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Une médaille.
Une montre.
Une couronne.
Un tambourin.
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L’ÉM ULATI ON.
qu’il n’ait pas de peine à discerner les applications qui pour-
raient en être faites, dans la branche d’industrie à laquelle il
se destine.
Si les modèles ne répondent pas à ce desideratum, l’en-
seignement devient fastidieux, laisse l’élève indifférent et perd
tout son fruit en perdant son intérêt direct.
L’auteur du Rapport sur l’exposition des Académies du
Royaume et le Congrès des Arts du dessin, en 1868, M. Rous-
seau, qui fut plus tard directeur général des Beaux-Arts, s’é-
tendit également sur ce point; il y constatait avec regret que,
dans la plupart des écoles, l’étude des modèles se borne à des
pratiques presque machinales, réduisant à un minimum la
part faite au raisonnement, en un mot laissant dormir l’intelli-
gence de l’élève, sans pour cela lui former mieux la main.
M. Buls, aujourd’hui bourgmestre de la ville de Bruxelles,
qui professa autrefois, avec beaucoup de succès, un cours
d’archéologie et d’esthétique pratique, émit des idées ana-
logues à ce même congrès de 1868.
Depuis cette époque, c’est-à-dire en l’espace de plus de
vingt ans, il s’est produit, à la vérité, quelques tentatives
louables mais isolées, dans le but de satisfaire jusqu’à un cer-
tain degré aux justes observations formulées au congrès que
nous venons de rappeler; mais, dans l’ensemble, il faut bien
s’avouer que celles-ci ont conservé la même actualité qu’alors.
En thèse générale, nous voudrions que tout modèle soit
complété par une série de renseignements, les uns pratiques
et techniques, les autres historiques et archéologiques, con-
courant à donner à l’élève une idée claire et nette, une con-
naissance aussi parfaite que possible de ce qu’il a devant les
yeux, à affranchir de toute lacune et de toute obscurité la con-
ception qu’il doit s’en faire, à stimuler enfin, dans la plus
large mesure, sa compréhension et son invention.
N’oublions pas que surtout dans les classes inférieures, le
plus souvent encombrées d’un nombre d’élèves considérable,
excédant de beaucoup le maximum de cinquante, qu’on devrait
s’imposer pour règle de ne jamais laisser dépasser, le profes-
seur a une tâche ardue et doit prodiguer un dévouement de
tous les instants. En effet, c’est dans les premières années
d’études que l’élève a essentiellement besoin d’une direction
intelligente, de correctif et de soutien ; alors se révèlent dans
toute leur vivacité et leur sincérité ses qualités et ses défauts
naturels ; alors aussi se forment, d’autre part, les impressions
bonnes ou mauvaises, dont le cours ultérieur de la carrière ne
peut manquer de se ressentir.
Nous voudrions également voir, dans une certaine mesure,
l’usage de modèles en nature ou en fac-similé, c’est-à-dire en
matériaux analogues à ceux employés pour l’original, ou les
imitant de façon à mettre en évidence l’aspect des matériaux.
Les modèles en plâtre retracent certainement avec la plus
rigoureuse exactitude les contours, les formes d’une œuvre ;
mais ils dissimulent entièrement le caractère qu’elle emprunte
à la nature des substances qui la constituent ; de la nature des
matériaux, il n’en est plus de trace ; de sorte qu’en faisant ses
études d’après le plâtre, l’élève se trouve dans l’impossibilité
matérielle de comprendre la facture ou la raison d’être de tel
ou tel effet décoratif exagéré ou atténué par un modèle insuffi-
sant ; dans ces conditions le sentiment esthétique de l’œuvre
n’est pas entièrement appréciable et le disciple comme le
maître n’ont aucune idée du rôle immense que joue la colora-
tion dans toute œuvre d’art quelle que soit sa destination.
Ce défaut nous est devenu surtout tangible, lorsque, parcou-
rant les grands musées de l’Europe, nous pûmes comparer
leurs chefs-d’œuvre avec les reproductions qui nous en
avaient été données par les modèles académiques.
Etant élève, nous avons dessiné d’après plâtre les figures
antiques, qui forment les collections de toute académie et
nous citerons notamment : la Vénus de Milo et l’Apollon du
Belvédère. Nous avons eu l’occasion de voir les originaux de
ces chefs-d’œuvre dans les galeries du Louvre et du Vatican
et nous avons été saisis d’étonnement et d’admiration en pré-
sence de la coloration chaude du marbre apportant la vie et
l’animation que l’on recherche en vain dans l’aspect froid et
blafard du plâtre. Dès ce moment aussi, nous acquîmes la
conviction que le plâtre ne donne souvent qu’une idée impar-
faite d’une œuvre, et nous ne sommes plus étonnés des diffi-
cultés que rencontrent les élèves à apprécier les beautés de la
statuaire antique.
