Full text |
Fig. 3. — Parallèle des principaux exemples d’ordre ionique.
Fig. 4. — Athènes. Tribunes des cariatides (état actuel).
n’est qu’au moment de la guerre de Troie que les Grecs ont
connu les civilisations de l’Orient.
L’art dit mycénien a laissé des monuments remarquables,
dans ce qu’on appelle les « trésors » et dans les murailles
dites cyclopéennes.
A Tyrinthe, celles-ci présentent des galeries hautes de qua-
tre mètres, larges de deux mètres, pratiquées dans leur épais-
seur et couvertes en encorbellement par assises horizontales.
Ce serait, d’après l’auteur, « la plus ancienne tentative de
construction voûtée qui nous soit connue. »
Ajoutons, « chez les Grecs », car la nécropole de Mughéir
en Chaldée a fourni à M. Taylor, des exemples semblables
bien antérieurs.
Sans doute, il n’y a pas là des voûtes parfaites comme celles
des Assyriens du siècle des Sargonides ou des Babyloniens,
contemporains de Nebu-Chadnezar, mais il n’en est pas moins
vrai que la voûte est parfaitement caractérisée.
Passons ce que M. Laloux dit des appareils cyclopéens,
pour arriver aux acropoles de Tyrinthe et de Mycènes. Cette
dernière lui donne occasion de parler de la célèbre « porte
des lions ».
L’étude des trésors suit, et parmi eux celui d’Atrée, fort
remarquable, occupe une place importante. Quelques mots
sur l’ornementation à cette époque, et M. Laloux passe à l’art
homérique et à l’architecture du xe au XIIe siècle.
Ici les monuments sont rares, et nous devons nous borner
aux descriptions d’Homère touchant les palais d’Alcinoüs, de
Ménélas, d’Ulysse et de Priam.
Il y a plus de certitude pour les tombeaux, des tumuli en
terre au témoignage d’Homère, et quelquefois en pierre au
dire de Pausanias.
Mais quels étaient alors ces temples que Thésée, Héraclès
et les Argonautes élevèrent? On n’en sait que très peu de chose.
Il en est de même pour ceux d'Artémis, à Mégare, de Zeus à
Egine, à'Aphrodite à Athènes, d’Apollon à Samos, de Héra à
Argos, etc., bâtis probablement en bois, et dont il ne reste
plus que de faibles traces.
L’Heraion d’O.lympie et le temple primitif de Délos peu-
vent être attribués à ce temps.
M. Laloux arrête ici l’époque homérique et, dans le livre II,
parle de l’architecture classique jusqu’à la fin du IVe siècle.
A la fin du VIIe siècle, et au commencement du VIIIe siècle,
l’art grec se dégage de la période hésitante. Désormais, ses
artistes emploieront des formes architectoniques particulières.
L’école corinthienne paraît être le berceau de cette nou-
velle école, qui élève les temples de Métaponte, de Crotone, de
Pæstum et ceux de Ségeste, Sélinonte, Agrigente et Syracuse.
A Athènes, les archi-
tectes Antistates, Cal-
læschros, Antimachi-
des et Parinos élèvent
le premier Parthénon ;
Mégare, Corinthe,
Egine, Delphes se cou-
vrent d’édifices super-
bes ; bref, dans toute
la Grèce,l’efflorescence
est magnifique et fait
présager le siècle de
Périclés.
Celui-ci arrive avec
son cortège d’hommes
de génie, et produit
ces admirables monu-
ments, honneur éternel
des races grecques et
qui jusqu’à nos jours
font respecter la toute-
puissance de leur ma-
gistrale beauté.
C’est là un tableau d’ensemble, dont M. Laloux étudie les
détails dans les chapitres suivants, traitant des appareils et
des ordres d’architecture.
Nous craignons d’allonger démesurément ce compte rendu,
en entrant dans beaucoup de détails à ce sujet. Les magnifi-
ques développements que lui donne notre éminent confrère,
nous y convient, mais force nous est de passer au chapitre III,
qui traite des temples, de leur polychromie et de leur éclai-
rage hypèthre ; du classement des temples et de leur descrip-
tion, pour laquelle M. Laloux prend comme type le Parthé-
non d’Athènes (fig. 1).
Celui-ci est étudié dans tous ses détails : la couverture
avec ses accessoires, frontons, acrotères, chèneaux, têtes
de lion, antéfixes et tuiles, ses portes et fenêtres, et enfin sa
polychromie et son éclairage hypèthre. .
