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Rs AVAL € loi /8f0
7" "La démission de Becker. |
La Gazette à publié dernièrement, aû |
sujet du, capitaine Becker et des motifs
: quil'ont porté à donner sa démission des
renseignements qui eussent dû provoquer
des, explications de la-part dé l'admini-
stration de l'Etat libre, mais celle-ci ayant,
paraît-il, bouche close, nouscroyons devoir
préciser davantage les bruits qui circulent
à Anvers.
Jérôme Becker est parti pou le Congo,
comme l’a dit le correspondant anversois
de la Gazette, avec mission de nouer des
relations avec les Arabes, pour compte de
T'Etat libre, en vue de faire passer le com-
merce de l'ivoireentreles mains de celui-ci.
| — Arrivé au Congo, Becker se serait
apercu qu'un agent de l'Ælat libre avait
déjà traité avec les Arabes, non pas pour
| compte du gouvernement, mais, pour la
| Société du Haut-Congo.
|‘ Becker surpris de voir un agent de
|JEtat travailler ainsi pour une Société
particulière en référa à Bruxelles. On ne
lui répondit pas. — C'est ce silence, aussi
extraordinaire qu'impréhensible, qui dé-
termina Becker à donner sa démission non
seulement comme agent de TEtat libre,
mais aussi comme officier belue, afin de
pouvoirreprendre sa libertédemouvement,
— Il s'est, nous assure-ton, associé avec
un négociant arabe de ses amis pour faire
avec lui le commerce de l'ivoire.
Ces bruits ont une gravité que tout le
monde appréciera, aussi le silence gardé
par l'Administration de l'Etat libre est-il
tout à fait inéxpliquable.
IL serait cependant bien simple de ré-
pondre par un oui ou par un non à ces
deux questions :
Est-ilvraiqu'un agentde l'Etat du Congo
se fasse le commissionnaire en marchan-
dises de la Société du Haut-Congo ?
Est-il vrai que le gouvernement du
Congo aiteu connaissance du faitet l'ait
toléré ?
RéponseS. V, P.
ue
TEE capitètne Becxor élit tie
Anvers, dans: 54 fämille. Nous So nl a
faut l'espérer‘du, môins, l'explication dés |
qui.Ont Couru ici, il y a quelques nos at
Aux bureaux de l'Etat du Congo, on disnit!
hier Qu’on ne l'avait pas encore vu et qu'il
vait pas été appelé. D.
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LT CRE -Jérôme Becker.
Anvers, 27 juin, 8 h. 25:soir.
Je viens de rendre visite à Mme veuve Becker,qui
habite 32, Vieille Chaussée, à Anvers.
La mère de l'explorateur m'a recu'dans un salon
tout rempli de souvenirs intimes deson fils.
Le capitaine Becker, m'a-t-elle dit, est sorti ce
matin à dix heures pour acheter des vêtements de
civil; il n'est pas encore rentré. Je ne sais s'ilest
encore à Anvers ou S'il s'est rendu à Bruxelles pour
voir ses amis, + +
.il est rentre d'AlFique très ben portant; il a Môme
légèrement grossi; sa barbe s'ést allongée au pont
qu'ilest obligé d'en former unetsorte de tresée. Mais
sisa santé est dans un état auésl siifalsant, il n'en
est pas de même de sa garde-rôbe : le seul vêtement
quilrapporte est usé jusqu'à la corde. Il était urgent
qu il achetât immédiatement de nouveaux habits.
OR pourquoi vous ne le trouvez pas le,
Mie Beclter et sa fillv igñorént encore les raisons
qui ont, détérminé l'explorateur à abandonner 1
Service dé l'Élat indépendant du Congo.
Il n'a pas donné sa démission d'officier de l'armée
belge, m'ont-elles dit.
Ces dames qui ontaccompagné le capitaine Becker
dans les visites qu'il a faites hier chez les différents
membres de leur famille, lui ont entendu narrer
quelques péripéties de son voyage: Celui-ci à éléfort |
dramatique: Site) :
Uré éséorté d’anthropophages:
Becker s'était engagé en pleine, région inconnué,
$e dirigeant du Congo, par l'Ouellé, vers la côte,
lossqitil s'apercut querles noirs dont il avait formé
sa-Garavane élaient des anthropophages.
