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ll 104 LA BELGIQUE.
logea après la bataille de Ramillies. C’est ensuite : une ancienne seigneurie brabançonne,
1 l'une des plus vieilles dont il soit fait mention, Steenockerzeel, et son église de style ogival,
intérieurement lambrissée de boiseries sculptées, reliant des confessionnaux ornés de personnages,
d'un goût surchargé et fleuri; Peuthy, la rustique résidence de l’endiablé boute-en-train des
qi kermesses flamandes, David Teniers le jeune, qui des fenêtres de son castel, confortablement
il assis sur l'emplacement de la métairie actuelle, regardait s'ébattre par les pelouses et par
les chemins les ancêtres des paysans boursouflés, à grosses têtes et à jambes grêles, qui |
1 aujourd'hui encore dansent au son des violons, les jours de liesse, dans les cabarets couleur |
de jambon fumé; Elewyt, d'où plus d'une fois, sur une de ces fières montures qui étaient
son orgueil, Rubens, alors dans tout l'éclat de la gloire, partit après la besogne du jour
pour rendre visite au jovial compère, lequel, de son côté, se plaisait à resserrer les liens
jai de leur mutuelle amitié par un tour de carrosse jusqu'au Steen de son grand voisin, encore s .
fi debout aujourd'hui grâce à une restauration respectueuse ; Grimberghen, siège autrefois d'une
Li 4 abbaye importante, célèbre aussi par l'ingérence de ses princes et de ses barons dans toutes
11 les querelles bruxelloises, et qui n’a plus, pour évoquer ces lointaines splendeurs, qu'une bastide
: entourée de fossés herbus et une église du dix-septième siècle.
C'est encore : Ham, dont le manoir, épargné par le temps, porte allègrement une
énorme charpente, compliquée d'un développement qui égale le reste de la construction ;
Da ii Wemmel et ses trois tourelles piquant l'air de leur flèche émoussée ; Meysse, où s'abritent
| actuellement, à l'ombre de vastes tours crénelées, dans le majestueux château de Bouchout,
environné de pièces d'eau, la mélancolie d'une destinée royale frappée aux sources de la vie;
"+ Vilvorde enfin, entrevu de loin à travers les bras tournoyants de ses moulins, fourmilière
silencieuse sur qui pèse l'approche de la maison de force. Tandis que se consument à
l'intérieur les détenus pleins de noires rancunes, la belle campagne verte prolonge
indéfiniment ses collines et ses prairies où, dans les lointains estompés de brumes, pointent
les clochers de Louvain.
Fe XIT
| Louvain. — Aspects de la ville. — L'Université. — L'Hôtel de Ville.
k | Pénétrez à la tombée de la nuit dans la vieille ville universitaire. Une rue spacieuse,
11 bordée d'habitations correctes, s'ouvre devant vous et vous mène à la place carrée où face
à face se dressent Saint-Pierre et l'Hôtel de Ville. Une circulation ralentie s'espace le long
des trottoirs ; petit à petit la population des fabriques s'est écoulée du côté des ruelles ;
çà et là un capuchon noir, battant de l'aile sur une tête de femme, frôle les murs :
doucement la ville rentre dans le silence. Il n'y a plus que de rares passants qu'on
voit se perdre dans l'allée sombre des petits cabarets, où des étudiants prenant l'air après
les études de la journée. Suivez la rue qui prolonge à travers la place le large pavé
que vous avez enfilé d'abord : les maisons se resserrent, la voie s'étrangle, les toits se
projettent en auvent, les pignons se dressent, des coudes violents mettent dans l'ombre des
angles imprévus.
0 | Engagez-vous dans le dédale étroit des rues : les unes vous conduiront à des quais
ë au bas desquels se meut une eau lourde et que des ponts voütent par endroits, les autres
à des places se terminant en boyau, avec un cadre de vieilles maisons ; et {out à coup une |