Le temple étant bien connu dans ses généralités et ses
détails, l’auteur de l’Architecture grecque nous emmène étudier
avec lui les temples doriques à Corinthe, Olympie, Egine
(fig. 2), Phigalie et Eleusis.
Puis, dans l’île de Délos, le curieux temple d’Apollon et
ses beaux autels sculptés à têtes de taureau termine cette
étude, qui est suivie par celle des temples ioniques (fig. 3).
Ici Athènes nous montre cet adorable temple de la Victoire
aptère avec ses belles statues de victoires ailées, l’Erechtheion avec
sa tribune de cariatides (fig. 4) et le Pandroseion attenant, et
Olympie, son Philippeion, temple circulaire périptère aujour-
d’hui presque totalement anéanti.
Dans la grande Grèce et en Sicile, Pæstum et son temple de
Poséidon, sa basilique et son temple de Démeter, Pompie et Mé-
taponte retiennent l’attention de M. Laloux, qui nous mène
ensuite en Sicile, à Ségeste, Sélinonte et surtout à Agrigente
dont le grand temple de Zeus est, comme on sait, de propor-
tions colossales.
Les temples ioniques de l’Asie Mineure : Ephèse,
Priène, etc., font l’objet d’un chapitre spécial, suivi de remar-
ques sur la construction des temples.
A ce sujet, Pline donne de curieux détails sur les fonda-
tions du temple d’Artémis à Ephèse, qui sont rapportés fidèle-
ment par M. Laloux.
Pour terminer son curieux travail, il restait à celui-ci à nous
parler des propylées, des enceintes sacrées, comme celle
d’Olympie, des trésors et des hèroons. Il n’y manque pas,
semant toutes ces pages de remarques précieuses.
Les Agoras, ces palais législatifs d’alors, les gymnases, les
palestres, puis les hippodromes, les théâtres sont étudiés dans les
dernières pages du livre V. Celui-ci se termine par la descrip-
tion des maisons grecques, des tombeaux et stèles funé-
raires, du mausolée d’Halicarnasse restauré de main (de
maître par M. Bernier, d’après les fragments du British
Muséum.
Dans le livre VI
et dernier, M. Laloux
parle de l’architec-
ture sous les Macédo-
niens et de l’influence
grecque à l’époque ro-
maine.
Tout ceci est bien
connu et nous dis-
pense d’en dire fort
long. Terminons donc
ici ce compte rendu
du livre de M.Laloux,
que nous quittons avec
peine, tant il nous a
charmé par ses détails
érudits, ses remarques
précieuses et ses sa-
vantes déductions.
Paul Saintenoy.
Études sur l’art à Tournai ,et sur les anciens artistes
de cette ville, par MM. A. de la Grange et Louis Clo-
quet. 2e partie, gr. in-8°, 462 p., planches et vignettes.
Casterman. Tournai, 1888.
C’est avec un véritable plaisir que nous avons pris connais-
sance de cet intéressant volume, dû à la plume de membres infa-
tigables de la Société littéraire et historique de Tournai (1).
Nous avons rencontré beaucoup d’éléments inédits, qui
gisaient naguère ignorés dans les liasses des archives de la
ville. Aujourd’hui, que de données précieuses sont acquises défi-
nitivement à l’histoire de l’art et de nos anciennes industries !
Le lecteur attentif y trouvera non seulement des renseigne-
ments, mais de véritables révélations sur la vie intime de ces
artistes, peintres, enlumineurs et orfèvres, tour àtour au service
du magistrat, des églises, des monastères ou des particuliers.
L’ouvrage que nous signalons à l’attention du public ren-
ferme donc de précieux matériaux; il constitue une source
que ceux qui s’occupent de l’art de notre pays ne pourront, à
l’avenir, se dispenser de consulter.
Les enlumineurs occupent le premier chapitre, et à bon
droit; l’art des miniaturistes a été en honneur fort tôt dans
le Tournaisis. Cet art, qui s’était réfugié à l’ombre des
cloîtres, déploie toutes ses ressources dans l’illustration des
livres lithurgiques. Malheureusement, la dispersion des
bibliothèques monastiques nous ont privés de beaucoup de
trésors. Au témoignage des PP. Martène et Durand, l’abbaye
de Saint-Martin, à Tournai, possédait des manuscrits de
(1) L’Emulation a rendu compte de la 1re partie de cet ouvrage; voir
année 1888, col. i3i et suiv.
89
L’É MULATION.
90 |