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pas les consultations réciproques des voisins en attendant
celle du maître, qui fera ses observations, et auquel on répli-
quera peut-être. On conçoit, on esquisse, on cherche, on
tâtonne l’œuvre que le maître viendra apprécier dans une
causerie intime. Souvent des camarades, quelquefois tous les
camarades, attirés par le ton de l’enseignement, se rassem-
blent pour écouter la conférence improvisée qu’a motivée
l’ouvrage en discussion. Tout cela commande des dispositions
locales spéciales. Dans une salle, où huit ou dix étudiants
architectes travaillent en commun, les consultations ne sont
pas troublées par les bruits inévitables du nombre; et, pour-
tant, toute la petite famille peut aisément entourer le maître
à l’instant où celui-ci s’entraîne à parler familièrement assez
haut pour que sa doctrine porte à toutes les oreilles.
Cette vie intime de l’atelier tient la grosse place à l’Ecole
d’Art. Mais plusieurs incidences l’accompagnent journelle-
ment : les réunions à la salle de Dessin, où le maître fonc-
tionne encore avec l’élève en face du modèle par des conseils
individuels et par des leçons improvisées ; — la lecture et la
discussion des Programmes qui se succèdent dans les cadres
de la salle des Avis, et autour desquels s’engagent et s’op-
posent les interprétations primesautières ; les Expositions, les
critiques et les jugements des œuvres en concours. Enfin, à
côté de ces activités principales, qui marquent si fortement
la scolarité d’une Ecole d’Architecture, on observe à certaines
heures et dans le voisinage des ateliers l’occupation collective
des Amphithéâtres et la fréquentation des salles d’examen.
L’imagination complète aisément ce tableau du milieu pro-
pice aux nobles occupations d’un étudiant architecte. Tout
autour des locaux consacrés au travail, dans les espaces où
l’on circule, en plein air comme à couvert, elle entrevoit des
motifs de goût, des moulages de choix, des restes d’édifices
consacrés dans leur beauté. Ces projets précieux se détachent
avec opulence sur les fonds discrets des intérieurs ou se
découvrent dans les emmaillotages de la verdure des jardins.
Ainsi, l’occasion de rencontrer souvent sans fatigue de belles
choses rompt ici la paresse du regard, développe la perspica-
cité de l’œil, guérit l’esprit des vulgaires curiosités et lui
donne la première vertu d’un artiste, l’impérieux besoin de
mieux revoir sans cesse les modèles qu’il a classés au premier
rang dans sa mémoire et dans ses yeux.
PROGRAMME
L’édifice à projeter serait érigé sur un terrain rectangulaire
aboutissant à deux rues parallèles distantes de 140 mètres. Il
possède sur chacune de ces voies une façade de 70 mètres.
L’école pourra recevoir une centaine d’élèves.
Elle contiendra :
Trois groupes d’ateliers offrant chacun une quarantaine de
places.
Trois amphithéâtres. L’un de ces amphithéâtres pourra
contenir la totalité des élèves. Les deux autres une cinquan-
taine de places.
Une salle des programmes.
Une salle de dessin et d'exposition de 35o à 400 mètres de
surface.
Une bibliothèque pour 15,000 volumes.
Des locaux pour les modèles et pour les collections des
objets de cours : minéraux, bois, métaux, etc.
Un cabinet de physique et un laboratoire de chimie.
Une cantine, etc.
Un bâtiment pour la direction et l’administration avec
appartement du directeur.
TRAVAUX A PRODUIRE
1° Un plan d’ensemble à l’échelle de. . om01 par mètre.
2° Deux coupes d’ensemble et l’élévation
de la façade, à l’échelle de.............omoi »
3° L’étude complète de la porte d’entrée,
plan, coupes et élévation, à l’échelle de. . omio »
JUGEMENT
Le juty appréciera par des votes séparés :
1° Le parti ................pour une valeur de 1
20 L’arrangement et le rendu » 3
3° L’argumentation ... » 1
DIVERS
Une nouvelle École des Beaux-Arts
Les différents services de la préfecture de la Seine déser-
tant le pavillon de Flore, on pouvait immédiatement;
lui chercher une destination nouvelle. Le problème a
été promptement résolu. On en fait une école des Beaux-Arts
pour les jeunes filles.
Affirmer que la. question est absolument résolue, ce serait
peut-être aller un peu vite. Mais enfin, la décision est prise
en principe, ce qui ne veut pas dire pour cela qu’il ne coulera
pas encore beaucoup d’eau sous le pont qui se trouve en face
du local choisi, avant l’exécution.
Ce soir, au cours d’une réunion à la salle Léger, les can-
didates aux élections municipales de Paris exposeront leur
mandat.
On donne aux jeunes filles les moyens matériels de devenir
« prix de Rome ».
Depuis longtemps, les Facultés leur sont ouvertes, les
bachelières ne se comptent plus; les doctoresses exercent
librement ; seules, les avocates rencontrent quelques difficul-
tés à vivre de leur profession.
On ne peut donc pas se plaindre que la France, fuyant
l'exemple du nouveau monde, ferme l’accès des carrières
libérales aux femmes.
Au contraire, on marche à pas aussi rapides que le per-
mettent les préjugés, les idées préconçues, bien difficiles à
vaincre, à déraciner.
