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table lorsqu’il s’agit de monuments qu’avec un peu de bonne
volonté, on aurait pu conserver.
Il en est ainsi de l’église Saint-Clément, mais rien n’y a fait :
elle n’est plus qu’un souvenir.
Ceci n’est pourtant pas rigoureusement exact, car elle revit
magnifique dans les belles planches qui accompagnent la
monographie de MM. Léon Palustre et Léon Lhuillier.
Ajoutons que ces relevés sont dus à M. l’architecte Henry
Nodet, auquel nous sommes heureux de présenter nos plus
sincères félicitations pour ce beau et consciencieux travail.
Nous ne pouvons pas songer à analyser ici la conscien-
cieuse histoire de l’église tourangelle, qui est due aux savants
auteurs delà Monographie qui nous occupe, car c’est un sujet
un peu spécial à présenter à nos lecteurs, mais nous leur
recommandons ce beau livre comme un type de ce genre
d’ouvrages.
Il y a là un exemple qui, s’il était suivi, rendrait moins
triste la disparition des monuments anciens, chose qui est
toujours arrivée et arrivera toujours.
L’Ami des Monuments, revue trimestrielle, organe du
Comité des monuments français, dirigé par M. Charles
Normand. Paris, 1886, livr. I, 72 p.; 17 pl. hors texte;
19 fig. in 8°.
Nous ne pouvons mieux faire pour rendre compte de cette
nouvelle revue que de mettre sous les yeux de nos lecteurs,
quelques extraits de prospectus. Voici tout d’abord le but que
se proposent les fondateurs de cet intéressant recueil :
« La nécessité de défendre les œuvres belles ou curieuses
qui font l’ornement de notre patrie n’a plus besoin de démons-
tration : mais l’organisation des mesures de défense est
urgente.
« Tel est le but de la Revue qui vient d’être fondée.
« Elle servira de tribune à toutes les manifestations en
faveur de la défense de nos monuments d’architecture, de
peinture, de sculpture, de nos curiosités et de nos souvenirs
historiques. Nous ne songerons pas moins au présent qu’au
passé ; à cet effet, nous veillerons sur la physionomie des
quartiers nouveaux de nos villes et sur la sauvegarde des
aspects pittoresques de nos campagnes.
« Ce qui caractérise cette Revue, c’est son souci de l’aspect
des choses nouvelles, c’est son désir de défendre le beau sous
toutes ses formes, qu’il soit ancien ou nouveau, l’œuvre des
hommes ou de la nature.
« Des études diverses, accompagnées de gravures repro-
duisant des œuvres inédites ou peu connues de la France et
de la France coloniale, complétèrent notre œuvre, qui se pro-
pose de convaincre plutôt que de critiquer, d’éclairer plutôt
que de combattre; aussi les administrations qui décident du
sort des choses s’habitueront-elles graduellement à trouver en
nous non pas des opposants ou des fâcheux, mais bien des
alliés véritables et directs. Nous rechercherons les moyens
d’assurer le développement du goût public par une décora-
tion mieux entendue des rues, des places et des villes. »
N’est-ce pas que l’on ne peut qu’applaudir aux efforts de ce
recueil et qu’il y a dans cette juvénile ardeur les germes de
mesures utiles pour l’avenir des anciens monuments dont nos
heureux voisins du Midi ont le droit d’être si fiers? On ne se
souhaite pas de mal à soi-même, du moins d’ordinaire ; c’est
pourquoi nous souhaitons à notre pays des hommes de
cœur comme les promoteurs de l’œuvre qui nous occupe, des
gens bien décidés à vaincre les obstacles, et qui lancent
comme ceux-ci, au sein de notre matérialisme, ces mots
vibrants d’enthousiasme :
« L’essai que nous tentons, à nos risques et périls, a besoin
pour réussir, du concours de tous ceux qui ont à cœur le
triomphe de ces idées : ce que nous entreprenons de sauver,
ce sont nos trésors d’art et nos cités ; c’est surtout notre clair
génie français, que l’exagération des tendances utilitaires et
l’esprit d’agiotage ou d’exploitation à outrance menace d’é-
touffer, tandis qu’il peut et doit encore éclairer et charmer le
monde. »
— Que peut-on faire après un exposé aussi chaleureux ?
— Applaudir et envier!
C’est ce que nous faisons. P. S.
NÉCROLOGIE
Nous avons appris avec peine la mort de M. Louis Coen-
raets, architecte, Directeur des Travaux publics de la com-
mune d’Ixelles, décédé le 6 août dernier, à l’âge de 56 ans.
