Full text |
I §40. — ftV 3*46
MTÜHS, Samedi SI Xorciubrc.
Cinquième Année
jutpMWHTM
_ _0_ _____
LE PRECURSEUR
On s’abonne : à Anvers au bureau
du PRÉCURSEUR, Bourse Anglaise,
K.o lOiO ; en Belgique et à l'étranger
chez tous les Directeurs des Poste6.
JOURNAL POLITIQUE,
COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
PAIX. — LIBERTÉ. — PROGRÈS.
Abonnement par üTmestre.
Pour Anvers, 15 francs ; pour la pro-
vince, 18 frs. ; pour l’étranger,20 frs. j
Insertions centimes 25 par ligne.
£f Novembre*
BU MAU'ff PMX BU B»AIN.
Des plaintes fondées ont surgi depuis long temps contre le haut prix
du pain dans les grandes villes de la Belgique. Des remarques fort
justes ont prouvé que ce prix élevé ne devait pas être attribué exclu-
sivement à la cherté des grains. Le kilogramme de pain de froment
s’est vendu à Anvers jusqu’à 38 centimes tandis que dans certaines
communes environnantes, il se vendait à 12 et 14 centimes meilleur
marché; aujourd hui ce même pain se vend encore à Anvers, 34 cen-
times. En déduisant le droit d’octroi, cette différence n’en reste pas
moins très forte. D'où vient cela ?
L’anomalie que nous signalons existe également à Gand. Le Jour-
nal des Flandres l’attribue à ce que les mercuriales sont dressées sinon
par des boulangers eux-mêmes du moins sous leur inspiration. Les
prix s’y maintiennent très élevés, montent sous le moindre prétexte,
et ne baissent que lentement, toujours hors de proportion avec la vente
des céréales.
Ce qui contribue encore, continue le même journal, à maintenir le
pain à un taux exorbitant, c’est la situation difficile que l’on a faite
aux boulangers. Pour être juste il faut avouer que les boulangers ont
aussi à se plaindre. La fixation du poids produit nu grave inconvé-
nient, c’est que le boulanger le plus habile ne peut pas donner au pain
un poids invariable. La cuisson le modifie toujours, et d'une manière
inégale. Si l’industriel veut éviter le désagrément d'être condamné à
des peines de police, et de voir sa marchandise saisie, il fera son pain
plus grand qu'on ne l’exige. A vrai dire cela lui arrive rarement; mais
pour s’indemniser d’avance des pertes dont la police le menace, il s’ef-
force de regagner sur la qualité et sur le prix ce qu’il perd ou croit
perdre du côté du poids.
Il résulte de ce qui précède, qu’à nos yeux la mercuriale est une
institution vicieuse, qu’il convient d’abolir dans les localités où elle est
restée en vigueur. Ces localités ne sont plus en grand nombre; nous
croyons que les sept huitièmes des communes l’ont laissée tomber en
désuétude. Et ce sont précisément celles où le pain se vend le moins
cher. Pourquoi ne pas mettre la boulangerie dans les mêmes conditions
de libre concurrence où se trouvent nos autres industries? Craint-on
que les boulangers ne s’accordent pour débiter leurs fournées à des
prix extravagants? Cet accord est aussi impossible entr'eux qu’entre
les bouchers, par exemple, qui vendent la viande à des prix inégaux.
Si pareil monopole venait à se réaliser, on verrait bientôt s’ouvrir des
boulangeries où l’on se contenterait de trois francs de bénéfice par sac,
au lieu de six francs que réalisent aujourd’hui les boulangers, au lieu
de douze qu’ils espéraient gagner plus tard.
Il résulte encore de nos remarques qu’il y aurait avantage tant pour
les boulangers que pour le public, à changer le mode de la vente, c’est-
à-dire à ne plus débiter par pain mais au poids. Cette heureuse inno-
vation est déjà introduite à Paris,et, si nous sommes bien informés, la
régence de Bruxelles va suivre l'exemple. Les boulangers ne seraient
plus dans la fâcheuse alternative de perdre en donnant trop de poids,
ou de perdre par la saisie. Le public aurait lui-même un moyen de
contrôle, puisqu'on pèserait le pain sous ses yeux comme les autres
denrées, et l'action de la police se bornerait à la surveillance sévère des
ingrédients qui entrent dans le pain. Quant au prix on pourrait sans
danger le liv rer à l'appréciation de la concurrence.
Si l’on voulait étendre l’action de la police, nous lui en indiquerions
le moyen, ce serait de défendre aux boulangers de cuire, la pâtisserie.
Personne n’ignore que la matière de la pâtisserie étant soustraite au
pain, enlève à celui-ci sa saveur et une partie de ses qualités nutritives.