Au surplus il nous paraît hors de doute que si nos Acadé-
mies et Ecoles de dessin possédaient des modèles originaux,
jamais reproduction en plâtre n’y verrait le jour.
Ces réflexions nous amènent donc à conclure : qu’à défaut
de modèles originaux, il importe qu’ils soient confectionnés,
autant que possible, non en vue d’une représentation exacte
de la forme seulement, mais en imitation complète et sous
tous les rapports, des pièces authentiques qu’ils reproduisent.
Il serait à désirer ou tout au moins qu’on donnât aux épreuves
en plâtre une teinte légère et délicate qui fasse disparaître
l’aspect crayeux et glacial inhérent à cette matière, et dont
nous avons montré les côtés défectueux.
Enfin il nous paraît nécessaire de rappeler deux mesures
que nous avons proposées, dans nos réponses aux questions
précédentes. Leur adoption s’impose comme complément
direct et indispensable du plan que nous avons développé
ci-dessus. Nous voulons parler de l’extension à donner aux
cours de composition et de la création de Musées d’industries
modernes.
Quant à ces derniers, nous ne croyons pas devoir démon-
trer à nouveau leur haute utilité. Personne ne dédaignera
1 excellent appoint, que des collections d’objets authentiques
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peut évidemment apporter à l’étude des modèles, telle que
nous l’entendons. Nous nous permettrons seulement d’ajouter
que la création des collections présente en réalité peu de
difficultés pratiques et n’exige que de légers sacrifices finan-
ciers, infiniment moins importants qu’on serait peut-être tenté
de se le figurer.
Généralement, des échanges, des dons et quelques acquisi-
tions y suffisent. Les échanges s’obtiennent sans beaucoup
de peine. Les dons ne sont pas rares, grâce aux industriels et
producteurs, intéressés d’ailleurs à exposer leurs échantillons
et à attirer ainsi l’attention sur le mérite de leurs maisons.
Enfin les acquisitions n’entraînent pas des dépenses exces-
sives, les prix ordinaires de produits d’industrie moderne n’é-
tant pas comparables, sous ce rapport, à ceux des antiquités.
Nous n’avons encore parlé qu’incidemment de l’extension
a donner aux cours de composition, nous réservant d’en par-
ler avec tous les développements que comporte l’importance
de ce sujet.
Il ne suffit pas, pour former des élèves capables, de contri-
buer brillamment aux progrès de l’art et de l’industrie, de
leur donner à copier l’œuvre d’autrui ; il faut, tout en épurant
leur sens artistique, stimuler leur imagination et la cultiver,
de manière à la rendre apte à concevoir par elle-même, avec
originalité comme avec goût. Plus loin nous démontrerons
de quelle manière nous donnons cet enseignement et quels
sont ses principes.
N ous croyons nous être suffisamment étendus sur les ques-
tions précédentes pour enfin pouvoir aborder l’analyse, ou
pour mieux dire l’exposé, des principes et des modèles dont
nous préconisons l’emploi, tout en maintenant intactes cer-
taines méthodes dont l’expérience a démontré la valeur.
ENSEIGNEMENT ÉLÉMENTAIRE
Section du dessin linéaire.
L’étude de la géométrie et de la stéréotomie ne peut se
limiter à la connaissance théorique d’une figure et à la
démonstration d’un théorème. Le but auquel elle tend est
plus vaste en même temps que plus pratique ; il consiste à
exercer le sens et l’intelligence des élèves et à les pénétrer en
outre de cette vérité que la géométrie et la stéréotomie sont
les sciences qui permettent de percevoir de prime abord et
avec aisance la caractéristique de tout objet en figure géné-
ralement quelconque, en tout ou en partie.
Ainsi le professeur fera au tableau la démonstration du
cercle ou de la circonférence :
Le cercle est une surface plane
limitée par une courbe nommée
circonférence, dont tous les points
sont également distants d’un point
intérieur appelé centre.
Exemples d’objets ou de figures dont la ligne caractéris-
tique dérive du cercle ou de la circonférence :
Exemples à chercher par les élèves, à domicile, tels que :
une roue, une auréole, des cymbales, un œil-de-bœuf, etc.;
Autre exemple : Le cylindre :
Le cylindre droit est un
solide engendré par la révo-
lution d’un rectangle autour
de l’un de ses côtés pris, pour
axe. |