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Apeers de jArtiL 1844
NOus avons-eprodut hier M nouvelle;
donnée par le Précurseur et d’après la-1
quelle un fonctionnaire de l'Etat du Congo
qui a rendu des services notables à l'œu
vre de Léopold IE aurait été rejoindre
Dippo-Tip, l'ami d'Emin-Pacha.
Nous lisons à ce sujet dans l'Æfoile :
Nous sommes allés aux renseignements et nous
sommes autorisés à déclarer que la nouvelle du Pré-
Curseir est (out au moins fort exagérée ;
. L'agent de l'Etat du Congo dont il s'agit est M. le
lieutenant Jérôme Becker, qui se trouvait au Congo
depuis le mois de juillet 1888. Il avait été chargé
d'une mission ous au sujet de laquelle noùs
n'avons pas de détails, mais dont on nous affirme
4 le résultat a été quasi-nul, . na
Là situation de M. Becker était depuis lors assez
délicate et Yon s'attendait à so retour en Europe
lorsque, brusquement, il a donné sa démission.
Le lieutenant Becker, qui était aux Stanley-Falls,
est remonté vers le Nord au lieu de se diriger vers
la côte ; l'on suppose qu'il s'est-joint une caravane
de trafiquants et qu'ilest allé à la recherche des
uantités d'ivoire amassées par les #indigènes dans
lintérieur, C'est une supposition, mais on ne pos-
sède aucun renseignement positif sur la direction
exacte qu’il a prise.
Quant à l'hypothèse qu'il serait allé rejoindre
Tippo-Tip qui doit se trouver actuellement dans ses
propriétés à Kassunso, elle n'a rien qui puisse
effrayer les gouvernants du Congo. Tippo-Tip est
iirs le serviteur. fidèle et fermement-dévoué &e
Etat libre-et-il est tout aussi téméraire de supposer
qu'il-puisse entrer dans les vues prétendèment hos-
üles-de"M. Becker que de prétendre que ce.dernier
a pu sé déclarer l'adversaire d'une œuvre au déve-
loppement de laquelle‘il a sipuissamment Contribué.
Fippo-Tip au surplus n’a jamais vu Emin Pacha,
ces deux hommèsne se connaissent pas ‘ils ontjus-
qu à présent exercé léur influence dans des régions
trés disiantos les unes des autres et il est même à
| présumer qu'ils n'ont jamais correspondu ensemble.
On voit que la nouvelle publiéeparle Précurseur
manque de base sérieuse,
3 FR re HR
L'explication de l’'Ætoïle à propos De
Becker est obscure comme tout ce qui
touche aux affaires du Congo.
ve PSS DA ;
Qu'est-ce que cette mission spéciale dont
Pimsuccès aurait mis Becker dans une
position délicate et l'aurait. déterminé à
donner sa démission ?:— Un: peu de lu-
mère, de grâce, car depareilles réticences
peuvent donner lieu aux plus fâcheuses
suppositions.
a e . #
LIL
Ho LL l Dbl I pt
L'affaire Becker.
L'Indépendance s'occupe à son tour de
celte affaire ;
D'après le Précurseur, dit-elle, un fonctionnaire: |
de l'État indépendant du Congo aurait donné s4
démission au gouverneur général, et aurait rejoint
Tippo-Tib,
On ne comprend pas d'abord pourquoi cette
nouvelle, ainsi présentée, a causé tant d'émétion,
Tippo=Tib étant toujours au service de l'Etat du |
Coône6, et rién ne faisant prévoir qu'il cessât d'être
fidèle À s& mission, On n'oublie pas non plus que
Tippo-Tib, jouissant d'un congé qui lui à été accordé
enbonne et due forme, s'est mis en route vers la
côte orientale d'Afrique. Tippo-Tib doit donc à ce
moment être assez éloigné du Congo.
€ DPERAOR ”
Lu£ ds lo rt.
Ce qui enlève aussi toute vraisemklance, où plutôt
toute importance, à l'information du Frécurseur
ce sont les incidents et les explications dont ce
journal l'entoure. Ainsi, à l'en croire, une ‘escorte
aurait été mise à la disposition de ce fonctionnaire
démissionnaire pour qu'il pût rejoindre Boma. Or
|. jamais on ne met d'escorte à la disposition des fone-
tionnaires, démissionnaires ow non, qui doivent
revenir du Haut-Congo vers la côte,
Le Précurseur ajoute que Tippo-Tib étant l'ami
“d'Emin pacha, la nouvelle, si elle vient à se confir-
| mer, ac uerrait un gravité exceptionnelle,
| Voilà beaucoup d'amitié pour très Fe de connais-
| sance. Car il est certain que Tippo-Tib n’a jamais vu
| Emin pacha, ne lui a jamais écrit, enfin ne le con-
| naît pas du tout, |
Mais ce qui est plus grave däns tout cela, c'est |
que, cherchant à tout prix le fonctionnaire auquel
le Précurseur faisait allusion sans le nommer, l'on |
a cité le nom du lieutenant Jérôme Becker, dont, en
effet, on n’a plus eu de nouvelle depuis quelque
temps. Nous serons plus réservé, sans dire non,
nous ne dirons pas oui. Nous savons seulement que
d'après les dernières nouvellesle lieutenant Becker
était sur les rives de PAruwimi au nord de l'Etat du
Congo. Nous savonsaussi qu'il a donné sa démission
‘depuis le mois de novembre dernier, c'est-à-direde-
Durs-cenT MOIS,
Entout étatde Cause, nous sommes persuadés
qu'iln'y a qu'un très petit feu sous cette épaisse
| fnmée.
