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C’est au bruit des applaudissements que soulevait la splen-
dide voix de notre ami Janlet, et des francs éclats de rire pro-
voqués par les désopilants récits et chansonnettes du joyeux
camarade Culiford, que la fête se prolongea fort avant dans la
nuit.
Excursion du dimanche 19 décembre
Le lendemain, à 10 heures, presque tous les convives, frais
et dispos, se retrouvaient au Palais de la Nation.
Quelques-uns de nos membres correspondants d’Anvers,
dont nous avions beaucoup regretté l’absence la veille, et au
nombre desquels MM. Van Riel et Hompus, respectivement
anciens et nouveau présidents de la Société des Architectes
d’Anvers, Geefs, secrétaire de la même Société, vinrent nous
y rejoindre et visitèrent avec nous, outre les nouveaux locaux
de la Chambre des représentants, le Musée d’art monumental
et industriel ainsi que le théâtre flamand.
Il ne nous appartient pas de décrire ces édifices et ces col-
lections qui ont fait ou feront l’objet de rapports spéciaux.
Nous constaterons avec beaucoup de satisfaction, en ter-
minant, que notre première fête anniversaire a complètement
réussi ; nous espérons que nos confrères de province et de
l’étranger ne regrettent pas trop le temps qu’ils y ont consacré
et que, l’année prochaine, ils viendront plus nombreux
encore, fêter le XVe anniversaire de la Société Centrale
d’Architecture.
CONCOURS
Concours pour des écoles à Saint-Josse-ten-Noode
a commune de Saint-Josse-ten-Noode semble
vouloir se réserver le monopole des concours
mal organisés ; le concours pour la construction
d’écoles rue Braemt et rue Linné, ouvert l’année
dernière, que nous rappelions dans notre précédente livrai-
son, vient d’être enfin jugé.
Malgré les absurdités du programme, il y avait un concur-
rent pour l’école à construire dans la rue Linné et quatre pour
l’école rue Braemt.
Le rapport du jury, dans lequel il y avait un architecte!
vient de nous être communiqué.
L’unique projet présenté pour l’agrandissement de l’école
rue Linné ainsi que deux des projets pour l’école rue Braemt
ont été éliminés à cause de leur insuffisance ou bien en raison
de la non observation des conditions (?) imposées par le pro-
gramme du concours.
Après avoir discuté les mérites et les défauts des deux pro-
jets : Espoir !!! et trois circonférences concentriques tracées en bleu, res-
tés en présence, le jury et le conseil communal ont adopté à
l’unanimité, sans réserves les conclusions suivantes :
« I. Tenant compte de la valeur du projet ayant pour
« devise Espoir !!! et de celui marqué de trois circonférences con-
« centriques, mais considérant toutefois qu’aucun d’eux ne réa-
« lise complètement le but que l’administration s’est proposé
« en instituant le concours, le jury estime qu’il y a lieu d’ap-
« peler les auteurs desdits projets à compléter leur œuvre en
« tenant compte des observations contenues dans le présent
« rapport.
« Les évaluations de dépense seraient établies d’après une
« série de prix à fournir aux concurrents, contenant l’énuméra-
« tion de toutes les natures d’ouvrages que comporte la con-
« struction projetée.
« La prime fixée au 70 des conditions du concours public
« serait acquise à l’auteur du projet classé premier et reconnu
« exécutable; l’auteur de l’autre projet recevrait une in dem-
« nité de cinq cents francs au minimum.
« II. Si le chiffre de cent mille francs, fixé primitivement,
« doit être maintenu comme total de dépense, il y aurait lieu
« de laisser aux concurrents la latitude de modifier les dispo-
« sitions ou l’étendue des locaux en vue d’obtenir une solu-
« tion réalisable dans les limites prescrites : le plan-type
« imposé aux concurrents de la première épreuve serait, par
« le fait, considéré comme non existant, et on limiterait le
« programme à la détermination approximative du nombre
« et de l’étendue des locaux exigés. »
Nous ne discuterons pas le rapport en ce qui concerne le
mérite des projets, que nous n’avons d’ailleurs pas pu exami-
ner, car ils n'ont pas été et ne seront même pas exposés. De plus, ce
concours n’a qu’une importance relative et n’offre, à cause du
petit nombre de concurrents, qu’un intérêt médiocre pour nos
abonnés ; mais voici ce que nous pensons de la manière dont
les édiles de Saint-Josse-ten-Noode traitent les malheureux
concurrents qui ont eu la malencontreuse idée de répondre à
leur appel.