{Déjà ils avaient immolé trois femmes, en les cou-
pant en deux à la hauteur de la ceinture, lorsqu'il
artocha deletrs mains meuririères üne quatrième
| viélime, à liquelle ils réservaient le même sort:
Becker qui était lé setil bang de la caraÿané, con-
gedia les négres anitliroporhages -et conserva à SO
Service quelques noirs qui avaient eté désignés pour
servir de proie aux autres.
L'explorateur et sa suite voguaient dans six piro-
gucs sur l'Itimbiri lorsqu'ils furent attaqués par les
indigènes: i
Kernplissant dés centaines de pirogues, les Saiväs
ges lancèrent sur eux une pluie de javelots. Les noirs
de Bécker ayanñt riposté par une salve;tirée en l'air,
les indigènes s'entuirent à force de pagaies où à 14
nage. L'expédition Becker était sauvée 4 bon compte.
D'après le récit des péripéties du voyage du capi-
taine Becker, celui-ci n'a donc pas emprunté le ser-
vice régulier des bateaux de l'Etat sur le Congo; il |
s'est enfoncé dans l'intérieur,affrontant pour gagner |
| la côte les plus grands périls.Les nombreux.bagages |
| que l'explorateur. à rapportés semblent indiquer }
néanmoins qu'il a su triompher de tous les périls SA
|
dé toutes les embûchessernées sur sa route:
Levrette et serpents
Becker a rapporté, entre autres choses de son
aventureux voyage, une petite levrette noire, d'ori-
| gine américaine, qui Fa suivi partout en Afrique. |
Cette jolie petite bête, qui montre cerlain embon- |
point,a veillé sur lui,parait-il, avec an zèle extrème,
aboyant la nuit au moindre bruissement dans les
fourrés. Cet animal dévoué a salivé plusieurs fois la
vie de l'explorateur, menace d'être surpris dans sa
teñte par des serpents monstrueux.
# Le voyageur a ramené également deux sit
Mdontun chimpanzé, mesurant être de h:
ces deux bêtes ont été placé pension au »
zoologique. ms |
p
7
Lt à. Vire.
TA
#J'ai remarqué parmi ses bagages quatre malles
*en fer, un lit de camp, des glaives indigènes d'une
forme birarre;un bouélier, des lances enveloppées
d'une gaine en toile, e
Le capitaine Becker a poussé jusqu'aux limimites
du‘Soudan où il a rencontré des soldats qui avaient
combattu sous les ordres de Gordon à Khartoum.
Je renonce à décrire le bonheur immense que la
mère et la sœur dé Eccher ont éprouvé en serran)
dans leurs bras le voyageur qu'elles avaient cru un
moment perdu.
Il y à quinze jours elles avaient recu du capitaine
Bécker une lettre datée du 26 décembre dernier,
L'explorateur se trouvait à cétte époque sur
l'Ouellé. H ne faisait nulle allusion aux difficultés .
qu'il avait eues avec l'administration de l'Etat du
Congo: Mais il termiuait en disant: « A bientôt,
J'espère, car chaque pas que je fais me rapproche de
Vous, » (Réforme).
Chairrisue éfue ”
Baruncelly Ce 29 Ticeni 1870
JEROME BECKER À ANVERS
Notre: correspondant anvétsois nous
télégraphie :
Je. viens devoir mon ami Becker. La cordiale)
poignée de main échangée, je l'ai prié de me
dégager de la promesse que j'avais faite à la
Chronique d'être la première à éclaircir le mys-
tère qui entourait sa conduite.
Becker ést fort et bien portant, mais très
nerveux. Après avoir réfléchi quelques instants,
il me dit : s
« Je suis à la f0ïs désolé’et charmé dé votre
insistance. Je suis tenu en ce moment à une très
grande réserve; mais enfin, je vais. vous dire ce
ue je pourrai. Je dois tout d’abord l'explication
kde ma conduite à ceux qui m'ont fait l'honneur
de m'envoyer au Congo pour me permettre
d'examiner cêlte région en la comparant utile-|
|meut et pratiquement à la partie orientale de
(lAfrique que j'ai visitée il y à dix ans.
