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1Æ PHECUttSEUR, Samedi Novembre 4840.
une nation; et nous ne trouvons rien de semblable à l’excès d’avilisse-
ment, à l’audace de bassesse, déployée aujourd’hui par M. Guizot, à la
tribune de la chambre des pairs.
Après cet immense et douloureux épisode, tout est froid pour nous
dans la discussion de la pairie. On peut dire, d’ailleurs, qu’à part les
paroles de M. Guizot, cette discussion est morte sans s’étre donné la
peine de naître. »
Le CONSTITUTIONNEL : « Un mot, dans le discours de M. Guizot, a
été remarqué : La paix partout, la paix toujours, voilà sa devise. C’est
un rêve à la façon de l’abbé de Saint-Pierre. Dans la bouche d’un homme
d’état, c’est une dangereuse naïveté. Que les gouvernements étrangers
soient bien convaincus que tel est en effet l’immuable vœu du gouverne-
ment français, et l’on verra bientôt quelles épreuves ilsnouspréparent.
La paix est un inappréciable bienfait, sans doute; mais qu’est-ce que
la paix sans la justice? Qu’est-ce que la paix sans l’honneur? Telle
est l’objection qu’a faite M. de Montalembert à l’utopie philantropique
du ministre, et M. Guizot a été obligé de rectifier ses paroles; il veut la
paix avec lajustice, la paixavec l’honneur. Mais est-ce donc que quel-
qu’un demande autre chose ?
Le SIECLE : « Un point sur lequel M. Guizot s’est appesanti, c’est le
prétexte mis en avant par les quatre puissances pour justifier la signa-
ture du traité à l’exclusion de la France; à savoir l’idée qu’ils auraient
conçue qu’un arrangement direct entre le sultan et le pacha était favo-
risé par notre gouvernement. M. Guizot a mis une sorte d’emphase à
nous apprendre qu’il avait affirmé, soutenu, répété que ce coupçonn’é-
tait point fondé et qu'on ne l'avait pas cru. Nous ne savons s’il a tenu
par là à bien établir le crédit dont il jouissait à Londres ou s’il faut cher-
cher derrière le sens visible de ces paroles une insinuation cachée con-
tre le dernier ministère. Dans le premier cas, l’insistance est étrange;
dans le second, si l’on s’en rapporte au ministre du 13 mars, il y aurait
calomnie. Or, nous ne pouvons pas croire que l’ancien ambassadeur
s’expose à calomnier l’administration qu’il a servie volontairement. «
HOLLANDE.
(Journaux du 20 novembre. )
On écrit de Francfort, 16 novembre, à 1 'Avondbode, qu’il y aura à
Munich une espèce de congrès militaire, auquel prendront part uni-
quement les Etats dont les troupes forment le 7° et le 8» corps d’armée
de la Confédération germanique; le /<■ est fourni par la Bavière, et le 8«
parle Wurtemberg, Baden et Hesse-Darmstadt.
Déjà, un général wurtembergeois est arrivé à Munich; il est plus que
jamais question de bâtir les forteresses dont la construction est projetée
sur les frontières orientales et méridionales de l’Allemagne. Plusieurs
Etats insistent fortement en faveur de cette construction, et l’on devra
probablement se rendre à leurs désirs.
On transporte à Manheim beaucoup de munitions de guerre.
— Lors de l’inauguration du roi Guillaume II, les quatre héraults
d’arme porteront brodés sur leurs habits : le premier, l’écusson de la
maison d’Orange ; le second, l’écusson des Pays-Bas ; le troisième, l’é-
cusson du Limbourg, et le quatrième celui du Luxembourg.
La garde d’honneur à cheval qu’on organise à Amsterdam, pour les
fêtes de l’inauguration, portera un uniforme bleu, avec revers noirs
brodés en argent, un pantalon blanc et chapeau surmonté d’un plumet.
