Full text |
'Ut
Samedi 27 Juin.
1891 — Cinquante-sixième année.
Samedi 27 Juin.
ABONNEMENTS :
Dans nos bureaux et chez tous les Directeurs de
poste [franco de port), pour :
Anvers......... par trimestre Fr. 13.50
( . - » 16-
La Belgique...* semestre » 30 —
t . an .56-
LE PRECURSEUR
SUPPLEMENT AU N° 178
ANNONCES :
1 ' SERTIOWS.
Annonces ordinaires, la petite liane Fr 0 sn
, , » financières, - „ „ .
KSKstsrff&c?.1* "«“••• • I
Rubrique il’Auvers. la ligne.... ’ o-jU
Réparation judiciaire, laligno.„ ;>(_
On ne peut garantir les dates a\nserlions P
Le commerce de la Belgique eu mai 1891
Le tableau du mouvement commercial de la
Belgique avec les pays étrangers, pour le mois
de mai et pour les cinq premiers mois des
années 1889, 1890 et 1891, débute par la note
que nous croyons utile de reproduire ci-après
in extenso :
« On s’est plaint, à maintes reprises, et
particulièrement dans ces derniers temps,
des inexactitudes que renferme la statistique
commerciale publiée par le département des
finances, notamment en ce qui concerne les
exportations. L’administration est la première
à regretter cet état de choses qui ne permet
pas d’apprécier, avec la sûreté désirable,
l’importance de toutes les branches du com-
merce de la Belgique avec les pays étran-
gers ; mais elle ne peut y remédier sans le
concours des importateurs et des expor-
tateurs.
» La statistique commerciale est formée
d’après les éléments contenus dans les décla-
rations d’entrée et de sortie. Or, lorsqu’il s’agit
de marchandises exemptes de droit, la douane
ne vérifie, à l’importation, d’une manière
détaillée, que l’espèce; elle n’opère qu’un
examen sommaire des autres indications des
déclarations. A défaut d’intérêt fiscal, la véri-
fication des marchandises exportées sous le
couvert de déclarations de libre sortie est tou-
jours fort sommaire; quand les produits sont
emballés, elle est souvent limitée à la recon-
naissance des colis. On ne pourrait agir au-
trement, ni dans l’un ni dans l’autre cas, sans
occasionner des frais considérables au com-
merce et sans entraver les expéditions. Il en
résulte Jque les inexactitudes contenues dans
les déclarations faites pour les marchandises
libres importées et les marchandises expor-
tées sont généralement rêproduites dans la
statistique, et ces erreurs sont le fait des dé-
clarants eux-mêmes.
« Pour faire disparaître ces défectuosités,
l’administration engage les importateurs et
les exportateurs à vouloir bien la seconder en
formant toujours les dites déclarations avec
exactitude, tant sous le rapport de l’espèce,
de la quantité et de la valeur des produits,
que de leur provenance et de leur destination
réelle. « .
L’utilité d’une bonne statistique commer-
ciale est incontestable. L’industrie et le com-
merce devraient tâcher, avec le concours du
gouvernement, de se procurer des données
aussi exactes que possible sur nos échanges
avec l’étranger.
Les importateurs et les exportateurs de- ]
vraient toujours déclarer exactement les mar-
chandises qu’ils reçoivent et qu’ils expédient.
En ce qui concerne l’administration des
douanes, elle aurait quelques mesures à pren-
dre quant aux valeurs et quant au contrôle
des marchandises.
Pour les marchandises tarifées au poids, au
nombre ou à la mesure, le gouvernement a
adopté les valeurs officielles, c’est-à-dire des
valeurs moyennes qui sont revisées chaque
année. Autrefois une commission spéciale
composée de hauts fonctionnaires des minis-
tères établissait les valeurs officielles. Depuis
quelques années, le département des finances
s’adresse aux chambres de commerce pour
avoir les prix moyens des divers articles. La
demande ne mentionne pas si les valeurs
doivent être données en entrepôt ou en con-
sommation ; de là une confusion bien natu-
relle, certaines associations donnent les prix
augmentés des droits d’entrée, d’autres les
renseignent sans ces droits.
Ji la sortie, beaucoup de marchandises
partent sans être déclarées, parfois aussi l’ex-
portateur fqjt une déclaration en bloc. Il at-
tend 400 tonnes de fer pour tel vapeur, il dé-
livre un document pour 400 tonnes à la
douane, mais 100 ou 150,000 kilogr. seulement
arrivent en temps utile pour le départ. Le
contrôle voulu pour la statistique n’existe
donc plus. Pour remédier à cet état de chose,
il faudrait' adopter le système anglais : exiger
dq pommerce des déclarations provisoires
àu moment (Jé l’arrivée ou de l’expédition et
accorder quinze jours pour la remise des do-
cuments rectifiés, contenant toutes les infor-
mations réelles, exactes.
Abordons maintenant l’examen du tableau
du mouvement commercial delà Belgique avec
les pays étrangers, pendant le mois de mai et
pendant les cinq premiers mois des années
1890 et 1891, en ce qui concerne les princi-
pales marchandises importées et exportées en
commerce spécial.
Les importations du mois de mai se sont
élevées à 143,574,000 fr., soit une augmenta-
tion de 17 0/0 sur celles de la période corres-
pondante de 1890. Les exportations du mois
qp mai 1891 ont atteint 92,054,000 fr., soit
fi 0/0 de nqoins qu’en 1890.
Éln comparant, les résultats des cinq pre
Feuilleton du PRÉCURSEUR N° 42
GRAND CŒUR
PAR
PAUL D’AIGREMONT
— U est sorti de grand matin avec son fusil. Il ne
geul nas tarder à rentrer. Je ferai atteler et je vous
f enverrai dès que je le verrai.
Jacques partit content. ,
A son arrivée chez lui, U raconta à Blanche ce
qui venait de se passer.