Il était à la tête du service des Travaux publics de la
commune d’Ixelles depuis très longtemps ; l’année dernière
l’autorité communale, voulant lui témoigner sa haute estime,
le félicitait publiquement en séance du Conseil, à l’occasion
du 25e anniversaire de son entrée à l’administration.
M. Coenraets était un fonctionnaire zélé, affable, d’un
caractère plein d’aménité, toujours prêt à être agréable à ses
confrères et à leur rendre le moins dures possible les rigueurs
des règlements. Il sera universellement regretté.
FAITS DIVERS
Le nouvel hôtel des postes. — La façade du nouvel
hôtel des postes, élevé place de la Monnaie, est à hauteur et
les charpentiers mettent la dernière main à l’achèvement de la
toiture. Les reporters, toujours en quête de nouvelles fraîches,
en ont profité pour lui consacrer, dans leurs journaux respec-
tifs, des articles, les uns pleins de louanges, les autres assez
acerbes.
Parmi ces derniers, nous devons signaler, dans la Chronique,
une étude de Mecœnas, qui contient des critiques très justes,
mais présentées sous une forme agressive à laquelle la presse
quotidienne nous a habitué depuis longtemps. Mecœnas
manque aussi de sang-froid et d’impartialité lorsqu’il parle de
« l’arsenal moisi des rengaines académiciennes » ; pour être sin-
cère, il faut reconnaître que son expression s’appliquerait
beaucoup mieux au : matériel des carottes, obélisques, boules
et quilles employé par nos néo-renaissancistes qu’il serait
bon aussi de fustiger.
Si nous parlons de cet article, c’est surtout à cause de ses
conclusions, que nous reproduisons et auxquelles nous nous
rallions pleinement :
« Il est hautement regrettable, dit Mecœnas, que le gou-
« vernement n’ait pas mis au concours public les plans de
« l’hôtel des postes ; la brillante réussite des concours du
« palais de justice de Nivelles et de la prison de Verviers a
« démontré récemment que cet appel aux architectes est le
« seul moyen sérieux pour arriver à l’éclosion d’idées nou-
« velles et de combinaisons vraiment modernes en architec-
« ture. L’échec, au point de vue artistique de l’édifice qui
« nous occupe, aura plus fait pour les concours publics que
« dix années d’active propagande. »
Nous sommes heureux de constater que l’idée des concours
publics fait son chemin et que la presse commence à y adhé-
rer ; les temps sont proches où elle ne rencontrera plus d’ad-
versaires.
Pour en revenir à l’hôtel des postes, nous ne suivrons pas
la presse quotidienne en donnant dès maintenant notre
appréciation. Lorsque ce monument sera terminé et livré
aux postiers, l'Emulation en publiera une étude complète: elle
pourra constater alors si les erreurs et les imperfections
de la façade ne sont pas rachetées par une distribution inté-
rieure logiquement combinée et des détails pratiques bien
étudiés. Donc, à plus tard.
Exposition universelle de Paris. — Les documents de
participation pour l’Exposition universelle de Paris peuvent
être demandés aux bureaux du Comité exécutif belge, 8, rue
de la Tribune, à Bruxelles, ou aux administrations com-
munales des communes de plus de 5,000 habitants.
La nomination d’un architecte provincial. — On nous
affirme que la Députation permanente de la province de Liége
va très prochainement nommer architecte provincial, en rem-
placement de M. Noppius, qui depuis longtemps déjà est
empêché de remplir ses fonctions, un jeune homme -encore
sur les bancs de l’Académie des Beaux-Arts et dont l’inexpé-
rience des travaux est par cela même incontestable.
Il nous paraît invraisemblable que pareille nomination
puisse se faire : les architectes provinciaux sont appelés à don-
ner leur avis sur tous les projets soumis à la Députation per-
manente, à en signaler les défauts, les points faibles, bien
plus encore au point de vue de la construction, de la disposi-
tion économique et rationnelle des plans, qu’au point de vue
de l’art architectural ; ils sont appelés souvent aussi, lorsqu’un
édifice menace ruine, à indiquer aux administrations commu-
nales les mesures à prendre pour éviter les accidents.
Il faut donc appeler à ces fonctions des architectes expéri-
mentés, dont la réputation de bon constructeur est bien éta
blie, et non des jeunes gens sortant de l’école et n’ayant peut-
être jamais construit.
C’est pourquoi nous doutons fort que, malgré les nom-
breuses démarches de l’intéressé et quelles que soient les
influences dont il dispose, la Députation permanente de
Liége prenne une décision aussi contraire à la prudence et
aux intérêts de la province.
Bruxelles. — Alliance Typographique, rue aux Choux, 37.
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L’ÉMULATION.
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