Cette sorte de pain contracte bientôt un goût amer, et ne se conserve
pas long-temps.
Nous nous attendons à des contradictions intéressées. Mais celte
perspective ne nous a pas fait reculer devant la défense de l’intérêt pu-
blic, que nous considérons comme l’accomplissement d’un devoir.
DISCOURS PACIFIQUE DE .VS. GUIZOT.
On nous écrit de Paris, le 19 :
L’événement du jour est le discours prononcé hier à la Chambre
des Pairs“par M. Guizot. Il suffit pour donner un avant-goût de ce que
sera l'attitude ministérielle dans la discussion de la Chambre des Dé-
putés.
M. Guizot a déclaré qu'à ses yeux le traité du 15 juillet n’a pas eu
d’autre but que le réglement de la situation respective du sultan et du
pacha. La France, a-t-il dit, est en dehors de ce traité, mais sans que
cela constitue un état d'hostilité contre elle. Sa position est analogue à
celle de l’Autriche, en présence de la création du royaume de Grèce, de
l’Angleterre assistant passivement à l’expédition française en Espagne
en 1823.
Selon M. Guizot, le sort de la Syrie importe peu à la question. Ce
n’est pas de là que la guerre doit sortir. Par conséquent, le traité du
15 juillet peut être exécuté sans que la France intervienne et s’y op-
pose. La France n’aurait à agir qu’au cas où les puissances menace-
raient l’intégrité de l’empire ottoman , c’est-à-dire voudraient se le
partager entre elles.
C’est pour être préparé à celte éventualité improbable que le gou-
vernement doit conserver une position d’attention armée et expec-
tante.
Du reste, M. Guizot ne se regarde pas comme engagé envers le
pacha. La France a trop fait pour un allié aussi lointain et aussi
incertain, en s’exposant pour lui à un refroidissement avec l’Angle-
terre et à une guerre possible, mais que le ministère est bien décidé à
conjurer.
Au point de vue de M. Guizol.il y a eu de la part des puissancesun
manque de procédé envers la France.il n'y apaseu offense,on n’avoulu
ni tromper, ni défier, ni isoler la France.
Enfin, M. Guizot a proclamé comme devise de son ministère lapaix
partout et toujours !
Avec une pareille manière d’envisager la position, il serait bien dif-
ficile que le gouvernement français fil naître la guerre. Mais bien des
gens craignent que l’Angleterre,enhardie par l’inertie de ce gouverne-
ment, ne provoque tôt ou tard un conflit. Toutefois l’opinion, dans
Paris, est que la paix restera assurée au moins pour toute la durée du
cabinet actuel, et l'on pense à la Chambre qu’il traversera la session.
En attendant, une nouvelle note de lord Palrnerston est arrivée, et
jette une certaine inquiétude parmi les partisans du ministère. Ceux-ci
déclarent spontanément qu'elle est fort peu conciliante. On est fort
embarrassé pour y répondre et l’on a adressé courrier par courrier des
représentations à lord Palrnerston pour obtenir qu’elle soit regardée
comme non-avenue.
«ÉCOUTE DES COTONS EA AMÉRIQUE.
Les relations de notre pays en général, et celles de la place d'Anvers en
particulier, devenant plus suivies de jour en jour, nous croyons utile
de reproduire le tableau général de la récolte des cotons, indiquan t la
production, l’exportation, la consommation, etc., pour l’année com-
merciale finissant au 30 septembre 1840.
On verra par ce tableau qu’il y a eu cette année une augmentation
considérable dans les récoltes comparées avec celles de l’année derniè-
re; la quantité excède aussi de 376,338 balles, celle de toutes les pré-
cédentes années.
Quant à la nouvelle récolte que l'on recueille maintenant, il se trou-
ve compris environ 30,000 balles arrivées dans les ports avant le 1er
octobre, principalement à New-Orléans.
On remarquera aussi que nous avons déduit de New-Orléans les
quantités reçues du Texas en ce port.— Le Texas étant pays étranger.
Nos estimations pour la consommation du pays ne comprennent pas
les cotons qui ont pu être manufacturés dans les étais Sud et Ouest
de la Virginie, non plus que dans d'autres étals, à l’exception de ceux
qui le sont dans les environs de Pélersbourg et Richmond ; s’il y en a
eu, ce ne peut être, dans tous les cas, que fort peu de chose.
NEW-ORLEANS.
Exportations :
Ports étrangers.............. 832.625
Cabotage..................... 124.061
Stockau 1er octobre 1840 ..... 27.911
A déduire :
Stock au ler octobre 1839..... 15.824
Reçu de Mobile........... 15.386
— des Florides............. 2.568
— du Texas................. 3.914
NATCHEZ.
