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L’ÉMULATION.
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Cour de cassation, au Palais de Justice, sous la conduite de
MM. Daumet et Blondel.
Il a varié, jeudi dernier, ses plaisirs, par une excursion à
Châlons-sur-Marne. Il a enfin étudié tour à tour une série de
questions dont la solution intéresse la corporation tout
entière.
Le Congrès a terminé ses séances aujourd’hui par la distri-
bution des récompenses décernées par la Société centrale des
architectes français. La cérémonie a eu lieu, à une heure,
dans l’hémicycle de l’Ecole des beaux-arts. M. Charles Yriarte,
inspecteur des beaux-arts, représentant le Ministre de l’instruc-
tion publique, présidait.
Après la lecture des rapports de MM. Paul Sédille et
Loviot, on a procédé à la distribution des récompenses. Voici
les principales :
i° Architecture privée. — Grande médaille d’argent (fonda-
tion Le Soufaché) : M. Scellier, de Gisors, architecte à Paris,
et M. Bougouin, architecte à Nantes; médaille d’argent,
jurisprudence : M. Charpentier, architecte à Paris; archéo-
logie : M. Lecomte du Noüy, architecte français, résidant à
Bucharest (Roumanie).
20 Ecole de France à Athènes. — Grande médaille d’argent:
M. Jamot,
3° Etudes sur les monuments français. — Grande médaille
d’argent : M. Lafargue, architecte à Blois.
40 Ecole nationale des beaux-arts. — Grande médaille d’ar-
gent (fondation Destors) : Rappel de la médaille, M. Du-
quesne, élève de M. Pascal.
Grande médaille d’argent (fondation Alfred Chapelain) :
M. Lerolle, élève de MM. Guicestre, Peigney, Duray.
5° Ecole nationale des arts décoratifs. — Grande médaille
d’argent (fondation Rolland) : M. Bourgeois.
6° Ecoles privées d'architecture. — Grande médaille d’argent
(fondation Bouwens van der Boyen) : M. Recoura, élève de
M. Pascal.
70 Industries d'art. — Médaille d’argent (fondation P. Sé-
dille) ; M. Guifard, peintre-décorateur à Paris.
ARCHÉOLOGIE
a collection du Musée du Louvre va s’en-
richir d’une superbe mosaïque antique,
qui mesure près de 9 mètres de longueur
sur 4m5o de large.
Cette mosaïque a été découverte l’année
dernière par un cultivateur de Saint-Ro-
main-en-Gal (Rhône), dans un terrain lui
appartenant.
L’exhumation ne put avoir lieu en rai-
son de la mauvaise saison, elle tut remise au prin-
temps.
M. Georges Lafaye, maître de conférences à la
Sorbonne, qui se trouvait à Lyon à cette époque, en
a profité pour faire une étude des plus intéressantes
de ce monument.
Il nous apprend que la mosaïque, qui se trouvait entre les
fondements des murs d’une grande salle, se composait autre-
fois de quarante compartiments carrés séparés par une torsade
à sept couleurs. On en remarque encore vingt-sept enca-
drés dans une bordure de rinceaux multicolores. Quatre
compartiments placés aux angles représentaient une grosse
fleur de lotus épanouie, surmontée d’un masque féminin.
Quatre, placés dans les intervalles, étaient remplis par des
têtes de Méduse; les trente-deux autres par des sujets à per-
sonnages.
Au centre quatre petits génies symbolisent les quatre sai-
sons : l’Hiver est monté sur un sanglier, le Printemps sur un
taureau, l’Eté sur un lion et l’Automne sur un tigre, compagnon
de Bacchus. Mais le principal attrait du monument, c’est la
suite des dix-neuf tableaux représentant des scènes de la vie
rustique, qui sont groupées autour des saisons et consti-
tuaient, par l’orientation même de l’ancienne salle, une sorte
de calendrier rustique.
Autour de l’Hiver on peut admirer la semaille des fèves, la
meule, le transport du fumier, le four, le tressage des paniers,
un sacrifice domestique et des ménagères semblant serrer
quelque récolte.
Près du Printemps on voit l’arrivée de la cigogne, et la
greffe des arbres. Près de l’Eté, un sacrifice à Cérès, la fête
des moissonneurs, la récolte du chaume. Enfin, l’artiste a
encadré l’Automne de la cueillette du raisin sur les arbres et
sur les treilles, du foulage du raisin dans la cuve, du labou-
rage et des semailles, de la cueillette des fruits, du pressoir.
Cette mosaïque, qui sera prochainement installée sous l’es-
calier Daru, —on peut s’en rendre compte par la description
que nous venons d’en faire, — est des plus curieuses et a
l’avantage d’être très bien conservée.
