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avons pensé que plus notre travail serait long, moins il serait
écouté.
D’ailleurs, nous avons la conviction de prêcher à des con-
vertis.
L’Assemblée pourra difficilement discuter les différentes
questions que nous avons effleurées. Si elle est d’avis que
leur adoption serait chose favorable, elle pourrait voter le
vœu suivant :
« L’Assemblée émet le vœu de voir organiser les concours
d’après le règlement qui lui a été lu et en tenant compte des
considérations qui sont développées dans le présent rapport. »
Un dernier mot.
Pour la mise en pratique des concours publics, la Société
Centrale des Architectes de Paris, sur la proposition de son
Secrétaire principal, M. Ant. Wallon, a fait une chose qui a
amené déjà d’excellents résultats. Elle a nommé une commis-
sion composée de 26 membres, qui a pour but de s’occuper de
tous les faits relatifs aux concours et de donner son avis aux
administrations municipales, aux sociétés, aux particuliers
sur les questions qui pourraient leur être soumises : rédaction
de programmes, composition de jurys, jugements, primes(1).
Une telle commission rendrait de grands services en Bel-
gique. Mais comment la composer? Nous pensons qu’il ne
peut être question de la prendre exclusivement au sein de la
Société, mais peut-être celle-ci pourrait-elle prendre l’initiative
de la chose. Nous lui signalons l’exemple de la Société Cen-
trale de Paris et la prions de mettre à l’ordre du jour d’une
de ses prochaines séances l'étude de la question.
M. le Président ouvre la discussion sur les conclusions du
rapport présenté par M. Acker.
M. Baes appuie la proposition de M. Acker, quant à sup-
primer le devis à la première épreuve.
M. Rau n’est pas de cet avis, il craint qu’involontaire-
ment cela mène à des abus et à des mécomptes.
M. Devigne propose de joindre un devis descriptif aux pro-
jets définitifs, au lieu d’un devis estimatif, comme il est généra-
lement demandé.
M. Hubert (de Mons) appuie la proposition de M. De-
vigne.
MM. Hansen (de Spa) et Mahieu (de Binche) désirent qu’il
soit joint aux projets des devis sérieux basés sur des prix
indiqués au programme.
M. Raquez voudrait voir produire des prix-courants par
les administrations communales qui mettent au concours un
(1) A Monsieur le Président de la Société Centrale d’Architecture de
Belgique, Bruxelles.
Paris, le 25 novembre 1886.
Monsieur le Président et honoré confrère,.
Je viens de recevoir la lettre que vous m'avez fait l’honneur de m'écrire,
le 6 courant, au sujet de l’institution des concours publics, en France.
Les renseignements que vous me demandez exigent, pour être complets,
d’assez nombreuses recherches et un travail personnel d'assez longue
haleine ; car nous avons eu beaucoup de concours publics en France,
depuis 10 ans, beaucoup trop et pas assez : concours pour constructions
insignifiantes, absence de concours là où le concours eût été nécessaire.
En général le principe du concours est assez facilement accepté, main-
tenant, dans notre pays ; mais du principe à la pratique, il y a un abîme
assez dangereux que nous nous efforçons de combler. La moralisation
des concours publics, voilà la grande affaire !
Nous sommes, je l’espère, en bonne voie, grâce à la création au sein
de notre Société Centrale, depuis 1885, d’une Commission des concours
publics, sorte de Conseil supérieur, composé d'une partie du Bureau et des
principales notabilités de la Société, élues en assemblée générale. Cette
Commission, dont je vous envoie la composition pour l’exercice 1886, a
pour but d'étudier tous les faits relatifs aux concours, qu’il s’agisse des
programmes, de la composition des jurys, des primes, etc.
J'avais éprouvé le désir, comme beaucoup de nos confrères, d’étudier
cette grande question des concours publics, et j’avais soumis au Congrès
de 1884 une étude que je vous adresse par le même courrier et que je
vous prie, Monsieur le Président, de vouloir bien offrir à votre société.
Le salut était, à mon avis, dans la création de cette Commission. Je trou-
vais que depuis de longues années nous piétinions sur place ; les théories
avaient fait leur temps, théories qui se contredisaient le plus souvent
d’un Congrès à l’autre. Ce n’était pas tout de discuter, il fallait produire
une solution.
J’eus le bonheur de voir accepter ma proposition.
Les résultats sont excellents.
Plusieurs municipalités se sont déjà spontanément adressées à nous :
Ermont, Villemomble, Château-Thierry, Meaux, Bordeaux... Nous som-
mes en relations avec les ministères... et, lorsque l’existence de notre
Commission sera un peu plus connue, le succès sera complet.
Les renseignements que vous me demandez, Monsieur le Président,
pourraient être pris dans la collection du journal la Semaine des Construc-
teurs (André Daly et Cie, éditeurs, rue des Écoles, 5i, Paris) qui com-
prend précisément dix années parues. Cette publication annonce tous
les concours et tout ce qui a trait aux concours. Vous trouverez du reste
dans la brochure que je vous envoie des indications sur les principaux
ouvrages à consulter. Je souhaite qu'en attendant des documents plus
étendus, mon petit travail ne vous soit complètement inutile.
Veuillez, je vous prie, Monsieur le Président, être mon interprète
auprès de nos confrères belges, leur présenter mes hommages de bonne
confraternité, et agréer, ainsi que Monsieur le Secrétaire, l'assurance de
mes sentiments les plus distingués.
