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L’ÉMULATION.
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nient au premier étage, car la population de la colonie se
compose d’enfants bien portants. Les dortoirs seront installés
plus avantageusement encore au rez-de-chaussée, si celui-ci
est légèrement surélevé et à la condition d’être construits sur
caves voûtées.
Bien que la question d’orientation n’ait pas ici l’importance
qu’elle peut avoir pour les salles d’hôpital, le jury estime qu’il
faudrait préférer la disposition des dortoirs avec le grand axe
dirigé parallèlement au rivage, c’est-à-dire au N.-E. ou S.-O.
L’installation des dortoirs au deuxième étage doit être
évitée, et l’on ne peut admettre davantage la disposition con-
sistant à placer plus de deux rangées de lits dans chaque salle
ou à n’éclairer celle-ci que d’un seul côté.
En ce qui concerne le volume d’air de la salle, le jury est
d’avis qu’il faut un cube minimum de trente mètres par
enfant. Les lavabos pourraient être installés dans l’axe des
dortoirs ; on les établira de préférence dans des locaux atte-
nants, suffisamment vastes pour que tous les enfants d’une
salle puissent y être réunis au moment de la toilette.
Il y aura également à proximité de chaque dortoir une
chambre pour le surveillant et une ou deux latrines, ces der-
nières installées dans des conditions parfaites d’isolement.
L’article 3 du programme donné prescrit aux concurrents
de prévoir l’agrandissement possible de l’établissement ; il doit
y avoir à cet égard une limite, et le jury estime que ces déve-
loppements éventuels atteindraient leur maximum dans l’hy-
pothèse d’une population de deux cents enfants.
Il convenait de fixer cette limite pour déterminer les dimen-
sions des locaux de réunion, tels que le réfectoire et la salle
de jeux, dont l’installation doit être nécessairement faite au
rez-de-chaussée.
S’il fallait, en cas d’agrandissement ultérieur de l’édifice,
créer de nouveaux locaux de ce genre, ce serait peut-être au
préjudice de l’économie du service ou de la facilité de la sur-
veillance.
Le jury est d’avis qu’il ne doit y avoir qu’un seul réfectoire
et une salle de récréations.
Ce réfectoire sera suffisamment grand s’il peut contenir
cent enfants ; en effet, rien ne s’opposerait à ce que les repas
fussent servis à deux séries consécutives de pensionnaires, si
le nombre de ceux-ci était doublé.
Près du réfectoire on trouvera la cuisine et toutes ses dépen-
dances, afin de faciliter le service, mais l’isolement de ces
locaux devra être suffisant pour qu’il n’y ait rien à redouter
de ce voisinage au point de vue de la salubrité.
La salle de recréations est un élément essentiel du pro-
gramme d’une colonie scolaire : sa place est indiquée à la
façade principale, en vue de la mer ; elle s’ouvrira largement
sur la digue et pourra être précédée d’une terrasse couverte ;
les dimensions en seraient suffisamment vastes pour permettre
à tous les enfants de s’y mouvoir librement ou de s’y livrer à
certains exercices gymnastiques lorsque le mauvais temps
rendra impossibles les courses et les jeux en plein air.
Comme complément de ces installations, il y a lieu de dis-
poser une habitation pour le directeur avec petit bureau d’ad-
ministration, des logements pour un certain nombre d’institu-
teurs accompagnant les élèves, les logements nécessaires au
personnel de service de l’établissement, puis une infirmerie et
une buanderie dans de bonnes conditions d’isolement, et enfin
un petit arsenal pour le matériel de secours en cas d’incendie.
En ce qui concerne l’obligation, imposée aux concurrents
par l’article 4, litt. d du programme, de fournir un devis
détaillé, le jury a admis qu’il n’y avait pas lieu d’exclure du
concours les projets accompagnés d’une simple indication du
chiffre global de la dépense, si, bien entendu, la sincérité de
ce chiffre est reconnue à la suite d’une estimation sommaire au
mètre carré de surface bâtie.
La première séance du jury, le vendredi 25 novembre, au
palais de la Bourse, a été consacrée à la discussion des ques-
tions générales qui sont résumées ci-dessus et à un premier
examen des neuf projets envoyés au concours ; pour les
envois non accompagnés d’un devis détaillé, il a été procédé
à l’évaluation sommaire du chiffre de la dépense.
Afin d’éviter toute erreur ou tout entraînement pouvant
résulter d’une première impression, le jury décida de remettre
le jugement à une séance ultérieure, après avoir procédé à un
nouvel examen des projets exposés.
Cette deuxième séance, fixée au samedi 26 novembre, a
permis au.jury de revoir avec la plus grande attention tous les
projets envoyés et d’en discuter les mérites relatifs d’une
manière approfondie.
Ce nouvel examen et la longue délibération à laquelle il a
donné lieu, ayant fourni au jury tous les éléments d’appré-
ciation nécessaires à l’accomplissement de sa mission, il a été
procédé à un premier classement, qui a amené l’élimination
de quatre projets.
Les raisons qui ont motivé cette élimination peuvent être
résumées comme suit :
Mauvaise installation des dortoirs.
Absence de grande salle de récréations.
Disposition défectueuse du plan au point de vue du service
de la surveillance et de l’agrément du séjour.
Aspect extérieur peu approprié à la destination de l’édi-
fice, etc., etc.
Les cinq projets réservés ont respectivement pour devises :
Ad hue; Epergos; Hygie; Platon; Progrès (devise inscrite en
bleu).
