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N° 33. — Le propriétaire du mur n’a d’action, du chef de
la vente de la mitoyenneté, que contre l'acquéreur de cette
mitoyenneté.
Cette action est personnelle et ne peut être dirigée contre
les tiers acquéreurs de bonne foi de l’immeuble. — Trib.
Bruxelles, 20 février 1884. J. T., 1884, 651.
N° 34. —• Celui qui a bâti le mur qui sépare sa propriété
d’avec celle du voisin et a, en vertu de l’article 663, le droit
de réclamer le prix de la mitoyenneté à hauteur du mur de
clôture, peut poursuivre ce paiement même contre un nouvel
acquéreur du bien voisin ; en effet, c’est en réalité l’acquisition
de la mitoyenneté du mur existant qu’il poursuit, et une telle
action ayant pour objet un droit réel, peut être dirigée contre
tout détenteur de l’immeuble grevé. — Trib. Liège, 22 mars
1884. Cl. et B., XXXII, 665.
ARCHÉOLOGIE
L’empreinte humaine de Schlestadt (Alsace)
une importante découverte archéologique a été faite der-
nièrement au cours des travaux de restauration de
l’église Sainte-Foy à Schlestadt (Alsace).
Cette église est un monument de style romain assez pur, qui
doit son origine à la bisaïeule du fameux empereur Frédéric
Barberoussse, la comtesse Hilldegarde, mèred’Othon, évêque
de Strasbourg. La pieuse dame, vers l’an 1087, avait fait
construire au-dessous de l’avant-chœur une crypte tombale
qui était la reproduction du Saint-Sépulcre de Jérusalem,
avec ses dimensions exactes. Cette crypte devint d’abord un
lieu de pèlerinage très fréquenté. Puis la foule des pèlerins
diminua progressivement, et le monument tomba peu à peu
dans l’abandon, puis dans l’oubli, si bien qu’il est impossible
de fixer la date à laquelle l’entrée en fut comblée. L’existence
de la crypte nous aurait donc été probablement inconnue si
un très ancien auteur, Beatus Rhenanus, n’en avait fait men-
tion dans ses chroniques.
Il y a peu d’années, la restauration de la vieille basilique
fut décidée, et en remaniant le pavé de l’église on trouva une
ouverture béante donnant accès à deux réduits souterrains se
faisant suite, et desservis par deux escaliers latéraux. En con-
tinuant les fouilles, l’architecte découvrit d’abord trois tombes
vides, puis une quatrième, de grandes dimensions, maçon-
nées et datant du dix-septième siècle, ce qui prouve qu’à cette
époque, comme à bien d’autres sans doute, la basilique a été
l’objet de réparations ou de transformations plus ou moins
barbares dont le souvenir n’a même pas été conservé.
Dans cette quatrième tombe se trouvait une quantité de
débris de toutes sortes ; parmi ces débris, un bloc de mortier
attira tout particulièrement l’attention de l’architecte, qui crut
y reconnaître l’empreinte d’une forme humaine. On fit un
moulage et on obtint un buste de femme, morte ou endormie,
d’une physionomie calme et douce, plutôt mélancolique, et
dont les traits portaient le cachet d’une réelle noblesse.
Quelle était cette morte de haute naissance ? C’est la ques-
tion que se posent les archéologues depuis cette intéressante
découverte. Les uns voulurent voir en elle Hilldegarde elle-
même. Mais cette interprétation se trouve, paraît-il, en désac-
cord avec la chronologie. On admet aujourd’hui avec raison,
nous dit M. Clément Dreyfus, dans la Nature, que la pré-
cieuse trouvaille se rapporte bien plutôt à la fille de la com-
tesse Hilldegarde, sa bien-aimèe Adélaïde, comme elle l’appelle
dans la Charte de fondation de la basilique, datant de 1094.
Et voici à la suite de quelles circonstances aurait eu lieu l’in-
humation de la noble demoiselle dans un bloc de mortier. A
la fin du onzième siècle, une épidémie de peste noire ravagea
l’Alsace, et l’histoire raconte que Hilldegarde ainsi que son fils
Conrard et sa fille Adélaïde succombèrent à la terrible mala-
die. De là le mode prophylactique d’inhumation employé.
Mais comme le visage de l’empreinte ne révèle aucune trace
de souffrance physique, il est permis de supposer que la
pieuse Adélaïde est morte subitement d’une autre affection
ou brisée par le chagrin d’avoir perdu coup sur coup sa mère
et son frère. Les survivants, affolés, se seraient empressés de
l’ensevelir comme une pestiférée et nous auraient ainsi valu la
précieuse découverte de Schlestadt.
M. le chanoine Dacheux, le très savant président de la
Société pour la conservation des monuments historiques
d’Alsace, explique de la façon suivante comment une couche
de gros mortier a pu conserver des empreintes presque
microscopiques en certains endroits. Selon lui, la chaux que
contenait le mortier, filtrant à travers le sable et le mortier,
couvrit le corps d’un enduit qui durcit très rapidement et
entoura les formes d’une enveloppe résistante qui les moula
exactement. La masse entière, séchant ensuite peu à peu,
finit par former un seul bloc, et quand le cadavre tomba en
décomposition, le moule resta et garda intacte, des siècles
durant, l’image du corps qui s’y était incrusté.
