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fl fl Janvier.
DES PROJETS DESPOTIQUES DE L’ASGLE-
TERRE.
Le message du président des Etats-Unis vient de rendre une
allure plus vive, plus ardente même à la discussion de la ques-
tion du droit de visite internationale des navires de commerce.
Cette question est de la plus haute importance non-seulement
pour toutes les nations douées d'une puissance maritime, mais
encore pour celles dont le pavillon n'apparait sur l’immensité
des mers qu'à l'abri du droit des gens. 11 y a long-temps que
l’Angleterre nourrissait le projet d’établir ce droit de visite,
juridiction arbitraire dont le but n'échappe plus à personne.
Sous le prétexte d’une philanthropie poussée à l’excès, le gou-
vernement britannique poursuit avec une persistance infatigable
l’idée de s’arroger la suprématie maritime,aux dépens desautres
puissances dont la prudence était parvenue à balancer son des-
potique pouvoir.
Mais, nous le répétons : les nations mieux éclairées, ne sont
plus les dupes des manœuvres adroites d’un gouvernement dont
elles oui appris à connaître la bonne loi et la loyauté. L’amour
de l'humanité sertdemanteauàl’Angleterrepour masquer ses vé-
ritables intentions,mais il est devenu un manteau troué: on aper-
çoit les exactions à travers. Cependant, chose digne de remar-
que, même en reconnaissant dans toute leur étendue les ten-
dances d’envahissement de l’Angleterre , les peuples dont elle
excite les murmures et qui laissent tomber toute leur réproba-
tion sur la politique astucieuse du cabinet de St.-James , n’en
assistent pas moins passivement aux conquêtes machiavéliques
3ui s’accomplissent à chaque heure sous leurs yeux. Chaque pas
e l’Angleterre leur coûte un lambeau de leur influence agis-
sante et ces manœuvres adroites mais perfides rétrécissent le
cercle de leur omnipotence individuelle. Au lieu d’opposer des
barrières à des usurpations continuelles et successives, lespeu-
tiles se contentent de récriminations comme pour l'acquit de
eur conscience. Bien plus , par moments ils semblent même
reculer devant la fougue du torrent qui s’avance.
11 faut en convenir : l’Angleterre a la main heureuse dans ses
tentatives. La longanimité des autres puissances à son égard
peut être regardée par elle comme un encouragement, et on
voit clairement qu’elle n’a garde de le mépriser. Sous le point
de vue des principes qu’elle a adoptés, elle n’a rien à se repro-
cher ; le tort n’est pas de son côté. Le cabinet britannique, en
diplomate expérimenté, profile des dispositions pacifiques des
nations pour s’élever sur leurs débris. C’est là tout le secret de
sa politique envahissante. Si parfois des représentations vien-
nent l’interrompre dans l’œuvre qu’elle poursuit sans désempa-
rer, alors sa cynique audace intimide les plus faibles et les forts
se laissent aisément entortiller dans le reseau de ses explica-
tions rouées. Il a le talent de contenter tout le monde.
Jusqu’ici l’Angleterre a pu marcher avecassez d'impunité dans
la route qu’elle s’est tracée derrière un masque de candeur
qui a long-temps trompé les plus fins.Mais voilà que tout-à-coup
elle parait rencontrer un obstacle sérieux, menaçant même, et
3u’il ne lui sera peut-être pas facile de vaincre ni par i’intimi-
ation ni à l’aide de paroles évasives ou doucereuses. Cet obsta-
cle sont les Etats-Unis.
Le droit de visite sur les navires de commerce que l’Angle-
terre veut exploiter à son profit sous prétexte de travailler à l’ex-
tinction de la piraterie et de la traite des noirs, a réveillé
l’amour-propre national des Américains. Le cabinet de Was-
hington, justement effrayé de cette tactique de l’Angleterre, a
fait entendre un langage énergique qu’au besoin, nous le croyons,
FEUILLETON.
LES GUEPES.
(Extraits de la Livraison du mois de janvier.)
Il n’y a pas de lois sur la presse qu’on ne puisse éluder. — Chaque loi
répressive est le barreau d’une cage, — et quelque serrés que soient les
barreaux d’une cage, — il y a toujours entre eux un espace, — et la
pensée, plus mince et plus tenue que la vapeur, passe facilement entre
deux.