— Le roi Guillaume-Frédéric a pris divers arrangements de famille
avec son successeur. Le roi Frédéric-Guillaume ne conservera qu’un
seul palais , celui du Bois : il abandonnera à son fils le château du Loo.
— On va présenter à la seconde chambre un projet de loi destiné à
modifier le tarif des droits d’entrée, de sortie et de transit.
BELGIQUE.
Bruxelles, 21 novembre. — A midi et demi le roi a reçu à son palais à
Bruxelles, la députation de la chambre des représentants, qui a pré-
senté à S. M. l’adresse en réponse au discours du trône.
A une heure et quart M. le comte Nomis de Pollon, envoyé extraordi-
naire et ministre plénipotentiaire de S. M. le roi de Sardaigne, a remis
au roi, en audience solennelle, les lettres qui l’accréditent en cette qua-
lité près de S. M. le roi des Belges. Le nouvel ambassadeur a étéprésenté
au roi par M. le ministre des affaires étrangères. Son Excellence a été
conduite à l’audience du roi avec le cérémonial d’usage.Un dîner diplo-
matique aura lieu ce soir à la cour à l’occasion de cette présentation.
— Mardi, vers les onze heures du matin, le sieur François Vanhesp,
âgé de 22 ans, domicilié à Bruxelles, chassait sur la commune d’Ohain,
lorsqu’il aperçut deux individus à cheval, venant à lui; les prenant pour
des gendarmes, il voulut cacher son fusil dans les broussailles qui bor-
dent le chemin conduisant d’Ohain à Plancenois, le fusil partit, le mal-
heureux jeune homme reçut la charge entière dans la poitrine et mourut
sur-le-champ.
— L’ouragan a renversé, dans la nuit du 17 au 18, une partie de mai-
son en construction dans la rue Léopold, à laquelle il ne manquait que
la toiture. Un pignon s’est abattu sur l’intérieur avec grand fracas à
travers les gites. Heureusement les ouvriers ne s’y trouvaient pas. Au-
cune des maisons voisines n’a souffert de cette chute.
— La matinée musicale qui avait été annoncée comme devant être
donnée par le conservatoire de Bruxelles dans les salons de la société
la Loyauté, dimanche, 22, est remise à dimanche, 29 de ce mois.
ANVERS, «1 NOVEMBRE.
Nous ne sommesencore qu’à l’approche de l’hiver etdéjà les vols avec
effraction se multiplient d’une manière inquiétante. Il se passe peu de
jours que des plaintes ne parviennent à la police.Une bande de voleurs
s’introduisant dans les maisons par les soupiraux des caves, inquiète
depuis quelque temps nos paisibles habitants, dont plusieurs ont été
déjà victimes des exploits nocturnes de ces misérables. Cette nuit en-
core un ou plusieurs individus se sont introduits à travers les grilles
dans la cave d’une maison formant le coin du pont au Fromage, et oc-
cupée par une marchande de farine. Les voleurs sont venus de la cave
dans la chambre du rez-de-chaussée où ils ont ouvert les meubles et de
là dans la boutique. Us auraient sans doute emporté toutcequi se trou-
vait à leur convenance, si la servante éveillée par le bruit, n’eût donné
l’alarme ; les voleurs se sont enfuis n’emportant que l’argent qui se
trouvait dans le comptoir. La police paraît être sur les traces de quel-
ques-uns des coupables, non de ce dernier fait, mais de vols antérieurs;
quelques-uns,à ce qu’on dit, ont été arrêtés; espérons qu’elle redoublera
d’activité,et que bientôtnotre ville sera débarrassée des individus dan-
gereux, qui troublent le repos public.
— Ce matin, une femme demeurant rue de la Clef, s’est jetée dans la
citerne de sa maison. Par un heureux hasard une jeune fille occupant
la même maison, en voulant puiser del’eau,a vu cette malheureuse que
l’on dit atteinte d’aliénation mentale, et des voisons accourus à ses cris,
ont empêché l’accomplissement de ce suicide.