La douce créature baisa avec passion les mains de
son mari.
— Ah ! que je suis heureuse, dit-elle !... Qui donc
aimera ta tille comme celui-là qui te doit tout !...
Lorsque Fabien, mécontent de lui-même, mal-
heureux de la passion qui l’attirait vers Diane, mais
incapable de résister à cette passion, revint au
chàtéau d’Argelles.il fut grandement étonné de voir
pri haut du perron sa granq’mère guetter son retour,
avec lès signes de la pïqs vive impatience.
— Vite, lui cria-t-elle,d’aussi join qq’ellel’aperçut,
vite donc!... J’ai de bien importantes choses à te dire.
Il lui obéit,sans se douter de ce qu’il allait apprendre.
— Mon cher enfant, lui dit-elle apres l’avoir
embrassé longuement,il nous arrive une joiesi grande
que bien sùr, avant de te l’apprendre, je devrais te
taire tomber à genoux pour en remercier d’abord ton
père qui est au ciel et ta mère qui l’a rejoint ; car
leur intercession constante auprès de Dieu a pu seule
nous envoyer cette fortune inespérée.
~ _ Qhi gpand’mère! calme-toi. Je ne t’ai jamais
yüè'dahs un état de semblable exaltation. Qu’est-ce
(nié C*est tr ' 1 ...
■ ' — Jacques de Rhodes sort d ici.
Sais-tu: la causé de là maladie de Marguerite ?
Elle t’aime, la chère petite.!...
jîlle t’aime, Fabien, elle n’osait pas le dire !...
miers mois de 1891 avec ceux des mêmes mois
de 1890, on constate les différences que voici :
Importations, 630,070,000 fr., soit une aug-
mentation de 4 0/0 sur celles de 1890 ; expor-
tations, 468,054,000 fr., soit une diminution
de 7 0/0 sur celles de 1890.
Les droits de douane se sont élevés à fr.
13,123,992 pendant les cinq premiers mois de
1891, contre 13,162,649 fr. en 1890 et 12,91,697
fr. en 1889.
Enfin, le mouvement maritime des ports
belges a atteint les chiffres que voici :
Entrée : 2,885 navires jaugeant 2,317,608
tonnes, pendant les cinq premiers mois de
l’année 1891, contre 2,957 navires et 2,350,495
tonnes en 1890 ;
Sortie : 2,881 navires d’une capacité de
2,348,277 tonnes pendant les cinq premiers
mois de l’année 1891, contre 2,933 navires et
2,338,163 tonnes en 1891.
Conseil supérieur de l’industrie et du
commerce.
Séance du SS juin.
Présidence de M. le sénateur Van Put.
La séance est ouverte à 1 h. 10 minutes.
Le Conseil aborde la discussion des conclusions.
Conclusions communes aux quatre sections.
« Art. 1er. La Belgique, ayant repris sa liberté
d’action en matière economique, doit négocier de
façon à obtenir de la France le traitement de la na-
tion la plus favorisée. »
M. Van Neuss exprime l’avis que cette rédaction
n’est pas assez explicite.
Se contente-t-on du traitement de la nation la
plus favorisée ?
Il est inexact de dire que la Belgique ait repris sa
liberté d’action. La vérité, c’est que c’est la France
qui lui a rendu sa liberté d’action, et vis-à-vis des
autres pays la Belgique continue à être liée parles
traités, à moins de les dénoncer, ce que le Conseil ne
décidera pas, je suppose.
M. Strauss. L’observation de M. Van Neuss est
juste. Mais si nous n’avons pas dit : « au moins le
traitement de la nation la plus favorisée, » c’est
pour éviter ce qui s’est passé en 1881. Ce n’est pas à
nous, petit pays, à prendre les devants : laissons
d’abord négocier les grands pays, tels que l’Angle-
terre.
M. Doreye appuie la remarque de M. Van Neuss.
Il propose d’intercaler dans le § 1er les mots : « ayant
repris sa liberté d’action vis-à-vis de la France. »
M. Vercruysse-Bracq propose de remplacer les
mots : « le traitement de la nation la plus favorisée»
par ceux-ci : « les meilleures conditions pos-
sibles. »
M. Strauss combat cette proposition.
M. Morisseaux s’y rallie. Nous ne devons pas
limiter nos revendications.
M. le Président propose la rédaction suivante :
“ La Belgique, ayant repris sa liberté d’action
vis-à-vis de la France, en matière économique, doit
négocier en temps opportun, de façon à obtenir de
la France les meilleures conditions possibles, et tout
au moins le traitement de la nation la plus favo-
risée. »
— Cette rédaction est adoptée à l’unanimité.
“ Art. 2 : Dégrever, autant que possible, les ma-
tières premières ; éviter, en tout cas, toute augmen-
tation de droit sur ces mêmes matières. »
M. Morel voudrait qu’on explique ce que signifie
le terme « matières premières » qui est interprété
de diverses manières, par les protectionnistes et les
libre-échangistes.
M. F. de Smet-de Naeyer juge qu’il n’y a aucun
doute. Prenons le mot dans son sens traditionnel.
M. Vercruysse. On pourrait dire : “ les matières
brutes qui ont subi un travail destiné uniquement à
faciliter leur transport. »
M. Blancquart émet le vœu de voir supprimer le
droit sur les bois.
M. Mignot-Delstanche croit impossible de don-
ner une définition ne varietur de l’expression
« matières premières ». Adoptons l’article tel qu’il
est formulé.
M. Strauss estime qu’il faut adopter la rédaction
du bureau, en laissant au gouvernement le soin de
l’interpréter.
M. Van Oye propose de remplacer la rédaction du
bureau par celle-ci : « Libre entrée des matières
premières, ce terme pris dans le sens généralement
admis. »
— Ce texte est adopté par assis et levé. (M. Morel
s’abstient.)