Vous ne tiendrez pas la presse avec des lois. — Il n’y a que l’arbi-
traire qui ait quelques chances d’en venir à bout, — et encore l’arbi-
traire ne peut que remplacer les barreaux de la cage par les murs de la
prison. — Si la pensée est tenue comme la vapeur, la compression la
rend terrible comme elle, et elle risque fort de faire éclater vos murs.
D’ailleurs, — il ne faut pas que les gens, au pouvoir aujourd'hui, ou-
blient leur origine. — Quand on veut opposer une digue à un torrent,
il faut la construire sur un terrain sec, que n’aient pas encore envahi
les eaux; — et vous, vous êtes le premier flot du torrent, - c’est lui qui
vous a poussés, qui vous a portés où vous êtes, — et qui est arrivé en
Blême temps que vous.—Vous ne pouvez l’arrêter. — Peut-être si vous
l’aviez laissé passer, se fût-il divisé en une multitude de petits fllets d’eau
et de ruisseaux de murmurants.—Mais par vos lois absurdes, vous avez
forcé fleuves et ruisseaux de couler ensemble et d’accroître, sans cesse,
la force invincible de leurs flots.
Le réquisitoire de M. Hébert est composé précisément des mêmes ar-
guments que les considérations qui précèdent les ordonnances de juil-
let 1830.
Il faut que je vous le dise encore une fois, il fallait laisser la presse li-
bre — sans cautionnement — sans timbres — sans procès, — vous auriez
cinq cents journaux, dont chacun aurait de cent à cent cinquante abon-
nés, — je crois l’avoir suffisamment prouvé dans le numéro d’octobre.
Il fallait d’autre part inventer pour la littérature ce qu’on a inventé
pour l’armée; — il fallait, c’ëst-à-dire, le bâton de maréchal dans la gi-
berne du soldat, — c’est-à-dire, un espoir fondé d’arriver par le talent,
et parle talent seul, aux hautes positions du pays.
Vous avez précisément — fait le contraire, — un écrivain, quel que
soit son génie, n’existe pas à vos yeux s’il n’écrit pas dans les journaux,
— et s’il n’écrit pas contre vous.
Vous n’avez rien que pour deux classes d’écrivains, — et ces deux
classes sont renfermées dans une seule : les journalistes. — A ceux qui
vous harcèlent et vous menacent vous jetez les gros morceaux, — puis
aux pauvres diables, — qui se rangent tristement, et faute de mieux
sous votre bannière, vous donnezà ronger les os que laissent vos adver-
saires repus.
Depuis long-temps on méditait la nomination d’une vingtaine de nou-
veaux pairs.
On avait murmuré les noms de MM. Hugo, — Casimir Delavigne, —
II. Vernet.
t Les nominations ont paru, — il n’y a rien pour les arts ni pour la litté-
il appuyerait par des faits. Le dernier message du président
Tyler au Sénat et à la Chambre des Représentants des Etats de
l’Union, s’exprime formellement à ce sujeten déniant à 1 Angle-
terre le droit d’exploiter pour elle seule le Code des nations
maritimes; _ .
11 est évident que si on concédait aux croiseurs anglais le
droit de visite sur les bâtiments de commerce naviguant dans
les mers d’Afrique, sous le prétexte philantropique de pur-
ger ces mei's de la traite des noirs, il est évident, disons-nous,
que l’exercice de ce droit constituerait eu faveur de l’Angleterre
une espèce de censure sur le commerce du monde entier qui
doit pouvoir trouver la route libre, au moins en temps de paix.
Le seul but de l’Angleterre, ce n’est pas précisément d'interdi-
re le commerce des esclaves, mais bien de parvenir à la fin à
éloigner tous les pavillons de ces parages et de s’eu réserver
l’exploitation directe et absolue. Elle voudrait rester maîtresse
suprême des mers d’Afrique. _
L’Angleterre est parvenue 5 la suite de ses longues agaceries
à endoctriner la France, la Prusse, l’Autriche et la Russie, qui
toutes avec elle ont signé la convention du droit de visite sur
les navires de commerce. L’Angleterre prévoyante, s’est fait
adjuger purement et simplement l'exécution de ce droit à 1 ex-
clusion des autres signataires de la convention. On a donné
tête baissée dans le piège sans savoir où menait une mesure eu
apparence fort louable. La république des Etats-Unis d’Améri-
que ose seule faire entendre un langage sévère et élever des
doutes sérieux sur l’habilité de l’Angleterre en cette occasion.
