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XVIIL INTRODUCTION.
raison même de leurs nombreuses et vaines tentatives de la re-
couvrer, puis Pydna, Potidée, Méthone, étaient tombées au
pouvoir du prince macédonien. La guerre s'était faite et conti-
nuait de se faire, très-activement de la part de Philippe, très-
faiblement de la part d'Athènes, quand Démosthène prononça
sa première Philippique. Ensuite, la gnerre de Philippe contre
Olynthe et la Confédération chalcidique semblait offrir aux
Athéniens l'occasion de réparer leurs pertes. Ils s’allièrent avec
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sez vigoureusement, ni assez promptement pour empêcher Ja
Olynthe, et y envoyèrent des secours; mais ils n'a
chute de cette ville. Les trois harangues que Démosthène pro-
nonça et publia dans ces conjonctures forment, avec celle que
nous venons de mentionner, la première série des Philippiques.
À vrai dire, l’orateur y lutte bien moins contre Philippe que
contre le peuple d'Athènes et les conseillers qui avaient l’oreille
du peuple. Quant à Philippe, il le haït, sans doute, il flétrit sa
poliuque, quelquefois ses mœurs , mais il ne peut s'empêcher de
l'admirer, et souvent il le propose en exemple à ses Athéniens,
auxquels il voudrait inspirer quelque chose de la vigueur, de la
persévérance, de la passion active qui distinguent leur adver-
saire. On peut dire que personne mieux que Démosthène n'a
fait ressortir les grandes qualités du fondateur de la puissance
macédonienne. Mais il a fait cela en quelque sorte malgré lui
(comme Balaam bénit Israël, qu'il voulait maudire); son but,
comme sa gloire, a été de retremper l'esprit public d'Athènes.
Les Athéniens ne manquaient ni de courage ni d’autres qua-
lités estimables; mais le goût du bien-être, en se répandant
parmi toutes les classes de la société, avait éteint les vertus qui
font le citoyen. Le service militaire était obligatoire, et tous les
jeunes gens s'y exercalent deux ans durant : légalement, peuple
et armée se confondaient encore, comme dans les temps primi-
tifs; mais, par le fait, les levées de citoyens devinrent de plus
en plus rares : ordinairement, le soin de défendre au loin les
intérêts de la république était confié à des soldats mercenaires,
étrangers à la cité, recrutés de tous côtés. La guerre, de devoir
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