Le nombre des primes avait été fixé à trois par le pro-
gramme. Il y avait donc lieu d’éliminer encore deux projets
et de procéder au classement définitif.
La discussion ayant été ouverte sur cet objet, la proposi-
tion suivante fut déposée :
1° Accorder une première prime à chacun des deux projets
ayant pour devises : Platon et Epergos.
2° Accorder la troisième prime au projet Progrès.
3° Accorder une mention honorable aux auteurs des pro-
jets Ad huc et Hygie.
Le scrutin est ouvert sur la première partie de la proposi-
tion :
Quatre suffrages désignent Platon comme premier sans par-
tage;
Deux suffrages désignent Platon et Epergos, ex œquo.
En conséquence, Platon est proclamé premier.
Le scrutin pour la désignation du projet à classer second
donne l’unanimité à Epergos.
Avant de passer au scrutin pour la désignation du troi-
sième, une nouvelle proposition est faite en faveur du projet
Ad hue.
Le scrutin ayant donné parité de voix aux projets Ad hue
et Progrès, une nouvelle discussion est ouverte et un nouveau
scrutin amène le déplacement d’une voix au bénéfice de Ad
pue, qui est proclamé troisième.
Le jury décide à l’unanimité qu’il y a lieu de décerner une
mention honorable aux projet ayant pour devises Pdygie et
Progrès.
A l’unanimité également, il propose de répartir comme suit
la somme de mille francs, montant total des primes :
Platon, 1re prime . fr. 450 »
Epergos, 2e » ...» 35o 3
Ad huc, 3e » ...» 200 »
Total. . . fr. 1,000 »
Le projet classé premier, Platon, se distingue par la bonne
ordonnance de son plan; les dortoirs, la grande salle de
récréations sont heureusement disposés ; seule la partie cen-
trale située en arrière du hall laisse à désirer comme arrange-
ment, mais le remaniement en serait aisé et n’entraînerait pas
de modification dans la disposition générale du plan; les élé-
vations présentent un aspect assez monotone, les pans de
bois des façades ne sont qu’un moyen décoratif dont le choix
n’est ni heureux, ni bien rationnel.
En conservant aux façades l’aspect de murailles résistantes
et en ajouant à la brique quelques meneaux de pierre aux
bons endroits, l’auteur aurait donné à ses bâtiments le carac-
tère d’une construction définitive et durable.
Ce projet, dans son ensemble, a été conçu avec la préoccu-
pation constante de « réaliser la plus grande somme d’écono-
mie possible » (art. 2 du programme).
C’est là une des raisons principales qui ont déterminé la
majorité du jury à le classer premier sans partage.
Le projet Epergos, classé deuxième, a plus de valeur que le
premier comme œuvre d’architecture; c’est une étude très
consciencieuse, très sincère, dont aucune partie n’a été sacri-
fiée et dont plusieurs arrangements de détail sont tout à fait
réussis ; l’ordonnance générale des plans est bien conçue,
mais elle dénote, ainsi que les élévations, une recherche trop
exclusive de l’effet monumental ; l’auteur a exagéré l’impor-
tance des locaux secondaires, il arrive nécessairement à un
chiffre de dépenses qui ne cadre pas avec le caractère modeste
de l’entreprise patronnée par le Cercle Le Progrès et qui serait
de nature à en rendre l’exécution irréalisable, au moins dans
un avenir prochain.
Toutefois, par l’unanimité de ses suffrages et par la faible
différence qu’il a établie entre la valeur des deux premières
primes, le jury a voulu marquer le rang honorable qu’occupe
le projet Epergos dans l’ensemble des œuvres envoyées au con-
cours.
La préférence accordée au dernier tour de scrutin au pro-
jet Ad huc, sur son concurrent Progrès, a pour cause principale
le caractère modeste du premier, dont les locaux essentiels
sont bien coordonnés ; l’aspect extérieur est un peu monotone,
et le grand dégagement qui se trouve le long de la façade
principale, ne répond qu’imparfaitement à l’idée que le jury
s’est faite d’une salle de récréations.
Progrès présente une salle de récréations bien comprise et
très convenablement disposée au centre de la façade princi-
pale ; la terrasse couverte précédant cette salle est une idée
très heureuse, mais la marquise vitrée qui l’abrite est placée
beaucoup trop bas.
L’arrangement décoratif des façades, d’une grande simpli-
cité, est dans la note exacte d’une construction de cette nature,
mais il faut regretter l’aménagement des dortoirs, qui est tout
à fait défectueux.
Comme le précédent, le projet Pdygie a droit à une mention
honorable ; le caractère très riant et très décoratif de ses
façades séduit incontestablement.
N’y a-t-il pas lieu de craindre, toutefois, que l’entretien d’une
construction de ce genre ne soit bien dispendieux, et l’auteur,
en plaçant ses locaux essentiels dans les deux ailes latérales
où ils doivent nécessairement être superposés, n’a-t-il pas un
peu perdu de vue la destination de l’édifice ainsi que les exi-
gences du service et de la surveillance?
La mission du jury étant terminée, il a été procédé ensuite
à l’ouverture des plis contenant les noms des auteurs des trois
projets primés :
Le projet Platon, classé premier, appartient à M. Pierre-
Égide Van Beesen, architecte à Bruxelles, 14, rue de Terre-
Neuve.
Le projet Epergos, classé second, appartient à M. Léon |