Cette façon d’agir est peu correcte.
Comment! vous annoncez un concours, vous offrez une
prime dérisoire à l’auteur du projet qui sera reconnu le meilleur,
vous ne dites pas qu’il devra être irréprochable et prêt à être
exécuté, ce qui ne serait pas possible, étant donné que le
concurrent ne sait pas exactement ce que vous voulez, — et
quand les naïfs concurrents vous ont envoyé leurs projets,
dont deux « représentent chacun une somme de travail con-
sciencieux et utile », que vous avez déjà pu utiliser par le seul
fait de l'étude dont ils ont été l’objet de votre part, vous leur
dites : Mes petits amis, cette première partie c’était pour rire,
maintenant nous allons recommencer pour du bon et... nous
vous paierons, si vous gagnez ; nous ajouterons même 5oo fr.
à l’enjeu, mais il faut que nous reconnaissions que vos projets
sont exécutables. Tout cela est vraiment peu sérieux et
indigne d’une administration communale.
Concours pour un orphelinat à Etterbeek
Nous avons été aux renseignements au sujet du résultat de
ce concours.
Le jury était composé de : MM. Deleu, juge au tribunal de
première instance, Vleminckx, membre du Conseil supérieur
d’hygiène, Almairi-Dehase, architecte, Jouniaux, professeur
à l’Académie de Nivelles, Sorel, architecte d’intérieurs (?).
Seize projets ont été soumis au jury ; de ce nombre, dix ont
été éliminés après un premier examen. — Le jury discute
longuement les qualités des six projets restant én présence,
en écarte trois et réserve les trois projets portant pour devise :
Allô, Arrière le luxe et Devise.
Le jury constate quelques défauts dans les plans du projet
Allô; la chambre du surveillant est séparée du dortoir, le
W.-C. est dans le sous-sol alors que l’infirmerie est au rez-de-
chaussée, etc... Ces inconvénients pourraient être facilement
écartés.
Les plans du projet Arrière le luxe sont très défectueux, les
façades assez simples.
Les plans du projet Devise présentent, à première vue, des
proportions satisfaisantes ; en les examinant, le jury constate
qu’ils sont dessinés à 34 mètres de longueur, mais cotés à
3o mètres; s’il fallait redessiner les plans à la dimension
réelle, les dispositions deviendraient défectueuses.
Le jury constate qu’aucun des projets présentés ne satisfait
complètement à toutes les conditions du programme, mais
que le projet Allô est celui qui s’en rapproche le plus; il ouvre
l’enveloppe renfermant le nom de l’auteur et apprend que le
projet est de M. Franz De Vestel, rue de la Grosse Tour, 13,
à Bruxelles.
Le jury clot ses opérations le 24 janvier 1887.
En présence de ces explications, qui nous ont été fournies
par une personne digne de toute confiance et que nous avons
lieu de croire parfaitement au courant de cette affaire, nous
nous empressons de déclarer que la conduite du jury a été
absolument correcte et que ses décisions ont été prises confor-
mément aux conditions du programme du concours.
Nous nous permettrons cependant de faire remarquer que
jamais, dans un concours, aucun projet n’a été trouvé satis-
faisant complètement à toutes les conditions du programme, et que,
dans le cas qui nous occupe, le peu de précision et de clarté
de ce dernier rendait ce résultat tout à fait impossible.
Le jury aurait pu, nous semble-t-il, en tenir plus largement
compte dans ses appréciations.
Nous espérons que le fondateur, M. Van Meyel, se ralliera
à la décision du jury ; il a d’ailleurs le droit, d’après le pro-
gramme (voir l'Émulation, 1886, col. 120), de faire apporter
aux plans les modifications qu’il jugerait nécessaires, et nous
comptons bien qu’il usera de la faculté qui lui est donnée
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L’ÉMULATION.
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