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XII INTRODUCTION.
la compétence en ces sortes de questions ne saurait être récusée,
trouve dans ce plaidoyer un naturel et une grâce dignes de Ly-
sias, et il le compte parmi les chefs-d'œuvre du genre. M. Schæ-
fer y relève une narration prolixe, certains mots répétés trop
souvent sans nécessité, certaines néglisgences dans la structure
des périodes. J'avoue que ces négligences me charment. Il me
semble qu'un homme assez habile pour écrire un tel discours les
eüt facilement évitées, s'il l'avait voulu, s’il ne les avait pas re-
cherchées à dessein. Le demandeur déclare qu'il ne sait point
parler; il met ses juges en garde contre les artifices des rhéteurs
dont son adversaire s’est procuré le secours‘; 1l se pose en homme
simple, confiant, joué par le défenseur : et cette innocence de
sa conduite, 1l la porte aussi dans son langage. Voilà une des
roueries du méter, et je ne sais si Denys n’admirait pas comme
-e triomphe de l’art les mêmes négligences que blâme le critique
allemand, trop jaloux, je crois, de sauver la haute moralité de
son héros.
Peut-on türer une présomption de la date du procès? Il eut
lieu peu de temps après 343 *. Or la plupart des plaidoyers écrits
par Démosthène appartiennent à la première partie de sa car-
rière. Quand il fut arrivé à une grande position politique , 1l se
retira du métier lucratif, mais peu estimé, de logographe, ou
l’exerca, tout au moins, avec plus de réserve et moins ostensible-
ment. « Depuis que j'ai commencé à parler sur les affaires pu-
bliques, je n'ai plus touché à aucune cause civile* ». Cette décla-
ration, faite publiquement en son nom par son cousin Démon,
est, il est vrai, sujette à caution, elle n’a pas empêché les anciens
de croire que le discours même dans lequel elle se trouve fût
de la main de Démosthène. Quoi qu'il en soit, ces paroles prou-
1. Cf. Contre Olympiodore, &S 1 et 36.
2, Cela résulte des $$ 24 et 26 du même
discouvs.
3. Euoi ouL6<6nxEV, do où mepi Tœy
XOLVOY AÉVELV ApÉGUNV, UNÔÈ mpos Ev
rpGyu Ldiov mpoceAn}vOEvaL. (Contre Ze-
nothémis, 32.) Démon assure, non-seulement
que Démosthène ne parlera pas pour lui,
mais qu'il ne lui a pas écrit son plaidoyer.
C’est là ce que la partie adverse soutenait,
et voulait faire croire aux juges. Elle ne
pouvait les persuader de l'intervention per-
sonnelle de Démosthène dans un procès où
il ne paraissait pas.
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