— Les vents qui étaient passés au N.-E. nous avaient fait espérer
quelques beaux jours, mais par un changement subit de l’atmosphère,
le baromètre a de nouveau considérablement baissé et les vents ont
passé depuis ce matin au S.-O. avec pluie et mauvais temps.
— Mardi prochain aura lieu au Grand Théâtre Royal de Bruxelles la
première représentation de la reprise des Huguenots.
L’administration n’a rien négligé pour rendre cette représentation
digne des suffrages du public. Les principaux rôles sont confiés à MM.
Laborde, Boullard,Canaple,etc.età M«« Treillet-Nuthan, Jenny Colon-
Leplus, Guichard, etc.
— On écrit de Bruges, 20 novembre :
Hier soir, un incendie s’est déclaré dans la grange de la ferme du
nommé Pierre Risze, près de l’endroit dit JVyngat à St-André. La
grange ainsi que tout ce qu’elle contenait est devenue la proie des
flammes. La ferme appartient à M. le vicomte de Nieulandt.
— Nous recevons de divers points de l’intérieur des renseignements
sur l’ouragan de lanuitdu 17 au 18. Au camp de Beverloo,environ 1,000
pannes, des toitures en paille ont été brisés ; dans le Limbourg, la tem-
pête était accompagnée de coups de tonnerre, elle a causé peu dédom-
magés ; il en a été de même dans les environs de Waremme.
Nous publions aujourd’hui en supplément, le tableau du service des
convois du chamin de fer pour la période d’hiver commençant le 21
novembre , ainsi que les changements qu’occasionne dans' le départ
des postes , ce nouveau réglement.
L’abondance des matières nous ayant forcé de supprimer depuis
deux jours notre feuilleton , nous joindrons une feuille de Tablettes à
notre numéro de demain.
La mesure rigoureuse, pour ne pas dire ridicule, qui vient d’être
prise a l’égard du Niord, brick suédois, arrivé <*e New-York avec quel-
ques barils de résine, pour peu qu’elle soit généralisée non-seulement
à 1 égard de la résine mais encore pour les marchandises non moins
combustibles, nous pouvons nous attendre à voir bientôt nos bassins
vides et nos quais aussi vivants que ceux des ports de mer qui sont
encore à nous envier nos beaux bassins.
Reste à savoir si les Américains s’accommoderont de ce système ré-
trog rade. En attendant, nous croyons seconder le beau zèle de notre
Régence en lui signalant comme navires à expulser de nos basssins :
Le 3 mâts américain Paoli, attendu de New-York. — Il porte de la
résine :
Le brick français Adolphe, attendu de Cette. — Il regorge d'esprits 3(6 !
Le brick prussien Cari, attendu de Bordeaux. — Il porte des esprits,
de la térébenthine.
Le brick sicilien Gargano et le brick français Elisa, attendus le pre-
mier de Messine et le second de Marseille. — Tous deux sont remplis de
soufre.
La goélette anglaise Jane est attendue de Londres avec un grenier
salpêtre; le Drie Gebroeders, attendu de Brême, renferme de l’acide sul-
firique ou huile de vitriol.
Et enfin plusieurs navires attendus de Rouen et de Tournay avec de
la chaux vive.
En voilà plus qu’il n’en faut pour engager la Régence à redoubler de
zèle et à expulser de nos bassins tous les navires qui pourraient y in-
troduire des matières inflammables, surtout si elle fait droit à la récla-
mation des capitaines qui demandent à pouvoir faire du feu à bord de
leurs navires, autant pour faire leur cuisine que pour ne pas grelotter.
Le correspondant parisien du Times se plaint de la hauteur avec la-
quelle lord Palmerston répond aux efforts que fait le nouveau ministère
pour calmer l’irritation des esprits :
« Il est vraiment étrange, dit-il, que ces efforts rencontrent les froids
dédains de lord Palmerston ; c’est là, certes, une lourde responsabilité !