« Art. 3. Tout en exploitant les chemin de fer de
l’Etat commercialement, réduire autant que possible
les tarifs de transport. »
L’assemblée décide de discuter en même temps
l’article 14, ainsi conçu :
<■ Les produits belges ou nationalisés, destinés à
la consommation intérieure ou à l’exportation, ne
pourront, sur les chemins de fer du pays, payer des
taxes plus élevées, ni être moins bien traitées que
les produits étrangers parcourant les mêmes distan-
ces, dans les mêmes conditions de transport. »
m. alârdin propose de supprimer, dans jl’article
3, le mot « commercialement » qui a le défaut d’ac-
centuer l’idée de lucre.
Il faudrait demander la réduction immédiate des
tarifs de transport pour les matières pondéreuses
pouvant servir ae matières premières, par exemple,
la houille envoyée aux établissements métallur-
8,ïï . Àncion estime que la règle doit être celle-ci :
L’Etat doit assurer l’intérêt et l’amortissement ; il
Et son père vient de me demander que tu sois son
mari !...
C’est-à-dire, que tu peux payer toutes nos dettes à
la fois, et l’entourer de bonheur, et l’adorer comme
elle le mérite, et être le plus heureux de la terre
toi-même... Dieu nous pro...
Mais la pauvre grand’mère s’arrêta soudain la
boucheouverte.ne flnissantpaslasyllabecommencée.
Fabien, en effet, debout et tremblant devant elle,
loin de partager sa joie, avait le visage si décompose
qu’on l’eût dit arrivé à sa dernière heure. .
— Mon Dieu ! balbutia-t-elle éperdue, qu’est-ce
que tu as?,..
Il éclata subitement en des sanglots déchirants et
vint tomber à ses pieds, cachant son visage sur les
genoux de la pauvre vieille femme terrifiee, balbu-
tiant :
— Ah l c’était bien là ce que je redoutais ; je suis
le plus malheureux des hommes...
— Quoi ! demanda-t-elle en cherchant à relever
la tête de son petit-fils.Qu’est-ce que tu veux dire?...
Et comme il sanglotait toujours :
— Parle, dit-elle, tu me fais mourir...
Au bout de quelques secondes elle ajouta :
— Si tu és üiafflèureux, à qui le confieras-tu, si
ce n’est à moi !...
Il redressa son visage baigné de larmes.
— Je n’aime pas Marguerite, murmura-t-il avec
une confusion extraordinaire.
Les yeux écarquillés, pressentant des choses
graves, la marquise répéta :
— Tu n’aimes pas Marguerite !... Ah !...
Puis se redressant dans sa taille affaissée par l’âge,
elle continua avec une autorité inconnue :
— Pourquoi cela ?... Il faut me le dire.
— J’en aune une autre.
— Qui?
— Mlle de Caudales,
— Une aventurière !...
— Grand’mère !... Elle a toujours vécu ici, on la
connaît. Si tu savais, au contraire, quel caractère,
quel cœur...
— Tais-toi. D’ailleurs, si elle est ce que tu dis, elle
comprendra quel est ton devoir aujourd’hui, et elle
t’encouragera à le remplir.
— Tu brises mon cœur et ma vie...
— Serais-tu làcbp?... Ne sentirais-tu rien? Aurais-
tu fout oublié ?...
Fabien baissa la télé, ses paupières battaient lé-
gèrement. ’
Mra0 d’Argelles continua :
doit s’assurer certains bonis, afin que les bonnes an-
nées puissent compenser les mauvaises. Les béné-
fices, toute charge défalquée, doivent être consacrés
à des réductions générales de tarifs de transports
dans l’intérêt de l’industrie.
Il serait utile de préciser cela.
— L’article 3 est adopté sans modification.
M. le Président. Il est entendu que les explica-
tions échangées serviront de commentaire à cet
article. (Adhesion.) '
M. F. de Smet de Naeyer explique que l’article
14 a été adopté par la 2e section dans le sens d’une
diminution. Les voies et moyens seront fournis par
le droit sur les articles de luxe.
Quelques exemples justifieront l’article 14. Les
laines brutes sont envoyées à Aix-la-Chapelleàmeil-
leur marché qu’à Verviers. M. Balisaux, au Sénat, a
cité d’autres anomalies analogues, concernant la
verrerie.
Je saisque ces faveurs sont accordées aux produits
étrangers pour lesengager à emprunter nos voies de
transport. C’est parfait, mais les Belges ont le droit
d’èlre traités au moins aussi bien que les étrangers.
C’est à quoi pourra servir le produit des droits sur
les articles ae luxe.
M. Van Oye rappelle que le Congrès commercial
réuni à Bruxelles, en 1881, s’eSt prononcé, à lunani-
mité, en faveur de la réforme réclamée par l’ar-
ticle 14.
M. Strauss propose de dire : “ Sur le chemin de
fer de l’Etat, il y a lieu de rapprocher autant que
possible les taxes intérieures des tarifs internatio-
naux, sans relever ceux-ci. »
M. Kelecom. Je croix qu’il entre dans les inten-
tions du Conseil de voir transporter au prix de re-
vient les marchandises indigènes et les marchan-
dises étrangèresqui voyagent vers nos ports.Doit-il,
dans la pensée du Conseil, en être de même des rnar-
chandisesétrangères qui ne font que traverser notre
pays ?
— L’amendement de M. Strauss est repousse par
assis et levé.
L’article 14 est adopté sans modification.