L : Nous aimons&:le croire, malheureuse
| ment le secret que Fon garde sur tout ce |
| qui se passe au Congo porte le public à |
soupçonnerun grand incendie à lamoindre |
|
|
| même une des, causes de l'insuccès de |
| l'emprunt. — La méfiance des capitalistes
| < te An
|a répondu au mystère dont FEtat libre
| s'entoure.
|
|: Nous lisons dans la Réforme :
| Le gouvernement du Congo, très alarmé des nou-
| velles reçues du Haut-Fleuve, vient de charger
| J'un de ses meilleurs agents de partir d'urgence pour
| les Falls, afin d'essayer d'empècher Tippo-Tip de
| passer aux Allemands’et dé détourner Île commerce
de l'ivoire sur Zanzibar
Sous toutes réserves.
Nous lisons dans la Chronique :
Nous avons des raisons de croire que la nouvelle
répandue actuellement au sujet du lieutenant
| Becker est d'origine anglaise ou allemande, et c'est
| précisément ce qui nous Ja rend suspecte,
| M. Becker, ce n'ést plus un secret aujourd hu
| été envoyé par le Roi dans l'Afrique orientale, ve
| le lac Tanganika, 5
ety faire du cc 2 : re Im L
Éussi S re vendu récemment
et la nouvelle cargaison qui va y ètre ven-
due prochainement ontété envoyés par le lieutenant
Becker et que la première vente a produit un béné-
fice net de 150,000 francs. Fa
Quant à la partie militaire de son expédition, nous
aurons probablement l’occasion d'en parler bientôt.
Or, la mission commerciale de M. Becker à gêné
bien des gens, Allemands ot Anglais, qui, Eux aussi,
se livrent au commerce di & plusieurs d’entre
fumée qui s'élève de ce côté. — C'a été |
eux ont, nous le savons, créé déjà à M. Becker de |
nombreux ennuis, d'autant plus sérieux que ces gens |
sont bien en cour et qu'ils ont mis leur influence à
profit pour nuire au lieutenant.
Brunes le HA £ 19e
Jérôme Becker
Les amis de Jérôme Becker ont été vivement émus
de l'accusation que l’on a portée contreile vaillant
explarateur africain.
Le capitaine et non le lieutenant Becker, comme
an l’a écrit si souvent depuis quelques jours, avait été
en dernier lieu chargé de plusieurs missions dans le
Haut-Congo ; il devait notamment chercher à acheter
le plus grand nombre possible de défenses d’élé-
phant destinées à être vendues à Anvers.
Déjà il avait expédié en Europe une grande quan-
tité d'ivoire et ce n'est probablement pas à propos de
sa mission commerciale qu'il entra en désaecord
avec l'administration du Gongo. Jérôme Becker, qui
a une réelle influence auprès de Tippou-Tib, avait-il
trop-escompté l'amitié que le gran chef arabe lui
porte, en promettant à l'administration de réussir 1
où d’autres explorateurs avaient échoué? Toujoürs
est-il que Becker ne fut sans doute pas aassi heu-
reux dans ses différentes missions que dans lachat
de livoire dont il avait été chargé et qu'harcelé où
réprimandé par ses chefs, il leur envoya sa démis-
sion.
Plusieurs de ses amis, qui ne doutent pas un seul
instant que Beckér n'ait agi avec la plus extrême
correction à l'égard de l'administration du Congo,
croient que lexplorateur, au lieu de rentrer en Eu-
rope, se, sera décidé à faire du commerce en Afrique
pour son propre compte — ou de compte à demi
avec son ami Tippou-Tib,
Ge ne sont là que des conjectures, car aucun des
amis de Becker n’a plus reçu de ses nouvelles depuis
le mois d'août dernier. Ge silence les étonne beau-
coup, car avant cette date ils recevaient,tous les mois
en moyenne, l’un où l'autre une lettre de leur ami.
On s'est même demandé si la correspondance de
Becker ne serait pas interceptée, Jérôme Becker,
inquiété par les agents du Congo depuis qu’il a donné
sà démission, se garde-t-il d'écrire? Mystère; ses.amis
croient qu'ils vont recevoir d'un moment à l’autre
de ses nouvelles par la voie de Zanzibar.
Jérôme Becker serait allé rejoindre Tippou Tib,
d'après le Précursewr, amenant avec lui l’escorte
qu’on lui avait confiée pour gagner la côte. Ses amis
déclarent que ce détailentre autres doit être faux.
