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L’ ÉMULATION.
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percé d’un certain nombre de. trous en fer à cheval, le tout
sans aucune proportion, surmonté d’une corniche bizarre.
L’intérieur, pour lequel le décorateur est venu puissamment en
aide à l’architecte Coppieters, revêt toutes les extravagances
auquel le nom nouveau d'architecture décorative, très à la mode
aujourd’hui, a servi de manteau_____d’arlequin. Le mot est en
situation. C’est une véritable arlequinade dans laquelle, avec
un peu de bonne volonté, on retrouve vaguement des élé-
ments de l’architecture fastueuse des anciens indous.
D’un tout autre genre, quoique aussi de style indo-arabe,
est la Scala de MM. Blomme frères, rue Agneesens.
Sur un terrain de dimensions restreintes et enserré de toutes
parts, nos habiles confrères ont su trouver une salle spacieuse
et ont produit une œuvre architecturale d’un certain mérite.
La façade en briques et pierre blanche composée d’un rez-
de-chaussée très simple et d’un étage éclairé par de grandes
baies de forme ogivale, dont les claveaux sont alternativement
en briques rouges et pierre blanche, indique bien une salle
de spectacle que des ressources modestes n’ont pas permis de
faire plus riche. L’intérieur est peut-être trop simple, trop
sobre d’ornementation, mais celle-ci est de bon goût et con-
trairement à celles dont nous venons de nous occuper, ici il y
a de la ligne, c’est au moins de l’architecture.
L’athénée, qu’on est occupé actuellement de compléter par
la construction d’un pensionnat, est certainement le plus
important des monuments de ce quartier, l’un des plus ani-
més d’Anvers.
Il occupe un vaste emplacement rectangulaire de 5o mètres
de façade sur 108 mètres de longueur à front de la place de
la Commune, des rues Osy et Vanstraelen.
Nous n’avons jamais eu l’occasion d’en visiter l’intérieur,
mais les plans que nous avons eu sous les yeux nous permet-
tent de dire que M. Dens s’est trompé en plaçant les classes
vers l’extérieur, vers des rues fort fréquentées, notamment
par le gros roulage qui nous paraît de nature à troubler nota-
blement le silence indispensable aux leçons. Si l’on voulait
absolument employer ici les couloirs de dégagement, au lieu
d’un préau central que nous préférons comme remplissant
aussi bien l’office de dégagement tout en ne perdant aucun
espace, il eût mieux valu, nous semble-t-il, placer ces couloirs
vers l’extérieur et distribuer les classes au pourtour de la cour
centrale.
La façade principale, place de la Commune, dans un style
procédant tant de la Renaissance française que flamande, n’est
pas sans mérite. Une étude plus sérieuse et plus rationnelle
en aurait fait peut-être une œuvre remarquable; on eût pu,
par exemple, supprimer le dôme central tout à fait inutile
et de mauvais effet surtout en profil ou de trois quarts,
réduire considérablement les toitures aux extrémités, suppri-
mer aussi les retours de celles-ci vers les pignons des pavil-
lons d’angle, et enfin, atténuer l’entablement du premier
étage qui coupe désagréablement en deux la façade et en
détruit l’harmonie.
Les façades latérales, d’allures beaucoup plus modestes,
nous plaisent davantage..
Quoi qu’il en soit, l’Athénée d’Anvers est celle des œuvres
de l’ex-architecte communal que nous préférons'; nous la pré-
férons surtout à bon nombre de ses écoles dont celle voisine,
rue Van Maerlandt, n’est certes pas à citer comme exemple.
Si nous signalons le Manège, avenue du Commerce, de
MM. Blomme, dont nous trouvons la façade un peu trop
découpée quoiqu’il nous paraisse qu’on lui ait trop sacrifié
l’intérieur; la maison de l’architecte F. Hompus, rue Van
Ertborn, façade en pierre bleue simple et sans prétention ; si
nous vouons à la vindicte publique celle élevée au coin de
cette rue et de la place de la Commune par l’architecte (?) •
De Somme, de Saint-Nicolas, nous croyons avoir fait parcou-
rir à nos lecteurs une grande partie du nouvel Anvers et lui
avoir montré tout ce qui est digne d’appeler son attention.
(A continuer.)
ŒUVRES PUBLIÉES
L’orphelinat de garçons, à Anvers
ous publions, planches 13 à 19, les plans,
façades et coupes d’un orphelinat pour 3oo gar-
çons, avec école communale pour 720 élèves,
érigé d’après les plans de MM. Blomme frères,
sur un terrain situé à Anvers, rue Durlet, 8e sec-
tion, et mesurant 1 hectare 92 ares.
