léger et les zouaves, parim ceux qui étaien t les
moins propres à faire un service actif. Partis le 27 de Tlemcen. ils de-
vaient être à Timmoiischen le 28 dans la matinée ; au moment ou ce
détachement arrivait au marabout de Sidi-Moussa, a une lieue et demie
de Timmouschen. il fut enveloppé par un goum nombreux, conduit
par Bou-Hammedi, qui venait pour protéger l’émigration des deux
grandes tribus des Ouled-Nalfa et des Ouled-Zeir, qui faisaient détec-
tion et allaient se réunir aux Ghozels, déjà passés sous les drapeaux
d’Abd-el-Kader: tout cela s'opérait au moment ou le général Cavaignac,
revenant de chez les Traras, se portait sur l’Oued-Zitoun, pour rallier
le colonel Mac-Mahon. , „
Notre malheureux détachement, entouré par les cavaliers, et voyant
toutes les populations qui, la veiille encore, étaient nos alliées, fuir avec
leurs tentes, leurs troupeaux et leurs bagages, mit bas les armes;
nous n’avons pas, au reste, de détails précis sur cette affaire. |