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Église des SS. Pierre-et-Paul, à Châtelet (1867).
Nous en avons parlé plus haut.
Église de Saint-Martin, à Thollembeek (1869) (1).
Signalons, à propos de cet édifice, la verrière du chœur,
qui est une des meilleures de celles dessinées par Carpentier.
Notre artiste n’avait reculé ni devant le travail, ni devant
la dépense pour se mettre au courant de la fabrication des
vitraux peints ; il avait dirigé l’exécution d’une quarantaine
de verrières, parmi lesquelles nous citerons encore celles, au
nombre de trois, qui éclairent le chœur de l’église de Saint-
Christophe, à Fontaine-l’Évêque ; d’une toute autre compo-
sition que celle de Thollembeek, elles ne sont pas moins
remarquables.
Église de Saint-Pierre, à Antoing (1869).
Nous avons mentionné l’appréciation du Building News
concernant cet édifice.
Restauration de l'église de Notre-Dame, à Huy (1876).
Ce monument, construit en pierre bleue, se trouvait dans
un état pitoyable ; à l’extérieur, galeries et arcs-boutants
s’étaient successivement écroulés, donnant aux façades un
triste aspect de ruines et compromettant même, par leur
disparition, la stabilité de l’église.
Carpentier rendit au vaisseau sa solidité et sa splendeur
premières.
Restauration de l'église de Saint-Martin, à Courtrai (1876).
Avant que la direction de ce travail ne fût confiée à
Carpentier, le portail et la tour avaient été restaurés et le
chœur reconstruit par feu M. l’architecte Croquison.
Carpentier eut donc pour sa part les nefs et le transept et
restaura ces diverses parties dans le style de l’époque à
laquelle elles appartiennent respectivement.
Il dirigea également la décoration intérieure de cette église,
décoration dont la partie picturale se compose, à proprement
parler, de simples dessins au pinceau, sur fonds d’or, bornés
à des silhouettes cernées d’un trait noir.
Les travaux de sculpture consistent en plusieurs autels
en pierre blanche, simples de forme et conçus de façon à
laisser voir dans tout leur développement les verrières de
l’église.
Restauration de l'église de Saint-Nicolas, à Tournai (1878).
Cette église avait subi des transformations inintelligentes
qui en avaient détruit le beau caractère.
En 1874, avant d’être chargé de la restauration, Eugène
Carpentier adressa à l’administration communale un impor-
tant rapport; il y examinait et discutait point par point les
diverses parties d’un projet présenté à cette époque et termi-
nait par l’exposé d’un programme détaillé des travaux qu’il y
a lieu, selon lui, d’exécuter.
Il est intéressant de constater combien — et avec quel
succès — il se conforma rigoureusement à ce programme
lorsque, quelques années plus tard, il fut appelé à diriger la
restauration de ce monument.
Église de Saint-Remacle, à Spa (1880) (2).
Voici, à notre avis, le chef-d’œuvre du maître.
L’avant-projet conçu par l’architecte était en style
gothique ; celui qui fut exécuté est en style roman, de l’école
de Cologne.
Les trois flèches et les quatre campaniles qui surmontent
les toitures donnent au monument une silhouette d’une
heureuse originalité ; trois absides semi-circulaires accostent
le chœur et les transepts ; leurs fenêtres encadrées d’arca-
tures, les galeries qui les couronnent et dans lesquelles
l’artiste a appliqué avec un rare bonheur l’un des motifs
caractéristiques les plus intéressants de l’architecture rhénane,
font à bon droit l’admiration des innombrables étrangers qui
visitent notre célèbre ville d’eaux.
L’exécution, entièrement en petit granit, de cette remar-
quable composition architecturale, a coûté 33o,ooo francs.
Citons enfin, dans des proportions infiniment plus
modestes, l'église d’Awenne (1881), que l’on peut proposer
comme type d’église rurale, de construction simple et bien
appropriée au climat du pays.
Passons maintenant aux
EDIFICES CIVILS
et signalons parmi les travaux de restauration trois œuvres
importantes :
La restauration du château d'Elewyt, celles du Beffroi et de la
Halle-anx-Draps, à Tournai.
Au premier de ces édifices (3), ancienne résidence de
Rubens, ont été ajoutées, en 1875, des constructions nouvelles
qui s’harmonisent à merveille avec les façades anciennes con-
servées. De nombreux travaux de menuiserie, de décora-
tion, etc., dans le style du xvie siècle, ont été exécutés à
l’intérieur.
La restauration du beffroi de Tournai date de 1876(4). Elle con-
sistait à débarrasser l’édifice des altérations que lui avait fait
subir la Renaissance ; il fallait en même temps prévenir la
ruine imminente du campanile. Un projet avait été dressé en
1866. Fort heureusement, l’insuffisance des ressources en
retarda l’exécution.
(1) Voir Emulation, xie année, autel et vitrail de l'église de Thollem-
beek, par E. Carpentier, planche 47 et colonne 191.
(2) Voir Emulation, xii» année, planches 1 à 6, colonne 59.
(3) Voir Emulation, xie année, planche 1, colonne 10.
(4) » » >> planches 27, 28, 29, colonne 146, 155.
Cinq années plus tard, l’administration communale ayant
conçu des doutes au sujet du mérite archéologique de ce pro-
jet, décida de charger Eugène Carpentier, « réputé particu-
lièrement pour ce genre d’ouvrages », d’une nouvelle étude
de ce travail.
