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L’ÉMULATION.
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CONCOURS
Concours extraordinaire d’Architecture
ouvert pour l'année 1892, par la Société des Architectes d'Anvers
RAPPORT DU JURY
n séance du 24 octobre 1891,
la Société des Architectes d’An-
vers (avec l’appui de la Pro-
vince, de la Ville et de la
Société Royale pour l’encoura-
gement des Beaux-Arts) a dé-
cidé d’ouvrir un concours pour
des élèves ou architectes qui,
en date du ier janvier 1892,
n’ont pas atteint l’âge de 3o ans
et qui, depuis le Ier janvier
1891, sont domiciliés en Bel-
gique.
Nous avons publié le programme de ce concours dans
notre numéro du mois de février dernier.
Nous publions aujourd’hui le rapport du jury :
« Le 3 août 1892, à 10 h. 20 du matin, s’est réuni dans le
local de l’Académie Royale, rue de Vénus, le jury du con-
cours, composé de MM. E. Geefs, président; V. Dumortier,
Serrure, Schadde, P. Dens, F. Van Dyck, Bilmeyer, mem-
bres; J. Kockerols, rapporteur.
Le président donne lecture du programme et déclare le
jury régulièrement constitué comme suit :
Président : M. Eug. Geefs.
Membres : MM. Dumortier et Dens, pour les concurrents.
M. Schadde, désigné par la Société Royale d’encourage-
ment des Beaux-Arts d’Anvers.
M. Serrure, comme invité par la Société des Architectes
d’Anvers.
MM. Bilmeyer et Van Dyck, choisis parmi les membres
de la Société.
M. F. Kockerols, rapporteur.
Le jury commence ses travaux et examine une première
fois les projets.
Le projet J est mis hors concours pour n’avoir pas suivi le
programme, plusieurs dessins n’étant pas à l’échelle deman-
dée.
On élimine successivement les projets E, G, A, F, à. l’una-
nimité.
Le projet L est éliminé par 6 voix contre 1 voix.
Après discussion et un mûr examen, on élimine encore le
projet C par 6 voix contre 1 voix d’abstention (l’abstention
pour le même mérite entre les projets C et D).
Après un nouvel examen et une longue délibération, on
propose de voter pour le premier prix, etc. Le jury passe au
vote. Le résultat suivant est obtenu :
ier prix. —- Le projet portant pour devise un blason,
qui est reconnu être celui de M. Emile Vereecken d’Anvers,
élève de M. J.-B. Vereecken et de l’Académie Royale d’An-
vers.
2e prix. ■— Le projet portant pour devise un cercle. Il
est reconnu être celui de M. Ferdinand Van Goethem, de
Saint-Nicolas, élève de M. Dieltiens,des Académies de Saint-
Nicolas et d’Anvers.
3eprix. — Le projet portant pour devise un A entouré d’un
rond, est le projet de M. Gaston Anciaux, de Chimay,
élève de l’Académie Royale de Bruxelles, et de M. Pierre
Egide Van Beesen, de Bruxelles, élève de M. Beyaert et de
l’Académie Royale de Bruxelles.
4eprix. — Le projet ayant pour devise une rosace compo-
sée de quatre ronds entrelacés ; il est reconnu être celui de
M. Auguste Cols, d’Anvers, élève de M. Baeckelmans.
5e prix. — Le projet ayant pour devise « Als ik han » ; il
est celui de M. François Mertens, de Borgerhout, élève de
M. Baeckelmans.
Les observations suivantes ont été présentées sur les six
projets B, K, I, H, D, C.
Sur le projet B (ier prix). Bon plan: café, salle de restaurant,
salle de billard bien disposés ; beau vestibule ; le kiosque au
jardin aurait dû se trouver au milieu de celui-ci.
La façade est bien traitée, malgré quelques défauts de
proportions; les tours sont un peu massives. Beaux rendus.
Sur le projet K (2e prix). Il y a du jeu dans le plan. Les
galeries, kiosques, café, salles de restaurant et de billard
bien disposés; les vestiaires sont bien trouvés. Le lanter-
neau au-dessus de la salle de réunion n’est pas dans 1 axe de
la place ; pourtant un bon plan.
La façade principale manque un peu d’uniformité.
Sur le”projet I (3e prix). Les fenêtres sur le palier sont mau-
vaises comme disposition, un bon plan sur une petite sur-
face.
La façade principale n’est pas heureuse ; elle manque d’har-
monie; les toitures sont mauvaises comme aspect.
Dans la coupe il y a des détails qui sont un peu maigres,
entre autres les frontons, etc., au-dessus des statues; cette
coupe est cependant assez originale, malgré les petits défauts.