On croit malheureusement ici même parmi les hommes les plus dévoués
à l’alliance anglaise, que les efforts des hommes sages et honorables tant
au dedans qu’au dehors du cabinet anglais, pour arranger ce malheu-
reux différend et pour amener une transaction honorable pour tous, ne
seront pas couronnés de succès et que le parti russe, sous la direction
de lord Palmerston et armé du traité du 15 juillet, conservera sa supré-
matie et risquera une conflagration dont les conséquences pourront
être aussi terribles qu’incalculables, mais seraient probablement très
avantageuses à la Russie seule. On croit cependant que tant que la
campagne ne sera pas décidée, on n’adoptera aucune résolution im-
portante. »
— On lit dans le Courier de Londres d’après une correspondance de
Paris :
« Le ton de la dernière note adressée par lord Palmerston au cabinet
français est plus désagréable que la manière dont le noble lord a cru
devoir argumenter. Un ministre de France, interrogé hier à ce sujet, a
répondu : « Ne connaissez-vous pas lord Palmerston ? c’est un boulet de
canon : la même brusquerie, le même entêtement. 11 nous a vus embar-
rassés pour le moment; mais croyez-vous qu’il soit homme à s’inquiéter
de cela ? pas le moins du monde, quoique probablement il nous veuille
du bien. Depuis long-temps M. de Talleyrand avait prédit que ce tapa-
geur finirait par mettre l’Europe à feu et à sang. La Prusse et l’Autriche,
qui s’aperçoivent que la France est en état de maîtriser le parti révolu-
tionnaire à' l’intérieur, commencent à ouvrir les yeux sur les projets de
l’Angleterre dans le Levant. Une fois que les Français auront un allié
ou deux, ce qui ne peut tarder, puisque les conservateurs ont le dessus,
ils feront chèrement expier son triomphe à lord Palmerston. »
— Nous remarquons le passage suivant dans la correspondance dü
Morning-Herald :
« Les nouvelles de Bruxelles ont produit à la cour de France une cer-
taine inquiétude. Le prince Esterhazy traversant cette ville a dîné, il y
a quelques jours avec le roi Léopold, et a profité de cette circonstance
pour représenter à l’ambassadeur d’Autriche que la France désirait
maintenir la paix. Le prince a répondu que son gouvernement désirait
aussi sincèrement que le roi des Français la conservation de la paix ;
mais il a ajouté : le maintien ou le renvoi de Méhémet-Aliest une chose
à part ; les alliés sont décidés à traiter cette question non conformé-
ment aux vues de la France,mais conformément au traité du 15 juillet.
Si Méhémet-Ali ne se soumet pas, on a recours à des mesures rigoureu-
ses, et tout ce qu’il pourra attendre alors de plus favorable sera le pa-
chalick d’Egypte, sans flotte ou sans armée. Le roi Léopold a exprimé
le vœu que le prince Esterhazy s’interposât auprès du prince de Met-
ternichpour adoucir l’humeur de lord Palmerston ; le prince Ester-
hazy a répondu franchement que ses efforts seraieut vains, le prince
de Metternich étant décidé à soutenir jusqu’à l’extrémité la politique
exclusive de lord Palmerston. »
Le pacha d’Egypte a trouvé de rudes adversaires à la chambre des
Pairs en France, et si sa cause est attaquée de la même manière à la
chambre des députés, elle perdra beaucoup de son prestige.
MM. Charles Dupin et de Montalembert lui ont porté de terribles
coups. Leurs discours nous apprennent des faits dont les amis de Mé-
hémet-Ali se sont bien gardés de révéler l’existence; et ces faits sont tels
que nous ne pouvons pas croire qu’il n’y ait pas beaucoup d’exagération.
