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LE BRABANT.
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voie s’élargit : on a devant les yeux une superbe église du treizième siècle dont quelques
parties, notamment la galerie découpée en arceaux trilobés
autour du chœur, se rattachent à la période des transition.
Dès le seuil, une émotion vous prend : dans la première
chapelle à gauche, un retable à volets laisse voir les merveil-
leuses complications d'une suite de seènes empruntées à la
vie du Christ; la première chapelle de droite vous en montre un
autre, plus admirable encore, vrai fouillis de personnages et de
rinceaux. Du haut en bas, une dentelle de bois se prolonge,
entrelacée de feuillages et de figures, avec des dais, des lancettes,
une ramification inouie de motifs sculptés : à la partie supé-
rieure, la Vierge tenant l'Enfant sur ses genoux; sur les panneaux,
la Visitation et Marthe embrassant Marie; le long des montants
qui séparent les compartiments, des silhouettes et des groupes
d'anges; partout des dames en atours, des chevaliers armés de
rapières, des prêtres aux longues dalmatiques, tout un coin du
Nouveau Testament restitué à travers les costumes et les attitudes
de l'époque. À peine avez-vous détourné les regards, vous aper-
cevez, au-dessus d'un obit daté 1604, un haut relief enluminé
et doré, d'une perfection non moins prestigieuse. Mais vous
n'êtes point au bout de vos surprises : la deuxième chapelle à
droite vous arrête devant un saint Hubert mitré et la crosse au
poing, ayant à ses pieds le cerf miraculeux , dans une niche qui
surmonte une peinture représentant le saint en costume de
chasse mi-parti rouge et jaune, joignant les mains et tourné vers
la bôte aux cornes nimbées d’un christ dans une gloire. Un
peu plus loin, par-dessus un triptyque dont le panneau central
représente Jésus et les saintes Femmes, un saint Georges fait
le geste de terrasser le démon. Toujours sur le même rang, le
saint patron de l'église, crosse d'argent aux doigts, de gros
:abochons à la poitrine et aux genoux, occupe le milieu d'une
niche surmontée d'une balustrade dentelée de petits édicules,
comme un jubé en miniature; de chaque côté se développent
des compartiments remplis de petits personnages et orfévris,
comme la niche, d'une profusion de motifs décoratifs.
La même abondance de richesses se remarque dans les bas
côtés de gauche. Vous passez successivement devant un retable
où trois figures peintes et dorées habitent des niches à fond
d'architecture, festonnées sur tout leur pourtour; devant un
‘autre retable couronné d'un étonnant petit baldaquin dentelé
sous lequel se silhouette une Vierge; puis encore devant des
triptyques dont le moins curieux n’est pas celui qui représente
le démon sous la forme d’une espèce d'hydre se débattant au
milieu des eaux bouillonnantes. Il faudrait citer aussi les magni-
fiques dinanderies dont l'église surabonde : le grand candélabre
à sept branches, la centrale torsée et finissant en croix,
chacune des autres terminée par une balustrade découpée et
TABERNACLE
DE
LÉAU. |