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vous voir parmi nous ; nous vous remercions d’être venus nous
apporter la certitude que nous ne nous sommes pas trompés en
faisant appel au concours de vos connaissances, pour éclairer
les débats qui vont s’ouvrir, et que nous pouvons compter
dorénavant sur votre efficace appui.
M. le Président donne ensuite lecture de plusieurs
lettres de membres correspondants s’excusant de ne pouvoir
assister à la séance et de sociétés correspondantes qui nous
félicitent à l’occasion du XIVe anniversaire de la fondation
de la Société Centrale d’Architecture de Belgique.
1. Historique de la Société
M. Dumortier donne lecture du travail suivant :
Messieurs,
La commission administrative a cru intéressant, à l‘occa-
sion de cette première réunion plénière, de vous exposer
brièvement l’historique de notre Société, de rappeler aux fon-
dateurs et d’apprendre à la plupart de nos membres quelle est
l’origine, ce qu’ont été les débuts, les travaux, les succès de
notre Société.
Elle m’a confié cette honorable mission, qui m’est très
agréable. Je m’efforcerai de la remplir le mieux que je pourrai.
C’est à la Nouvelle Cour de Bruxelles, rue des Sœurs-
Noires, au mois de décembre 1872, qu’eut lieu une réunion
préparatoire, dans le but de créer une association d’architectes
et de dessinateurs architectes, dont l’idée hantait depuis long-
temps déjà le cerveau de quelques-uns d’entre eux, parmi les-
quels un enthousiaste ami, Polonais d’origine, Français de
naissance, Jules Rzetkowski, mort peu après, dont le sou-
venir est resté cher à beaucoup d’entre nous.
A cette première séance, car ce fut réellement une séance
très sérieuse, ma foi, il fut décidé qu’une circulaire inviterait
tous les dessinateurs architectes de la capitale à une assem-
blée générale le vendredi i3 décembre 1872.
En voici le texte original, dont il ne nous reste qu’un exem-
plaire précieusement conservé dans nos archives.
Bruxelles (date de la poste), 1872.
Messieurs et Confrères,
Les dessinateurs architectes de Bruxelles, contrairement à leurs collè-
gues de Paris et des autres capitales, n’ont aucun lien, aucun rapport
entre eux ; cet état de choses est des plus préjudiciables aux intérêts de
cet art, grand entre tous, que nous cultivons : l'architecture.
Réunis dans le but d'amener un rapprochement désormais indispen-
sable entre les dessinateurs architectes de la capitale, une trentaine
d’entre nous ont adhéré à la création d'une Société d’Architecture et la
séance définitive de fondation a été fixée à vendredi prochain, 13 décem-
bre, à .9 heures précises au local provisoire de la Société, rue des Sœurs-
Noires, à la Nouvelle Cour de Bruxelles.
Nous croyons utile de prévenir nos confrères de se méfier des bruits
erronés ou malveillants qui circulent en ville à ce sujet et qui sont de
nature à empêcher un rapprochement si désirable à tant de points de vue.
Les premiers membres adhérents n'ont aucune idée préconçue ; toutes
les opinions pourront se produire à cette prochaine réunion, nous n’avons
en vue que l’intérêt de tous ; c'est pourquoi nous vous prions d’y assister,
votre présence ne vous engageant du reste aucunement.
Le but complètement désintéressé que nous vous proposons est le
développement et le progrès de l’art architectural dans notre pays, en
améliorant la situation morale des dessinateurs par l’instruction mutuelle,
les conférences et les excursions archéologiques et artistiques, etc.
D’autres idées ont encore été émises et seront discutées dans la suite
en temps utile, telles que :
i° Création d’un bureau de renseignements où les architectes pour-
ront s'adresser pour trouver des dessinateurs de telle ou telle catégorie,
et par contre où les dessinateurs pourront s’inscrire pour trouver de
l’occupation, et cela pour la plus grande commodité des uns et des
autres.
2° Création d'une caisse de prévoyance pour venir en aide à des collè-
gues atteints de maladies graves, etc., etc.
Quoi qu'il en soit, Messieurs, nous n’avons d'hostilité ni de prévention
envers qui que ce soit, et, disons-le, moins envers les architectes qu’en vers
personne, et sommes décidés à laisser à tous la plus grande liberté d'opi-
nion, mais nous avons tout à gagner à nous connaître, à nous apprécier,
à nous entr aider ; et déjà les premiers adhérents se félicitent d'avoir pu
créer de bons rapports entre eux.
N’oublions pas, Messieurs, que l’association a toujours été un grand
levier de civilisation et de progrès; aussi, certains que vous répondrez à
notre appel, nous vous disons :
Chers confrères, à vendredi prochain !
Pour le Comité provisoire :
Edouard Lebœuf.
Louis Duwaerts.
G. Rion.
Jean Rosschaert.
Valère Dumortier.
Les signataires de cette première convocation n’étaient
guère superstitieux, Messieurs ; ils ne craignaient pas, comme
vous voyez, de choisir un vendredi et, qui plus est, le treize
du mois, comme date de la fondation de leur société.
