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1V INTRODUCTION.
avait déposé contre lui. Il feint de répudier sa femme et d'être
hors d'état de rendre la dot, afin que sa propriété, dont Démo-
sthène avait le droit de se saisir, passe aux mains de son beau-
frère Onétor. De là de nouveaux procès, qui nous sont connus
par trois plaidoyers 1 de Démosthène, mais dont nous ignorons
l'issue. Il est sûr que, malgré son bon droit, malgré la double
condamnation d'Aphobos, Démosthène ne réussit pas à rentrer
dans tous les biens de son père. Il en arracha quelques lam-
beaux à l'un des hommes qui l'avaient dépouillé;, quant aux
autres, il semble s'être arrangé avec eux tant bien que mal.
La jeunesse de Démosthène se passa au milieu de ces àpres
luttes, de ces tristes préoccupations. D'une constitution délicate,
l'orphelin avait été gâté par une mère dont la tendresse mal
entendue l’empêcha, dit-on, de prendre part aux exercices Vi-
rils, aux joyeux ébats de la jeunesse grecque. Les circonstances,
et peut-être aussi un penchant naturel, le poussèrent à cultiver
son esprit aux dépens du corps. Il s’habitua de bonne heure à
concentrer sa pensée sur un objet poursuivi avec persévérance,
avec passion : solitaire, sobre, « buveur d’eau, » comme on
disait à Athènes, l'étude, l'effort, la contention d'esprit lui de-
vinrent familiers. Mais son âme semble avoir perdu l'heureuse
faculté de s'épanouir, et, s’il est vrai que le style est l'homme,
on peut croire que l’enjouement était refusé à son esprit, comme
à sa parole. On a remarqué que les traits de sou buste n’an-
noncent pas un homme aimable, et cette impression est confir-
mée par le peu qu’on entrevoit de sa vie privée. Démosthène
était une nature sérieuse, chagrine, mais puissante et fortement
trempée, faite pour combattre, pour être toujours sur la brèche,
pour gourmander les faibles, exciter les courages amollis, et
pour succomber à la peine.
Afin de réparer les brèches de sa fortune, le disciple d’Isée se
( 2 P
4. Westermann et À. Schæfer ont cher- ments ont convaincu plusieurs savants, et
ché à établir que le discours relatif à en dernier lieu M. G. Perrot. J'avoue,
Phanos (rpdc Apo6oy Levdouapruol@v) pour ma part, que je ne les tronve pas
était l'exercice d’un rhéteur. Leurs argu- décisifs.
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