Quaud j'ai quitté Anvers,enseptembre 1888,
j'ai surtout été guidé par le désir de me rensei-
gner et de renseigner.les intéressés sur l'avenir
du Congo. Je voulais étudier le Congo belge,
attendu que le territoire que j'avais parcouru
avait été cédé par le congrès de Berlin à une
autre puissance. J'ai eu l'occasion. de refaire la
connaissance de tous les chefs du courant d'in-
vasion, à l'encontre des chefs du courant d'émi-
rgration créé par notre roi. J'ai débarqué à Boma
ten octobre 1888, j'y airevu tous les agents de
Wadministration, avec lesquels j'ai conservé les
meilleures relations. »
Bécker me montre-un instantané représentant
son départ de Boma your l'intérieur. Je vous
en Co une FAANERRE ‘ <
«Ce. départ.— roprend. Rocker-+atétéstrèst
os et Farreté salué par les un
d'une foule nombreuse, masgée du quai de
Boma. Je me Suis. rendu directement. chez
Tipo-Tipp, à Stanley-Falis.
Eu route, j'ai sérieusement examiné, étudié,
réfléchi, et j'ai pu constater tout le-parti qu'on
peut tirér du pays, si, ceque j'espère, on l'admi=
nistre intelligemment et pratiquement, Notre
éducation coloniale est à füire. Nous n'avons
pas, comme ld'Angletèrre, une administration
coloniale éprouvée, mürie par une connaissance
arte Fe rs et in re animée
espr u seng tout apÜcial nécessaires,
à une par Administrations 1 ï
€ ;
ch hd hiomique
IL êst a'espérér qe lé Roi, dont on acclamers
un jour la pensée grandiose, aura À sa disposi-
tion, plus tard, une véritable pépinière d'hom-
mes rompus'aux nécessités adminisiratives et
commerciales de la politique africaine.
Je connais Tippo Tipp depuis longtemps. Il
me faitun accueil charmant, Je lai quitté ei
j'ai marché pendant trente. jours dans Fintés
riebr,-en suivant dénuis Stantey-Falls la méri-
diénneveis le-nord. Cette fois, je suis resté.au
Congo vingt et un mois.» :
Ici, j'interromps Becker :
«-Vous.avez foidaus Tavenir du Congo et
gans l'œuvre di Congo?» È
me répond avec beaucoup d'énergie #
‘= Où, 'une loi très vive si l'atministration est
babile et:pratiquement constituée: 6 4
{ Vous aÿez donné votre démission d'agent
de Fi du Congo?
= Qui.
je ci êtes resté officier dé l'armée belge?
— Oui.
+ Mais alors (Ici, je. sens-que je:vais toucher
le paint délicat). quand vous avéz donné votre
démission, Vous deviez rentrer en Belgique. On
a, pendant votre absence, prononcé le mote
désertion. On a parlé de je ne sais quelles
PRES fasrcantiles que vous auriez ten-
Es à
Il merépond vivement :
«Oui, j'aurai dû rentrer, mais à Ce moment
s’est présentée une occasion unique, J'ai tronvé
ans affaire qu'il m'a fallu entreprendré, sas
peine de porter à Fœavre di, Roi-une grave
atteinté. J'ai agi sous Ha responsabilité:
Daës la sitdation où je me trouvais, 4 my
avait pas à suivre des filières sdttivistratives
et à Sacsuiétir à des fustructians préalables.
1Lfalaitssisir occasion au moment où elle
seprésentait C'est ce que j'ai fait, etjex'en dois
compts qu'à mon souverain, qui est -1a0n seul
juge. Toutice que je puis vous dire, c'est que
nés prévisions, dans cet ordre d'idées, n'ont
pas 616 trompes, et que j'ai réussi. »
Pendañt qu'il me parlait, Becker était debout,
très r'erveux, mais pésantmuürement ses parelès.
LH poursuivit : ;
«Je suis rentré à Bora au mois de mai. J'y ai
vu le capitaine GCoquilhat, avec lequel je .suis
resté ‘quatre jours. Je. me: suis embarqué sur
l'Afribaan et ai débarqué à Rotterdam, iby a
trois jours, dans nn état de dénitiment absott.
Je‘manquais de tout. J'Aï éu la Done forinnc de
rencontrer au débarquement M. Dierckx, mar-
chand tailleur à Anvers, et sa reacopire, alors
que je manquals de vêtemeuts, m'a semblé d'une
réjouissante coïncidence. 3
de ne puis en dire davantage pour lé moment,
m3i$ dès que je pourrai parle), je Vous repsel-
guérai complètement, »
Fä-dessus, Becker prit congé de moi. Le
Cercle.des Mille Colonnes lui, offce, très intime-
sept, une petite fête de joyeux retour. Tel qu'il
nous a quitté en 1888, tel il nous est revenu :
un Caracière de fer, nature droite et le meilleur.
cœur'du monde. È X.
SRE —— "©
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