Quelle sera dans ce conflit l’opinion de la Hollande, de 1 Es-
pagne, du Hauemarck? Ces puissances maritimes oseront-elles
suivre l’impulsion du cabinet de Washington? Etsi l’Angleterre,
la France, l’Autriche , la Prusse et la Russie méconnaissent ce
grand principe du Code maritime des nations que le pavillon
couvre la marchandise , verrons-nous encore d’autres peuples
dont les nombreux navifes sillonnent les mers, suivre un si
dangereux exemple? ,
Quoiqu’il en soit, nous avons la conviction que la nation
américaine pas plus que son gouvernement ne tolérera les ten-
tatives de l’Angleterre de proclamer sa souveraineté dans les
parages africains, et qu’eîle saura bien user de représailles
uand les croiseurs anglais viendront insulter son pavillon in-
épendant.
Nous sommes le plus chaud partisan de la paix ; nous la re-
garderons toujours comme le palladium des destinées des na-
tions. Mais quand nous voyons l’iniquité la jouer aux dés en
voulant établir une suprématie révoltante sur l’empire du
monde, nous croirons toujours utile, nécessaire même pour le
maintien intégral des lois pacifiques et dans l’intérêt de la con-
servation générale, de tirer l’épée pour conserver un équilibre
devenu précieux et indispensable.
MT. DE S VEWXDY.
On nous mande de Paris, 9 janvier :
Quelque large que soit, d’ordinaire, la part du Journal des
Débats dans les confidences du ministère français, il est parfois
mal informé. Ainsi, tout récemment, il annonçait que M. de
Salvandy restait en Espagne où il conservait son caractère
d’ambassadeur ; cependant il n’en est rien : M. de Salvandy est
rappelé ; il sera remplacé à Madrid par un simple chargé d’af-
faires.
Toute cette intrigue a été ourdie et menée par M. Aston, le
chargé d’affaires d’Angleterre près le gouvernement espagnol.
M. de Salvandy, qui le soupçonnait, a voulu s'en expliquer avec
rature. Pourquoi ? c’était montrer aux jeunes écrivains une voie autre
que celle du journalisme, — c’était séparer la pressede la littérature,—
c’était abaisser la première de toute l’estime que vous montrez pour la
seconde.
Mais non, vous aimez mieux dire par vos actes, que les écrivains n'au-
ront rien que par la violence et le désordre.
Vous refusézdé leur donner dans la société un intérêt qui les porte à
combattre pour elle; — vous voulez qu’ils défendentla place et vous les
tenez hors des murailles.
On lit dans le dernier ouvrage de M. de Balzac :
« Il a demandé pour son gendre le grade d’officier de la Légion-
d’Honneur; fais-moi le plaisir d’aller voir le mamamouchi quelconque
que cette nomination regarde, et de veiller à cette petite chose. *
Pourquoi M. de Balzac n’a-t-il pas la croix depuis long-temps ? Il ne
l’appellerait pas une petite chose; — un homme du talent de M. de Bal-
zac fabrique des pensées pour bien des gens; — il ne fallait que lui ren-
dre justice et vous ne le verriez pas, pour sa part, discréditer un denos
moyens d’action et de gouvernement. — Vous n’en avez cependant pas
trop et ceux que vous avez ne sont pas si peu usés qu’ils n’aient besoin
de quelques ménagements.
Vous ne lutterez contre la presse qu’avec la presse.
Vous n’aurez dans la presse que des ennemis et des domestiques.
Vous n’y avez ni alliés ni amis.
J’ai souvent querellé les journaux sur leur quatrième page; il serait
injuste de ne pas signaler une industrie identique qu’exerce le gouver-
nement : je veux parler des brevets.
Il n’y a pas d’invention saugrenue, — de préparation honteuse — qui
se fasse faute d’un brevet du roi.