Ainsi M. Dupin affirme qu’au moment de la bataille de Nézib quatre
bataillons d’élite, formant un régiment syrien, passèrent à l’armée
turque, et M. de Montalembert ajoute qu’immédiatement après la ba-
taille, trois mille Egyptiens prirent la fuite avec les Turcs défaits, sous
préLexte de les poursuivre, « donnant ainsi, dit cet orateur, le premier
exemple de vainqueurs se dérobant avec les vaincus à l’abominable
joug dont ils étaient les instruments. »
Ceci n’est rien; mais ce qui est beaucoup,ce qui est horrible, c’est que
l’hiver dernier l’armée d’ibrahim, à défaut de vêtements convenables
et de vivres, a vu mourir de froid, au camp de Marash, 17,000 hommes
suivant M. Dupin, 10,000 suivant M. de Montalembert. Comme il n’avait
que 42,000 hommes à la bataille de Nezib, Ibrahim, en ayant perdu à peu
près la moitié, dut demander des renforts à son père, et Méhémet-Ali
lui envoya 24,000 recrues arrachées à l’Egypte et dont la moitié périrent
en route de fatigue et de maladie. On le concevra sans peine; ces recrues
étaient de très jeunes gens, des enfants; car après avoir forcé tous les
adultes à s’enrôler dans son armée, Méhémet-Ali a dû recruter parmi
les individus moins âgés, et il est descendu d’abord jusqu’aux enfants
de 16, puis de 13 ans.
Ces faits, s’ils ne sont pas contredits, expliqueraient très bien, pour-
quoi Ibrahim n’a pas une seule fois osé attaquer les anglo-turcs, quel-
que peu imposantes qu’aient été leurs forces.
M. Dupin a fait remarquer que, sous le rapport de l’intérêt matériel,
l’Orient ne mérite pas que la France se mette en guerre avec l’Occident;
et en effet, sur un commerce d’échange de 900,000 millions, la France ne
fournit aux Orientaux que pour 32 millions.
Il y a dans le discours de M. Dupin et dans celui de M. de Montalem-
bert, une foule d’autres faits non moins remarquables; il faut les lire, et
on sera de notre avis, que la publicité qu’ils vont recevoir, doit être
très préjudiciable à la cause du vice-roi.
Un fait tout récent, et dont une lettre d’Alexandrie fait mention au-
jourd’hui même, confirme ce que dit M. de Montalembert, du régime
que Méhémet-Ali a mis en vigueur en Egypte. Dans un des derniers
jours d’octobre, à Alexandrie, la garde nationale était occupée à faire
l’exercice à feu, lorsqu’un ordres du pachalui enjoignit de rester sur le
champ des manœuvres, afin que des officiers munis d’instructions à cet
effet, choisissent dans ses rangs les hommes les plus robustes, pour les
faire embarquer à l’instant même sur la flotte. Cette nouvelle s’étant
répandue dans la ville, y jeta une alarme générale parmi les femmes qui,
toutes ou à peu près, comptaient dans les rangs de la garde nationale,
des maris ou des enfants. Ces malheureuses se répandirent dans les rues
en poussant des hurlements; mais les bâtons des cawass réprimèrent
bientôt et vigoureusement cette révolte. (Indép.)
Mademoiselle Meerti, à La Hay e.
Nous devons à l’obligeance de l’un de nos abonnés la lettre suivante
que nous copions textuellement :
La Haïe, 19 novembre 1840.
Mon cher ami,
k Vous m’aviez annoncé le passage d’un charmant rossignol, et votre
prédiction vient de s’accomplir; j’ai eu enfin le plaisir d’entendre Mlle
Ei.isa Meerti, mais il a fallu saisir l’occasion aux cheveux, car à peine
le son de sa dernière roulade était-il expiré, qu’elle avait déjà pris son
vol vers Rotterdam, où elle doit ce soir enchanter toutes les oreilles et
charmer tous les cœurs. Vous voyez que j’en parle en homme ravi, et
qui est encore sous l’impression du plaisir qu’il vient de goûter : espé-
rons que celle qu’elle a produit sur son auditoire nous la ramènera !