Exportations :
Ports étrangers........
Cabotage................
ALABAMA.
Exportations de Mobile :
Ports étrangers.............. 854.708
Cabotage.................... 85.304
Brûlé et perdu.............. 6 400
Stocka Mobile, 1"octobre 1840. 1.737
A déduire:
Stock à Mobile. 1 " octobre 1839. 1.464
Reçu des Florides........... 1.050
FLORIDES.
Exportations :
Ports étrangers............. 61.049
Cabotage...................... 75.558
Stock 1« octobre 1840 ........... 300
BAI.I.ES.
984.597
57.692
2.208
4.559
448.529
2.514
TOTAL
1840.
046.905
6.767
445.725
TOTAL
1859.
568.562
10.432
251.742
A déduire :
Stock 1« octobre 1839......
GÉORGIE.
Exportations de Savannah :
Ports étrangers. Courte soie..
Longue soie.
Cabotage...................
------ 156.907
...... 650
--------- 136.257
199.842
8.108
76.209
75.177
284.249
Dito de Darien :
A New-York.................... 10.537
Stock à Savannah, 1« oct. 1840. 2.011
Dito à Augusta et Hambourg
1er octobre 1840 ............. 3.730
------- 500.527
A déduire :
Stock à Savannah et Augusta,
1er octobre 1839.................. 7.834
CAROLINE DU SUD.
Exportations de Charleston :
Ports étrangers. Courte soie.. 228.191
Longue soie. 19.310
Cabotage..................... 60.178
307.679
Dito de Georgetown :
A New-York................... 15.200
Stocka Charleston 1"oct. 1840. 4.153
------- 325.032
A déduire :
Stocka Charleston,l«roct 1839. 4.706
Reçu de Savannah.............. 4.663
— des Florides et Kay West. 2.469
-------- 11.858
CAROLINE DU NORD.
Exportations :
Ports étrangers.................. 65
Cabotage...................... 9.729
Stock 1er octobre 1840.......... 200
---------- 9.994
A déduire :
Stock 1er octobre 1839 .................. 600
VIRGINIE
Exportations :
Ports étrangers............... 7.987
Cabotage...................... 6.263
Consomm. par les manufactur. 9.000
Stock U' octobre 1840........... 900
-------- 24.150
A déduire :
Stock 1er octobre 1859................... 500
Reçu à Philadelphie et Baltimore, par terre.
292.693 205.112
313.194 210.171
9.934 11.130
23.650 22.200
3.250
Total des récoltes aux Etats-Unis........ 2.177.835 1.360.532
Récolte comme ci-dessus, 1859-40... balles... 2.177.855
Récolte de l’année dernière, 1838-39...... 1.560.552
Augmentation........balles... 817.303
EXPORTATIONS POUR LES PORTS ÉTRANGERS
DU 1er OCTOBRE 1839 AU 30 SEPTEMBRE 1840,
New-Orleans.B...
Natchez... ......
Alabama (Mobile) .
Florides.........
Géorgie(Savannah et
Darien )........
Croline du Sud___
C roline du Nord ..
Virginie..........
Baltimore.........
Philadelphie......
New-York..........
Boston............
Pour
l’Angle-
terre.
Pour
la
France.
510.690 239.774
*2.208 ........
257.985 80.528
49.932 11.097
189.372
153.042
65
4.455
1.707
5.076
73.611
628
17.942
62.917
2.670
41
30
52.092
568
1.246.791
798.418
447.465
242.243
103.252
21.517
78 515] 1.876.003
12.511 1.074.689
Grand total........
Total l’année derme.
Augmentation....... 448.373 205.222 81.715 66.0041 801.514
O Le solde de Natchez se trouve compris dans les exportations de
New-Orleans.
Pour le
Nord de
l’Europe
25.204
i1.824
29.453
850
755
175
34.590
2.403
Autres
ports
éîrang.
58.947
4.371
636
2.098
26
404
11.923
109
TOTAL.
832.625
2.208
554.708
61.049
207.950
247.501
65
7.987
2.501
3.685
152.216
3.508
PRODUCTION.
Récoltes de 1824—25...,....
de 1825—26.........
de 1826-27.........
de 1827—28.........
de 1828-29.........
de 1829-30.........
de 1830—31.........
de 1831—32.........
de 1832-53.........
de 1855-34.........
de 1834-55.........
de 1835-36.........
de 1836 -37........
de 1837—38.........
de 1838-59.........
de 1839-40.........
560.000 balles.
710.000
957.000
712.000
837.744
976.845
1.038.848
987.477
1 070.438
1.205.394
1.254.328
1.369.725
1.422.930
1.801.497
1.360.532
2.177.83
CONSOMMATION.
