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INTRODUCTION:
X
lui-même‘. L'argument le plus fort à la décharge de Démo-
sthène, c'est que ses accusateurs ne s'accordent pas entre eux.
Eschine lui reproche d’avoir communiqué d'avance à Apollodore
la plaidoirie dont Phormion allait se servir contre lui?; mais il
ne parle pas du fait plus palpable articulé par Plutarque. « Le
fils de l'armurier, » dit à ce sujet ce dernier, vendit aux deux
parties, pour s'en servir l’une contre l’autre, des poignards sor-
tis du même atelier*. » Le trait est spirituel et sanglant : Je l’at-
tribue à un adversaire personnel de Démosthène. Peu de temps
après le procès de Phormion, lequel eut lieu en 352, la confor-
mité des vues politiques a dü rapprocher Démosthène d’Apollo-
dore‘. De là vinrent sans doute les soupcons, les calomnies
auxquels un homme publie, entouré d’ennemis ardents, ne pou-
vait échapper.
N'oublions pas toutefois que chaque profession a une morale
à son usage. Telle pratique, que nous trouvons répréhensible,
pouvait sembler permise et légitime à un logographe athénien,
s’appelât-il Démosthène. Deux coquins, associés pendant quel-
que temps, finissent par se brouiller. Ils plaident, et celui qui a
peut-être été moins fin que l’autre, mais qui le vaut pour l'im-
probité et l’effronterie, a recours au talent de Démosthène. No-
tre orateur lui écrit un discours, celui qui a pour titre : Contre
Olympiodore. S'il n'y a pas de bonne raison pour douter de ce
fait, 1l faut bien l’accepter. M. À. Schæfer * ne l’admet point;
critique la disposition et le style de ce plaidoyer, afin d’avoir le
droit de l’ôter à Démosthène. Mais Denys d'Halicarnasse®, dont
41. Demosthenes und seine Zeit, UE, x,
p. 184 sqq. Sans entrer dans la discussion
de questions obscures, et peut-être insolu-
bles, je fais observer que le témoignage du
rhéteur Tibère ne doit pas être invoqué a
Vappui de la thèse de M. Schæfer. Il est
vrai que Tibère (mept cynuatwv, 14,
p.643 Walz) semble citer sous le nom
d’Apollodore un passage du premier dis-
cours contre Stephanos. Mais le texte est
fautif, Au lieu de : xai méhiv Amo))60w-
pos, il faut lire : xai néhuv dc Atod)6-
Ôwpoc.Les exemples qui précèdent, comme
ceux qui suivent, sont empruntés à Dé-
mosthène, dont le nom reste partout sous-
entendu.
2 Eschine, Ambassade, $ 165 ; Contre
Ctésiphon, S 173.
3. Areyy@c xaÜanep ÉË ÉVOC Layatpo-
TWO, To ar AAMNWY ÉVLELRLOLUL Tw-
Jodvroc aUroù toic &vriôlxolc. Vie de
Dém. 15.
4. Voir notre MVotice sur la troisieme
Olynthienne, p. 167.
6. III, 11, p: 240.
6. Démosth. ch. xtu.
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