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INTRODUCTION. XV
peu intelligent. Mais les historiens mêmes, si nous pouvions les
lire, ne nous apprendraient peut-être pas tout ce que nous aime-
rions à savoir, afin de bien comprendre Démosthène. Ils avaient
fait du roi de Macédoine, de ses desseins, de ses entreprises, le
centre de leur récit, ne montrant Athènes et ce quis y passat
que de loin en loin, sur le second ou le troisième plan. Et, en
cela, ils n'avaient pas tort.
Pour tenir le fil conducteur des événements, il faut suivre la
pensee et l’action de Philippe; à lui appartient l'initiative, il a
dominé son siècle, il a faconné la Grèce à son gré. Athènes a
laissé faire, réagissant mollement, ne retrouvant son ancienne
vigueur qu'à la dernière heure. Mais lAtthide de Philochore,
chronique exacte de la ville d'Athènes, serait sans doute d'un
grand secours, puisque les quelques extraits qu'en donne Denys
d'Halicarnasse nous sont si utiles. L'érudition moderne a re-
cueilli, rapproché, commenté les renseignements, même les plus
fragmentaires, qui se trouvent épars dans les écrivains, les scho-
liastes, les inscriptions, et elle s'est efforcée de jeter quelque jour
sur l'histoire obscurcie de ces temps. En nous servant de ces tra-
vaux, nous avons placé en tête de chaque discours une notice
assez développée, pour que l’ensemble de ces morceaux forme
un apercu de l'action politique de Démosthène. lei nous nous
bornerons aux traits généraux et aux grandes divisions.
Après la bataille de Mantinée, Sparte , à jamais brisée par
Épaminondas, ne put reprendre son ancien rang. Thèbes perdit
rapidement la prééminence qu'elle avait due à son grand
homme; Athènes, alliée pendant les dernieres guerres, d’abord
à Thèbes, ensuite à Sparte, s'était de nouveau placée à la tête
d'une ligue maritime, et étendait son pouvoir sur une grande par-
tie des îles et des côtes de l’Archipel. Mais bientôt la défection
de ses alliés les plus considérables, Byzance, Chios, Cos, Rho-
des, et l'issue malheureuse de la guerre Sociale, ainsi que la mort
des grands généraux Chabrias, Timothée et Iphicrate, mirent
fin à ce retour passager de l’ancienne puissance d'Athènes. C'est
vers ce temps que Démosthène prononcça son premier discours
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