Quarante-quatre jeunes disciples de Vitruve répondirent à
cet appel.
J’eus l’honneur d’être désigné, comme aujourd’hui, par le
comité provisoire, pour exposer le but que nous poursuivions,
et, élu président au cours de la séance, de déclarer fondée la
Société Centrale d’Architecture de Belgique.
Notre sympathique confrère Benoit démentit victorieuse-
ment, dans cette séance, les bruits, répandus dans certains
bureaux d’architectes, que nous voulions former une société
de résistance aux patrons.
C’est littéralement en ces termes qu’on interprétait mal-
veillamment nos intentions.
Or, voici extraits du procès-verbal de cette première assem-
blée, les statuts de la jeune société, qui s’y est toujours fidèle-
ment conformée, nous serons heureux de vous le faire con-
stater tantôt.
La Société prend pour titre :
SOCIÉTÉ CENTRALE D’ARCHITECTURE
Elle a pour but :
1° La réunion des architectes et dessinateurs en un local permanent
afin de faciliter les rapports entre eux et les rendre plus fréquents.
D’établir un bureau de renseignements afin que chaque membre sans
place puisse être de suite informé des vacatures et que ceux qui auraient
connaissance de places vacantes en informent le Comité.
2° De fonder : 1° Une bibliothèque à l’usage exclusif des membres ; 2° Un
journal d'art, mensuel ou hebdomadaire auquel chacun pourra collaborer
dans la mesure de ses aptitudes ; 3° D’organiser des excursions en Belgi-
que et même à Vétranger, des conférences artistiques, soit par des mem-
bres, soit par des personnes étrangères d’un mérite reconnu.
3° D’établir une caisse de prévoyance en faveur des membres, qui, pour
cause d'infirmités ou de maladie, se trouveraient dans l’impossibilité de
subvenir à leur existence. Cette caisse se formera d’abord au moyen d’un
versement minime des membres et ensuite par des legs généreux, de
sociétaires favorisés de la fortune, de l’État, de la ville, ou même de par-
ticuliers qui porteraient intérêt à l’art.
Il est bien évident que rien dans ce programme n’était de
nature à faire croire qu’il pouvait être question d’une société
de grévistes, et il est presque inutile d’affirmer encore aujour-
d’hui que nous n’y eussions jamais songé.
De nombreuses adhésions nous parvinrent bientôt ; la liste
des membres fondateurs, arrêtée le Ier janvier 1873, compre-
nait 5y associés, dont quelques-uns nous sont restés fidèles
jusqu’aujourd’hui. Voici les noms de ces derniers ;
Allard (Ernest), Baes (Jean), Bosmans (Constant), Dumortier (Valère),
De Jaer (Edmond), Devigne (Edmond), Duray (Henri), Lebœuf (Edouard),
Roschaert (Jean), Raquez (Oscar), Segers (Jean), Vandeveld. (Henri).
On a parfois reproché à notre association son titre un peu
sonore : Société Centrale d’Architecture. Il était cependant bien
justifié, Messieurs, par l’intention qu’avaient ses fondateurs
de provoquer, à bref délai, la formation, dans les principales
villes du pays, de cercles affiliés, avec lesquels ils auraient
entretenu une correspondance suivie et travaillé à la réalisa-
tion d’un programme commun.
Ils y réussirent, du reste, en partie dès les premières années ;
il est peut-être bon de vous rappeler, Messieurs, que cette
idée déjà vieille de cercles correspondants eût presque immé-
diatement un commencement d’exécution. De 1873 à 1875, à
Gand, à Anvers, à Liège, quelques confrères se réunirent, se
constituèrent en sociétés, qui, malheureusement, n’entretinrent
avec nous que des relations éphémères.
Leur manqua-t-il la persévérance, l’énergie nécessaire?
nous ne savons ; nous eûmes bientôt à regretter l’inactivité,
l’inanité de nos cercles correspondants.
A l’exception de la Société des Architectes liégeois, qui se
maintint pendant deux ans, grâce aux énergiques efforts de
nos confrères, MM. Bodson, Charlier, Hansen, Soubre et
d’autres, qui rédigea même un tarif d’honoraires de l’archi-
tecte que nous avons adopté depuis, les sociétés correspon-
dantes ne durèrent guère plus que les roses ; un beau matin,
les satellites étaient disparus, il restait au centre de gravita-
tion son titre un peu pompeux de Société Centrale. Celle-ci
comptant renouveler sa tentative, ne voulut pas le changer.
Quelques années plus tard s’organisait à Anvers une Société
d’Architectes, au sein de laquelle nous comptons un grand
nombre de membres correspondants ; ce groupe nombreux et
actif donna bientôt des preuves de sa vitalité par l’organisa-
tion de concours, dont celui de l’année dernière surtout
obtint un véritable succès.
Nous sommes heureux des excellentes relations que nous
n’avons cessé d’avoir avec la société anversoise. Nous souhai-
tons ardemment les voir se continuer, devenir plus fréquentes
dans l’avenir, et nous ne désespérons pas de voir, quelque
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L’ÉMULATION.
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