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nir cet article qui pourrait compromettre la réussite du con-
cours. Présentez un programme très bien établi, sans clauses
draconniennes et les architectes de valeur, qui ne dépassent
pas leurs devis, concourront et emporteront les primes, et
vous doterez votre ville d’un monument qui sera admiré par
les milliers d’étrangers qui affluent chaque année à Ostende.
« Nous vous prions, Messieurs, de bien vouloir agréer
l’expression de notre haute considération.
« Le Secrétaire, « Le Président,
« (Signé) Henri Vandievoet. « (Signé) J. Picquet.
« A Messieurs les Bourgmestre et Echevins de la ville
« d’Ostende. »
« Ostende, le 19 juillet 1893.
« Messieurs,
« Nous avons l’honneur de vous faire parvenir notre
réponse aux questions posées par votre lettre du 11 juillet
courant. •
« 1° L’engagement pourrait se prendre après que le jury
aura désigné le projet primé.
« 20 L’administration communale ne reconnaît pas l’entre-
preneur. L’architecte est donc seul responsable.
« 3° Oui.
« 40 Non.
« 5° Dans ce cas, l’architecte pourrait disposer du montant
du rabais, soit pour les imprévus, soit pour l’embellissement
de son œuvre, le Collège échevinal entendu.
« Agréez, Messieurs, l’assurance de notre parfaite considé-
ration.
« Les Bourgmestre et Echevins,
« (Signé)
« Par le Collège :
« Le Secrétaire,
« (Signé)
« A la Société Centrale d’Architecture, à Bruxelles. »
Nouvelle église de Huysinghen.
La Société Centrale d’Architecture de Belgique a de-
mandé la mise au concours de cet édifice. L’adminis-
^tration communale y est favorable, mais l’administration
fabricienne désire, paraît-il, confier ce travail à un architecte
de son choix. La question sera, sans doute, soumise aux
autorités supérieures ; nous avons tout lieu de croire qu’elles
se prononceront en faveur du principe des concours publics,
le seul mode équitable de répartition entre les architectes des
constructions élevées au moyen des deniers publics.
L’architecture au XIXe siècle
ontraste frappant entre la valeur
artistique des monuments du
passé et ceux du temps présent !
Autrefois, même aux époques
de décadence artistique, l’archi-
tecture avait sa physionomie pro-
pre, elle était l’expression de
l’esprit du moment. Aujourd’hui,
ce n’est pas seulement la déca-
dence de cet art, mais sa nullité
absolue : l’architecte ne fait plus
qu’emprunter, à un arbre mort
maintenant, tel ou tel rameau,l appropriant plus ou moins
heureusement à sa destination nouvelle. Il participe d’ailleurs
trop souvent de la générale médiocrité des « artistes » qui, au
lieu d’avoir été conduits par vocation à des carrières où un
tempérament, des aptitudes spéciales, une intelligence excep-
tionnelle sont requis, auxquelles l’émotion de l’art, cette sensi-
bilité spéciale si rare, donnera seule la grandeur, n’y ont
entrevu qu’une position rémunératrice d’autant plus facile à
acquérir, que l’enseignement des académies lui aplanit le che-
min et l’y installe bientôt.
Vous figurez-vous un peintre auquel deux « particuliers »
s’adresseraient, l’un pour avoir un tableau religieux conçu
dans le goût de Hans Memling, et dont l’autre lui comman-
derait une toile décorative dans la manière de Rubens, ou un
tableautin genre Teniers ? Eh bien ! n’est-ce pas là la situation
acceptée tous les jours par nos architectes ? L’on construit
aujourd’hui une église romane ou gothique, au choix, et l’on
accepte de même la commande d’un hôtel de ville en Renais-
sance flamande ou d’un musée néo-grec ! L’on applique des
formules apprises, mais l’on ne fait pas œuvre d’art, d’autant
plus qu’il faut surtout viser à satisfaire une fabrique d’église
ou un conseil communal, dont la science et le goût sont nuls;
et alors nous voyons s’edifier dans nos villes ces étonnantes
constructions rappelant carnavalesquement des époques glo-
rieuses, et participant plus de la pâtisserie que de l’architec-
ture.
L’architecture n’est-elle pas comme une langue parlée, tou-
jours expressive d’une pensée propre à une époque, qui
résume celle-ci et en est l’émanation même ?
Comment serait-il possible qu’en notre siècle, dans notre
pays, un homme fût à même de s’exprimer dans une langue
dune autre époque, de reproduire les idées de ces temps
morts, souvent même la langue d’une autre civilisation ou
d’un temps fort éloigné de nous; de parler enfin plusieurs de
ces langues, et ce, avec le même succès que ceux—qui étaient
souvent des êtres d’exception, des hommes de génie — qui
parlaient leur langue propre et reflétaient l'esprit même de leur temps ?