Art. 4 : “ Abolir le droit de feux et fanaux et pilo-
tage. »
M. Van Neuss dit qu’une commission est nommée
et pour le pilotage on n’est pas libre,il faut compter
avec la Hollande. M. Vercruysse admet la proposi-
tion mais doit remarquer que c’est une protection en
faveur des ports. M. Strauss repousse cette observa-
tion. Le dégrèvement est utile a toutes les branches
du commerce et à l’industrie, il n’y a pas là de pri-
vilège, tandis que pour la protection on favorise les
uns au détriment des autres. Les droits de feux et
fanaux ne s’expliquent pas rationnellement. Le
fleuve est la route qui conduit au centre de l’activité
belge. Il faut l’éclairer. Que dirait-on du négociant
qui demanderait à ses acheteurs à l’entrée dans son
magasin un paiement pour les frais d’éclairage du
magasin? Le droit de pilotage s’explique encore
moins; le pilotage est imposé,on ne peut s’en passer,
même pas les capitaines qui connaissent le régime
du fleuve. On l’impose non dans l’intérêt du navire
mais dans l’intérêt du pays pour maintenir la bonne
navigabilité du fleuve. Il y a lieu de demander l’abo-
lition ou âu moins une réduction des frais de feux et
fanaux et de pilotage. Accepté.
* Art. 5 : Perfectionner notre service consulaire
à l’étranger. »
Conclusions communes aux Ie, 3e et 4e sections.
« Art. 6. Faire porter plus spécialement les droits
de douane sur les articles de luxe. »
MM. De Smet de Naeyer et Vanden Kerchove
proposent la rédaction suivante :
“ Faire porter plus spécialement les droits de
douane nouveaux sur les articles de luxe pour en
affecter principalement le produit à la réalisation
des mesures spécifiées sous les nï 3, 4 et 14.
M. Strauss. Je ferai remarquer que l’amende-
ment de M. de Smet préconise les droits sur les ar-
ticles de luxe, sans compensation, tandis que M.
Grosfils et moi, préconisons cette mesure comme
compensation au dégrèvement des matières pre-
mières et alimentaires. Les deux écoles sont donc ici
nettement en présence.
M. Mignot-Delstanche. Cette discussion d’écoles
devrait être ajournée. Sur l’art. 6 lui-même, tout le
monde est d’accord. M. de Smet devrait donc provj* ;
soirement retirer son amendement.
M. de Smet de Naeyer y consent.
— L’article 6 est adopté sans modification.
Conclusions communes aux 2e et 3* sections.
“ Art. 7. Proportionner le taux des droits main-
tenus au degre d’achèvement des produits impo-
sés. »
M. Strauss. Il est bien entendu que si nous adop-
tons cet article, c’est toujours sous réserve de discu-
ter le principe. (Adhésion).
— L’article est adopté sans modification.
La discussion des articles 8 et 9 est réservée jus-
qu’à demain.
Conclusions spéciales à la 2e section.
« Art. 10. La Belgique suivra, avec attention et
sympathie, les négociations qui pourraient se pour-
suivre pour constituer, entre les Etats de l’Europe
centrale, une union économique basée sur l’identité
de régime des contractants. »
M. de Smet de N.aeyer fait remarquer que cet
article n’est nullement inspiré par des idées hostiles
à la France.
M. Morel estime qu’il faut apporter une grande
prudence dans la rédaction de cet article qui pour-
rait presenter des dangers.
M. le President. Je ne vois pas la nécessité de
voter cet article, qui est superflu, et qui, en effet,
pourrait occasionner certain danger. J’engage M. de
Smet à le retirer.
m. de smet de naeyer. Je n’insiste pas, et je ferai
— En acceptant les bienfaits du comte de Rhodes,
toi comme moi, nous lui avons donné tous droits sur
nous...
C’était au moment oû il a pris en main nos affaires
pour nous rendre notre tranquillité et notre fortuné,
c’était plus tard, chaque fois qu’il s’est occupé de
toi, pour te faire devenir un homme utile, droit et
honnête comme lui, que tu devais réfléchir, et pen-
ser qu’un jour peut-être tu aurais un cœur qui s’éveil-
lerait. une volonté qui résisterait, des intérêts qui
te solliciteraient...
Tu ne l’as pas fait alors... Tant pis... maintenant,
il est trop tard, tu as reçu, il faut rendre...
Je ne vois que cela.
Un d’Argelles ne recule ni devant l’honneur ni
devant le devoir...
— Vous êtes sévère !...
— Non, j’ai la conscience de notre situation, voilà
tout.
Pourquoi, en discutant cette indiscutable chose,
de notre dette à payer, veux-tu me faire croise que
tu peux faiblir ou te dérober ?...
Est-ce que tu vas me faire mourir de chagrin en
me laissant supposer que tu es indigne de ceux dont
tu descends?,,. Et lorsque j’irai retrouver ton père,
si droit celui-là... ta mère, si pure, si honnete...
dois-je leur dire que leur fils renie l’honneur ?
— Assez, grana’mère, vous avez raison... Parlez,
je suis prêt, j’obéirai.
— Ah! je te retrouve!... Va, mon pauvre petit,
ne pleure pas. Ce devoir n’est pas dur...
Et si ton cœur a été un instant troublé par quel-
que passion malsaine, il n’est pas possible que la
pure et belle enfant qui meurt d’amour pour toi n’y
règne pas plus tard en maîtresse et en reine, n’en,
chasse pas toute image étrangère.
Alors, tu verras comme'c’est bon d’avoir fait son
devoir. ! ' .
Comme c’est doux de penser que ceux qui nous
entourent nous doivent tout, et sont heureux par
nous...
— Aux dépens de notre propre satisfaction ?
— Qu’est-ce que ça fait?...
Est-ce que nous pouvons compter, quand la paix,
la joie, le bonheur des autres sont par notre fait,
assis en maîtres au foyer?...
— Ah ! grand’ mère , qirest-ce qui te rend si
honne?... '
Des larmes coulèrent à leur tour sur les pauvres
Vieilles joues ridées de la marquise.
— J’ai tant souffert! dit-elle, en cachant son vi-
remarquer que si la seconde section a proposé cet
article, c’est uniquement pour montrer Ta nécessité
de développer nos relations commerciales.
— Les articles 11 et 12 sont réservés.
