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Tel artiste de grand mérite pourra facilement faire une
esquisse qu’il ne pourra pas consacrer le temps nécessaire à
un travail complet.
Cette première épreuve se ferait d’après un programme qui
indiquerait, dans ses grandes lignes, la destination de l’édifice
et les services qu’il doit contenir, de manière que ceux qui
croiraient avoir une solution au sujet mis au concours
puissent l’exprimer sans grande perte de temps.
L’administration élaborerait alors le programme définitif,
et le jury désignerait le nombre des concurrents de la pre-
mière épreuve qui seraient appelés à prendre part à la seconde.
Dans ces conditions nous sommes persuadés que les con-
cours seraient profitables aux autorités et aux architectes et
imprimeraient une impulsion nouvelle à l’art architectural
dans notre pays.
Nous sommes assurés, Messieurs, que vous examinerez
notre requête avec tout le soin, tout le dévouement que vous
apportez dans l’étude des questions qui sont de nature à con-
server à notre pays la place qu’il a su conquérir dans le
monde artistique.
Nous espérons aussi que vous reconnaîtrez le bon droit de
notre revendication et que vous voudrez bien décréter, par
une loi, les concours d’utilité publique, en ordonnant qu’il y
soit fait appel pour tous les édifices à élever par l’État.
Veuillez agréer, etc.
L’assemblée approuve à l’unanimité les termes de cette
requête.
Le dernier article à l’ordre jour comprend les « Proposi-
tions et vœux divers. »
M. Mahieu demande à la Commission administrative où
en est la question de la responsabilité des architectes et du
diplôme.
M. le Président répond que la requête, formulée par la
Société, a été signée par 175 architectes et envoyée à la
Chambre le 1er mars 885; elle a été publiée dans l'Émulation
(1885, col. 25). Nous en attendrons patiemment le résultat en
ne négligeant rien pour qu’elle soit fortement appuyée en
temps utile.
M. Delbove, en l’absence de M. Licot, empêché, demande
que la Société s’occupe de la décision prise par certains col-
lèges qui fixe, contrairement à l’usage, le taux des honoraires
d’architectes à 4 p. c. au lieu de 5. — Le Comité avisera.
M. Billoré signale les conséquences désastreuses, tant
en France qu’en Belgique, pour les honoraires de l’architecte,
qu’amènent les rabais insensés qu’on constate aujourd’hui plus
que jamais dans les adjudications publiques; il croit que la
Société pourrait bien aussi étudier les remèdes possibles à
cette situation. Le bureau en tient bonne note.
M. Charlier se fait l’interprète de l’assemblée pour remer-
cier les rapporteurs des diverses questions portées à l’ordre du
jour; il félicite la Commission administrative pour l’initiative
qu’elle a prise d’organiser annuellement une séance plénière
de tous les membres de la Société Centrale, afin de pouvoir
discuter en commun toutes les propositions et questions qui
doivent intéresser les architectes.
M. le Président, avant de lever la séance, adresse de
chaleureux remerciements aux membres correspondants qui
ont répondu à l’appel du Comité, principalement à M. Hubert,
membre correspondant à Mons, qui depuis bien longtemps
s’intéresse d’une façon toute particulière aux travaux de notre
Association, ainsi qu’à M. Billoré, membre correspondant à
Amiens, qui a bien voulu assister à notre réunion de ce jour.
La séance est levée à 6 1/2 heures.
Le Banquet
Le soir, une quarantaine de membres effectifs et corres-
pondants fêtaient le verre en main, dans les salons du Restau-
rant de la Botirse, le XIVe anniversaire de la Société.
M. Brunfaut, le nouveau président, avait, à sa droite
M. Wellens, président de la Société des Ingénieurs et de la
Commission royale des monuments, à sa gauche MM. Ser-
rure et Hubert, membres correspondants de la Commission
royale des monuments.
M. Rousseau, directeur des Beaux-Arts, président d’hon-
neur de la Société, MM. Beyaert, Laureys et Jamaer, mem-
bres d’honneur, empêchés, s’étaient fait excuser.
On fit honneur au menu très savamment composé, fort bien
dessiné par un de nos jeunes membres, M. Charles Dewulf et
gracieusement autographié par notre trésorier M. Peeters.
A l’heure toujours un peu grave et solennelle des toasts,
notre président, aux acclamations de tous les convives, but à
la santé de M. Wellens qui témoigne depuis longtemps à notre
association une bienveillance toute paternelle ; il rappela que,
dans toutes circonstances, son sincère et sympathique appui ne
nous a jamais manqué et que tout récemment encore, c’est
grâce à son initative, à ses efforts dévoués que nous avons pu
nous entendre avec la Société des Ingénieurs pour la jouis-
sance en commun d’un local confortable et luxueux.