¥ *
En choisissant le pavillon de Flore pour y établir la
seconde école des Beaux-Arts, l’administration fait preuve
d’une parfaite galanterie, car, si l’école nouvelle est aménagée
sur le modèle de celle de la rue Bonaparte, l’emplacement
est infiniment plus gai, mieux situé, et les élèves y trouveront
évidemment un confort et des commodités qui sont fort loin
d’exister à l’ancienne école.
D’ailleurs, on peut déclarer que la création de cette école
est parfaitement logique et répond à un besoin.
En effet, si quelques esprits plus ou moins rétrocèdes,
jugent étrange et anormal l’accès ouvert aux femmes de cer-
taines carrières jusqu’ici exclusivement réservées au sexe qui
se croit fort, il n’en est évidemment pas de même des carrières
artistiques.
Les femmes peintres organisent chaque année une exposi-
tion; les femmes architectes sont plus rares, il faut le recon-
naître; mais les lauréates, les médaillées, les « palmées » sont
légion.
Donc, puisqu’elles n’ont jamais cessé, aux Champs-Elysées,
au Champ de Mars comme dans toutes les expositions, de
faire preuve de talents et d’aptitudes multiples sur le terrain
artistique, elles doivent profiter des mêmes avantages que
nous, les mêmes moyens doivent leur être offerts pour attein-
dre le but poursuivi.
*
Mais plusieurs questions se posent :
Les femmes pourront-elles siéger comme membres du jury
aux expositions ouvertes avec la sanction et l’appui de l'Etat ?
Pourront-elles concourir pour les prix de Rome et la déco-
ration des monuments nationaux?
. En un mot, le Pavillon de Flore ne serait-il qu’une succur-
sale de la rue Bonaparte, et ses élèves posséderont-elles
toutes — sans exception — les prérogatives attachées aux
élèves de l’ancienne école ?
(Patrie.) Eugène Destez.
e gouvernement turc, d’accord avec la France, fait faire
en ce moment, sur l’emplacement de Ninive, des fouilles
qui promettent de fournir beaucoup d’objets intéressant
l’histoire des rois d’Assyrie. A ce propos, rappelons un fait
assez curieux. En 1733, un des prédécesseurs de Nasser-
Eddin, le shah de Perse que tous les Parisiens connaissent,
le shah Nadir, après avoir conquis l’empire de l’Inde, était en
guerre avec la Turquie et assiégeait la ville de Mossoul, reste
de l’ancienne Ninive. Il avait fait fabriquer deux canons
monstres, qui lançaient des projectiles énormes. Les affûts en
bois de ces masses avaient 5 mètres de longueur et 25 centi-
mètres de diamètre aux moyeux des essieux. Nadir, obligé de
lever le siège, ne put les emporter, ils restèrent donc à l’en-
droit où ils avaient été placés. En 1853, M. Place, consul de
France à Mossoul, se servit de ces affûts pour traîner jusqu’au
Tigre les taureaux ailés et les autres objets qui se trouvent au
musée assyrien du Louvre. Aujourd’hui, ce sont les affûts du
shah Nadir qui vont encore servir au transport des richesses
qu’on espère recueillir. (Matin.)
Du correspondant bruxellois du Bien public :
« L’Exposition de Bruxelles de 1895 qui, à ses débuts,
avait un aspect malingre et faisait craindre une sorte d’avor-'
ton, prend du corps et de l’ampleur. On est, en effet, parvenu
à lui donner une physionomie originale et qui la fera sortir
de la banale ornière dans laquelle se meuvent les expositions
actuelles. Elle sera, à vrai dire, un groupement d’expositions
spéciales et techniques très intéressantes : une exposition
d’hygiène, une exposition de traction électrique et une exposition
d'économie sociale. Tous les pays du monde seront invités à y
prendre part et, dès maintenant, on est déjà sûr de l’adhésion
d’un grand nombre d’entre eux. L’électricité, l’hygiène et la
sociologie sont, on ne peut le nier, trois des formes princi-
pales de ce qu’on appelle le progrès contemporain, et l’éco-
nomiste et l’administrateur comme le savant, le philosophe
et le législateur, trouveront dans la réunion synthétique et
tangible de ce qui s’est fait dans ces trois sphères de l’activité
universelle, depuis vingt ans, ample matière à l’étude, à
réformes et à innovations utiles. On peut, sans mériter le
reproche de céder à un chauvinisme prématuré, prédire que
notre pays brillera à cette grande revue internationale et
comparée. Pour ne parler que de l’hygiène, la Belgique,
aujourd’hui déjà, est, de l’avis des juges compétents, une des
contrées les mieux organisées et elle peut servir de modèle-
aux peuples étrangers. »
Les architectes trouveront dans la section d’Hygiène,
occasion de montrer le résultat de leurs travaux et de leurs
études ; ils pourront y avoir une exposition très importante,
comprenant les Ecoles, les Hôpitaux, les Hospices, les
Refuges, les Prisons, les Habitations ouvrières et autres dans
lesquels l’Hygiène joue aujourd’hui un rôle prépondérant.
Nous conseillons donc à nos confrères de se préparer dès
maintenant.
E. Lyon-Claesen, éditeur, Bruxelles.
Bruxelles. — Alliance Typographique, rue aux Choux, 49.
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L’ÉMULATION.
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