“ Art. 13. Les négociants, commissionnaires et
voyageurs de commerce étrangers seront rigoureu-
sement soumis aux charges fiscales qui incombent à
nos nationaux. »
Après un échange d’observations entreMM.Dedyn,
Defacqz et Mignot-Delstanche, l’article 15 est adopté.
— La séance est levée à 4 heures 50 minutes.
Demain, séance publique à 1 heure.
Ordre du jour : Continuation de la discussion des
conclusions.
Chronique des Expositions.
Exposition internationale d’Anvers de produits
végétaux, d'horticulture et de microscopie, orga-
nisée dans les locaux de l’Athénée royal,du 9 août
au 23 septembre 1891.
L’Exposition internationale d’Anvers dont, à plu-
sieurs reprises, nous avons entretenu nos lecteurs,
fe’annonce sous les meilleurs auspices. Le Gouverne-
ment, la Province et la Ville lui ont accordé leur
patronage; MM. le Gouverneur de la Province et le
Bourgmestre d’Anvers en ont accepté la présidence
d’honneur. L’administration communale a mis les
spacieux locaux de notre monumental Athénée à la
disposition des organisateurs. Ceux-ci, en prenant
l’initiative de cette Exposition, ont obéi au seul
désir d’être utile à la science, au commerce et à l’in-
dustrie; ils ne poursuivent aucun but mercantile, ce
qui leur permet de se vouer sans arrière-pensée à la
bonne réception des exposants. Ils ont d’ailleurs ob-
tenu l’approbation et la précieuse .collaboration de
plusieurs des principaux négociants et des indus-
triels de la place, ce qui leur assure une pleine réus-
site.
Les administrations publiques ont toutes accordé
à l’organisation de l’Exposition les facilités les plus
grandes, notamment en ce qui concerne le trans-
pórt des produits et les formalités de douane à rem-
plir par les exposants de l’Etranger. C’est ainsi que
les envois seront effectués, sur le réseau des chemins
de fer belges, avec prix et conditions du tarif spécial
n° 10, c’est-à-dire qu’à l’aller, l’exposant paiera la
taxe entière, mais que le retour s’effectuera gratui-
tement. Les produits passibles de droits de douane
arrivant par le chemin de fer seront dirigés, sans
visite, sur l’entrepôt public. Ces produits, de même
que ceux importés par le port, pourront être enlevés
en vertu d’acquits de transit délivrés sous la respon-
sabilité personnelle dd président du Comité exécutif.
Nos lecteurs savent que l’Exposition internatio-
nale qui aura lieu à l’Athénée royal, comprend trois
sections ; I. Les Produits végétaux ; II. L’Horticul-
ture; III. La Microscopie générale et rétrospective.
Nous nous proposons d’analyser sommairement la
portée de chacune de ces sections.
I. — Section des Produits végétaux.
Que faut-il entendre par produits végétaux? La
question semble inutile : nous y répondrons néan-
moins, parce que plusieurs personnes nous ont paru
de ne pas bien saisir la portée de l’expression. Toute
matière provenant du règne végétal, donc des
plantes, des arbres, ou de leurs divers organes, tels
que racines, écorces, bois, feuilles, fleurs, fruits et
graines, constitue un produit végétal. Les produits
peuvent être considères au point de vue de la science
ou faire Pobjet d’un commerce ; dans le premier cas,
ils donnent lieu à des collections scientifiques et
permettent aux hommes de science de se livrer à
des analyses, des recherches, des expériences, etc.,
qui profitent toujours au commerce et à l’industrie ;
dans le second cas, les produits végétaux commer-
çables servent de matière première à une foule d’in-
dustries, aux arts, aux besoins de l’alimentation de
l’homme et des animaux, etc. C’est en raison de ce
double point de vue que le programme de la section
des produits végétaux, pour chacune de ces vingt-
cinq classes, fait une distinction entre les Collec-
tions scientifiques et les Produits commerçai)les.
A côté de la matière première, les organisateurs
ont voulu voir exhiber les dérivés ; c’est ainsi qu’il
y a une foule de matières dont l’homme fait jour-
nellement usage et dont il ignore la provenance, ou
s’il connaît le végétal qui les lui fournit, il ne se
doute point du pays dont on a extrait la matière
première. C’est là un côté intéressant de la question
qui permettra aux exposants de donner, à leurs
envois, un cachet original et instructif.
Voulant également permettre à ses adhérents de
faire apprécier par les visiteurs la valeur de certains
de leurs produits, le comité exécutif en a autorisé
le débit ou la dégustation; ce sera un attrait de plus
pour les visiteurs qui trouveront ainsi réunis, dans
une même exposition, le côté instructif, sérieux et le
côté pratique si important pour les industriels et les
fabricants.
La plante joue un grand rôle dans la décoration
et dans la forme dés produits manufacturés ; la
peinture décorative} le dessin, la sculpture, la fer-
ronnerie, etc., lui empruntent ses formes et ses cou-
leurs. Le comité exécutif a voulu permettre aux
artistes, aux manufacturiers, etc., de montrer celles
de leurs œuvres qui s’inspirent des multiples motifs
fournis par le règne végétal ; l’occasion est d’autant
plus favorable que,(pendant toute la durée de l’Ex-
position, un choix de plantes vivantes de différentes
parties du globe sera exhibé !
Cette section dé l’Exposition rencontre dans le
public un accueil jtrès favorable; il comprend que
c’est une excellente occasion pour faire valoir, dans
les meilleures conditions et sous les plus solides
garanties, l’importance du commerce des produits
végétaux ou l'excellence de leurs innombrables ap-
plications. L’ouverture de cette Exposition, qui se
fera le dimanche 9 août, à onze heures, sera une
véritable solennité à laquelle s’associeront les auto-
rités publiques et la population anversoise.
sage dans ses mains. Que Dieu t’épargne de savoir,.
mon pauvre petit, que tout ici-bas se répare, ex-
cepté la mort !
