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XXII INTRODUCTION.
céder à la nécessité et laisser à Philippe ce qu'on était hors d’é-
tat de reprendre. Mais la situation s’aggrava singulièrement par
la faute des négociateurs, les lenteurs coupables de l'ambassade
envoyée pour recevoir le serment de Philippe, les illusions dans
lesquelles des orateurs gagnés par ce prince entretinrent le peu-
ple d'Athènes. Démosthène eut beau protester, il ne put empê-
cher le mal, et il ne lui resta qu'à déposer une plainte contre
Eschine, son collègue dans l'ambassade.
Philippe s'empare sans coup férir des Thermopyles, garde
cette clef de la Grèce, entre dans le conseil des Amphictyons et
dans la famille hellénique. Sommé de reconnaître les faits accom-
plis, le peuple d'Athènes fut sur le point de se laisser entrainer
par un mouvement d'indignation, et de recommencer une lutte
devenue impossible. Démosthène, dans son discours de la Paix
(346), se joignit alors à ceux qui calmèrent des passions irréflé-
chies et empéchèrent une résolution imprudente.
Les autres harangues de la seconde série des Philippiques ap-
partiennent aux années de paix, ou plutôt de trêve, qui séparè-
rent le traité de 346 de la reprise des hostilités en 340. Maitre
de la Thessalie, où il a substitué sa suprématie à celle des tyrans
de Phères, allié à Thèbes, qu'il a gagnée en lui abandonnant les
villes de la Béotie, il prend dans le Péloponnèse, à l'exemple
d'Épaminondas, le rôle de patron des anciens sujets ou rivaux
de Sparte : Messéniens, Arcadiens, Argiens, toujours inquiétés
par leurs ambitieux voisins, devinrent ses plus Sdèles alliés. En-
suite, il soumet à son influence la moitié de l'Eubée, en établis-
sant des tyrans dans deux villes considérables : Clitarque à Éré-
trie, en face de l’Attique, Philistide à Oréos, l'ancienne Hisuée,
en face de Sciathe et d’autres îles restées au pouvoir d'Athènes.
Quant aux Athéniens, il les amuse par des lettres, des ambassa-
des, tantôt se plaignant qu on le calomnie, tantôt offrant de re-
viser le traité de paix, rompant et reprenant tour à tour une
négociation qui ne peut aboutir. Cependant il affermit et agran-
dit son empire. Ses expéditions contre les Péoniens, les Illyriens,
sa campagne dans l’Épire, où il établit son beau-frère Alexandre,
RC
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