M. Wellens, en remerciant notre président et l’assemblée,
nous assura de nouveau que tout son dévouement était acquis
à la Société Centrale, qu’il félicite de ses succès, de ses tra-
vaux et dont il est fier de faire partie.
« Quoi que ingénieur, dit-il, et j’insiste sur ce point, j’ai tou-
« jours reconnu les difficultés de tous genres que présente la
« profession d’architecte ; j’ai été à même de les apprécier plus
« que tout autre pendant les nombreuses années de ma colla-
it boration à l’œuvre de M. Poelaert.
« Les ingénieurs et les architectes ont tort de vivre trop
« isolés les uns des autres ; ces deux professions ont entre elles
« trop de corrélation pour qu’un rapprochement tout naturel
« ne produise pas, pour tous ceux qui les exercent, un résul-
« tat salutaire. Ce rapprochement, je le désire ardemment,
« c’est un de mes vœux les plus sincères et je m’efforcerai de
« le réaliser.
« Je bois, Messieurs, à la prospérité de la Société Centrale
« d’Architecture. »
Des applaudissements frénétiques saluèrent ces bonnes et
généreuses paroles, et chacun vint à la file serrer la main de
notre très sympathique membre honoraire.
M. le vice-président Acker se leva ensuite pour boire à la
santé de notre directeur gérant, M. Dumortier, qui depuis la
fondation de la Société, n’a cessé de prendre une part active
à tous ses travaux et dont le mandat de président vient
d’expirer.
M. Dumortier est très sensible aux paroles élogieuses de
son ami Acker ; il est heureux de constater que le banquet
d’aujourd’hui n’a rien à envier aux banquets antérieurs dont il
rappelle les modestes débuts, la gaieté, les incidents joyeux,
les toasts célèbres.
« Si les assemblées, et les excursions surtout, ont développé
« chez nos membres des sentiments de confraternité, d’amitié
« dont il y a lieu de se féliciter, les banquets y ont aussi
« puissamment contribué. C’est à table, le verre en main
« qu’on fraternise le mieux. A la faveur de cette union persis-
« tante, la Société a pris une importance que n’espéraient pas
« ses fondateurs. Elle continuera à prospérer, nous en som-
« mes persuadés. Le choix du. nouveau président est une
« garantie certaine de ses progrès futurs.
« M. Brunfaut a depuis longtemps donné despreuves de son
« dévouement et de son activité ; il est un de nos plus anciens
« membres ; il fait partie de la rédaction de l’Émulation depuis
« plusieurs années ; il en est un des directeurs ; enfin il a
« rendu de signalés services à la Société, d’abord comme
« secrétaire de la Commission administrative, puis comme
« vice-président.
« Ce sont là des titres qui justifient amplement le choix
« heureux qui l’a appelé à la présidence.
« Je bois, dit en terminant M. Dumortier, à notre prési-
« dent Jules Brunfaut. »
Ce toast est accueilli par de vives acclamations ; les têtes
s’échauffent, l’entrain va toujours croissant, et c’est au milieu
de l’enthousiasme général, que le président boit à nos membres
correspondants dont un certain nombre n’ont pas craint de
faire, en cette saison, un voyage assez long pour venir fêter
avec nous le joyeux anniversaire. Il remercie spécialement
M. Charles Billoré d’Amiens, membre de la Société régionale
des Architectes du Nord de la France, qui n’a pas hésité à
franchir la frontière pour venir nous serrer la main.
M. Billoré est heureux de se retrouver au milieu de nous,
il s’en était fait une fête ; il boit, dit-il, « avec tout l’enthou-
« siasme d’une âme francaise, à ses confrères, à ses amis de
« Belgique ».
Enfin, M. Soubre, au nom des membres correspondants
belges, remercie le président de ses charmantes paroles ; il
dit que l’idée de cette réunion annuelle plénière est heureuse,
et en félicite la Commission administrative ; il espère pouvoir
y venir chaque année ; certain que tous ceux qui y ont
assisté aujourd’hui y reviendront aussi, il compte que l’assem-
blée générale de 1887 réunira dans notre local tous les mem-
bres de notre Société.
Nous le souhaitons ardemment avec lui.
Après les toasts, les chansons, c’est de règle dans tout ban-
quet, et c’est un usage auquel la Société Centrale n’a jamais
dérogé, grâce à nos excellents fidèles, MM. Janlet et Culiford,
auxquels avait bien voulu se joindre cette année, M. Soubre,
professeur au Conservatoire de Bruxelles et frère de notre
sympathique confrère de Liége.
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L’ÉMULATION.
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