Il l’enlaça de ses bras.
Elle l’avait tant aimé, tant soigné,- tant caressé...
Il n’avait jamais connu qu’elle. '
Et toujours si bonne !... .
Est-ce que par son fait, à lui, elle pouvait pleurer
ou repenser plus amèrement encore au passé, ou être
malheureuse dans ses derniers jours ?
Non, pas cela...
Il briserait son cœur, il se désespérerait de renon-
cer à Diane ; mais sa vieille mère aurait ce qu’elle
désirait.
Ce qu’elle jugeait bon et droit se ferait, dût-il en
mourir de chagrin.
Il écarta les mains de la marquise d’Argelles, et
couvrant son visage de baisers ;
— Pardon, dit-il. Console-toi, tu auras la fille
que tu désires* et avant un an, tu feras sauter son
premier enfant sur tes genoux.
— Et tu la rendras heureuse ?
Il ferma les yeux, puis gravement :
— Je l’aimais avant que l’autre n’ait troublé mon
cœur et ma raison, dit-il. Foi d’honnête homme, je
l’aimerai encore, je la respecterai, je la rendrai
heureuse.
— Je te crois. J’ai confiance en toi !... Que Dieu
te protège !
— Quand faut-il aller à Astarac ?...
— Elle meurt, et toi seul peux la sauver ! \
Il s’agenouilla aux pieds de la marquise.
— Benissez-moi, grand’mère, dit-il, et priez pour
moi !...
Dans une heure, si j’en ai la puissance, Margue-
rite sera sauvée !
Comme si Diane de Candales eût eu le pressenti-
ment et la double vue de ce qui se passait, elle guet-
tait ce jour-là, dans le parc d’Astarac, l’arrivée de
Fabien d’Argelles.
Depuis la maladie de Marguerite, en effet, une
joie infernale l’animait.
Enfin, la tille dç Jacques de Rhodes, sou mortel
ennemi, aimait... elle aimait à en mouriF...
Et celui que voulait Marguerite était épris d’elle,
Diane... et il le lui répétait chaque jour...
La vengeance, cette vengeance tant désirée, si
patiemment attendue par MUe de Candales,était donc
prochaine.
Car Jacques, si fort, sj impitoyable, si dur à tout
Commerce, industrie, marine, finances
La récolte du blé aux Indes. — Le ministère
de l’agriculturedugouvernement des Indes a publié,
le 27 mai, le rapport final sur la récolte de 1891.
En voici le résumé en ce qui concerne le blé :
Provinces centrales : Depuis le rapport du mois
de mars dernier, des dommages considérables ont
été causés par la grêle et la pluie et le rendement
ne sera pas aussi bon que celui sur lequel on
comptait. On estime la surface ensemencée en blé à
4,294,308 acres. La moyenne des ensemencements
pendant les cinq dernières années est de 4,264,437
acres ; la campagne actuelledonne donc un excédant
de-29,871 acres, ou 1.7 0/0.
Berar : La superficie totale ensemencée.en blé a
été de 817,247acres contre 830,027 acres en 1889-90 ;
la superficie moyenne pour les cinq années 1885-86 à
1889-90 indus étant de 913,484, c’est ufie diminution
de 12,780 acres, soit 1.5 0/0 comparativement avec
l’année précédente et de 96,235 acres, ou 1.05 0/0
comparativement avec la superficie normale. Cette
diminution doit être attribuée à la rotation des
récoltes et à l’augmentation dans la culture du coton.
Cette année n’a pas été, en général, favorable, des
dégâts sérieux ayant été causés par les pluies et par
la grêle. Les districts les plus éprouvés sont
l’Eluchpur, le Melghat, le Pusad et une partie du
Wun.
Les districts d’Amraoti, d’Akola et de Buldana
paraissent avoir été épargnés.
CHRONIQUE LOCALE
Le cinquantenaire du prestidigitateur anver-
sois Albert Geerts a été célébré jeudi à la foire du
Sud au milieu d’une affluence considérable de monde.
Vers 9 heures du soir la commission des fêtes de
la8e section,accompagnée d’un corps de musique,est
allée prendre le jubilaire à son établissement forain
pour le conduire à « la Grotte » local de la fête.
Le président de la commission organisatrice,
M. Devitte, après avoir dans un discours humoris-
tique, très bien dit, lait l’historique de la longue et
laborieuse carrière du jubilaire et fait ressortir les
qualités philantropiques et humanitaires qui le dis-
tinguent, lui a fait remise d’un diplôme et d’une
splendide médaille en vermeil avec inscription.
M. Andriessens se faisant l’interprêted'es confrères
forains du jubilaire lui a offertune superbe tabatière
en argent niellé avec inscription commémorative.
Plusieurs bouquets lui ont également été offerts
par des voisins et par des anciens habitants du
quartier St. André.
Le jubilaire avait convié dans son établissement
les pupilles de nos deux orphelinats, qui au nombre
de cinq cents, sous la conduite de leurs honorables
supérieurs, y ont assisté à une brillante représenta-
tion qui fera époque dans leurs jeunes souvenirs. —
Par une couronne et un bouquet ils ont témoigné de
leur reconnaissance.
M. Obitz, directeur du beau carousel à vapeur, a
mis gracieusement son installation à la disposition
de nos orphelins et de nos orphelines, qui pendant
environ une demi-heure s’y sont livrés à leurs
joyeux ébats au grand plaisir des nombreux assis-
tants.
Nous lui en sommes vivement reconnaissants,
LETTRES, SCIENCES ET ARTS
Autour des- Bonaparte.
Les dépositions des témoins du second empire se
multiplient. Parmi les confidences qui peuvent nous
édifier sur le régime du2décembre et sur les hommes
qui l’ont servi ou applaudi, les Mémovt'es du géné-
ral de Ricard trancheront curieusement par le ton
et le caractère. Ge n’est pas de 'l’apologie : c’est en-
core moins du dénigrement. Le général est un bo-
napartiste convaincu, mais exigeant, qui avait servi
le premier empire. Il est mort en 1867.Ses.mémoires
sont publiés par la famille.