Le public prend le dit brevet pour une approbation spéciale de S. M.,
et tombe dans le panneau. — On ne sait pas assez qu’un brevet du roi
n’est qu’un reçu de huit ou de quinze cents francs, selon laduréeque
l’exploitant veut donner à sonaffaire;— qu’on ne demandeàquiconque
sollicite un brevet d’autre condition que de verser la somme ci-dessus
mentionnée.
Ceci n’est qu’un guet-apens dont le gouvernement est aussi complice
qu’on peut l’être; — il ne peut ignorer la fausse idée qu’ont les gens
-d'un brevet, — et il la laisse s’accréditer; — il n’a jamais dit par l’or-
gane de ses journaux ni autrement ce que c’était réellement qu’un bre-
vet. — C’est pourquoi je le dis aujourd’hui.
J’ai déterré un bouquin que je destine en présent à mon ami le doc-
teur Alph. — L. — Ce bouquin a été imprimé avec brevet et privilège
du roi, donné le 4° jour de novembre 1668, signé par le roi et son con-
seil.
Il a pour titre :
REMé.DES SOUVERAINS.
Et secrets expérimentés,
DE M. I.E CHEVALIER D1GBY.
Paris, chez Guillaume Cavelier, au 4« pillier
de la grande salle du palais.
M DC LXXX1V.
Avec brevet et privilège du roi.
lui. M. Aston, sincère comme un diplomate et loyal comme le
sont tous les agents de la Grande-Bretagne, a déclaré, en ter-
mes très formels, que non-seulement il était étranger aux dif-
ficultés suscitées par Espartero, mais qu’il verrait, même avec
une véritable satisfaction , disparaitre cet obstacle et l'ambas-
sadeur de France solennellement reçu et reconnu par la jeune
reine Isabelle II.
M. de Salvandy, crédule comme un débutantdans la carrière
des légations, s’est empressé d’expédier un courrier à M. Guizot
pour l’informer des bonnes dispositions de M. Aston, et par
conséquent de l'Angleterre à son égard. M.le ministre des affai-
res , un peu moins confiant que son ambassadeur, a chargé M.
de St.-Aulaire, de s’enquérir de la vérité. Lord Aberdeen, plus
ferme que son envoyé a dit, à l’ambassadeur de France , en lui
présentant les lettres de M.Aston :« Jejoueavec vous cartes sur
tables; ces lettres, comme vous le voyez, prouvent que M. Aston
ne consentirait pas à être, à la cour de Madrid un person-
nage secondaire,et c’est ce qui arriverait si la France avait près
de cette cour un ambassadeur lorsque l’Angleterre n’entretient
et n’y veut avoir qu’un simple chargé d’affaires. » Aussitôt que
le cabinet de Paris s’est trouvé informé de cette résolution, le
rappel de M. de Salvandy a été décidé. Maintenant l’embarras
est d’expliquer devant les Chambres ce ridicule avortement de
l'ambassade de M. de Salvandy.
Entre sa nomination et son départ pour l’Espagne,deux mois
se sont écoulés. Comment se fait-il que durant ces soixante
jours, M.de Salvandy ne se soit pas enquis du cérémonial de sa
réception à la Cour de Madrid et des difficultés que pourrait
soulever la remise de ses lettres de créance? — Comment M.
Guizot, moins inexpérimenté que l’ambassadeur, n’y a-t-il pas
plus songé que lui ?—Enfin, comment Louis-Philippe, plus
avisé qu’eux tous, n’a-t-il pas pris ou fait prendre des informa-
tions à ce sujet, surtout après le refus d’Espartero de laisser re-
mettre directement, par M. Bugot, les lettres de Marie-Chris-
tine à ses filles. On conçoittoutcequ’unepareille imprévoyance
va faire pleuvoir sur la diplomatie française de quolibets et de
rires moqueurs. La joie qu’en ressentira l’empereur de Russie
ne sera pas la moins amère de ces humiliations.
REVEE D’OUTRE-MER.
Londres, 9 janvier 1842.
Les journaux Anglais et Français s’étendent en commentaires sur le
message du président des Etats-Unis. La guerre, lâchons le mot, est-
elle au fond d’une des trois questions qui composent l’embarras améri-
cain.
Voyons ?
L’affaire M’Leod ! — Ce n’est plus qu’un tronçon de question !
