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jour, l’exemple de nos confrères d’Anvers suivi dans les autres
grands centres du pays.
La désagrégation de nos cercles correspondants nous sug-
géra l’idée de grouper autour de nous, en les prenant isolé-
ment, nos confrères de province ; la classe des membres cor-
respondants fut bientôt créée et nous eûmes le vif plaisir de
voir beaucoup d’entre eux demander leur inscription au
tableau de notre association.
* *
Durant ces trois ou quatre années de tâtonnements, d’essais
tour à tour heureux et malheureux, la Société, poursuivait à
pas lents la réalisation de son programme. Mais il n'était pas
toujours aisé, avec les faibles ressources dont elle disposait et
que diminuaient encore de fréquents déménagements — en
dix ans nous avions changé six ou sept fois de local — de
mettre en pratique les mirifiques théories de ses fondateurs.
Néanmoins, la bibliothèque avait été formée dès les premiers
temps, au moyen de livres, d’ouvrages d’architecture prêtés
par des membres. Elle avait évidemment peu d’importance et,
nous devons l’avouer, son installation rudimentaire, nos fré-
quenté déplacements, ainsi que la modicité de nos recettes,
qui ne nous permettaient pas de lui donner un développement
suffisant, furent cause d’une sorte d’insuccès relatif.
En 1874 elle ne comptait que 19 volumes.
1879 » » » 32 n
1880 » » » 95 »
En 1885 ce nombre s’élevait à 182 volumes.
Installée, aujourd’hui, grâce à l’obligeante initiative de
M. Wellens, président de la Société belge des Ingénieurs et
Industriels et de la Commission royale des Monuments, au
Palais de la Bourse, où nos membres trouvent les avantages
d’un cercle d’agrément unis à ceux que procure une société
d’études richement pourvue d’ouvrages scientifiques et artis-
tiques, elle nous rend de réels services ; sous l’intelligente
direction de notre enthousiaste bibliothécaire, P. Saintenoy,
son développement est devenu considérable; elle ne com-
prend pas moins de 244 ouvrages et 52 publications ou revues
périodiques que nos relations avec de nombreuses sociétés
d’architectes de l’étranger, nous ont permis d’obtenir par voie
d’échanges contre un certain nombre d’abonnements à l'Ému-
lation,' mis gracieusement à notre disposition par le Comité de
Rédaction de cette Revue.
Les excursions avaient fait l’objet des premières préoccu-
pations de la Commission administrative et avaient été orga-
nisées dès 1873; la première eut lieu le Ier février, ici même,
au Palais de la Bourse, dont on terminait alors la construc-
tion. Elle fut bientôt suivie de visites nombreuses, limitées
d’abord aux monuments de Bruxelles et ses faubourgs; il
fallait être économe ; puis on alla à Louvain, à Malines, à
Hal, à Anvers, etc.; les années suivantes les excursions s’éten-
dirent à tout le pays.
Au bout de quatre années, nous avions parcouru la plupart
des villes intéressantes de la Belgique, et ces voyages d’un ou
deux jours dans notre petit pays n’offraient plus un champ
assez vaste à l’activité, au besoin d’excursions plus lointaines,
que ces premiers essais avaient fait naître parmi nous.
Lille fut lapremière ville étrangère que nous visitâmes. Bien-
tôt les beautés architecturales des principales villes de la Hol-
lande: Amsterdam, La Haye, Rotterdam; des provinces rhé-
nanes : Cologne et son Dom, Aix-la-Chapelle et son église car-
lovingienne; les antiques monuments de Trèves, de Maestricht
et de Tongres, les superbes cathédrales de Reims, de Beauvais
et d’Amiens, les formidables châteaux de Coucy et de Pierre-
fonds, devinrent le but d’excursions de quatre à cinq jours,
auxquelles prirent part, presque toujours, une vingtaine de
membres.
Celles faites à Paris en 1878, et‘à Londres, en 1881, firent
vivre, durant une semaine entière, dans une charmante inti-
mité, une quarantaine de membres.
L’organisation de ces voyages était cependant encore
embryonnaire ; leur importance croissant chaque année, on
voulut leur donner une préparation plus complète, en tracer
des itinéraires mieux étudiés, les rendre ainsi plus agréa-
bles, en débarrassant les excursionnistes de toutes les préoc-
cupations, relatives aux heures de trains, au choix de l’hôtel,
à la nourriture, aux bagages.
Les grandes excursions annuelles faites de 1883 à 1886 en
Normandie, aux bords du Rhin et aux bords de la Loire
montrèrent ce que pouvait donner de facilités, d’agrément,
d’économie de temps et d’argent, une direction prévoyante et
intelligente de ces voyages.