Dans l’installation des hôpitaux et, en général, des établis-
sements qui sont destinés à être habités par un grand nombre
de personnes vivant en commun, tels que les hospices, les
orphelinats et autres, on a fait des progrès immenses, qui
peuvent se résumer dans les règles suivantes :
Donner à chaque personne un espace et une quantité d’air
d’autant plus largement comptés, que la vie de cette personne
est plus séquestrée ;
Ne pas former de dortoirs contenant au delà d’un certain
nombre de lits.
Réduire le nombre de dortoirs superposés, et le restreindre
à un seul étage, si possible.
Ménager des cours spacieuses et n’établir les bâtiments
qu’à une grande distance les uns des autres.
En un mot, faire de la salubrité, c’est-à-dire : ne pas accu-
muler les personnes, mais leur distribuer généreusement l’air
et l’espace dans toutes les fonctions de la vie. C’est ce que
MM. Blomme frères se sont efforcés de remplir dans la con-
struction de cet orphelinat ; il est incontestable qu’ils y ont
pleinement réussi.
Quoique nos planches soient suffisamment complètes et
claires pour nous dispenser de toute description, nous croyons
devoir publier la notice suivante, qui fera mieux encore appré-
cier le soin minutieux apporté à l’étude de la disposition de
cet établissement.
Autant que le permettait la situation du terrain, celui-ci est
divisé en trois grandes parties : l’orphelinat proprement dit,
l’école communale et la boulangerie.
Ces trois grandes divisions sont reliées entre elles d’une
manière facile, sans qu’aucune confusion soit possible dans
le service.
Là où lecombustible intervient—chauffage, bains, pompes,
service permanent, etc. — le service est prévu pour le jour et
la nuit, l’été et l’hiver, de manière à répondre constamment
aux exigences de l’hygiène, sans dérangement pour l’éduca-
tion physique on intellectuelle des enfants.
Tous les quartiers de l’établissement : dortoirs, réfectoires,
préaux, salles de jeux et locaux de l’école sont reliés entre eux
afin de permettre une communication rapide sans aucune
incommodité et sans crainte des intempéries ; la surveillance
en est facile par un personnel peu nombreux.
L’air et la lumière sont largement répandus dans tous les
bâtiments. On a placé ceux ci dans les meilleures conditions
hygiéniques ; les miasmes délétères qui seraient tentés de s’y
former seront facilement balayés par les vents du nord-est
et du sud-ouest.
* *
Le bâtiment principal, à l’entrée, contient la loge et la
chambre à coucher du portier, les habitations du directeur
et du sous-directeur, une cuisine et un réfectoire pour les
préposés.
La cuisine, par sa situation au milieu de l’établissement,
offre l’avantage de se trouver à proximité, à égale distance
des deux réfectoires, et d’avoir une entrée spéciale pour
l’approvisionnement des vivres, dont la grande cave se trouve
sous le réfectoire de la première division.
Cette entrée spéciale est également destinée à la réception
des combustibles et aux opérations de la vidange.
Derrière le bâtiment des cuisines l’on voit une seconde cour,
ayant, d’un côté, des ateliers de cordonniers et de tailleurs
et, du côté opposé, les infirmeries avec leurs dépendances.
La salle de jeux et la salle d’étude ou de conférences
ont chacune une superficie de 279 mètres.
Pour chaque division il y a un grand préau découvert,
pourvu de galeries couvertes, de cabinets d’aisances et d’uri-
noirs.
Ainsi qu’on peut s’en rendre compte en examinant les plans,
la disposition des préaux et de la salle de jeux en rend la sur-
veillance très facile.
Afin d’inspirer de bonne heure aux enfants des habitudes
de propreté, on a établi de grands lavabos dans le voisinage
des réfectoires et des préaux. En revenant du travail à midi
et au soir, chaque élève entre dans sa division respective,
passe par la garde-robe et les lavabos pour se vêtir des habits
d’intérieur et se laver avant de se mettre à table ; cela est
d’autant plus nécessaire que bien des élèves exercent des
métiers plus ou moins salissants.
Les lavabos sont disposés de telle manière que les cuvettes
se remplissent toutes à la fois au moyen d’un robinet de dis-
tribution, par des gargouilles pratiqués dans la partie supé-
rieure des cuvettes, et se vident toutes à la fois par le fond,
au moyen d’un robinet de décharge.
Sous les lavabos se trouve une dalle creusée en pente vers
le centre, qu’occupe une cuvette, dans laquelle se réunissent |