Full text |
63
L’ÉMULATION.
64
MÉLANGES
Société Centrale d’Architecture de Belgique
Dans sa dernière assemblée générale, la Société a admis
en qualité de membres correspondants :
MM. Gauthier, Charles, architecte du Gouvernement à
Laon;
Bénard, Pierre, architecte à Saint-Quentin;
Chérier, Charles, architecte à Saint-Quentin ;
Malézieux, Albert, architecte à Saint-Quentin ;
Malézieux, Joachim, architecte à Saint-Quentin ;
Delmas, Henri, architecte à Saint-Quentin ;
Hachet, Jules, architecte à Saint-Quentin ;
Boutry, Charles, architecte à Saint-Quentin ;
Ermant, Georges, architecte à Laon ;
Joos, architecte à Louvain;
Dubois, Emile, architecte à Charleroi;
Tirou, Emile, architecte à Gosselies;
Tournay, Jules, architecte à Ecaussines-d’Enghien ;
Clercx, Zacharie, architecte à Gilly.
La Société est installée depuis le Ier août dans les locaux
du premier étage du palais de la Bourse. Par suite de son
affiliation avec la Société des Ingénieurs et Industriels, les
Sociétés occupent en commun les salles situées au-dessus du
café restaurant de la Bourse, et qui comprennent des salles
de réunion et de jeux, une vaste salle d’exposition et d’assem-
blée générale, une salle de conférences, une salle de bil-
lards, un salon de lecture et une bibliothèque. L’entrée a
lieu par la rue du Midi.
La Société a fait récemment une excursion de deux jours
dans la West-Flandre. Elle a visité les villes de Nieuport,
Dixmude, Fumes et Ypres, dont les monuments, et notam-
ment les fameuses halles et l'église Saint-Martin, ont vivement
intéressé les excursionnistes.
Cette partie du pays possède encore, des XVIe et XVIIe siècles,
des maisons en briques blanches très remarquables et d’une
architecture spéciale qu’on ne trouve nulle part ailleurs ; dans
ce genre, l’hôtel de ville de Furnes est un monument vrai-
ment unique. Sa façade entièrement en briques, dont cer-
taines parties sont sculptées (nous ne pouvons employer
d’autre mot) nous a vivement frappé.
Ce voyage, un des plus intéressants, que nous ayons fait en
Belgique, était parfaitement organisé.
A Nieuport, M. Bogaert, architecte de la ville, nous a fait
visiter les halles du XIVe siècle, avec beffroi d’un aspect tout
à fait original, et M. Brunfaut, conseiller communal, nous a
fait les honneurs de la cité yproise avec une obligeance et un
entrain dont nous tenons à le remercier ici.
L’excursion s’est terminée par une visite de l’hôtel de ville
d’Audenarde et de l’église de Notre-Dame de Pamele, que
beaucoup d’entre nous, nous regrettons de devoir le dire, ne
connaissaient, malgré leur proximité de Bruxelles, que de
réputation ou par la photographie.
Les Architectes provinciaux. — Nous avons reçu d’un
groupe d’architectes d’Anvers, une petite brochure, reprodui-
sant une requête adressée par eux aux autorités compétentes,
afin d’obtenir la revision du règlement des architectes provin-
ciaux de la province d’Anvers. Notre concours est acquis à
cette campagne, analogue à celle que la Société Centrale d’Ar-
chitecture a poursuivie avec tant d’ardeur depuis quelques
années et que nous avons vu couronner d’un si grand succès
l’année dernière, lors de la publication du nouveau règlement,
par lequel le Conseil provincial a enlevé aux architectes pro-
vinciaux les privilèges, le monopole scandaleux que l’ancien
leur avait permis d’obtenir auprès des communes qui devaient
bâtir une école, une église, un presbytère, etc.
Nous engageons vivement les auteurs de cette requête à se
faire connaître à notre Rédaction ; nous leur conseillons d’in-
téresser à leur demande la Société des Architectes d’Anvers ;
nous sommes persuadés que la réunion bien intime des efforts
de cette Société et de la Société Centrale d’Architecture, qui
lui donnera l’appui de son organe « l’Emulation », triom-
phera aisément des dernières résistances ou de l’indifférence
du Conseil provincial d’Anvers.
Échelle de sauvetage. — Nous avons assisté récemment
à une expérience intéressante dont l’abondance des matières
nous a empêchés de rendre compte jusqu’ici.
Il s’agissait d’essayer une nouvelle échelle de sauvetage
inventée par M. Charles Bellest, ingénieur.
L’invention de M. Bellest est aussi ingénieuse qu’elle est
simple. C’est, appliquée du haut en bas de la maison, une
sorte de grande tringle de fer qui tient à peine la moitié de
la place d’une gouttière. Comment une échelle peut-elle être
dissimulée dans cette sorte de tringle plate, large de trois à
quatre centimètres?
