Full text |
sonner hs Por
b
É {hi |
h Arf [L 4
he { {
HO 0 À
Hold
HAE di Ar
AANUIRIE
Ent el
LE
fi n
; t ,
mo)
NN |!
PR
ME 0 4
hi. : |
200 PAS DIRE CGIIQILITE
patricien de lui confectionner un chef-d'œuvre avee le métal méprisé. Le père acquiesca,
et aussitôt l'enthousiaste artiste se mit au travail ; d'un goût exquis, 1l forgea le puits
du Marché aux Gants; et cette merveille enfin lui conquit la main de l’espérée. L'histoire
est consolante, car elle nous prouve qu'en ce temps les cœurs unis triomphaient des rigueurs
du sort. Et cest un délice toujours renouvelé de voir s'ériger, à l'ombre du portail, en
pleine circulation de la place, les ramures de ce joli arbre de fer. Tout autour s'active la
rue, roulent les haquets, gronde le mouvement du port prochain ; sous les neiges et les
soleils, il continue à fleurir, comme l'arbre
éternisé des anciens noëls, portant à ses branches
des roses d'amour.
Le vieil Anvers abonde, d'ailleurs, en petits
monuments commémoratifs, bien que tous n'aient
pas une valeur d'art égale; mais ils témoignent
du goût de l'habitant pour la plastique qui parle
aux yeux ; ils avèrent aussi les racines profondes
de la vieille religion. Aux encognures des rues,
aux chevets d'église, on rencontre des édicules
d'un décor naïf et populaire, de grands christs
en croix, des œuvres de miséricorde, des saints
avec leurs attributs légendaires, des évocations
du Jugement dernier, de douloureuses et
effrayantes Passions, ou bien encore, comme
en cette cour de la maison Joris, des Vierges
aux attitudes naives habillées de longues robes
plissées en raides cassures et portant sur leurs
bras, avec un geste de maternité adorante, de
petits Jésus empotés et dodus. Le soir, de grosses
lanternes pendues à des tringles fixes ou balan-
cées par des chaines mobiles s'allument devant
ces images toujours vénérées du peuple, qui
font se signer les passants et se prosterner
les vicilles femmes en manteau noir.
Quelquefois l'image décèle une intention sati-
UN COIN DU VIEIL ANVERS : LA VIERGE DE LA MAISON JORIS.
rique; dans un coin du Marché aux OEufs se remarque une silhouette de paysan basané, à
la barbe hirsute, le corps enveloppé dans un manteau gros bleu, ayant sous lui un panier
d'œufs et tenant un autre panier pareil sur ses genoux. C’est Teun (Antoine) Koekeloer, le
« Pasquino » anversois, dont la naissance remonte à 1667. Un citoyen aussi ancien peut se
permettre des critiques, et Teun ne s’en fait pas faute. Qu'un événement se produise, le rustre
l'apprécie à sa facon, avec une grosse gaité rabelaisienne et truculente. Il y a quelques années,
il échangeait des vues sur la politique locale avec une autre statue du mème acabit, la petite
laitière du Marché au Lait. La rusée paysanne lui donnait la réplique, dans un langage non
moins incisif que le sien. Teun n’a plus cette joie aujourd'hui : on lui a dérobé sa vaillante
commère, et, fatigué de monologuer, il s'est tu. D'ailleurs ne lui a-t-on pas changé son
vieil Anvers au point de tout rendre méconnaissable autour de lui ? Peut-être en at-il
gardé une rancune aux magistrats de la ville.
Comme le « Mannekenpis » dé Bruxelles, Teun Koekeloer et la laitière étaient vêtus
de riches vêtements lors des kermesses ou des Joyeuses entrées des souverains. D'humeur |