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e
rer: en vérité ils, ne le cèdent en rien aux meilleurs
ouvrages de Raphaël; et on ne peut rien voir de plus
accompli en peinture.
Avant l'enlèvement ils étoient placés deux arcades
plus à la droite, où ils ornoient l'autel.
On dit que les doyens de la confrérie de l’arquebuse,
à laquelle ce chef - d'œuvre appartenoit autrefois,
avoient demandé à Rubens de leur peindre un saint
Christophe ; c’est-à-dire, un colosse portant le Sau-
veur sous la figure d’un enfant, sur ses épaules : mais
ce grand peintre, qui avoit des pensées bien plus éle-
vées, et plus nobles, peignit ces trois vraies et dig-
nes actions de porter le Sauveur. Il a fallu, pour
contenter ces doyens, qu’il peignît un S. Christophe
qui porte l'Enfant Jesus sur : paules, traversant
ainsi une rivière , tandis qu’un bermite, qu’on voit sur
le dehors de l’autre volet, Féclaire avec une lanterne.
Cette figure de S. Christophe est colossaie ; le dessin
en est outré, maniéré, visant à un grand Caractère,
mais sans aucune justesse ni fermeté. Rubens s’est ap-
ner dans plusieurs parties de ce tableau, il est
issé et très-fini : cela n’empêche point que tout y soit
vigoureux et plein de chaleur.
Poici ce que Monsieur SxyrrRs, d'Anvers, en dit
dans sa Notice, lors du retour de nos Chefs-d'œuvre :
La célébrité de cette fameuse production de Rubens,
placée avec justice avec quelques peu de chefs-d’œuvre,
sur le trône de l’/ ni lesquels elle ne brille pas du
moindre éclat, dispenserait de tout détail; ü sufhrait de
l'indiquer pour la faire connaître : ses beautés ont été tant
de fois décrites, qu’elles se trouvent pour ainsi dire à la
connaissance de chacun. Nous osons croire cependant que
nos compatriotes nous sauront gré de quelques remarques
xur ce précieux trésor, dont notre ville a été privée pendant
près d’un quart de siècle.
Le maître s’est élevé ici à toute la hauteur et la sublimité de
son sujet. Le corps du Christ est d’une dignité et d’une beauté
vraiment divines; il est le point central vers lequel se rap-
portent tous les mouvemens de la scène. Il à rendu avee
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wne vérité touchante la profonde douleur des amis et disciples
de Jésus, occupés du dernier et du plus triste devoir envers
leur cher maître, mort d’une manière si cruelle. IL assigne
avec le plus sage discernement à chaque figure sa juste part
d’affliction ‘dans ce pénible événement, et avec le plus
profond savoir il a 4llié le sentiment d’amour à celui de
Vénération; c’est une-scène touchante qui émeut l’âme, c’est
une cérémonie auguste de religion qui la pénètre et l’élève.
L’exécution répond parfaitement à une si sublime concep=
tion: c’est un de ses onvrages és plus achevés: il est d’une
correctitude et grandeur te que les maîtres sévères
des écoles d'Italie n'auraient pas désavouées. Les lumières
et les ombres sont distribuées par grandes masses et telle-
ment conduites, qu’elles ramènent toujours l’œil vers l’objet
Principal : quelque riche que soit le coloris, il a le ton de
gravité imposante, propre à cette scène lugubre, et conserve
cependant cette transparence et vaguesse, qui caractérisent
les ouvrages de ce prince des Peintres.
La Purification. Le volet à droite,
Les parens de Jesus, suivant la loi de Moïse , le présentent
au temple et offrent le sacrifice voulu de deux colombes. Le
grand-prêtre, qui représente ici le vertueux Siméon, recoit
Penfant dans ses bras,!et rend grâces à Dieu, de ce qu’il
lui a enfin été accordé de voir le salut d’fsraël.
L'auteur, quoique borné à une dimension très-resserrée y
a cependant enrichi cette scène d’une grande pompe et
richesse : l'architecture est magnifique; elle prouve qu’il
possédait aussi les plus profondes connaissances dans cette
Partie: elle est d’une rare exécution. Les figures sont des-
sinées grandement et avec élégance. La tête de la Vierge
est d’une beauté parfaite, celle du Pontife à du sublime 3
c’est une produetion du -plus précieux fini.
La Visitation. Le volet à gauche.
La Vierge sentant sa grossesse se rend à la maison de Za=
charie : sa femme Elisabeth, également enceinte, sent à sa
Voix son enfant tressaillir dans son sein. «+
C’est un tableau peint avec amour et sagesse. 11 est d’une
composition charmante et de la plus agréable fraicheur.
L'effet de l’ondulation de V’air ÿ est parfaitement raisonné.
1 est d’un beau dessin et d’une grande vérité d’eflet,
Dans la chapelle, au côté droit du cœur, on voit un
tableau, peint en 1587 par Francken le viéux, repré
sentant Notre Seigneur parmi les docteurs. Le peintre
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