Pour une somme relativement minime, 200 à 225 francs,
nous visitions des parties étendues de la France et de l’Alle-
magne, descendant dans les meilleurs hôtels, ne manquant
pas d’utiliser tous les moyens de transport, même les plus
coûteux, pour visiter les curiosités artistiques éloignées des
voies ferrées, accomplissant ainsi des trajets de 1,5oo et
1,800 kilomètres.
Nos membres n’avaient à s’inquiéter de rien durant ces
voyages ; des voitures les attendaient aux gares et les y recon-
duisaient; les repas étaient prêts et servis aussitôt leur
arrivée ; l’itinéraire était tracé pour la visite rapide, mais suffi-
sante pour les bien voir, des monuments et des curiosités de
chaque ville.
Nous eûmes le plaisir de constater la présence de plusieurs
de nos membres correspondants, mais trop peu nombreux à
notre avis. Il leur a suffi de faire partie d’un de ces voyages
pour qu’ils aient le désir sincère, malheureusement contra-
rié trop souvent par leurs occupations, de participer à cha-
cune de nos excursions annuelles. Nous ne doutons nulle-
ment que beaucoup d’entre eux ne viennent avec nous,
l’année prochaine en Angleterre, où nous comptons retrouver
partiellement, dans les grandes cathédrales anglaises du
moyen âge, cette intéressante architecture normande que
nous admirions, il y a trois ans, dans l’Ouest de la France.
Outre leur côté utilitaire, incontestable au point de vue
artistique, et l’enseignement mutuel qui résulte de l’échange
des impressions que l’on y ressent, ces excursions, faites tou-
jours le plus gaiement du monde, ont puissamment contribué
à développer ces sentiments de confraternité et d’amitié qui
unissent généralement nos membres, préparant lentement,
mais sûrement, cet esprit de corps qui nous manque encore,
qui fait la puissance des corporations d’ingénieurs, d’avo-
cats et de médecins, sortis d’une même école spéciale.
Les excursions sont certainement une des institutions dont
notre Société a le droit de se montrer le plus légitimement
fière.
*
* *
La création d’une Revue d’architecture était une entreprise
digne de tenter les fondateurs de la Société Centrale, — ces
gens-là ne doutaient d’ailleurs de rien. — Aussi l’assemblée
du 4 juillet 1873 chargea-t-elle une commission composée de
MM. Allard, Baes, Benoit, Neute et Dumortier d’étudier les
moyens de la réaliser.
Outre beaucoup d’audace et d’énergie, il est une chose
absolument nécessaire pour fonder une publication pério-
dique quelconque et surtout un journal d’architecture, lequel
doit se composer en majorité de planches. Cette chose c’est
l’argent.
Or, ce que nous manquait le plus, c’était l’argent.
La Société disposait d’un avoir de 600 francs, elle en mettait
généreusement la moitié, 3oo francs, à la disposition de la
Commission du journal. L’insuffisance de ce chiffre ne nous
fit point hésiter et, le 9 janvier 1874, six mois après sa nomi-
nation, la Commission déposait, avec son rapport, la première
livraison du journal.
MM. Fonteyne, Vandeveld et Vanden Eeckhoudt, dont je
me plais à rappeler ici le concours désintéressé, avaient
dessiné et autographié gratuitement les premières planches ;
MM. Allard et Benoit en avaient rédigé le texte, auquel
M. Alphonse Wauters accorda dès le début sa précieuse col-
laboration.
Il fallait un nom au nouveau-né : sur la proposition de
M. Vandeveld, à qui revient le titre de parrain, on le baptisa
« L’ÉMULATION. »
Ce nom était bien en situation, Messieurs; dès ce jour, en
effet, cette saine émulation n’a point fait défaut à la plupart
de nos collaborateurs.
On adjoignit aux cinq membres de la première Commis-
• sion, MM. Vandeveld et Vanden Eeckhoudt et le Comité
de Rédaction et de Direction du journal fut régulièrement
installé.
Quoique chacun apportât, avec un rare désintéressement, sa
pierre à l’édifice, nous avions dépensé à la fin de 1874 près de
7,000 francs. Nous étions loin des 3oo francs mis à notre dis-
position par la caisse de la Société! Heureusement, nous
comptions déjà 25o abonnés pour la IIe année; quelques-uns
nous payèrent d’avance, nos imprimeurs nous firent crédit et
on entama hardiment la IIe, puis la IIIe années.
Ah ! Messieurs, moi qui ai eu le périlleux honneur de pré-
sider depuis sa fondation aux destinées de l’Émulation, je puis
bien vous dire que la situation financière a souvent été embar-
rassante et embarrassée, que nous avons eu des pas diffi-
ciles à franchir. Peu à peu le dévouement de quelques-uns de
ceux qui s’étaient offerts à dessiner les planches à des prix
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L’ÉMULATION.
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