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enlerer cette entrevue, qui devait être la dernière, ce
qu'elle avait de douloureux et d'irrévocable.: l'ai voulu être
prête partir, disait-elle, mais je ne désespère pas. Conso
lex-vous, je me sens encore de la vie
La Soirée se passa dans ces entretiens. La nuit fut pleine
d'angoisse. Vers quatre heures du matin, la gravité du mal
parut sans reméde; la reine était toute extrémité. Le roi
Léopold et la reine Amélie n'avaient pas quitté son chevet
Les princes et les princesses surent
appelés. L'agonie commenca. Elle
fut douce, elle laissa l'auguste
mourante toute Sa raison, toute la
netteté de son esprit, toute la dé
licatesse de sa sensibilité, éveillée
usqu'au bout sur les Souffrances de
Sa famille et oubliant les siennes
Elle récita avec l'abbé Guelle les
prières des agonisants. Elle em
brassa de nouveau Sos onsants, et
quand la voix lui manqua, quand
Ses yeux se voilaient déj sous les
approches de la mort, elle demanda
la main du roi, la retint dans la
Sienne et la baisa. Quelques ins
tants après elle n'était plus et Sa
chambre retentissait de sanglots.
Ces Sanglots se répétèrent dans
le pays tout entier. Si bien qu'on
oût dit que chaque famille venait
de perdre une mère bien-aimée.
Jamais peut-être un deuil plus gé-
néral et plus profond ne se mani-
sesta dans aucun pays. Depuis Os-
tende jusqu' Laelen le convoi
du chemin de ser qui emportait la
morte s'arrêta chaque station, ou
s'élevait un autel autour duquel la
religion déployait ses pompes So-
lennelles et faisait entendre Ses
bymnes de douleur entremélées de
chants d'espérance, tandis que les
populations on larmes et on prièros
fséchissaient le genou devant le cer-
cueil. 7
Nouvelles hostilités av0o la
HoIlande.. Léopold ser di-
Le
pige los opérations.
traité des XXIV apticles
ot la convention des fopte-
POSS0S
Le roi, aussitôt après son inau-
guration, entreprit la visite des
principales villes du pays.
il se trouvait Liège lorsqu'il
apprit que les Hollandais, Sans dénonciation préalable, avaient
envahi la Flandre, la province d'Anvers et le Limbourg. Lar-
née nationale se trouvait dans le plus triste état. Des géné.
raux improvisés, des soldats Sans expérience, un matérie
désectueux, une cavalerie mal dirigée, une infériorité numé
rique notable, une administration Sans vigueur, tels étaient
les vices d'une résistance dont l'élan patriotique devait sup-
pléer tous les défauts. De plus, cette armée était divisée en
rois corps isolés, Sans communication rapide possible.
Les Belges n'étaient d'ailleurs nullement préparés la
guerre; ils ne pouvaient pas, ils ne devaient pas s'y attendre;
la sus pension d'armes conclue eutre la Belgique et la Hol
lande, le 21 novembre 1880, Sous la garantie de la Conférence
de Londres, subsistait dans toute sa virtualité. Rien n'était
donc dis posé pour la rés istance.
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Au contraire, le gouvernement hollandais avait fait tous Ses
préparatiss en silence; il avait réuni tous les éléments d'une
attaque Soudaine et victorieuse. Le 2a juillet le roi Guil
laume et le prince d'Orange étaient partis pour l'armée, dont
l'organisation absorbait, depuis quelque temps, toute l'atten-
tion du prince Frédéric
éopold ser écrivit en même temps Paris et Londres
pour réclamer le secours éventuel des puissances qui avaient
LOUISE-MARIE D'ORLÉANS. REINE DES BELGES.
garanti l'armistice. L'intervention de la France ne se fit pas
attendre. Dés le matin du S août, dit M. Hymans, le cabinet
des Tuileries faisait signifier, par une double dépêche télégra-
hique-- au cabinet de la Haye,: que toute attaque contre la
Belgique, au général Chassé, qui commandait les forces
hollandaises enfermées dans la citadelle d'Anvers,: que le
premier coup de susil tiré sur Anvers équivaudrait une décla
ration de guerre contre la France7. Quant au cabinet britan-
nique, il ne reçut pas la dépêche du roi
L’histoire n'a pas fait la lumière Sur les événements de
cette première campagne, qu'on appela Cambagne des dix
jours. Les affirmations les plus contradictoires ont été Soute
nues. Quoi qu'il en Soit, un point qui est hors de doute, c'est
le courage et l’habileté du roi Léopold.
Il donna partout des preuves de bravoure et de sang-froid
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