On a dit beaucoup de choses sur la conduite des
sœurs de Bonaparte à Marseille : le général qui
était encore tout enfant, ne dut rien voir de bien
significatif et n’ose pas se prononcer. Elles aimaient
à Jouer la comédie, et il remplissait auprès d’elles,
avec ses cousins Clary, des rôles de « page » qui
se bornaient à porter une lettre ou à annoncer quel-
qu’un :
Nous allions faire notre petite toillette théatrale
avec les demoiselles Bonaparte, qui prenaient un soin
tout particulier à nous arrangera leur guise; elles nous
habillaient dans toute l’acceptation au mot, et nous
nous laissions foire ; elles nous mettaient du rouge :
l’une arrangeait nos cheveux, l'antre notre cravate.
On nous tirait quelquefois les oreilles; on nous donnait
de petits soufflets, mais enfin on nous embrassait et on
nous permettait d’embrasser:
Le général Ricard a passé cinq ans en Italie,
comme aide-de-camp du roi Jérôme, qui, dit-il,
“ n’eût pas été un méchant homme sans l’influence
de son fils qui, au point de vue des connaissances et
de l’intelligence,était fort supérieur à son père. » Le
général reviendra souvent sur la capacité du prince
Napoléon : il dira, par exemple, qu’il était certes le
plus intelligent de toute la famille en y comprenant
même l’empereur ; mais il lui refuse le tact et l’es-
prit de suite; et il prévoit que « l’absence absolue de
sens moral, le mépris de l’humanité et l’infatuation
de soi-même condamnent le prince à l’avortement
de toutes les entreprises qu’il tentera ».
et à tous, avait un formidable défaut tu sa cuirasse
d’airain :
C’était Marguerite...
Avec quelle joie âpre ne lui dirait-elle pas le jour
où il la perdrait :
— Vous m’avez humiliée et puise à l’orphelinat,
parrain.
Ce jour-là j’ai juré de vous rendre en une seule
fois tout ce que j ai avalé de couleuvres. Une Can-
dales n’a que sa parole...
Voilà mon œuvre.
Quant à admettre que Fabien, si faible, si mou,
puisse échapper à son empire, ne pas subir sa vo-
lonté... . , ,
Jamais !...
Souriante et parée, avec une robe de mousseline
claire qui faisait admirablement ressortir ses yeux
dé braise noire, et la délicatesse de son teint de rose
blanche, Diane alla au devant du marquis d’Ar-
gelles.
Il était à chëval.
A l’aspect de Diane, il donna un léger coup de cra-
vache à sa monture, et voulut passer outre, sans
s’arrêter.
— Oh! oh!... pensa la jeune fille, q'u’ëst-céqüe
c’est donc?...
Et sans hésiter, elle sauta à la bride de la bête.
— Halte-là! monsieur le marquis, dit-elle avec
son sourire le plus séduisant, veuillez descendre. J’ai
à vous parler.
Il tressaillit, éprouvant un coup si profond qu’il
crut que sa vie élle-mème s’en allait. .
Mais le souvenir béni de sa vieille grand’mère lui
repassa immédiatement devant les yeux; tandis,
peut-être, que les prières de la sainte créature l’en-
touraient d'une egide puissante et lui donnaient
subitement un grand courage.
Il obéit à Diane et mit pied à terre.
Cetté explication, que paraissait vouloir MUe. de
Candales, il fallait après tout qu’elle eût lieu. -
Alors, autant valait la subir tout de suite. * -
Et malgré sa faiblesse ordinaire, il commença ;
— Ma chère Diane, il se passe des choses graves.
Il faut que votre courage soit à la hauteur du mien.
Elle devint horriblement pâle.
Dans les yeux de Fabien, il y avait une résolution
irrévocable, la résolution que devaient avoir les
pauvres petits martyrs cependant sans-force et sans
volonté, ipais descendant quand même dans les
cirques romains et allant mourir pour un devoir.
— Quoi? balbutia-t-elle éperdue.
reproches du général'au prince est
lnT«ntfHU,de l 0PP°siti0» à son cousin tou™ n£
ceptant de lui une pension et les épaulettes de uénê-
rai. Et comme preuve du peu de tact qu’apportait
le prince Napoleon à son opposition contre son cou-
sin, >1 cilecelte anecdote, et ellét, cSacH™”:
jSi&'ï SSnS'füSS Êf
agSiïsvwfiESI
paZ général?3 V°ilà Une tóte napoléonienne ! n’est-ce
Je me suis incliné ; et nous avons tous comnrfo l’ai
Benait pas pour bien foire comprendre au’ii ne 1p re
gardait pas comme de la fomille, ou/chi Xins
ËrerpH ^ W6"* Sans dôute,TÙt leqmôndI
&>nïïra‘n! "M"ae %üt‘,ÎKbUpï^
.A plusieurs reprises, dans le cours de ces souve
“i£TeetidSSSeo”nde ladisdP“"»«‘ Cinsoa-
L enipereur, écrit-il à la date du 12 février 18^ pq#-
)&Siïiï£BS2&de M
Il achète un cheval qu’on lui compte an prix de dix-
'MsstsssÀle vendeur
Quel entourage !
Le lendemain presque du mariage de l’empereur
avec M1Ie de Montijo, il exprime S crainte que la
jeune impératrice ne prenne trop d’influence sur
son mari. Plus il constate ^ascendant cSnt
ÈiPerata“’ PlUS “ «WW** AqSTdè
11 raconte, avec une grande tristesse, toutes les
folies de Compiegne et de Fontainebleau, te intrh
gués plus ou moins secrètes et les complaisances
des courtisans, et, dit-il, des courtisanes noa?S
caprices et les fantaisies de l’impératrice.