Sur le projet H (4e prix). Beaucoup trop d’escaliers ; pour
arriver à la salle de lecture, on doit passer parla bibliothèque ;
les W. C. sont mal éclairés et mal aérés ; salles de réunions
trop grandes ; le grand escalier mal disposé comme escalier
monumental.
La façade est assez heureuse, simple et d’un bon aspect.
Sur le projet D (5e prix). La surface des galeries, dégage-
ments et vestibules le double des autres places; beaucoup
trop d’escaliers. Vestiaires petits et mal disposés; l’entrée
principale est beaucoup trop petite ; salle de sections mal
dégagée ; les entrées de la salle d’exposition sont pauvres
d'aspect.
Sur le projet C. La salle de concert est mal réussie. Salle
d’exposition trop petite ; un bon ensemble et suite pour le
restaurant, café, salle de billard, etc.
La galerie en face des fenêtres pour la salle de concert est
trop éloignée de celles-ci pour avoir assez de jour; le grand
vestibule est mal éclairé; mauvaise entrée pour la salle de
concert.
Ainsi fait en séance à Anvers, le 3 août 1892.
Le Secrétaire, Le Président,
F. Kockerols. E. Geefs.
Les Membres :
R. Serrure, V. Dumortier, J. Schadde, P. Dens,
R. Van Dyck, J. Bilmeyer.
CONSTRUCTION
Belgique
Union syndicale de Bruxelles
CHAMBRE DES EXPLOITANTS DE PETIT GRANIT
« A Monsieur le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie
et des Travaux publics.
« Monsieur le Ministre,
A différentes reprises, notre Association s’est trouvée dans
la triste nécessité d’appeler votre bienveillante attention
sur la situation désastreuse de notre industrie et de vous
supplier d’y porter remède par la mise en adjudication immé-
diate de travaux publics. Actuellement la crise que traversent
les carrières de pierres de taille est telle, qu’au commence-
ment de l’hiver nous serons tous obligés de renvoyer nos
ouvriers faute de travail ; nous croyons devoir attirer la
sérieuse attention du Gouvernement sur ce fait, qui non seu-
lement plongera dans la plus profonde misère les familles de
6,000 ouvriers carriers, mais encore tous les boutiquiers et
petits négociants qui vivent de l’ouvrier.
« Les membres de notre Association, désirant n’assumer
aucune responsabilité des conséquences graves que le renvoi
des ouvriers pourrait occasionner, ont pris la résolution de
vous adresser, ainsi qu’aux autres membres du Gouvernement
et de nos Chambres législatives, l’exposé de la situation
exacte de notre industrie.
« La crise actuelle, plus pénible encore que celle que nous
avons traversée pendant la guerre de 1870, est due :
« i° A la fermeture des marchés allemands et français.
« Il convient, en effet, d’attribuer l’une des causes capitales
du manque de travail dans les carrières, à l’imposition des
droits exorbitants à l’entrée en France de nos pierres bleues
et principalement des monuments funéraires. Ces articles, qui
occupaient environ i,5oo ouvriers, sont imposés de 3 francs
les 100 kilos ou 81 francs par mètre cube, ce qui équivaut à
la prohibition complète.
« En ce qui concerne l’Allemagne, le tarif adopté il y a
quelques mois ne modifie pas suffisamment le régime anté-
rieur, pour nous permettre de reprendre le marché que des
droits excessifs nous avaient fait perdre ;
« 20 Au très petit nombre de travaux de quelque impor-
tance, nécessitant l’emploi de pierres bleues, mis en adjudi-
cation en Belgique;
« 3° A la faculté laissée à MM. les architectes, même pour
des travaux subsidiés, d’employer des matériaux étrangers,
alors qu’il est de notoriété publique que ces matériaux ne
conviennent sous aucun rapport à notre climat.
« Cette préférence ne se justifie pas, même par la récipro-
cité des bons procédés, car récemment encore nous avons vu
la circulaire de M. Cavaignac, ministre de la marine en
France, interdisant aux préfets maritimes l’emploi des maté-
riaux étrangers pour les travaux à exécuter dans leurs dépar-
tements.
« Nous ne demandons pas à nos grandes administrations
de prendre pareilles mesures que nous désapprouvons com-
plètement, mais nous pensons ne pas être exigeants en deman-
dant que les pierres indigènes entrent pour la plus grosse part
dans la construction de nos monuments, et qu’il ne soit plus
employé, comme le cas s’est présenté il y a trois mois, dans
un bâtiment public, plus de mille mètres cubes de pierres
étrangères, alors que l’on ne mettait en œuvre, dans le même
bâtiment, que 25o mètres cubes de pierres belges.
« Aux architectes qui prétendent que la pierre bleue donne
aux monuments un caractère particulièrement lourd et sombre,
nous rappellerons les pavillons belges qui ont été édifiés aux
expositions universelles de Paris et appréciés par tous les
artistes, ainsi que tant de monuments et constructions parti- |