L’enterrement dut être bien précipité, car la tête, penchée
légèrement vers l’épaule droite, semble avoir cédé sous le
poids du gravier et des décombres dont on a dû, en grande
hâte, le recouvrir : le côté gauche a souffert ; l’œil est enfoncé
dans son orbite, la joue, l’oreille ainsi que les cheveux dont
on retrouve de superbes empreintes, sont aplatis ; le nez
légèrement déprimé vers la droite. Par contre le côté droit,
le cou, la gorge au sommet de laquelle les clavicules se des-
sinent avec un fort relief, ont été respectés. La poitrine est
recouverte d’un tricot de laine dont on reconnaît fort bien les
côtes.
Malheureusement le bas du corps manque, brisé qu’il a été
par la pioche des démolisseurs. Tout au plus si les fragments
du moule nous révèlent l’existence de traces d’étoffes dont
l’une d’une extrême finesse, les autres plus grossières.
L’aspect de cette femme, sortie presque vivante de sa
tombe après huit longs siècles, remplit les visiteurs d’une émo-
tion facile à comprendre. « Ce n’est pas l’œuvre de l’art, dit
M. le chanoine Dacheux, mais bien la nature elle-même avec
l’expression vécue d’un être réel, que l’on a devant les yeux.»
Le Congrès d’archéologie chrétienne
Louverture du Congrès international d’archéologie chré-
tienne est définitivement fixée à la Pentecôte. Le Con-
grès se tiendra à Spalato, au séminaire épiscopal.
Le Standard tient de son correspondant d’Athènes que le
directeur de l’Institut archéologique allemand en cette
ville, M. Dœrpfeld, croit avoir découvert, dans ses
fouilles d’Issarlik entreprises aux frais de Mme veuve Schlie-
mann, la véritable ville homérique de Troie. Son emplace-
ment était dans la sixième couche et non, comme il le suppo-
sait antérieurement avec M. Schliemann lui-même, dans la
deuxième. Il a exhumé de nombreux objets datant de l’ère
dite mycénienne, ainsi que plusieurs édifices et une partie
des remparts de la ville : ceux-ci sont épais de six pieds, et
l’enceinte de l’acropole est composée de pierres de taille me-
surant seize pieds en largeur.
Les recherches seront continuées jusqu’au mois d’avril pro-
chain, aux frais du gouvernement allemand.
DIVERS
Les architectes des monuments historiques
Un concours, organisé par le ministre de l’instruction
publique et des beaux-arts, sera ouvert, à partir du Ier février
1894, à la direction des beaux-arts, pour trois places d’archi-
tectes des monuments historiques.
Sont admis à concourir, les architectes français qui, sur la
présentation d’études analytiques, faites d’après des monu-
ments anciens, ou de projets de constructions neuves, exécu-
tées ou non exécutées, auront été reconnus, par la commission
des monuments historiques, capables de prendre part à ce
concours.
Les candidats admis à concourir auront à subir deux
épreuves :
1° Une épreuve écrite et graphique;
20 Une épreuve orale.
La première épreuve consistera dans la production du
relevé d’un monument choisi parmi les édifices civils, mili-
taires ou religieux du onzième au seizième siècle, et d’un
projet de restauration de ce monument, accompagné d’un
mémoire et d’un devis descriptif.
L’épreuve orale portera non seulement sur le projet et le
mémoire, mais encore sur des questions ayant trait à l’histoire
de l’art, à l’archéologie, à l’emploi et à la nature des maté-
riaux, aux procédés de construction, à l’administration et à
la comptabilité des chantiers.
Le jury de ce concours, présidé par le directeur des beaux-
arts, se composera de MM. Bœswilwald, Lisch et Selmer-
stein, inspecteurs généraux des monuments historiques ;
Baudot, inspecteur général des édifices diocésains ; Vaudre-
mer et de Lasteyrie, membres de l’Institut.
Un modèle de plaques indicatives est à l’étude, qui seront
placées sur tous les monuments historiques restaurés ou en
projet de restauration.
L’architecte des palais nationaux, M. Guillaume, a conçu
le projet de refaire le jardin des Tuileries, ou tout au moins
de pourvoir à certaines améliorations. Il faudrait tout d’abord
que la cour des comptes quittât le pavillon de Marsan et que
l’on construisît à cet endroit une rue latérale qui donnerait de
la symétrie au nouveau jardin.
Relativement à l’installation du jardin, il a été voté par la
Chambre un crédit de 65,000 francs, devant servir à l’éléva-
tion de vingt-deux piédestaux et statues. A l’heure actuelle,
les fondations sont faites, et, d’ici à la fin de l’année, on verra
se dresser des statues, parmi lesquelles la Pénélope, de Mani-
glier; la Velléda, de Maindron; Y Agrippine et le Réveil, de
M.ayeï Ganymède, de Barthélemy ; le Secret d’en haut, de Mou-
lin ; Y Égide, de Mayet; trois groupes: Quand même! de
Lemercier; Judith et Holopherne, de Lançon, et les Exilés, de
Moreau.
Un peu partout seront placés des vases, également sur pié-
destaux. Mais très peu de ces derniers existent. On utilisera
probablement pour cela des moulages de vases faisant partie
de la collection du musée du Louvre.
En plus du crédit de 65,000 francs dont nous venons de
parler, il a été décidé que 13,ooo francs seraient employés à
l’éclairage par l’électricité du jardin des Tuileries ainsi trans-
formé.
E. Lyon-Claesen, éditeur, Bruxelles.
Bruxelles. — Alliance Typographique, rue aux Choux, 49.
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L’ÉMULATION.
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