Jérôme Becker, qui a toujours joui de l’estime des
noirs à cause de sa grande bravoure et de sa douceur,
n’a nullement besoin d’une escorte pour voyager au
Congo, où il est complétement en sécurité,
Mais il y a,dans cette question de l'escorte, un véri-
table malentendu : lescorte qui, d'après le Précur-
seur a été donnée à M.Becker, ne l'a pas été pour lui
faire honneur, ni pour Jui faire plaisir : le capitaine
aurait été bel et bien « mis sous escorte » pour être
ramené prisonnier à la côte — ce qui cadre d’ailleurs
avec le reste de linformation de sotre confrère añ-
versois et fait tomber la tentative de l'explication
dounée à cet égard.
L'Etat du Congo, un grand nombre de journaux
rent, ferait mieux de dire franchement ce qui
en est.
Ch.
Hdiil/ 890
ÆAouveties de Jérôme Becker
Re! 14 nu dy
L'ABRIVÉE DE LA MALLE CORGOLAISE
LH RETOUR DU CAPITAINE VALCKE
Le capitaine Valcke, qui a quitté la côte africaine
le 48 mars dernier, est arrivé à Bruxelles dans la
nuit de samedi à dimanche.
Il était intéressant de recueillirles renseignements
que possédait l'explorateur sur l'affaire Becker, |
Voici en substance ce que M. Valcke a répondu.
— Jérôme Becker avait été dépêché une première
fois aux. Stanley-Falls pour accomplir sur lOuellé |
une mission qui m'est inconnue, lorsque j'arrivai au |
Congo. |
Le capitaine Becker ne réussit fort probablement |
pas, car il descendait le Congo, se dirigeant vers
Boma, pour y venir conférer avec le gouverneur,
lorsqu'il rencontra, chemin faisant, M. Janssens, qui
remontait ie fleuve et était déjà parvenu à Manyanga.
Après une entrèvue, le gouverneur et Jérôme
Becker quittèrent ensemble Manyanga, naviguant
vers les Stanley-Falls,
C'est à ce moment, dit M. Valcke, que je rejoignis
les deux voyageurs; nous nous rencontrâmes aux
Bangalas vers la fin d'octobre 1889.
Arrivé aux Stanley-Falls, Jérôme Becker prit congé
de M. Janssens, qui continua sa route vers le Lomani.
Un mois après le gouverneur, redescendant le
Congo, s'arrêta aux Stanley-Falls où il rencontra le
capitaine Becker qui l'attendait, tenant en main la
lettre dans laquelle il lui remettait sa démission:
Pressé de s'expliquer, Jérôme Becker se serait
refusé à'le faire. L'avis de M. Valcke est que son
camarade aurait échoué dans sa seconde tentative |
pour accomplir la mission qui lui avait été confiée
par, M; Janssens,
Le capitaine Becker se borna à dire à M. Valcke :
je veux reprendre ma liberté d'action; j’abandonne le
service de l'Etat indépendant du Congo.
Le. gouverneur ofività.JéromeBecker.de-prendre |
place surison bateau la Ville de Bruxelles qui |
allait quitter les Stanley-Falls,se dirigant vers Boma: |
Le capitaine Becker refusa l'offre de son supérieur,
alléguant qu'il devait former ses bagages. Il préfé-
rait, dit-il, retourner par le prochain bateau. Le gou-
verneur l'y autorisa et partit sans lui. :52
Après le départ de M. Janssens, le capitaine Bec:
ker annonça à ses camarades qu'ayant du temps de
reste, il se proposait d'aller rendre visite à un de ses
amis, l'arabe Selim Mohamed, établi à Yambouga
sur l’Arrouhimi.
— Si je ne suis pas de retour à la station le 13 dé:
cembre, dit-il, ne vous occupez plus de moi.
Jérôme Becker quitta les Stanley-Falls se rendant
sur l’Arrouhimi.
Il ne reparut pas avant le 13 décembre, et le ba-
teau, déjà en retard, qui devait le ramener à la côte,
partit des Stanley-Falls seulement le 7 janvier sui
vant, mais sans lui.
Entre ces deux dates, un des agents de l'Etat se
rendit à Yambouga, mais il n’y rencontra pas le capi-
taine Becker. Selim Mohamed lui raconta qu’en effet
il avait reçu la visite de Jérôme Becker, mais que
celui-ci était reparti, accompagné de trois chefs in:
digènes, pour l’Ouellé, L'Arabe s’offrit néanmoins à
faire parvenir une lettre au voyageur. Un courrier
partit immédiatement avec une missive pour le capi;
täine Becker.
Depuis ce moment, le lieutenant Baert a eu seul
l'occasion de recueillir de nouveaux renseignements
sur Jérôme Becker; il la rencontré se dirigeant vers
l'Ouellé où il allait rejoindre Van Gèle. Jérome Bec-
ker se portait très bien. :
Il n'y aurait rien d'impossible à ce que l'explora-
teur démissinpnaire ait résolu, comme nous le dr
sions vendredi dernier, de faire du commerce pour
son propre compte.
Champal:
? |