Dans toute la chaleur, l’amertume, la mâlerage de cette grave affaire,
on a su trouver assez de calme, assez de sang-froid et de retenue, pour
n’en point faire la source d’un terrible conflit; qui peut croire qu’au-
jourd’hui le simple débat d’un quantum d’indemnité puisseamener une
prise d’armes. Non-sens de ceux qui le disent, qui l’écrivent et qui en
même temps le croient !
La querelle des limites ! — Elle a traîné long-temps, elle traînera
encore, et la providence qui ne met personne d’avance dans le secret
des dénouements qu’elle prépare, mais qui en a toujours un tout prêt,
ne sera pas embarrassée de trouver celui-ci.
La contestation du droit de visite ! C’est là le grand point, la pré-
tendue pierre d’achoppement. Mais d’abord écoutez l’Angleterre. Elle
vous dit par l’organe de lord Aberdeen : « Si j’étais sûr que le navire
négrier qui hisse un pavillon américain appartint à l’Amérique, je n’au-
rais rien à y voir, n’ayant ni le droit, ni la prétention d’empêcher l’A-
Je transcris littéralement une des recettes que j’y ai trouvées préco-
nisées, toujours avec privilège du roi.
Remède infaillible pour arrêter le sang d’une plaie ou un saignement
de nez, — éprouvé par la comtesse d’Ormont.
« Prenez deux parts de mousse qui vient sur les têtes des morts, et
que ce soit une tête humaine; — tirez-la en la séparant et la rendez
plus menue que pourrez avec les doigts; — mélez-la avec une part de
mastic en poudre, — puis, réduisezitout, en onguent avec de la gomme
tragogante trempée en eau de plantain et eau de rose, — ensuite l’éten-
dez sur du cuir la longueur du pouce et non si large, et le mettrez sur
la veine du front descendant sur le nez. »
On ne se figure pas comme le chevalier Digby, auteur de ce livre, et
M. le docteur Jean Molbec de Tresfel, médecin auquel le privilège est
accordé, — usaient dans divers cas de la tête de mort apprêtée de fa-
çons variées. — Dans un article fort curieux où ils parlent légèrement
de la thériaque panacée long temps en faveur, ils donnent la véritable
recette de l’orviétan.
L’orviétan se compose de 51 drogues différentes, entre lesquelles on
trouve ;
De l’os du cœur de cerf pilé... 1 dragme,
De Fenouil................... 1 demi-once,
Un cœur de lièvre séché au four.
Gentiane, — une once.
Crâne humain, — une demi-once, etc.
Ce que je trouve le plus curieux, c’est qu’après le remède indiqué
contre le saignement de nez que je viens de rapporter,—les auteurs en
donnent un autre également bon, et que je considère comme beaucoup
plus simple.
« Prenez de l’herbe nommée bursa-pastoris,— flairez dessus et la te-
nez dans la main, llsuffira de la porter sur soi en la poche. »
S’il suffit de la porter en la poche, pourquoi alors se donnerait-on la
eine delà flairer?— et à plus forte raison, pourquoi irait-on s’amuser
gratter des têtes de morts. — Je vous livre les deux recettes comme
je les trouve, —avec brevet et privilège du roi, — elles sont également
bonnes, — vous pouvez choisir, — je ne vous donne pas de conseil, —
mais, si j’étais que vous, je préférerais la seconde.
M. Lebœuf était à dîner dans une maison. — il voit un vieillard àl’air
refrogné, à côté du maître de la maison, — il demande à son voisin de
droite : qui est ce Monsieur ?
Cherubini, — répond lè voisin en mangeant et la bouche pleine.
M. Lebœuf entend : c’est Hubini.
Après diner, il s’approche de Monsieur Cherubini, l’homme le plus
féroce de France, et lui dit gentiment : — Il faut avouer. Monsieur, que
vous ne paraissiez pas votre âge à la scène, - est-ce que vous n’allez pas
nous chanter quelque chose tout à l’heure ?
M. Cherubini lui lance un regard froid et mortel, comme une pointe
d’acier, — lui tourne le dos et s’en va au maître de la maison auquel il
dit, presque haut, en lui montrant M. Lebœuf, d’un air précieux : quel
est, etc.
Mais je ne puis répéter ce que dit en cette circonstance M.Cherubini.
Quand M. Bugeaud a été envoyé en Afrique,les Guêpes seules, au mi- |