Total des récoltes aux Etats-Unis, comme ci-dessus. 2.177.835 B.
A ajouter: •
Stocks au commencent»*. de l’année,
(1er oct. 1859) dans les ports du Sud. 51.784
dito dans les ports du Nord 20.400
---------- 52.244
Donnant un produit de................................ 2.230.679
A déduire :
Exportât, pour les ports étrangers. 1.876.005
En moins, reçu du Texas.......... 6.509
--------- 1.869.494
Stocks à la fin de l’année,
(1er oct. 1840) dans les ports du Sud. 40.942
dito dans les ports du Nord 17.500
------------ 58.422
Brûlé et perdu à Mobile.......... 6.400
dito à New-York............. 550
------------- 6.950
---------- 1.934.886
Quantités consommées par tes manufactures du pays, 1839—40 B. 295.193
— — 1838-39 276.013
— — 1837-38 246.060
— — 1856-37 272.543
— — 1835-56 236.733
— — 1854-35 216.888
— — 1833-54 196.415
— — 1832—33 194.412
— — 1831-32 173.800
— — 4830—31 182.142•
— — 1829 -30 126.512
— — 1828 -29 118.855
— — 1827—28 120.593
— — 1826 -27 103.485
DE U’ÉQUIUIRRE EUROPÉEN.
POLITIQUE DE LA FRANCE AVANT ET DEPUIS LES TRAITES
DE VIENNE. — (suite et fin.)
Diminuer démesurément la France et grandir follement la Russie par
l’adjonction du grand-duché de Varsovie, qui portait les frontières de
cet empire à quelques marches de Dresde, de Berlin et devienne, c’était
assurer la prépondérance morale de ce cabinet dans le présent, et
frayer les voies pour l’avenir à sa suprématie militaire; c’était enfin
manquer de la manière la plus grave aux lois de cet équilibre qu’on fai-
sait profession de rétablir.
Uneautre puissance était avec la Russie demeurée libre de touteentra-
ve, et dans la pleine disposition de sa force et deses destinées. Elle aussi
avait pu réaliser, avec l’approbation de l’Europe, dont elle venait de sti-
pendier les victoires, des plans conçus depuis plus d’un siècle. Personne
ne s’éleva au congrès pour contester à l’Angleterre aucun de ces points
formidables auxquelles elle a su rattacher sur tous les continents et sur
toutes les mers la chaîne qui enlacé le monde. On ne lui disputa ni Heli-
goland, ni Gibraltar, ni Corfou, ni Malte, ni le Cap, ni l’Ile-de-France :
on reconnut donc implicitement ses prétentions à la souveraineté mari-
time, comme on parut passer condamnation sur cellesde la Russie rela-
tivement à l'Orient, en consentant, sur l’habile insistance du cabinet de
Saint-Pétersbourg, à ne pas comprendre la Turquie dans l’acte de ga-
rantie signé par tous les puissances chrétiennes.
La confusion des principes le disputa dans ces conférences fameuses à
l’imprévoyance de l’avenir. Il est véritablement impossible de dire sur
quel droit politique furent assis tant d’arrangements accomplis contre
la volonté des peuples et malgré leurs énergiques protestations. A quel
titre la Norwège se trouva-t-elle réunie à la Suède , et la Belgique à la
Hollande ? Pourquoi l’attentat osé contre Venise sous le seul prétexte
d’équilibre l’Autriche avec la France agrandie, fut-il de nouveau sanc-
tionné lorsque la France perdait toutes ses conquêtes? Pourquoi sur-
tout l’état de Gênes, que la violence seule avait absorbé dans l’empire
français, ne retrouve-t-il pas sa vieille indépendance lorsque la victoire
venait de faire triompher la cause des peuples opprimés ? Pourquoi
la Saxe fut-elle morcelée malgré ses protestations unanimes, et sur
quel droit pouvait-on s’appuyer pour conserver l’ombre d’une cou-
ronne à son roi, alors que l’on ne reconnaissait pas à ce pays lui-
même le droit de demeurer nation, parce que des compensations ter-
ritoriales avaient été promise à la Prusse ? La légitimité historique ne
protégerait-elle donc que les races royales, et la patrie des Jagellons
n’avait-elle le droit de retrouver son nom, lorsque tel prétendant ob-
scur reprenait son trône en vertu d’un titre inadmissible?Cette légitimité
des dynasties, séparée de celle des peuples, était une doctrine aussi
étrange que dangereuse à proclamer : ajoutons, d’ailleurs, que, si elle
fut théoriquement énoncée à Vienne, on se garde bien d’en suivre les
prescriptions rigoureuses. Pendant que les fils de Saint-Louis rentraient
au palais de leurs pères, ceux de Gustave Vasa continuaient à étaler |