Full text |
Vill INTRODUCTION.
porta plus tard dans la vie politique. Bien différent d’Isocrate,
il Jutta contre sa nature, et finit par emporter sur elle. Réciter
des vers en marchant vite ou en gravissant des montées, arti-
culer distinctement avec des cailloux dans la bouche, déclamer
à la maison en face d'un grand miroir, tels étaient, d’après
Démétrius de Phalère, qui l'avait personnellement connu, les
exercices qu'il s'imposait afin de vaincre de mauvaises habitudes
et l’infirmité natureile de son organe. Mais il fallait à des esprits
grecs des détails plus piquants'. On se racontait que Démo-
sthène avait habité durant des mois une chambre souterraine,
la moitié de la tête rasée, pour résister à la tentation de sortir,
une épée nue suspendue au-dessus de l'épaule qu'il baussait
quelquefois sans le savoir. Les cicerone d'Athènes montraient
cette chambre aux voyageurs. Ils savaient aussi l'endroit près
de Phalère où Démosthène s'était efforcé de dominer de sa voix
le bruit des flots se brisant contre la falaise. Le mouvement
tumultueux des foules a toujours été comparé à l'agitation de
la mer.
On attache du prix à ce qu'on a péniblement acquis. L’ac-
tion, aimait à dire Démosthène, est le premier point pour l'ora-
teur; et le second, c’est l’action; et le troisième, encore l’action.
À entendre les délicats, l’action de Démosthène était outrée,
manquait de simplicité et de noblesse ?. Son rival Eschine affec-
tait la pose impassible d'un Périclès et des orateurs du vieux
temps *. Démosthène laissait éclater sa passion dans son débit,
dans son geste, et il entraînait le peuple. D'un autre côté, il
ne renonçait jamais à ses habitudes studieuses, préparant soi-
gneusement ce qu'il voulait dire, donnant aussi peu que possible
au hasard de l'improvisation. Ses envieux disaient que ses ha-
rangues sentaient l'huile de sa lampe, et qu'il avait plus de tra-
1: Comparez, dans la Vie de Démo- ŒDaïnpet Aéyeror Ünonotxilov uèv adrdv
sthène par Plutarque, le chapitre xx avec le Omoxprrnv yeyovévar xai TEPUTTOV, OÙ
chap. vu. Voir Cicéron, De Fin. N, 2. dnXoUV OÈ oOÙdE xaT& TOV YEVVATOV Tpé-
A. Schæfer, I, p. 299. TOV, GAV És TO La}aXOTEPOY al Tanet-
2. Cf. Plutarque, Dém. 41. Philodème, VOTEPOY &TOx)\VOVTE.
Contre les Rhéteurs, 4, 46 : Ilapà à Tr 3. Voir Démosthène, Ambass., 251-255.
A RS TORRES Si , me rm onnnnsee
? |