Quand on a entendu une fois Mlle Meerti, on doit désirer de l’entendre
encore ; c’est ce qui est arrivé à Amsterdam, c’est ce qui arrivera par-
tout où règne le goût et le sentiment musical. Dans la capitale, à peine
les échos de Félix Meritis ont-ils retenti des sons si purs de cette belle
voix que nos dilettanii se sont mis à l’œuvre pour organiser un concert
afin de l’entendre encore lundi prochain 23 novembre.
ji Cependant dans un pays calculateur par essence, on sait compter en
tout, en affaire et même en plaisir, et c’est pour le doubler, si c’est pos-
sible, qu’on réunit dans ce concert deux voix qui se marient si bien,
qu’on a admirées à Félix Meritis, comme vous les avez admirées à An-
vers; deux talents compatriotes, qui font honneur à la Belgique d’où
ils tirent leur origine, et chez lesquels une louable émulation n’exclue
pas l’amitié ; vous avez déjà compris que je parle de M*1® Janssens.
» Après une soirée musicale chez M. de Kattendykoû elle avait con-
quis tous les suffrages, M11» Meerti s’est fait entendre en cette résidence
au concert de Diligentia où elle a aussi produit un effet prodigieux
dans les airs del Giuramento de Mercadente, et de Roberto d'Evreux de
Donizetti. Comment,en effet, n’être pas émerveillé de cette belle voix de
contr’alto, qui parcourt sans peine, avec la même intensité, au moins
deux octaves et demi ; de cette voix si fraîche, si pure, si égale, si bien
conduite: qui s’élève jusqu’à l'ut sans effort, dont les sons touchants
vont à l’âme, parce qu’ils partent de l’âme et du cœur. Et quelle déli-
cieuse méthode ! Voilà ce que j’appelle chanter ; point de cris, point de
tours de force pénibles ; l’art cachant le travail, pour ne laisser que le
plaisir; et puis, comment rester insensible aux charmes d’un si beau
talent, qui ne peut s’ignorer, qui aspire aux triomphes et ne demande
qu’à briller, mais que la modestie environne d’un voile si gràcieux qu’il
en est embelli sans en être caché ; quant àmoi, j’avoue que je n’ai pu y
résister, et que j’en rafolle.
» Je pense que le compte rendu du concert ne vous intéresserait
guère, et je vous en fais grâce; que vous importe en effet qu’on ait exé-
cuté la Symphonie Héroïque de Beethoven, etl’ouverturede la Somnam-
bule par Mendelsohn Bartoldi ? Mais je ne puis passer sous silence deux
virtuoses distingués que La Haye possède en ce moment, l’un, que le
concert dont je vous rends compte m’a fourni l’occasion d’entendre,
est M. Joseph Faubel, première clarinette de la chapelle du roi de Ba-
vière, qui possède un magnifique talent; il chante d’une manière ravis-
sante sur ce bel instrument, dont les sons sont admirables quand ils
sont produits par une embouchure comme celle de M. Faubel, qui joint
à un si grand mérite celui d’un doigté aussi brillant que vif. L’autre,
dont on m’a dit un bien infini, mais que je n’ai pu entendre encore, est
M. Mendès qui possède un superbe talent sur le violoncelle. Je pense
que vous pourrez bientôt en juger par vous-même et que tout Anvers
accourra aux accords de ces deux amphions.
» Agréez, etc. »
Postes.
On lit dans le Moniteur : Dans l’état actuel des relations postales entre
la Belgique et l’Angleterre, toute la correspondance pour ce dernier
pays doit indistinctement être transmise au bureau central de Londres,
d’où elle est ensuite réexpédiée vers sa destination.
Ainsi, les lettres de Belgique pour Douvres, par exemple, ne sont ac-
tuellement remises aux destinataires qu’après avoir parcouru inutile-
ment deux fois la distance qui existe eiitre cette ville et Londres.
Dans l’intérêt des deux pays, il importait de faire cesser les retards
résultant d’une pareille organisation, et nous apprenons que les dé-
marches faites, dans ce but, par le département des travaux publics,
auprès de l’administration des postes d’Angleterre, ont obtenu un plein
succès.