L’hôtel du Bourgtheroulde, à Rouen, déjà si justement
célèbre par sa tonnelle hexagonale et par la superbe suite de
bas-reliefs de l’entrevue du Camp du Drap-d’Or, présente
depuis quelques jours à la curiosité des archéologues et des
artistes un nouvel élément d’intérêt. En démolissant une
petite construction en galandage située à gauche, en entrant
dans la cour, et qui servait de logement de concierge et de
remise, on a mis à jour l’allège d’une fenêtre du premier
étage présentant des sculptures en haut-relief aussi remar-
quables au point de vue artistique que sous le rapport histo-
rique et documentaire. On va s’occuper de la restauration de
cette jolie fenêtre qui semble dater de la fin du sixième
siècle, ainsi que des sculptures qui la décorent. On étudie
également la galerie de bois adossée à la tour en vue d’une
resiauration possible s’harmonisant avec l’ensemble de cette
cour si pittoresque de l’hôtel du Bourgtheroulde.
Mosaïque de Sainte-Colombe
On se souvient de l’intéressante mosaïque de Sainte-
Colombe, ou, pour mieux dire, de Saint-Romain, décou-
verte, l’an dernier, dans la propriété Barou et acquise
par le Musée du Louvre. L’enlèvement, qui en avait été
ajourné jusqu’aux beaux jours, vient d’être effectué et il a
pleinement réussi; grâce à des praticiens très habiles et aux
procédés aussi ingénieux que simples qu’ils ont employés,
cette opération a pu être faite dans l’espace d’une semaine.
Aujourd’hui ce remarquable tableau, collé sur toile, en
quelque sorte marouflé à l’envers, découpé par panneaux,
comme le grand panorama de Détaillé, ce beau tableau,
disons-nous, soigneusement disposé dans des caisses, a pris
le train pour Paris comme un vulgaire colis de denrées colo-
niales; mais, hâtons-nous d’ajouter, pour revoir le jour, bientôt
remonté, mis en place neuve et orgueilleusement étalé dans
une des nouvelles salles qui se créent au Louvre et que l’on
est en voie d’aménager, sous la direction de l’éminent con-
servateur du Musée archéologique, M. Héron de Villefosse.
Là, les archéologues de tous les pays pourront aller l’étu-
dier et l’admirer, tandis que les curieux de Sainte-Colombe
et de Vienne iront la revoir en profitant de cette occasion
pour exhaler, non sans raison, une fois de plus, leurs regrets
de n’avoir pas conservé chez eux un de ces restes de la civili-
sation romaine, que le monde savant nous eût envié.
Mais le commerce avant tout; en ces temps difficiles, habi-
tués que sont les cultivateurs de notre contrée à expédier au
loin les productions de leur sol, ceux-ci ont signifié à la
mosaïque d’avoir à subir le même sort, et pour peu qu’on en
eût retardé l’envoi, elle eût fait route avec les premiers paniers
de fraises de la saison, comme deux bonnes voisines qu’elles
étaient, sans se connaître, celle-ci un peu au-dessus du sol,
celle-là un peu au-dessous, pour se dire un éternel adieu en
arrivant aux barrières de l’octroi de Paris.
O Vienne, hier encore on te faisait souvenir qu’un jour tu
as mérité d’être appelé « Vienne la Belle » ; ce jour est bien
loin! tu n’es plus belle, et... tu ne veux même pas le rede-
venir!
Enfin, il nous reste une dernière consolation; si la
mosaïque n’est plus à Vienne, ni même à Lyon, nous savons
qu’elle reposera encore sur le sol gallo-romain ; elle aura seu-
lement quitté les bords du Rhône pour aller orner ceux de la
Seine. C’est néanmoins un peu dur. E. Bizot.
MONUMENTS COMMÉMORATIFS
France
Monument du sculpteur J.-B. Carpeaux,
à Valenciennes
Erigé en 1881 dans le cimetière de Valenciennes, sur le
caveau contenant les dépouilles mortelles du grand
artiste, ce monument, dû à notre confrère Ernest Thi-
beau, se divise en deux parties distinctes : le tumulus orné
d’une pierre tombale accusant la sépulture, la stèle sur
laquelle sont inscrites, en face principale, les dates de la nais-
sance et de la mort de Carpeaux; sur la face postérieure,
l’énumération de ses oeuvres.
Cette stèle, accolée de deux génies en bronze, celui de la
sculpture et celui de la renommée, est couronnée par le buste
de l’artiste ; ces deux figures et le buste, sont l’œuvre du
regretté et éminent statutaire Ernest Hiolle qui, pénétré de
son sujet, a voulu rappeler, sur cette tombe, le style familier
au grand maître qu’il admirait et qu’il voulait glorifier.
Les frais de l’édification de ce monument ont été couverts
par une souscription nationale qui a produit 18,000 francs.
Les bronzes sortent des ateliers de M. Moltz de Paris; l’exé-
cution de la maçonnerie et de la pierre a été confiée à M. An-
toine Fortier, entrepreneur à Valenciennes.
JURISPRUDENCE
France
ENTREPRISE A FORFAIT. — SUPPLÉMENT DE PRIX. — MODI-
FICATIONS. — TRAVAUX NON EXÉCUTÉS.
(13 mars 1891)
Conseil d’État : Fabrique de Salle d'Aude c. Durand.
Bien qu’un entrepreneur se soit engagé à exécuter, moyen-
nant un prix fixé à forfait, un travail convenu d’après des
plans dressés à l’avance par un architecte, il a droit à un sup- |