Vraiment, la tenue se perd de plus en plus chez nos
princes et dans leur entourage, dn dirait qife tout ce
monde-ia ne se prend pas au sérieux et ne croit pas !
la durée du régime.C’est comme une bousculade dé elns
qui ont hâte dé tou r, et ce n’est pas dans lesToïmes
qu’il fout chercher la politesse et le bon ton L’inn éra-
ti*ioe, dit-on, s est prise d’une grande passidn our fo
reine Marie-Antoinette.qui n’est pas un modèle l imiter
dans des temps comme le nôtre, car, ce qu’onltfa has
pardonné à cette reine, fille de rois le serait encore
moins a Mlle Montqo. Mais les leçons du passé sonl
des lettres mortes pour la cour. Comment lWereurt
qui passe pour un homme au moins réflédil sum
Pophnon toUteS CeS fohes’dont ü est responsable devant
La cour des Tuileries et notre petite cour du palais
Royal doivent être la risée des cours étrangères Puis-
que nous voulons être des princes, tâchons au moins
Je l’etre par la tenue et le bon ton.Rien ne prouve Sx
combien se perd la tradition monarchique en France
que les mqBurs de ces grands personnages qui, sous
a"mfo^ ’aUi‘aientàpeine été toïirésdansTès
Et ceci, à la date 12 août 1856 :
12 août. — Le colonel Herbelot, que je rencontre
aujourd’hui, me donne une nouvelle vraiment inquié
dEs^ignef0ime’parait'11’ un camh si»* les frontières
Pourguoi ?
Aurait—on l’intention d’intervenir dans les affaires
d Espagne? Sous quel prétexte? Dans quel but» -
L influence de l’impératrice, qui grandit chaque jour
depuis qu’elle nous a doté d’un héritier, nous enti aî-
nerait-elle dans quelque aventure de ce côté» --
Qm sait les folles idées qui peuvent germer dans cette
Le dimanche, 27 juillet, n’est-elle pas allée en
flacreprendre des glaces à Tortoni avec une petite
Et ce n’est pas tout ; elle s’<
tête de jouer la comédie.
mise maintenant en
J’ai le pressentiment que eette sotte créature, légère
vaniteuse, fantasque et colère, sera un jour f vtvlp
A MON PAYS.
Les expressions sont peut-être un peu dures, mais
le pressentiment final vaut d’être noté, — à cette
date.
Et, à propos de l’Espagne, le général Ricard ra-
conte que, parlant de Narvaez et d’Olozaga avec le
roi Jerôme, cehii-ci lui affirma qu’Olozaga lui avait
offert, a lui, et, a son défaut, avait offert d son
fils la couronne d'Espagne. Le prince aidait
refuse !
Nous finirons ces extraits par deux citations qui
montreront comment les courtisans traitaient entre
eux, leurs princes et ce que les fidèles eux-mêmes
en pensaient.
16 mars 1856. — L’impératrice est accouchée à trois
heures et demie, d’un garçon. — Le prince Napoléon a
été trés maladroit et très inconvenant. Se sentant, ob-
servé comme il l’était, lors de la présentation du nou-
veau-né, par tous les courtisans qui ne l’aimaient pas
il aurait dû avoir assez de force sur lui-même pour
dissimuler son dépit. Mais ce dépit éclatait à tous les
yeux : Son Altesse avait Pair tout, à fait sombre et
bourru. On se répète le mot d’un ministre quia dit en
le montrant ;
Devenez-vous fou, Fabien ?
Et lorsque nous nous aimons, quel événement
étranger peut nous séparer?...
— Hélas ! je vous avais dit que si jamais Margue-
rite de Rhodes éprouvait pour moi autre chose
qu’une amitié fraternelle... si son père désirait que
je devinsse son mari, je n’hésiterais pas...
— Taisez-vous, Fabien... Comment, lorsqu'un
amour pareil à celui que nous éprouvons tous les
deux est dans nos cœurs, vous pensez à d’autres
sentiments?...
— Au-dessus de l’amour, Diane, il y a le devoir.
Grand’mère vient de me le dire : un d’Argellesne le
trahit pas...
M. de Rhodes me fait l’honneur de me vouloir pour
gendre. Mmo d’Argelles a accepté ce très grand
honneur. •
Je tiendrai la parole qu’elle a donnée en mon
nom...
— Et moi, Fabien, moi qui t’aime plus que ma
vie !...
Il ferma les yeux, tandis que ses traits se con-
tractaient sous l’empire d’uue intolérable souffrance
— Je mourrai peut-être de vous perdre. Diane’
dit-il fermement, mais je me conduirai en honnête
homme.
Elle chancela, tant fut profond le coup qu’elle
reçut à son tour de voir son édifice do vengeance et
de haine si aisément renversé.
Fabien d’Argelles profita de ce moment de rapide
émotion, et s’élançant vivement à cheval, il partit
au galop.
Elle tendit ses mains vers lui.
— Fabien!... Fabien!... murmura-t-elle, éperdue,
un mot encore, rien qu’un mot !...
Pour le retenir, pour le voler à Marguerite, elle
eût commis des crimes.
U ne tourna pas la tète, et sa silhouette élégante
disparut bientôt au tournant d’une allée.
Alors, Diane furieuse^ hors d’elle-même, en proie
à une rage folle lui montra le poing.
— Ah ! s’écria-t-elle, fuis, va-t-en, lâcho que tu
es !...
Mais que tu le veuilles ou non, ce que j’ai résolu
arrivera !...
Malheur à toi, malheur à elle, malheur à tous...
Je veux être marquise d’Argelles, nous verrons
bien qui m’einpêchera de l’être !...
Une source coulait à quelques pas.
MUe de Candales y courut.
(A continuer*.
L’abonnement se poursuit Jusquà refus
formel |