A partir du 1er décembre prochain, les lettres de Belgique pour Dou-
vres et les endroits situés entre cette ville et Londres seront renfermées
dans une dépêche séparée, adressée au bureau de Douvres,qui les fera
parvenir directement à destination.
Théâtre optique.
Le théâtre d’optique, ou grand cabinet de peinture et de mécaniquë
de feu M. Pfeiffer, dirigé par M. Ellemberg, vient d’arriver en notre
ville, venant de Bruxelles où il a séjourné pendant plusieurs semaines,
et où LL. MM. ont bien voulu l’honorer d’une visite. Ce curieux cabinet
d’optique mérite d’être vu, et M. Ellemberg espère que le public anver-
sois, montrera autant d’empressement à venir admirer ses tableaux
mouvants représentant des vues magnifiques, une mer agitée, un nau-
frage, etc. etc., que les habitants des autres villes de la Belgique qu’il a
visitées.
Son théâtre,placé au port, sur la plaine devant le marché au poisson,
s’ouvrira sous peu de jours.
La chambre de commerce et des fabriques d’Anvers informe le com-
merce qu’elle a reçu de M. le ministre de l’intérieur:
1° Un document émané du consul belge à Lima faisant suite à la pu-
blication imprimée en 1836, sous le titre : Notice sur le commerce de la
côte occidentale de l'Amérique du Sud ;
2° Des renseignements sur les principaux articles d’exportations en
Grèce ;
3» Un tableau statistique du mouvement commercial de Fernambouc
durant l’année financière 1838-1839;
4» Un avis que les droits de navigation dans le port de Gibraltar, se
bornent à celui d’Ancrage, lequel varie de six à dix piastres, selon la
classe du navire, c’est-à-dire, d’après la manière dont il est gréé, et non
d’après le tonnage. II est le même pour tous les pavillons.
Ces documents sont déposés au secrétariat à l’inspection à ceux que
la chose intéresse.
Anvers, le 20 novembre 1840.
Le secrétaire: Paul Diercxsens,
Hygiène «îes Cheveux.
Comme toutes les choses vraiment utiles, la Pommade de l’illustré
Baron Dupuytren, inventée à peine depuis quelques années, s’est par
le seul fait de sa merveilleuse efficacité promptement répandue et au-
jourd’hui il n’est pas un des élégants salons de coiffure de la capitale et
fort peu de cabinets de toilette où elle ne soit employée. (Voir nos N»5
des 8 et 15 novembre). (1115)
COMMENCE.
Place «l’Anvers du SI novrtnhre.
CAFE.— Il s’est traité aujourd’hui 130 balles Brésil beau blanc à 29
1(2 et 100 balles dito vert régulier à 29 1 [4 cents consommation.
FRUITS. — Il s’est vendu nier après-midi 4000 cabas figues de Faro et
200 dito de Comadre à différents prix.
RIZ. — Nous avons à citer la vente d’environ 250 balles Java dans les
prix de f. 8 à 8 1(4.
SUCRE BRUT. — Une affaire assez saillante a eu lieu aujourd’hui;elle
se compose d’environ 500 canastres Java blond du navire Henry JVel-
lesley à uu prix qui n’est pas positivement indiqué. On a fait aussi 130
caisses Havane blond à f. 15 3|4 pavillon étranger.
SOUFRE. — On a réalisé 40,000 kil. soufre brut de Sicile à un prix qui
est tenu secret.
Ms» relié».
ANVERS, 20 nov. — Grains et graines : Les affaires en froment sont
tout-à-fait nulles et les prix nominaux à la cote. — Quelques parties en
Entrepôt s’expédient sur la Hollande.