Ce n’est donc pas en réétudiant les styles du passé que nos
architectes peuvent espérer faire œuvre d’art, en comprenant
souvent mal l’esprit de ces styles, en les appliquant donc sans
discernement, en les étudiant tous, ou plutôt en n’en étudiant
que les formules, tandis que les architectes d’autrefois, ceux
qui ont créé des chefs-d’œuvre, n’en connaissaient qu'un, qui
était leur moyen bien à eux, bien vivace d’exprimer leur pensée
(à preuve la transformation subie par chaque style au cours
des siècles, et qui en montre la vie, tandis que maintenant l’on
ne fait plus que recommencer un art mort, non approprié à
nos idées, à notre temps).
La tradition architecturale est rompue. L’on ne fera que
piétiner sur place, tant que ce sera vers le passé que se porte-
ront les regards de ceux qui font métier de bâtir.
: Le respect du monument ancien doit être certes plus grand
encore, puisque nous savons que jamais dans cette forme du
génie humain nous ne pourrons égaler nos ancêtres : le monu-
ment' doit être conservé précieusement, quelle que soit son
importance, s’il offre un intérêt artistique, archéologique ou
historique : c’est l’image même des siècles écoulés, des huma-
nités mortes. Jamais l’on ne pourra jeter assez de pierres aux
ignorants et aux imbéciles, inventeurs de restaurations qui
ont pour but d'améliorer un monument (!) — vandalisme trop
commun chez nous, auquel sont dues la flèche du beffroi de
Gand, la restauration du Steen, d’Anvers, etc.; mais que les
regards de nos architectes, de ceux, bien entendu, qui ont du
talent, qui sont des artistes (il en est chez nous quelques-uns,
de grands, de purs artistes, fort en peine assurément de pro-
duire œuvre d’art, et qui, vivant à une autre époque, eussent
créé des merveilles dignes de leurs grands ancêtres), que leurs
efforts se portent vers une formule nouvelle d’art, vers une
expression architecturale conforme à l’esprit de notre temps,
résultante logique d’un matériel de construction nouveau,
engendrant des proportions nouvelles.
Le fer est bien de notre siècle ; pourquoi ne l’emploie-t-on
pas d’une manière plus judicieuse dans toutes les construc-
tions, nouvelles ? Avec le mélange d’autres matériaux, on arri-
verait à créer un style.
Des tentatives sont faites dans les bâtiments d’exposition,
dans nos gares de chemin de fer, mais trop souvent encore en
s’inspirant des proportions propres aux matériaux anciens, ou
en empruntant aux styles connus les éléments décoratifs.
Pourquoi ne pas rompre avec la tradition académique, pour-
quoi, surtout ne pas généraliser les tendances novatrices et les
appliquer à toutes les constructions d’aujourd’hui dans nos
villes, qui n ont plus rien du passé et qui ont trop de la bana-
lité et du mauvais goût de tout un siècle ?
(L’Art Moderne.)
L. A.
DIVERS
Des ouvriers, travaillant dans l’église de Watervliet, ont
fait une découverte importante au point de vue artistique
et archéologique. Ayant soulevé les dalles du chœur, ils
sont descendus dans un caveau dont les parois étaient ornées
dé fresques. Au milieu du caveau ils aperçurent un cercueil
en plomb, dont le couvercle était tombé et qui contenait un
squelette. En comparant l’inscription du sépulcre aux fresques
des parois, on acquit la certitude que l’on se trouvait en pré-
sence de la sépulture du seigneur Laurin, fondateur de la
commune de Watervliet, qui vivait à la fin du xve siècle. II-
avait fait exécuter des travaux d’endiguement au nord-est de
la Flandre et fut comblé d’honneurs par Philippe le Bel.
Les fresques, représentant des saints, ont Une grande
valeur artistique. Certaines parties sont légèrement endom-
magées, ce qu’on suppose avoir été l’œuvre d’une bande de
riialfaiteurs qui dévastaient la contrée au cours du xvme siè-
cle, et qui se sont probablement introduits dans le caveau.
M. Frans Coppejans, artiste peintre à Gand, s’est rendu
avec M. l’architecte Van Assche à l’église de Watervliet pour
y prendre une copie des fresques.
L Ecole des Beaux-Arts, à-Paris, est autorisée à accepter
un album composé de 88 peintures, gouaches, aqua-,
relies, dessins et gravures, légué par M. Bailly, archi
tecte, membre de l’Institut, cet album ayant une valeur
approximative de 15,ooo francs.
Le directeur de l’Assistance publique, à Paris, est autorisé
à accepter le legs de 35,ooo francs fait par M. Bailly.
Un mouvement important vient d’avoir lieu dans le ser-
vice d’architecture de la ville de Paris.
Quatre architectes sectionnâmes : MM. Ginain, mem-
bre de l'Institut, Train, Varcollier et Vaudremer, membre de
l’Institut, ont été admis à faire valoir leurs droits à la retraite.
Par arrêté préfectoral du Ier avril, ont été nommés pour les
remplacer : MM. Calinaud, Dabernat, Durand et Ulmann,
ce dernier ancien grand prix de Rome.
E. Lyon-Claesen, éditeur, Bruxelles.
Bruxelles. — Alliance Typographique, rue aux Choux, 49
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L’ÉMULATION.
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