Ant. Wallon
Secrétaire principal de la Société Centrale,
rue Gay Lussac, 1, Paris.
monument quelconque ; de cette façon les déceptions seraient
évitées pour tout le monde.
M. Billoré (d’Amiens), membre de la Société régionale du
Nord de la France, préconise, pour les concours à la première
épreuve, voire même pour les projets définitifs, l’évaluation
globale soit au m,1 1 1 1 1 1 2 soit au m,2. Il cite plusieurs exemples de
constructions, dont les estimations ont été faites au moyen de
facteurs sérieux établis comparativement aux prix de bâtiments
exécutés peu avant dans les mêmes contrées ; les produits don-
naient approximativement le même résultat qu’un devis dé-
taillé.
M. Saintenoy propose a l’Assemblée de prendre en consi-
dération, par un vote, le travail présenté par M. Acker et de le
renvoyer à l’assemblée de la Société pour l’étude des détails de
cette question.
M. Maukels est partisan du système qui fixe une somme
pour les projets à produire à la première épreuve.
M. le Président engage l’Assemblée à voter la prise en
considération des propositions de M. Acker. Le Comité, dont
M. Acker fait du reste partie, étudiera avec lui la question et
tiendra compte des opinions émises par les différents orateurs.
L’Assemblée adopte cette proposition à l’unanimité.
M. le président donne lecture de la requête que la Société
va incessamment adresser à la Chambre des représentants :
Messieurs,
Les soussignés ont l’honneur de venir soumettre de nou-
veau à votre examen une question qui fut soulevée à la
Chambre, le 27 janvier 1885, par l’honorable M. Delebecque,
représentant de Bruxelles : « L’utilité de recourir au concours
« public entre les architectes belges pour la construction des
« édifices nouveaux. »
Le gouvernement voulut bien promettre, à cette époque,
d’examiner la question qui lui était signalée et de faire l’ex-
périence du système que nous préconisons et dont l’honorable
M. Delebecque a pris la défense en votre assemblée.
Depuis lors, aucun concours n’a été organisé par le gouver-
nement quoique des occasions se soient présentées.
Mais l’institution généralisée des concours publics com-
porte en elle un sentiment d’égalité, de justice pour tous,
trop évident pour qu elle ne triomphe et ne s’impose pas dans
un avenir rapproché.
Loin de nous, Messieurs, la pensée de vouloir critiquer ici
le choix que le gouvernement a fait parmi nos confrères, pen-
dant ces derniers temps, pour l’édification des monuments qui
embellissent nos villes. Mais à côté des maîtres, auxquels il a
confié des œuvres importantes, se trouvent peut-être des
talents ignorés, des talents naissants que les concours auraient
mis en lumière.
L’État doit la même protection à tous.
Par quels moyens les jeunes talents pourraient-ils s’affirmer
s’ils ne trouvent l’occasion de se produire dans les concours
publics.
L’intérêt du pays exige aussi qu’il soit fait appel aux con-
naissances de tous.
Les édifices, les monuments élevés par la nation doivent
toujours être une réalisation parfaite. Si le gouvernement n’a
pas recours aux lumières de tous les artistes, il ne sera pas
assuré d’avoir donné la meilleure solution au problème qu’il
avait à résoudre, il n’aura pas fait tout ce qu’il pouvait faire.
Mais à côté des intérêts des artistes et de ceux de l’État, il y
a les intérêts de l’art qui doivent être sauvegardés.
En ne recourant pas au concours, l’autorité supérieure se
refuse à connaître les ressources artistiques dont elle pourrait
disposer; elle ne permet pas la manifestation d’idées origi-
nales dont l’œuvre à édifier bénéficierait en premier lieu.
N’est-ce pas là méconnaître les intérêts de l’art?
Renfermer toujours la construction des édifices entre un
certain nombre d’artistes, c’est s’astreindre à voir se renouve-
ler les mêmes productions, c’est imposer des limites à l’élan
artistique, et n’est-ce pas surtout supprimer le bénéfice que pro-
cure l’émulation des concours, si éminemment utile aux
progrès de l’architecture ?
Sans vouloir entrer dans les développements que comporte
l’organisation des concours, nous nous permettrons cependant
d’insister sur un point d’une grande importance.
Un concours doit permettre, en grand nombre, la manifes-
tation d’idées.
Pour qu’il produise tous les résultats que l’on est en droit
d’en attendre, il faut qu’il soit facilement accessible à tous.
Des essais ont été tentés déjà par différentes administrations
communales du pays, et partout les concurrents se présentent
toujours relativement nombreux.
Mais toujours ce n’est qu’au prix d’un travail considérable,
que les architectes, désireux de participer au concours, par-
viennent à réaliser toutes les conditions des programmes.
En effet, nous voyons, dans tous les cas, les programmes
exiger de nombreux dessins étudiés en vue de la construction
et souvent les devis des constructions.
Pour remplir ces conditions, il faut toujours y consacrer
beaucoup de temps, et combien d’artistes se voient par là for-
cés de s’abstenir.
Pour les rendre praticables à tous, il faut débarrasser les
concours, pour la première épreuve, de la partie matérielle
qui est toujours d’une exécution longue.
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L’ÉMULATION.
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