Le seigle se soutient et conserve assez de débit aux distillateurs. —
Celui du pays 73i74 kil. f. 6 à f. 6 1|4. — Séché de Russie 70 kil. f. 6 114. —
En qualités" étrangères non séchées, il y a moins de présentations. —
L’orge reste faible et offerte à la cote sans acheteurs. — Rien au mar-
ché en avoine, mais aussi pas de demande. — Le sarrasin est en
baisse. — En graine de colza, notre provision est devenue extrême-
ment réduite. — Il s’est traité 18 lasts ordinaire de Zélande et 45
lasts belle graine de navettes de Dantzigà f. 15 1x4. —70 lasts graine
de colza sauvage de la mer Noire à f. 9 1(2. — Des offres assez libéra-
les à ce qu’il parait, ont ensuite été faites pour les quelques parties
qui nous restent en vieille graine de colza inférieure du Danemarck
et de Frise, mais sans amener aucune affaire , les détenteurs les
tenant à f. 15. — Environ 50 lasts qualité tout-à-fait supérieure sont aii
marché à f. 17. Il n’a rien été fait en graine de lin, on tient celle de Riga
inférieure 104x5 liv. f. 10 1 [2 à f. 10 5[4 — d° ord. 106 liv., et Dantzig 108
liv.f. ltl|2. — Archangel 112 liv. f. 12. — St.-Pétersbourg 108(110 liv.
f. 12 à f. 12 1(4. — Egalement pas d’affaires à signaleren graine de chan-
vre. — Les huiles restent en voie de hausse.
Droits d’entrée : Froment, et orge libre, avoine fr. 11 et 16 0(op.
1000 kil.
ST.-NICOLAS, 19 nov. — Graine et grains : Froment blanc par sac
de Waes fl. 11 10 à 10 id. rouge 11 16 à 11 5 seigle, 65à 5 17, orge 6 10
à 6, sarrasin 7 à 6 8, avoine 6 à 5 10, fèves 617 à6 5, graine de lin 15 a 1110.
ROTTERDAM, 19 nov. — Tarac : Il s’est écoulé aujourd’hui le solde
du chargement Chilo, soit 49 bouc. Maryland, à prix tenu secret.
LIVERPOOL, 18 nov. — Coton : Les ventes ont été fort modérées au-
jourd’hui; elles se sont bornées à 2,500 balles. — En attendant, les prix
ne varient pas. . . ,,
HAMBOURG, 17 nov.—Grains : Le froment se soutient passablement;
on a payé pour la consommation 130 liv. Warener, 123 rd.; 127-128 liv.
Sa al, 115 rd.— Le seigle a joui d’une recherche plus active à des prix un
peu moins élevés. — Les prix de l’orge ont de nouveau baissé ; 106-107
liv. Saal ont obtenu 61 rd. — L’avoine se supporte.
RIGA, 9 nov. — Grains : Il ne s’est pas fait d’affaires en cet article. —
Les prix de la graine de lin à semer ont décliné de 8 à 7 rs. pour le s
quai. ord. et de 8 5(4 à 8 rs. pour les sortes supérieures, par suite des
nombreux arrivages. — 4 à 5000 tonnes graine de lin a battre se sont
vendues à 5 1(2 rs, à livrer 16 rs le tout d’avance, età 16 1(2 rs, la moitié
par anticipation sur 110 liv. — L’huile de chanvre s’est placée à 83 r. b.
pour l’exportation. . ...... . ,, „
BORDEAUX, 16 nov. — Spiritueux : Armagnac 44 fr. Marmande 41,25
Pays 40. l’hectolitre à 52 degrés centézimaux. Cognac preuve de Lon-
dres,59 f. 75 l’hecl.de 60 degrés centézimaux. Preuve d’Amérique. 66 f. 50.
l’hec. de 62 degrés centézimaux.
3|0. _ 63 fr. l’hectolitre à 86 degrés centézimaux.
BAHIA, 9 sept. — cuirs secs : 160 reis, salés 130 reis la liv.
Sucre moscovade: 1500àl600reis;Sucre blanc 1900 à 2000 reis l’arrobe.
Coton : 6,000 à 6,200 reis.
Café : 3400 à 3600 reis; cacao 3400 reis l’arrobe. |