Un ouvrier s’approche, il appuie légèrement sur un petit
levier, et aussitôt de la barre verticale, sort une échelle en
fer, les échelons s’abaissent horizontalement, et du premier
étage jusqu’au faîte de la maison, on peut descendre ou monter
avec la plus grande facilité.
Il est difficile d’imaginer un engin de sauvetage aussi com-
mode en cas d’incendie. L’échelle, en se déployant, met en
mouvement une forte sonnette électrique, et tous les habitants
sont réveillés en même temps. Voilà qui ne peut manquer de
faciliter étrangement le travail des pompiers. Pour replier
l'échelle, on tire à soi le levier, et la barre de fer reprend son
aspect primitif.
Il est certain que l’invention de M. Bellest est appelée à
être très remarquée parce qu’elle est la réalisation d’une idée
pratique. Si chaque maison possédait une échelle pareille, le
danger pour les locataires, en cas d’incendie, disparaîtrait
presque complètement.
Cela nous a paru être l’avis de plusieurs membres du Conseil
communal de Bruxelles, de M. Allo, capitaine des pompiers,
et de la plupart des membres de la Commission de la Société
Centrale d’Architecture qui assistaient à ces expériences.
L’inspecteur général des prisons du royaume s’est rendu
récemment à Verviers pour rechercher un terrain destiné à
l’érection d’une nouvelle prison. L’inspecteur s’est abouché
avec l’échevin et le directeur des travaux de la ville. Plusieurs
terrains ont été visités, entre autres un vaste emplacement
situé dans l’immobilière Hanlet, emplacement sur lequel il
serait question de construire une vaste prison cellulaire pou-
vant contenir au moins deux cents détenus. Des ouvertures
ônt été faites à ce sujet à la ville, à laquelle l’Etat céderait la
prison actuelle et toutes ses dépendances.
Une demande de mise au concours a été adressée par la
Société Centrale d’Architecture à M. le Ministre de la Justice.
La joie règne en France dans le monde des antiquaires.
Des fragments des palais d’Artaxercès et de Darius viennent
d’être transportés à Paris. Contenus dans deux cent quinze
caisses, ces fragments ont été recueillis par la mission Dieu-
lafoy. On a dû fréter six wagons pour amener ces trésors
archéologiques, qui se composent de onze numéros principaux,
comprenant : des fragments de frises en faïence émaillée, des
pierres gravées, des monnaies de bronze, une partie du revê-
tement en bronze des portes des palais, des statuettes, etc., etc.
Il n’a pas fallu moins de deux ans pour mener à bien l’enlève-
ment et le transport de ces précieux restes.
Aujourd’hui tout est terminé, et dans quelques mois on
pourra voir ce palais installé dans le musée du Louvre.
(Indépendance belge, 9 juillet 1886.)
La grande médaille d’or de la reine d’Angleterre. — •
M. Charles Garnier, l’architecte bien connu de l’Opéra de
Paris, membre de l’Institut, vient d’obtenir la grande médaille
d’or, que la reine Victoria décerne chaque année à l’architecte
dont l’Institut royal des architectes britanniques juge les tra-
vaux les plus remarquables.
Cette haute distinction a été remise à M. Ch. Garnier en
séance solennelle de l’Institut à Londres où une ovation rare
chez nos voisins d’outre-mer lui a été faite.
Voici comment la Revue générale d'Architecture apprécie juste-
ment cette nomination :
« Nous applaudissons de grand cœur et à tous les points
« de vue au choix de nos confrères de l’Institut britannique.
« Charles Garnier est certainement l’architecte français vivant
« qui a montré le plus de personnalité dans ses œuvres et
« qui a exercé l’action la plus considérable sur celle de ses
« confrères. Cette action est même parfois trop marquée ; car,
« on ne l’imite pas, on le copie, on le reproduit, on le moule
« pour ainsi dire, et si cela prouve l'énergique impression pro-
« duite par les œuvres de Charles Garnier sur ses contempo-
« rains, cela ne devient-il pas aussi comme une déclaration
« d’impuissance de la part des copistes ? Enfin, M. Charles
« Garnier a créé chez nous une école Garnier. Les forts seuls
« s’imposent à ce point. Et c’est au double point de vue du
« patriotisme et de l’art que nous félicitons Charles Garnier
« et rendons hommage à l’esprit libéral de l’Institut britan-
« nique. »
Au banquet qui a été offert, le 5 mai, à M. Ch. Garnier
par la Société Centrale des Architectes de France, une adresse
de félicitations signée de tous les membres, lui a été remise.
Dans le toast qu’il lui a porté, le vice-président a rappelé
que depuis 1848, c’est la septième fois que la médaille de la
reine Victoria est décernée à un Français; les prédécesseurs
de M. Garnier sont : Hittorff, Lesueur, Viollet-le-Duc, Duc,
Texier et le marquis de Vogüé.
Bruxelles. — Alliance Typographique, rue aux Choux, 37. |