L’architecte refusa d’exécuter le projet existant qui tendait
à transformer encore l’édifice et non à le restaurer ; il déclara,
d’ailleurs, que la somme prévue était de beaucoup insuffisante;
il établit enfin que le campanile ayant été érigé expressément
en vue de renfermer le carillon, c’eût été une lourde faute
que de négliger la restauration de ce dernier.
La Commission des Monuments approuva le projet dressé
par Carpentier et décida en outre l’impression dans le Bulletin
des Commissions royales d’Art et d'Archéologie (1) du judicieux
rapport dont il l’avait appuyé.
Le premier travail consista à envelopper le campanile sur
toute sa hauteur d’une solide charpente servant à la fois
d’appui et d’échafaudage.
Cette précaution n’était pas inutile : à peine les échafau-
dages avaient-ils atteint la base de la flèche que celle-ci, dont
la chute était imminente, dut être étayée et ancrée solidement
à l’enveloppe nouvelle ; après quoi les travaux suivirent leur
cours sans donner lieu au plus petit accident. Et cela se
passait à 69 mètres au-dessus du sol !
Grâce à l’habile direction de Carpentier, on put conserver
la charpente colossale formant le noyau de la construction
et éviter ainsi la dépense énorme qu’eût occasionné son
enlèvement. La pointe de la flèche fut surmontée du dragon
et les nombreuses clochettes du carillon replacées dans les
baies de la lanterne chantèrent bientôt gaiement la gloire du
maître des œuvres qui avait rétabli l’antique beffroi dans sa
primitive splendeur.
La reconstruction de l'ancienne Hâlle-aux-Draps ou Grand'garde,
à Tournai, synthétise toutes les qualités de notre artiste : non
seulement il put à l’aise y développer son grand talent, ses
connaissances approfondies des anciens styles, comme de la
technique de son art, mais encore il eut l’occasion d’y faire
preuve de son esprit d’observation, de sa profonde science du
constructeur, qui lui permirent de prédire, cinq années
d’avance, l’écroulement du monument ancien.
Dès 1876, en effet, Carpentier signalait le déplorable état
de l’ensemble de la construction et ajoutait : « le remaniement
« opéré à la charpente afin de convertir en musée de peinture
« la grande salle qui occupe tout l’étage du bâtiment principal
« entraîne celui-ci à une ruine certaine. »
C’était catégorique et il semblait qu’un avertissement aussi
grave, émanant d’un homme de cette valeur et d’une telle
compétence, dût engager les autorités à prendre sur-le-champ
et sans hésiter des mesures de prudence.
Malgré cela, le projet de Carpentier, qui comportait la
reconstruction totale des façades de la Halle-aux-Draps et des
annexes à droite et à gauche du bâtiment principal, rencontra
à la Chambre des représentants une opposition violente de la
part d’un homme politique alors fort en vue, dont l’hostilité
parvint à faire enrayer l’exécution régulière et intégrale de la
conception de l’architecte.
L’événement se chargea de donner raison à ce dernier et,
tout en prouvant le bien-fondé de ses appréhensions, de ren-
dre inévitables les reconstructions qu’il préconisait : le 19 mai
1891, les Tournaisiens, stupéfaits, ne trouvaient plus leur
ancienne Halle ; elle s’était écroulée à cinq heures du matin,
choisissant par bonheur un moment où la Grand’Place était
déserte ; s’il n’y eut qu’un seul homme que cet accident ne
surprit pas, cet homme fut assurément Eugène Carpentier.
Nous ne pouvons que nous féliciter d’une catastrophe qui,
sans faire de victimes, assura la reconstruction et la conserva-
tion presque indéfinie d’un des plus remarquables spécimens
que nous possédions de l’architecture de la Renaissance.
Grâce aux études patientes et minutieuses de Carpentier,
le monument se montre aujourd’hui tel que l’a conçu son
inventeur, superbement couronné par ses lucarnes monumen-
tales qui avaient depuis longtemps disparu et dont les gravures
de l’époque attestent l’existence primitive.
Cette restitution de la Halle-aux-Draps est le chef-d’œuvre
des restaurations entreprises par Carpentier, comme l’église
de Spa est le chef-d’œuvre de ses inventions.
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Parmi les constructions civiles élevées sur ses plans, men-
tionnons l’élégant château, en style Renaissance, de Calmont,
à Ruyen, près Audenaerde (en 1859). Puis l'hospice-hôpital de
Maldeghem, dont la construction, entamée en 1867, dura neuf
années.
Nous ne décrirons pas l’important édifice, bâti en 1874, à
l’angle des boulevards du Nord et de la Senne, à Bruxelles,
et que la démolition du Temple des Augustins laissera bientôt
à découvert ; tout le monde connaît l'Hôtel Continental.
L'hôpital d'Ath (1876), remarquablement bien conçu au
point de vue hygiénique, pourrait servir de modèle du genre.
Il en est de même des écoles communales de Menin ; cet impor-
tant établissement, qui comporte des classes pour 950 enfants
des deux sexes, logements d’instituteurs et grande salle de
fêtes, est aussi remarquable par son aménagement intérieur
que par le style de ses façades qui se rapportent bien à sa
destination; les plans en furent envoyés par le Ministère de
l’Instruction publique à l’Exposition internationale d’Hygiène
de Londres, en 1884.
(1) T. XI (1872), p. 223.
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L’ÉMULATION.
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